J’ai bien sur eu entre les mains les 30 minutes de death metal allouées à chacun des deux groupes, a-t-il été facile de choisir les morceaux qui allaient figurer sur ce split ? Je suppose que vu le format restreint, il faut choisir les meilleures compos actuelles, ou est ce l’occasion de mettre des choses un peu différentes qui amorcent un léger virage pour l’avenir ?
Julien : Pour notre part on a composé ces 3 morceaux spécialement pour le split, sans limite de temps, on a lâché la "bride" par rapport aux 2 autres albums. On n’est pas trop du genre a écrire 25 morceaux pour en choisir 12, on produit moins en quantité mais on essaie de privilégier la qualité des compos. Dans ces trois compos, nous avons ajouté quelques nouveautés, le principe du split était de maintenir une actualité mais aussi et surtout de tester de nouvelles choses. Nous verrons si nous poursuivrons dans cette voie ou pas pour le prochain album.
John : C’est un split assez long, on peut dire qu’il fait quasi la longueur d’un album, mais on voulait proposer des compos assez conséquentes avec des structures plus complexes, sans sombrer dans le trop technique non plus et sans proposer des morceaux de 2mn30 qui blaste en mode couplet refrain et on passe à la suivante, nous n’y voyons pas d’intérêt. Tout est question de choix après. Ces compos ont été faites pour le split, elles permettent en effet d’amorcer un virage pour l’avenir. L’état d’esprit et la façon de composer les morceaux ont été différents de ceux et celle que nous avons eu jusqu’à présent. Des choses vont encore évoluer d’ici le prochain album, le split permet de proposer quelque chose d’exclusif, qui sera différent de l’avant et l’après, même si on ne va pas arrêter de faire du metal extrême ! Le titre du split illustre donc bien la démarche. Cela permet également d’avoir une plus grande liberté dans le sens où un album se doit d’avoir une unité où chaque morceau a sa place dans une thématique choisie. Même si encore une fois on peut emboîter des morceaux et basta, sans se soucier de celui d’avant ou celui qui suit ou même de l’ensemble, tout est question de choix.

Withdrawn et Demented ne font pas vraiment le même style de musique, même si ça reste fondamentalement du death, quel est l’avis de Demented sur la musique de Withdrawn  et vice versa ?
Julien : L’arrivée de Sylver dans DEMENTED a apporté beaucoup de bonnes choses au groupe, plein de sonorités nouvelles et d’idées qui donnent une petite touche plus "moderne" au groupe, ça reste du death comme tu le dis mais sur le split ils ont écrit des morceaux bien complexes et torturés avec plus d’ambiance qu’auparavant, ça bourre moins qu’avant mais au final c’est tout aussi violent.
John : WITHDRAWN et DEMENTED sont deux groupes de death mais assez différents avec leur univers propre. Je trouve aussi que WITHDRAWN, tout comme nous, ont proposé quelque chose de différent sur ce split de ce qu'ils avaient fait précédemment. Plus d’ambiances, de passages travaillés mais aussi des moments bien brutaux, avec plus de double pédale qu’auparavant, ce qui n’est pas pour me déplaire. C’est bien que nos deux groupes aient eu cette démarche, cela rend le split d’autant plus intéressant à découvrir. Juste pour préciser, les morceaux de ce split que nous avons fait sont différents du second album et le second album était aussi bien différent du premier. C’est donc encore un changement amorcé dans le bon sens avec ce split. Mais nous étions déjà désireux de proposer quelque chose de nouveau avant l’arrivée de Sylver, quelque chose de plus sombre et de plus ambiant sans perdre de notre brutalité. Il a apporté sa touche technique et nous sommes contents de la façon dont il a pu comprendre l’orientation musicale vers laquelle nous voulions nous tourner, avec sa touche personnelle bien sûr, même si chacun a son mot à dire et que les morceaux ont été construits ensemble.

Très rares sont les groupes qui vivent de leur musique, et en France le public n’est pas toujours présent aux concerts, faut-il avoir encore plus de foi en la musique à l’heure actuelle qu’il y a 20 ans à cause du Net et des groupes qui pullulent ?
Julien : Il est clairement devenu impossible de vivre de sa musique, surtout en France et dans le metal. La mode du tout gratuit et la sortie de tous ces groupes qui se copient tous les uns les autres en surfant un maximum sur la vague n’a pas aidé l’auditeur lambda à se créer une vraie discographie. Je pense que les gens commencent tout de même à se lasser et reviennent soit aux valeurs sûres soit essaient de trouver des groupes qui en valent vraiment la peine, et ne cherchent donc plus dans la soupe qu’on leur sert chez certains gros labels par exemple. On a toujours été passionné et on le restera toujours, qu’on vive de notre musique ou non. Pour le public aux concerts, les grosse affiches ramènent toujours du monde mais il est vrai que les petits concerts sont moins fréquentés ; même si parfois 50 furieux dans un bar me font plus peur que 5000 personnes au Hellfest.
John : Oui c’est bien plus difficile, il y a beaucoup plus de groupes mais beaucoup moins de ventes avec le téléchargement. Il y aura toujours les groupes cultes que nous aimons beaucoup qui étaient là avant nous et qui ont contribué à créer et faire émerger ce style de musique et qui ramènent à fond de monde. Il faut du temps, du travail, quoi qu'il arrive il faut croire en ce qu’on fait, on fait pas ça pour gagner un max de sous non plus sinon on ferait de la téléréalité car c’est plus lucratif, plus rapide et moins fatigant. On est des passionnés de metal avant tout. Il faut aussi que le public en plus des concerts de gros groupes se bouge aussi à fond pour soutenir ses groupes locaux et nationaux également, c’est important, la scène métal française mérite plus de reconnaissance.

Internet justement et ses albums déjà en ligne avant leur sortie a plombé les ventes, le format "fichier" sera-t-il une option pour vous à l’avenir ?
Julien : Perso j’aime le produit, les CDs, les vynils, les cassettes, ça fait vieux con de dire ça mais c’est de notre génération, je ne suis pas contre le fait de sortir un album en format fichier, ni contre le fait d’écouter de la musique sur YoutTube mais bordel, si vous aimez un album achetez-le, quel que soit le format.
John : Les CDs et les vinyls sont importants, écouter un objet contenant du son en feuilletant un livret ce n’est possible que comme ça. Même si j’écoute la plupart du temps la musique sur mon PC, après il faut soutenir les plus petits et acheter les CDs si le son et/ou la prestation live plaisent. Le format fichier ne peut être la seule option pour l’instant, les métalleux m’ont l’air attachés aux objets et ils ont raison. Internet est un bon outil de com avant tout.

Revenons à la musique quelles sont les différences entre vos derniers albums respectifs et ceux qui figurent sur ce split ? Pour ma part, je dirais que Demented semble être parti vers 3 morceaux plus techniques et Withdrawn semble être passé un cran au-dessus au niveau rapidité.
Julien : On a lâché la bride sur tous les aspects, on ne s’est fixé aucune limite, que ce soit en termes de vitesse, d’arrangement ou de structure, et même pour les passages lourds qui sont parmi les plus lents que nous ayons écrit. On a beaucoup progressé sur nos instruments respectifs depuis le dernier album, on se sentait capable d’enregistrer de tels morceaux, et en "one shot".
John : Oui c’est ça en résumé, ne pas se fixer de limite et faire ce que l’on a envie. Ce split est plus technique et plus ambiant, plus dark que le second mais moins brutal et moins rapide aussi, car le deuxième album était vraiment bien brutal comparé à notre premier. Même si ça reste toujours bien violent il ne faut pas déconner. C’est aussi un death plus moderne et plus nerveux sur ce split. De plus c’est un plaisir de le sortir chez Great Dane Records.

Evidemment, vous allez repartager des affiches ensemble pour "défendre" ce split auprès des fans, c’est pas un peu chiant d’avoir toujours l’autre groupe dans les pattes ? Y'aura bagarre un de ces jours ?
Julien : Chacun fait sa musique et se défend sur scène du mieux qu’il peut, il n’y a pas de rivalité, le but n’étant pas de nous tirer dans les pattes mais plutôt de vous péter les dents. La bagarre, je préfère la mener contre les grosses têtes d’affiche en festival, car en général tout le monde est au même niveau.
John : D’accord avec Ju, la baston c’est dans le public qu’il faut qu’elle soit ! Et pour ça il faut envoyer sur scène.

Un clip de Withdrawn verra-t-il le jour... un jour ? Ou êtes-vous vraiment plus fauchés que Demented qui, il faut l’avouer, a fait deux clips somptueux ?
Julien : Des idées circulent pour faire un clip avec un des titres du split, mais à ce stade je ne peux pas t’en dire plus. Pour l’album précédent nous avions réalisé un clip avec un jeune réalisateur mais le résultat final n’était pas suffisamment à la hauteur alors nous avons préféré ne pas le diffuser.
John : Merci du compliment, il se pourrait qu'on soit sur quelque chose de notre côté…

C’est tout pour moi, merci encore pour ce split fabuleux ! A vous de terminer… sur le split bien sûr, ou autre chose.
Julien : Content que le split t’ait plu, on sera ravi de te reccasser les dents avec un album qui sera à coup sûr encore plus violent. Achetez le split, ou écoutez-le sur le Bandcamp de Great Dane Records mais venez surtout nous voir sur scène vous ne serez pas déçus pour le passage chez le dentiste, merci encore pour cette interview !
John : Oui supportez vos groupes, écoutez du son, partagez, merci pour tes questions et vraiment cool que le split t’ait plu !

Les sites officiels : www.facebook.com/withdrawnofficial / www.demented-official.com