Interview faite par mail par Arch Gros Barbare

Une tournée en Russie pour assurer la promotion de "Sous La Poussière", Whispering Tears est avide de nouvelles expériences enrichissantes qui font de leur death metal quelque chose de très personnel. Comment ce voyage s'est-il passé sur 9200 kilomètres ? Qu'est-ce qui motive le groupe à persévérer encore quelques bonnes années à venir ? En attendant d'avoir le report complet du périple russe, voici déjà une interview qui en dit long...

Salut à vous, avant de vous présenter, et de parler de votre Russian Tour, il est indispensable déjà de savoir comment se sont passées les fêtes de Noël et le nouvel an pour vous ? Alors qu'est-ce que Satan Klaus a porté à chacun de vous ? Et quelles sont vos résolutions pour 2011 surtout ? Il n'y a pas eu trop d'alcool, d'huîtres, de chocolat et de foie gras ?

Salut à toi, ainsi qu'à tous les lecteurs de French Metal. Les fêtes de Noël se sont très bien passées, en famille et au chaud, Nous sommes rentrés le 22 Décembre et en pleine période de fêtes. C'était assez étrange d'ailleurs de se retrouver dans cette excitation pré-fête de Noël. Mais cela fait plaisir de retrouver le pays même si nous étions dans un rythme assez éprouvant, c'est le rythme que tout musicien préfère avoir. Du coup, le Père Noël n'avait qu'une importance relative, du moment que nos lits n'avaient pas brulé ! Et puis nous préférions le voir nous ramener une bonne bouteille de vin, du whisky, et pléthore de produits culinaires bien de chez nous. Alors pour être franc, il n'y a jamais TROP d'alcool, d'huîtres, de foie gras, ni de chocolats... Surtout quand tu as passé 2 semaines à manger du borsh, des patates, certes bien cuisinés, et des boulettes... au mieux.

Bon, ceci étant. Vous rentrez il y a peu d'un Russian Tour, du 9 au 19 Décembre, à travers la Russie, avec 11 dates sur 11 jours. Déjà on a pu voir que c'était grâce à Maleifice Propaganda et votre booking agency : Biker Booking Agency. Alors première chose, comment une tournée en Russie s'organise-t-elle, parce que pour placer 11 dates là-bas il faut un peu être dans la place non, comment ça s'est fait ?
Oui effectivement, c'est notre booker Maleifice Propaganda qui a proposé nos services à Biker Booking agency, qui possède un carnet d'adresses assez impressionnant. Nous avons d'ailleurs eu des soucis pour 2 d'entre nous qui se sont fait refuser leur visas à l'Ambassade Russe de Paris. Il a fallu les représenter en urgence à celle de Strasbourg. De plus, nous avons eu un souci de line-up car deux d'entre nous n'ont pas pu venir. En un mois et demi, nous avons dû chercher des musiciens de session et c'est ainsi que Nesh (Nydvind, Brann Bar) qui est une connaissance d'Eric, nous a rejoint pour officier au poste de bassiste. Après 3, 4 répèt' et quelques arrangements nous avons réussi à assurer un show de qualité. Nous ne le remercierons jamais assez du boulot qu'il a accompli. En fait le plus laborieux fût la préparation. Ensuite, sur place, c'est Biker Booking Agency qui a tout organisé. Andrey, le tour manager, est vraiment une personne très professionnelle, et il s'occupait de toute la logistique. Il n'en était pas à sa première orga de tournée, et on pouvait le sentir tous les jours. Nous n'avions comme seul souci que d'assurer sur scène !

Est-ce que vous avez un peu subi le climat de tension actuelle en Russie, je veux parler du procès de Mikhaïl Khodorkovski condamné à six années de prison supplémentaires, jusqu'à la fin du prochain mandat présidentiel en 2017, pour détournement de fonds et blanchiment d'argent. Tension qui fait bouger pas mal de monde en Russie, problème politique.... Est-ce que c'était tendu pour des Français là-bas, même pour des raisons artistiques et non politiques ?
Euh... Pour tout te dire nous sommes complètement passés à coté des évènements que tu décris. Merci de l'information d'ailleurs. Nous avons à chaque fois été reçus avec une joie manifeste. Ils étaient touchés que nous venions dans leur ville et pas seulement à Moscou ou bien St Petersbourg, les villes les plus importantes. Et la France a une telle aura en Russie que nous n'avons jamais été face à une situation délicate ou violente. Nous avons évidemment parlé politique, mais plus pour relater l'épisode de la rencontre de Sarkozy et Poutine lors du sommet du G8, ou bien pour entendre dire que Poutine avait fait un très bon travail pour leur pays. A partir de là, tout est dit.

Si je ne me trompe pas, vous n'avez pas eu de dates sur Moscou. Comment cela se fait-il, pour permettre une ouverture justement là-bas, indépendamment de St Petersbourg, qui reste une grosse ville, Moscou aurait été incontournable, à moins qu'elle n'ait fait partie des dates non encore décidées à ce moment là ?
Il était prévu que nous jouions à Moscou, mais Biker Booking Agency nous avait booké jusqu'au 26 Décembre, alors que nos dispos n'allaient que jusqu'au 19. Il a donc du annuler tout une série de dates dans laquelle se trouvait celle de Moscou. Par la suite il a essayé de la décaler, mais ce n'était plus cohérent avec notre plan de route. Nous avons donc dû nous résigner à ne pas jouer à Moscou. Mais ce n'est que partie remise !

Bon racontez-nous un peu ce périple de 9200 kilomètres, en deux semaines. Est-ce que c'était "Pekin Express" ? Je veux dire, qu'il me semble avoir lu qu'en rentrant ça faisait du bien à certains de dormir dans un bon lit... Comment vous avez survécu au jour le jour, anecdotes de galère, crevaison, pas de lumière, pas de chauffage, pas de bouffe, pas de quoi que ce soit.., bon moments inoubliables sur la route, sur scène, le public... ? Allez-y on veut tout savoir !!!
Indéniablement, rentrer et se coucher dans son lit, ça n'a pas de pas de prix. comme tu l'as dit 9200 kms c'est un sacré périple. C'est quasiment le quart de la circonférence de la Terre. Nous avons fait beaucoup de camion, et pour faire passer la chose, nous dormions ! C'est a dire qu'après avoir joué, nous passions nos soirées à festoyer et à nous coucher le plus tard possible, pour ensuite pouvoir dormir à loisir dans le tour van. Même si tu imagines bien que dormir avec ces fabuleuses routes Russes toutes défoncées n'étaient pas chose aisée. Sinon, niveau galère, je suis désolé mais nous n'avons qu'un épisode de crevaison à te raconter, et encore, c'est le chauffeur (Sacha, que nous surnommions T1000) qui a tout géré. Grâce à Andrey, notre tour manager, nous n'avons jamais manqué de rien, et n'avons jamais eu a nous plaindre du froid : tout est surchauffé, les clubs, les appartements, le van... Il y a même plusieurs nuits où nous avons été obligés de dormir avec la fenêtre entrouverte. En ce qui concerne les détails plus aboutis, nous allons bientôt publier un live report sur le net qui sera beaucoup plus exhaustif.

Et les groupes de là-bas ils étaient comment ?
Vraiment bons, avec des métriques utilisées très intéressantes pour certains. Nous avons joué avec des groupes de deathcore, de thrash death, de death, de grindcore, et dans l'ensemble, il y a de la qualité, et chaque groupe est bien ancré dans son style et certains mixent les styles de manière inspirée. Pour l'anecdote, il y a même un groupe qui fût capable, en notre honneur, de faire un mix entre Stromae, Cradle Of Filth, Burzum et Slayer !! Avec une chanteuse lyrique, et un chanteur possédant une technique irréprochable. C'était assez étrange à vrai dire.

Juste en restant terre à terre et matérialiste, est-ce que le public de là-bas se laisse emporter par la passion du merch, des CDs...? Sachant que les licences de CD sont moins chères chez eux et que les albums en sortie discographique entière en mp3 sont plutôt à la mode ?
Nous l'avons plus ressenti en Russie qu'ici !! En plus de faire l'effort de venir au concert, ils n'hésitent pas à acheter. Et pourtant ce sont quasiment les mêmes prix qu'en France. Ils n'hésitent vraiment pas à se faire plaisir. En ce qui concerne le prix des licences de CD et les sorties discographiques entières en mp3, cela s'explique sûrement par le fait que le salaire moyen en Russie est de 200 euros par mois, sauf à Moscou et St Petersbourg où il est de 1000 et de 800 euros. Pour vendre de l'objet CD, il faut donc le faire à très bas prix...

Finalement l'année 2010 aura eu son lot de dates assez chargées, non ? Après une tournée en France et quelques bons shows avec de la grosse artillerie, puis cette tournée en Russie, pas trop épuisés quand même ?
Non ! Cette année 2010 a été vraiment riche en dates et nous sommes heureux d'avoir pu faire voyager notre musique. Cela nous a forgé, et nous a donné une autre approche de la scène, avec une faim à chaque fois plus grande. Jouer en première partie de Dagoba, qui sont monstrueux sur scène, jouer dans une ville différente chaque soir, faire des milliers de kms dans un autre pays, goûter des publics différents : tout cela ne peut que te galvaniser, et te pousser à en vouloir plus.



Allez, après toutes ces émotions et cette remontée de souvenances, revenons un peu en France. Whispering Tears compte tout de même quatorze années d'existence à travers des émotions fortes, des passages bons ou mauvais, des albums, un split, pour revenir en 2007 avec "Esprit Souillé". Qu'est-il arrivé pour que, quelques années après votre séparation vous ayez eu envie de reformer quelque chose ? Déjà pourquoi aviez-vous splitté, était-ce à cause de désillusions cruelles ou à cause de problèmes d'entente ? Et enfin pardonne mon ignorance, parce que je ne suis pas le roi du magasinage de noms de line-up, mais finalement qui était là au début de la création du groupe et qui est arrivé lors de votre reformation ?
Nous avons commencé comme tout groupe, juste l'envie de faire de la musique avec les potes. Et puis, petit à petit en même temps que nous progressions dans la maîtrise de nos instruments s'est précisée une orientation artistique plus cohérente avec nos envies et nos influences. Donc oui, nous avons eu des galères mais ce n'est pas pour autant que nous avons baissé les bras, de 9 musiciens, nous sommes passé à 5 sans heurts. L'arrivée d'Eric au chant en 2006 a beaucoup inspiré la suite de nos compositions car il avait le type de voix que nous recherchions. Cela a redonné au groupe une nouvelle dynamique, qui s'est finalisé par la sortie du LP "Esprit Souillé" en 2007. Au final nous n'avons jamais splitté, le groupe est né avec Nicolas et Bruno à la guitare, et Drixxé à la batterie. Et aujourd'hui, c'est la même chose. Il y a juste Eric au chant, et Julien à la basse qui nous ont rejoints.

Si vos premières productions sont passées relativement inaperçues, on a l'impression que depuis "Esprit Souillé", le nom de Whispering Tears vient plus facilement, même si tout reste à faire, sur les lèvres des métalleux Français, amateurs de metal extrême... On a la sensation que Whispering Tears s'épanouit beaucoup mieux et plus, qu'il n'a pu le faire par le passé... Est-ce que c'est un sentiment que vous avez, cette impression de mieux conquérir un public rassasié par une scène plus prolifique qu'auparavant ?
Nous ne faisons pas trop attention à ce qui se dit sur notre groupe. Nous avons su stabiliser notre line up, avons trouvé des personnes qui croient en nous (Great Dane Records, Maleifice Propaganda) et sommes fier de présenter nos compositions au public, et nous avons l'impression que l'envie se fait à chaque fois plus grande. Alors oui, en quelque sorte on peut parler de conquête, car nous avons senti que notre set ne laissait pas le public indifférent.

D'ailleurs si l'on y regarde de plus près "Sous La Poussière" est votre première production qui soit signée auprès d'un label en l'occurrence Great Dane Records. Est-ce que c'est synonyme d'avancée vers un peu plus de reconnaissance et de prise au sérieux par rapport à ce que vous présentez ou revendiquez artistiquement ou c'est plutôt un ras-le-bol de l'autoproduction et à travers ça, surtout de l'auto-distribution ?
C'est plus une marque de reconnaissance. Surtout que GDR nous a premièrement contactés pour distribuer notre LP "Esprit Souillé". Nous étions un peu étonnés de voir qu'un label était prêt à commercialiser un 4 titres. Mais cela nous a forcément encouragé, surtout que nous l'avions enregistré nous mêmes, dans notre propre studio à Cachan (94) en collaboration avec Etienne Machet, qui est notre ingé son. C'est donc tout naturellement que nous avons convenu d'un accord avec eux pour sortir "Sous La Poussière". Ils bossent avec Season Of Mist et peuvent donc profiter d'un réseau de distribution performant. Cela simplifie forcément beaucoup de choses en tant que musicien. Le problème reste qu'en France les labels sont pour la plupart assez frileux, et hésitent à mettre leurs billes, contrairement à l'Allemagne ou la Scandinavie. Cela bride forcément la créativité, et pourtant nous avons de très bons groupes qui méritent amplement une signature. Puis il y a la loyauté de ces mêmes labels qui ne pensent qu'à faire de l'argent, vendent tes CDs, et ne te reversent rien, ou alors ne t'envoient pas ton contrat à temps pour qu'il y ait vice de procédure, ou, même, te font payer les CDs qu'ils ont édités alors qu'au départ tu as payé l'enregistrement, le mastering et l'artwork. Et dans le processus de création d'un album, ce n'est certainement pas la gravure qui coûte le plus cher. En bref, le metal Français souffre beaucoup de ces acteurs, alors que le potentiel est là...

Encore une opportunité de comparaison, je m'en excuse d'avance, mais votre re-formation semble avoir également développé votre envie de ne proposer que des paroles en Français. Je veux dire par là, que "Carmina Lacrimosa"  avait en son sein des titres non écrits intégralement en Français si je ne me trompe pas, alors que maintenant c'est ce que vous offrez à l'auditeur. Le fait, en tous les cas, en France, de proposer des paroles dans sa langue maternelle, n'est jamais chose facile. Car si des paroles peuvent ne pas être "travaillées" en Anglais, il est toujours plus délicat de ne faire que des phrases simples en Français, nous obligeant davantage à raconter un texte, une histoire cohérente où la rhétorique est de rigueur. Quelle est votre position là-dessus et finalement de quelle manière ont été créées les chansons de "Sous La Poussière", sachant qu'on peut largement supposer un travail studieux derrière ?
Eric (chant): Lorsque je suis arrivé dans le groupe, j’ai rapidement évoqué mon intention d’utiliser des textes uniquement en Français, ce qui a été accepté par l’ensemble des membres. Pour moi, la question d’écrire dans une autre langue que ma langue maternelle ne s’est jamais posée, étant totalement hermétique à ce que font les autres, à ce qu’est la "norme". De plus je viens du milieu black, style dans lequel l’emploi de la langue Française est plutôt répandu, ce qui fait que je suis arrivé dans le groupe avec mes habitudes. Certes je me demandais comment cela allait sonner avec du chant death. Autant le chant black a des sonorités qui collent parfaitement selon moi au Français, autant pour le death je ne savais pas trop dans quoi je m’engageais. Et finalement nous avons trouvé que ça fonctionnait, donc nous sommes restés sur cette formule. Maintenant pour les textes en eux-mêmes, en effet il est plus difficile de se contenter de phrases "simples". En Anglais on accepte tout est n’importe quoi, en Français la tâche est un peu plus ardue. D’autant plus que les thèmes évoqués dans mes textes se rattachent exclusivement au ressenti, à l’esprit, la pensée, des choses impalpables. Je me suis donc investi dans la traduction de ce qui ne peut être décrit par des phrases simples. L’écriture est viscérale, les idées venant au gré de ce que je peux éprouver, et par la suite je tente de mettre en forme ce qui "résonne" en moi. Voilà pourquoi leur sens peut paraître confus, mais cet effet est recherché également, dans le sens où j’aime ce qui est trouble et qui peut être interprété de différentes façons.

La musique de Whispering Tears est assez difficile à cerner sur ce dernier album, on a la sensation que le groupe veut faire une passerelle entre le death metal des années 90's, quelque chose d'assez roots, comme sur "Aux Portes De L'aliénation", et un metal plus dark, plus sombre, mêlant sur pas mal de chansons, des riffs complexes, techniques mais surtout assez modernes dans leur approche. Est-ce que cette dualité entre modernité et tradition vous le ressentez dans l'écriture de vos chansons ? Avez-vous l'envie de rester dans une vague que vous avez connu, il y a quelques années, et également d'évoluer vers quelque chose de très personnel et évolutif, comme vous le faites maintenant ? Est-ce que c'est finalement le résultat de nouveau line-up ?
C'est intéressant que tu cites le death des 90's parce que c'est clairement ce genre qui nous a poussé a faire de la musique. Nous avons écouté et adoré Cannibal Corpse, Death, Malevolent Creation, Suffocation, mais nous ne nous posons pas la question. Cette approche s'est faite de façon naturelle. Comme tu l'as dit, c'est la combinaison de nos influences et de notre approche qui fait notre son aujourd'hui.

Je parlais d'évolution, et ce qui m'a assez frappé dans l'écoute de votre musique, c'est que parmi les visages death, les formes brutales, les ambiances sombres, et même très planantes, à en écouter "Errance", Whispering Tears montre au final un album très étrange dans son ensemble, assez dans la couleur du morceau "Entaille Mon Âme". Il en ressort, d'un avis personnel, quelque chose d'individuel et dépressif, qui pourrait par sa singularité être un obstacle à l'épanouissement total de cet album. Je veux juste dire que le plus grand nombre aime une approche rapide de la compréhension d'un morceau, notamment en concert, si tu vois ce que je veux dire... Ce qui n'empêche en rien la qualité de vos titres, sachant que des groupes comme Asmodée dans le registre black metal, ne sont pas sur le devant de la scène alors que musicalement c'est impressionnant de qualité. Ton avis là-dessus ?
On fait avant tout la musique pour nous, comme on la ressent et c’est toujours intéressant de voir ce qu’elle suggère à ceux qui l’écoutent. Il n’y a pas de calculs, c’est principalement ce qui se passe sur scène et avec le public qui compte. On a souvent dit après un concert que nos morceaux étaient plus "appréhendables" que sur CD. Cela montre que tu n’es pas obligé d’être racoleur pour plaire. Chuck Shuldiner l’a bien démontré dans sa façon de faire évoluer le projet Death. RIP.



Est-ce que l'écoute introspective de vos morceaux, vous a déjà fait penser à ce genre de constat ? Celui de se dire que votre vision entraînera dans son sillage peut-être pas les plus nombreux, mais certainement les plus sincères, même si je ne sais pas si avoir une horde de vrais "fans" est tellement mieux déontologiquement qu'une légion qui survole à peine l'intérieur de vos chansons, Cathedral en sait quelque chose...
C’est une bonne chose que tu abordes le sujet de la sincérité car notre musique en est emprunte. C’est une histoire d’émotions et de vibrations, tant mieux si le public le ressent et c’est encore mieux s’il est nombreux.

En parlant de qualité, le son de "Sous La Poussière" est assez limpide, étant grand amateur de basse, on l'entend parfaitement bien ses moindres petits mouvements qui sont perceptibles, mais je n'ai pas su avec qui, ni où, vous aviez travaillé pour réaliser cet album, alors il est certainement temps de nous livrer la potion magique de cet album, je parle d'enregistrement, de mixage et de mastering bien évidemment...?
Nous avons enregistré cet album à la maison. Avec Etienne Machet, notre ingé son. Il nous a permis de faire des prises de qualité. Ensuite, lui et Nicolas (surtout) ont travaillé sur le mix. Etant donné que Nicolas compose les morceaux, il était beaucoup plus simple pour lui de recréer l’univers sonore qu’il avait en tête. Comme nous n’avions pas d’impératifs financiers, ils ont pu passer du temps sur cette étape importante de l’enregistrement. Et tirer le meilleur parti du matériel à notre disposition. Pour le mastering, nous avons travaillé avec Andrew Guillotin (Hybreed Studio). Nous avons fait attention à ne pas faire les mêmes erreurs que sur l’EP, que nous avions enregistré de la même façon. Mais il y a quand même des limites à l’auto-production, notre album aurait eu une aura bien plus puissante s’il était sorti d’un studio renommé.

D'ailleurs si l'on ne sait pas grand chose, c'est que vous êtes peu prolixes sur votre booklet ou sur le digipack. Comment vous expliquez cela, vous n'avez rien mis de ce que l'on peut lire habituellement, date et lieu des enregistrements, mixage, mastering, le line-up, les remerciements traditionnels à moins qu'il n'y en ait pas...?
Nous pensons notre musique comme un tout. Le support et l’artwork n’auraient pas été cohérents avec notre pensée si l’on y avait inscrit des choses que nous considérons comme superflues. On ne demande pas à un peintre de mettre ces remerciements sur sa toile, par exemple. Nous prenons les choses de la même manière.

La seule chose qui nous a été donnée, c'est tout de même que l'illustration a été réalisée par Guillaume Tiret. Ce qui forcément a attiré ma curiosité et je suis allé sur son site. C'est un artiste intéressant qui a l'air d'aimer le metal ou au moins le rock, au vu des ses réalisations avec les guitares, et qui a l'air également d'aimer les réalisations à l'ancienne, pas en tant que graphiste... On peut en savoir plus sur lui et sur votre collaboration pour "Sous La Poussière" ?
Nous avons unanimement choisi une illustration de Francis Bacon pour "Sous La Poussière". Ce qu’exprimait le portrait de William Blake s’accordait parfaitement avec les ambiances de l’album. Ne pouvant déroger à la règle des droits d’auteurs, nous avons recherché un artiste capable de retranscrire la même force graphique. Nous avons été bluffé par le travail de Guillaume, qui a su apporter plus qu’une simple copie. D'ailleurs nous recommandons vivement tout le monde à aller voir le travail de ce formidable artiste sur son myspace (http://www.myspace.com/guillaumetiret).

Cet album est sorti fin 2009, peut-être qu'avec les dates jouées, et puis aussi l'envie de se poser un peu, cela a fait que vous avez tourné au ralenti en ce qui concerne l'écriture de nouveaux morceaux, mais vu qu'on est maintenant en 2011, sans griller d'étapes, vous en êtes où question composition ?
Nous avons encore envie d'exporter cet album. Nous avons pris goût à la route, et nous avons encore des opportunités à saisir. La composition est un processus assez douloureux car la déception va souvent de pair. Tu peux te sentir vraiment mauvais parfois. Nicolas, qui compose, est assez précis dans son approche, et il n'aime pas soumettre des idées ou partir sur une mauvaise voie... En général, il arrive avec un tout, et nous faisons des arrangements ensemble. Mais une chose est sûre, c'est qu'il ne grille pas d'étape.

Nous voilà à la fin de cette interview, qui je l'espère ne vous a pas trop ennuyé, en tous les cas, merci d'y avoir répondu, la démarche musicale de Whispering Tears emprunte une voie que l'on a plaisir à écouter, alors que dire de plus avant de vous laisser clore, que vous souhaiter le meilleur pour 2011 et de continuer ainsi...
Merci à toi, ainsi qu'à tous les lecteurs de French Metal, répondre à une interview n'est jamais chose aisée, mais nous y avons pris plaisir. D'ailleurs c'est grâce à des personnes comme toi que l'underground réussit à exister. Nous espérons pouvoir aller à la rencontre de tous, sur scène et le plus possible, et puisse ta parole se faire entendre...


Le site officiel : www.myspace.com/wtears