Interview faite par mail par Murderworks

Salut Emmanuel, dans les paroles de "Mangevers" tu annonces avoir voulu laisser tout "France" en arrière et léguer "Posthume" à la terre. Qu'est-ce qui a motivé le retour de Wormfood cinq ans après "Posthume" ? Parce que ces lignes portent à croire que tu avais l'intention de te concentrer sur autre chose.
ElWorm (chant) : Il aurait été impensable de laisser mourir le projet sans avoir laissé une trace du line-up parisien. Un témoignage de notre histoire commune, de notre amitié. Maintenant, tout pourrait s'arrêter, on pourrait ranger les instruments, rejoindre pleinement le monde des adultes... Mais finalement, dans 5 ou 6 ans, j'imagine que l'on sera de retour avec un nouvel album. C'est toujours comme ça, avec WORMFOOD.

Il y a eu un remaniement de line-up important pour ce nouvel album. Sachant que les orchestrations ont pris une place plus importante sur "L'Envers" et que Pierre Le Pape fait maintenant partie du groupe, je suppose que son expérience avec Melted Space a aidé à mettre tout ça en place ?
On ne peut même plus parler de "remaniement" : je suis le dernier membre originel... Oui, Pierre, tout comme Renaud, Thomas et Vincent, a apporté énormément au groupe. Ce sont tous des musiciens professionnels, inspirés et passionnés. Pierre est maintenant très occupé avec Melted Space, mais je suis enchanté que nous ayons eu le temps de mettre cette folie baroque sur pied avant que son emploi du temps ne l'engloutisse.

Même si tu es la tête pensante du groupe depuis les débuts je suppose que la composition est le fruit d'un travail de groupe ? C'est la richesse de l'album, l'évolution et la progression qu'il marque par rapport aux précédents albums du groupe qui me font penser qu'il y a eu une certaine osmose entre tous les membres cette fois.
Le processus de composition est segmenté, chaque responsabilité est délimitée dans le groupe ; c'est probablement la meilleure formule possible, celle qui préserve chacun des frustrations. J'apporte la base des compositions, les paroles, la direction artistique. Mais c'est le passage de cette matière brute entre les mains de tous les membres de WORMFOOD -et des artistes qui nous sont rattaché(e)s- qui donne naissance à une création harmonieuse. Chacun apporte sa pierre à... comment dit-on, déjà ? Ah, oui, sa pierre au "mausolée".



Petit détail qui n'a peut être aucune importance, j'ai remarqué que tu n'étais plus crédité sur ce nouvel album sous ton pseudo habituel El Worm et qu'il était remplacé par tes véritables prénom et nom. Une volonté de tomber le masque, de laisser ta vraie personnalité prendre le pas sur le personnage ?
Il n'y a plus de masque ; même lorsque les personnages de "L'Envers" peuvent paraître fantasques, ils restent au plus près des cauchemars qui s'épanouissent sous mon crâne. Ils sont une partie de moi.

Je suppose d'ailleurs que le nom de l'album a plusieurs sens ? L'envers de la société dans laquelle on vit et qui baigne dans l'hypocrisie, l'envers du décor que tu construit dans l'univers du groupe, ou une fois de plus l'envers du personnage El Worm ?
On pourrait aussi parler de l'envers au sens de perversion, d'inversion... Ou encore évoquer la sonorité proche du mot "Enfer". Et puis, 2016 c'est l'"an vers", l'année de notre retour. J'aime que les textes soient propices à de multiples interprétations dans WORMFOOD. Et cela me paraît encore plus important pour le titre, qui doit "frapper" l'esprit, interroger les auditeurs.

"Gone On The Hoist" sonne très Type o negative, on connaît tous l'influence que ce groupe a eu sur la musique de Wormfood mais ce morceau sonne vraiment comme un hommage. Sachant que Paul Bento y intervient et que le titre du morceau donne l'acronyme "G.O.T.H." je suppose que je ne suis pas loin de la vérité ?
Type O Negative me manque. On n'est jamais mieux servi que par soi-même, j'avais envie d'entendre quelque chose d'approchant pour soulager mes frustrations. Par delà, c'est également un morceau sur Brooklyn, qui retrace mes aventures aux USA, mon amitié avec Paul Bento. Je souhaitais aussi qu'il puisse s'exprimer sur tout un morceau. Cette chanson lui est dédiée, et je sais qu'il est très fier du résultat.

"Il me semble avoir lu qu'un clip était en préparation et qu'il serait disponible vers le mois de Septembre, il sera basé sur quel morceau et que va t-on pouvoir y voir ?
En effet, le clip de "Mangevers" a été tourné au début de l'été par la réalisatrice Merryl Roche (qui s'est faite remarquer avec son film en "found footage", Rash). Le montage est en cours, et nous espérons présenter le résultat final fin Septembre, voire courant Octobre. Nous organiserons probablement une soirée de projection à Paris. Ce sera un véritable petit film, qui vient prolonger le "plaisir" de l'album en mouvement. Vous y verrez avant tout une galerie impressionnante de personnages... Nous sommes très chanceux, car nous avons été très bien entourés sur ce projet, aussi bien par des technicien(ne)s talentueux(ses) que des actrices et acteurs très motivé(e)s.



Pour rester dans l'esthétique, je dois avouer que l'artwork de l'album et l'objet en lui même sont magnifiques ! Le travail d'Andy Julia et du studio Strychneen rend vraiment bien sur ce format digipack A5. On y trouve d'ailleurs l'expression "Nec pluribus impar", qu'on peut traduire par "à nul autre pareil". Une façon d'affirmer la volonté du groupe de n'en faire qu'à sa tête ? A moins que ce ne soit le roi cauchemar qui s'accapare cette citation qu'on attribue généralement au roi soleil ?
Il était important à nos yeux que l'album soit proposé dans un format original, riche en contenu graphique, avec des textes mis en valeur. J'espère que ce packaging enrichit l'expérience de nos auditeurs, et plante le décor. Quant à la devise de Louis XIV, oui, il faut croire qu'elle a été détournée par le Roi Cauchemar. On peut même la traduire par "Supérieur à la plupart". J'imagine qu'il y a un peu d'ironie là-dessous.

Même si le groupe a déjà fait plusieurs concerts, Wormfood reste un groupe rare en live, les opportunités de tournée ou de concerts ponctuels sont si faibles que ça ?
Exactement. Mais, même si nous devions nous contenter du seul concert que nous avons donné pour la sortie de "L'Envers" à Paris en Juin 2016, je serais déjà comblé, car le public était vraiment au rendez-vous, et d'une ferveur incroyable ! Cela a été un beau moment de rencontre... et de folie. Aurons-nous encore la chance de faire vivre la Cour du Roi Cauchemar sur scène ? Voyons ce que l'avenir nous réserve...

Entre tes multiples projets musicaux, le clip à venir, ta participation à une pièce de théâtre si je ne me trompe pas, on peut dire que tu es un touche à tout. As-tu encore des domaines que tu aimerais explorer ? Je pense notamment à l'écriture, en dehors des paroles que tu écris évidemment.
Je suis un très mauvais dessinateur, un exécrable (mais enthousiaste) danseur, un cuisinier honorable ; les options sont limitées. Mais tu vois juste, j'ai effectivement un projet de roman, en gestation depuis un moment. L'écriture est une démarche solitaire, parfois très décourageante. Lorsque l'on travaille en groupe, on se doit d'aller au bout des choses pour ses camarades, c'est tout de suite plus délicat lorsque l'on travaille tout seul. J'espère aller au bout de cette histoire, si cela peut divertir quelques personnes de retrouver mes obsessions sous cette forme.

Merci d'avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions, je te laisse le traditionnel mot de la fin.
Merci pour tes questions et le soutien apporté à WORMFOOD. Nous espérons de tout cœur que celles et ceux qui franchiront les portes de "L'Envers" seront comblé(e)s par le sombre voyage que nous leur offrons. Continuez à venir à notre rencontre sur les réseaux sociaux ou en concert, et à propager nos morceaux ! Je n'aurais jamais imaginé pouvoir dire cela après 15 ans d'existence.


Le site officiel : www.wormfood.fr