Interview faite par mail par Davidnonoise

Salut ! Une petite présentation de Whisper Of Death serait-elle possible ?
Jordan (guitare) : Salut mec ! Eh ben ouais allons-y pour une petit tour de piste que nous allons essayer de faire concis ! WHISPER OF DEATH, c’est l’histoire de 3 potes d’enfance (Jean – batterie, Jordan et Jérôme - guitares) qui vivaient dans une campagne tellement paumée que ne pas sombrer dans l’alcool relevait du funambulisme ! Ces trois lascars partageant une certaine affinité avec la musique extrême dès leur plus jeune âge, ils ont préféré le chemin des studios de répèt' que celui des bistrots  (bien qu’ils en connaissent tout de même le chemin) ! Donc une grosse grosse histoire d’amitié à la base, qui s’est étoffée au fil du temps puisque le line-up n’a presque pas bougé depuis le début. D’abord une sorte d’exutoire à notre frustration et notre ennui, le groupe n’est devenu "sérieux" qu’après quelques années et surtout après l’arrivée de notre chanteur et de son inspiration maléfique. Grosso modo, bien qu’on ait un socle commun au niveau de nos influences, je dirais que WHISPER OF DEATH c’est surtout 5 potes qui avaient envie de mettre en commun leur propre conception de la violence musicale pour l’envoyer dans la gueule d’un maximum de gens. On joue du death, mais je dirais qu’on a une mentalité punk : dans l’énergie, dans la fureur et le bruit !

Continuons dans le classique, comment s’est déroulé l’enregistrement et combien de temps a pris la composition de l’album, jusqu’à sa touche finale ?
Jordan : Alors, pour faire simple, la quasi-totalité des morceaux sur "Noise Of Obstinacy" ont été composés bien avant qu’on ait envisagé la démarche d’enregistrer l’album. On est un groupe qui aime prendre son temps, on n’a pas énormément de supports discographiques (2 démos sorties en 2008 et 2012) et au final, le skeud est plus représentatif des dix années de groupe qu’on a derrière nous, qu’un projet qui aurait vu le jour sous une impulsion "Tiens, si on composait un album". Je pense que pour les prochains la démarche sera différente mais celui-ci est vraiment rétrospectif avec des compos qui ont parfois jusqu’à 8 ans d’ancienneté. Niveau enregistrement, on a consacré une bonne partie de 2013 à tout peaufiner selon les disponibilités de chacun. Je te dirais que tout s’est bien passé, parce qu’on connait bien le stud’( Dark Wizard Studio), on connaît bien notre sondier (François Ugarte de Pitbulls In The Nursery) et réciproquement, donc on s’est senti un peu comme à la maison. On savait ce qu’on voulait, il savait ce qu’on voulait donc c’est un peu passé comme papa dans maman même si un enregistrement reste toujours un travail minutieux et exigeant.

Une petite chose m’a sauté aux oreilles en écoutant l’album, c’est la petite touche Dying Fetus dans les compos et aussi dans le mix de la batterie. C’est donc une de vos inspiration ce groupe-là si je ne m’abuse ?
Jordan : Bien vu, effectivement, Dying Fetus a toujours été un des groupes sur lesquels on se retrouve tous musicalement. Le côté rouleau compresseur, la technicité, la rapidité, tout ça combiné à un côté "dans ta sale gueule" nous a toujours mis d’accord ! Après, on a tous des influences très diverses et chacun a son style de prédilection mais y’a des groupes où chacun de nous retrouve un truc qui le fait vibrer et Dying en fait partie. On a aussi des souvenirs de fosses particulièrement marquants concernant ce groupe-là. (rires)

Avant d’attaquer les questions sur "Noise Of Obstinacy", j’aimerais savoir pourquoi est-ce que votre premier album ne sort que maintenant après quand même une longue vie du groupe. Manque de fric ? D’éléments sérieux (ou trop sérieux) pour pouvoir se projeter dans un album complet ?
Jordan : Très bonne question, à laquelle je vais essayer de répondre sans m’emmêler les pinceaux ! Disons que pendant longtemps, on ne voulait surtout pas se prendre la tête et bruler des étapes en pétant plus haut que notre cul. On a pris le temps de faire mijoter notre son jusqu’à ce qu’on le juge à point pour commencer à le partager. On a côtoyé un certain nombre de groupes, certes talentueux, mais qui se brulaient les ailes à force de vouloir toujours aller trop vite et trop fort et qui finissaient par splitter face à la première galère rencontrée. Le fait que chez Whisper on soit avant tout des potes, donne une dimension moins "professionnelle" au groupe, mais on y a gagné ô combien en longévité. On n’a jamais splitté après un concert un peu foirou, une démo ratée ou un bassiste qui n’a pas appris ses riffs avant de venir en répèt’. Du coup on a peut-être tracé moins vite que beaucoup d’autres dans notre démarche artistique, mais on avance de manière pérenne, d’un pas de fer, le sourire aux lèvres et le membre dressé ! Et la cohésion et l’identité du groupe sont, du coup, bien plus fortes que chez la plupart des groupes qu’on croise.



Commençons par la pochette, à qui doit-on ce chef d’œuvre qui représente le public de Whisper Of Death ? Comment est née l’idée originale ?
Jordan : Alors, tout l’artwork de l’album est signé Antoine Cebrant qui a fait un super boulot et qui a su bien coller à l’esprit du groupe et à l’image qu’on voulait renvoyer. On a pas mal hésité avec la pochette : certains voulaient un truc sérieux, sombre et macabre et d’autres un truc complétement série B, gore et fun pour coller avec les textes et avec notre débilité ancestrale. Finalement, je trouve que c’est un bon compromis : l’idée du mec qui explose devant un mur de son correspond tout à fait à ce qu’on sait faire de mieux : envoyer la violence et tout péter, et en cela, elle nous correspond bien !

Abordons le sujet des textes de l’album, très particuliers, chaque texte est une histoire, qu’est ce qui les a inspirés ?
Clément (chant) : Comme tu as pu le remarquer, on est fans de films d’horreur (comme beaucoup de métalleux je pense) ! J’ai toujours adoré les Contes de la Crypte et les films de ces années-là découpés en plusieurs histoires. J’adore aussi le côté second degré avec toujours cette morale foireuse en fin d’épisode (pour les Contes de la Crypte). N’ayant pas de message particulier à faire passer dans les textes, j’ai préféré qu’on se fende un peu la gueule ! Chaque chanson est effectivement une histoire délirante mi-gore / mi-humour tout en essayant de pas tomber dans le grind. En général on lit le texte à voix haute en répèt' et si on est pliés de rire on valide  ! (rires)

L’album est en ligne en partenariat avec French Metal, comment est né ce partenariat ainsi que l’idée et surtout pourquoi French Metal ?
Clément : Pour la sortie de l’album on bosse en partenariat avec Jérémy Cas de Black Wave Promotion pour tout ce qui est promo (qui fait un super taff !), l’idée vient de lui et on a validé, French Metal a une bonne cote de popularité et la démo a été très bien accueillie chez vous !

Pensez-vous que ça devient de plus en plus dur de vendre des disques (de metal) et qu’Internet devient une option de plus en plus "obligatoire" ?
Jordan : Complétement, on vit une époque où les disques, et autres supports physiques, sont en plein déclin et les artistes doivent nécessairement s’adapter s’ils veulent un tant soit peu sortir la tête de l’eau. Internet n’est plus une option, c’est devenu incontournable en matière de promotion, de publicisation, de visibilité et d’organisation. Personnellement, ça ne nous a jamais posé de réel problème du fait qu’on est tous issu de cette génération Internet et qu’on a toujours su faire avec. Et puis au-delà de ça, je ne suis pas sûr que ce soit les artistes metal qui soient les plus pénalisés par cette transformation. Du fait qu’il soit encore et toujours "underground", le metal est peu concerné par la grande distribution en matière de skeuds et les amateurs du genre sont, en général, suffisamment respectueux et intelligents pour aller claquer 10 euros dans un support physique quand ils veulent encourager un groupe qu’ils suivent. A notre niveau, en tout cas, on ne ressent pas cette transformation : le skeud est dispo sur Internet mais il se vend aussi très bien.

Vous avez l’air de beaucoup déconner comme sur la bio de votre page Facebook mais en fait, derrière ce côté déconne, se cache-t-il des mecs qui ont eu le cœur qui a palpité à cent mille une fois que le disque physique s’est trouvé entre leurs mains ?
Jordan : Je te rassure, nos cœurs ont palpité à l’unisson à 1000bpm quand on a reçu le disque. (rires) Mais il a palpité plein de fois avant, je crois même que rien que les pistes batterie nous ont fait palpiter ! On adore palpiter, on palpite en soirée, on palpite en concert, on palpite le dimanche, en répèt' ! Que veux-tu, on est des mecs passionnés, sensibles, vivants ! Mais ça ne nous empêche vraiment pas de déconner, si tu savais. On en revient à la fameuse équation potes + son = déconne land ! Ça nous a souvent joué des tours parce que beaucoup de groupes dans le metal extrême se prennent hyper au sérieux, de l’artwork à l’attitude sur scène ou hors scène, ça rigole pas ! Nous on est toujours passé pour des loufoques, y’a pas une vanne qu’on rate, y’a pas une connerie qui nous échappe, y’a pas un endroit où tu peux nous laisser sans que ça parte en vrille ! Ça ne nous empêche pas d’être sérieux dans ce qu’on fait, mais on a souvent fait des jaloux, des sceptiques ou tout simplement des gens qui nous supportent mal à cause du bordel. Mais on assume notre réputation sulfureuse et on compte même en faire un clip très prochainement !



Comment estimez-vous la difficulté pour sortir ce premier album "Noise Of Obstinacy" : facile ou très galère ?
Jordan : Je dirais à mi-chemin entre les deux. Ça serait présomptueux de dire facile, parce qu’on en a quand même bien chié en studio, et que pour la première fois, on a mis les petits plats dans les grands. J’entends par là qu’on a décidé de la jouer plus "pro" (soirée release de l’album, promotion via Black Wave Promotion etc...) et qu’on n’est pas très habitués à tout ça, mais ça porte bien ses fruits ! Pour l’instant les retombées sont vraiment encourageantes, les disques se vendent bien et on est hyper satisfaits des résultats dans l’ensemble. Mais sortir un album n’est pas un long fleuve tranquille, on a quand même pas mal transpiré pour accoucher du bébé mais aujourd’hui on est des parents heureux !

"Noise Of Obstinacy" appelle-t-il un petit frère pour bientôt ? Ou la priorité absolue est-elle le live pour le moment ?
Jordan : "Noise Of Obstinacy" aura son petit frère ou sa petite sœur en temps et en heure, c’est un fait avéré. Mais pour le moment, on a surtout hâte d’aller le présenter sur les planches et d’aller violenter des fosses à grands coups de riffs pour essayer de retrouver l’ambiance de la pochette ! Donc ouais, le live pour le moment, on a quelques dates de prévues qu’on attend avec impatience et quelques opportunités intéressantes qui pourraient se concrétiser très prochainement ! Et puis on pense aussi à un clip, projet à suivre…

Depuis le temps que le groupe existe et se produit sur scène, y a-t-il eu des lives marquants, ou des lives très galères qu’il a fallu gérer au mieux ?
Jordan : On a eu notre lot de lives marquants et galères mais spontanément j’aurais du mal à te citer une anecdote hyper croustillante. J’ai pété ma guitare (involontairement) plusieurs fois, on a eu des problèmes de cordes, des problèmes de jack, des pertes de baguettes ou de médiators comme la plupart des groupes mais jamais d’incident majeur digne d’être raconté. En live marquant, il y a eu cette rencontre avec Gojira en 2004, alors qu’on débutait tout juste : de grands monsieurs bourrés d’humilité et de générosité. Mais sinon j’aurais tendance à te dire que tous nos lives sont marquants : de notre prestation scénique à l’ambiance qu’on fout pour les before / after !

Qu’est ce qui est chiant dans le metal (extrême ou pas) ?
Jordan : Comme dans beaucoup de milieux musicaux relativement inaccessibles, ce que je trouve chiant dans le metal extrême, c’est l’étroitesse d’esprit des élitistes qui, à force de se renifler le cul entre eux, perdent toute capacité de jugement et d’objectivité concernant la musique. Quand t’écoutes pas le bon groupe, t’es pas un "vrai", quand t’as pas le bon t-shirt t’es pas un "vrai", quand t’es pas allé à la bonne soirée, t’es pas un "vrai"… Ça me fait gentiment rigoler les attitudes un peu sectaires comme ça. Les mecs endoctrinés qui n’arrivent plus à réfléchir m’emmerdent ouais.

Voilà, sur mes platitudes, à vous de terminer avec tout ce qu’il faut dire et savoir sur "Noise Of Obstinacy", et merci bien.
Merci à toi, à French Metal et aux lecteurs ! L’album est dispo depuis le 11 Octobre sur toutes les plateformes et en digipack physique, il arrache la tête ! Si vous aimez, achetez-le ça nous aide beaucoup et on vous retrouve tous en live pour vous donner notre vision de la violence !


Le site officiel : www.whisperofdeath.com