Interview faite par mail par Gloomy

Adieu Catharsys : bienvenue à Wedingoth ! Loin d’avoir l’impression d’avoir tout dit avec leur ancien groupe, Laure (chant) et Steve (guitare / chant) nous ouvre ici les portes de leur nouveau royaume.

Salut, Wedingoth ! Tout d’abord, merci d’accepter de m’accorder cette interview ! Alors, pour commencer, pourriez-vous présenter Wedingoth et son histoire, pour nos lecteurs qui ne vous connaîtraient pas encore ?

Merci à toi et à French Metal de nous avoir proposé cette interview, c’est un honneur pour nous ! L’histoire de WEDINGOTH a commencé bien avant l’idée de fonder un groupe de rock metal prog. Nous avons testé plein de choses, que ce soit Laure et son parcours jazz ou Steve dans divers groupes de rock. En fait nous jouons ensemble depuis 2005, année durant laquelle le projet du groupe de metal symphonique Catharsys (que tu connais !) s’est concrétisé. Nous avons fait pas mal de concerts, explorés quelques aspects de la scène metal, puis nous avons cherché tous les deux à nous orienter vers d’autres pistes. Nous avons évolué au fil du temps et l’envie nous est venue de jouer la musique qui nous plaît réellement, et par laquelle nous pensons avoir quelque chose à dire. La première chanson, "Utopia" est née en 2007. Les compositions se sont enchaînées. Au départ il n’a été pas prévu de monter un véritable groupe, il s’agissait plutôt d’un projet studio où nous laissions libre cours à notre inspiration, à notre élan de création, sans contraintes. Puis progressivement s’est dessinée la possibilité de construire un album cohérent qui serait l’aboutissement d’un chemin artistique qui nous tenait à cœur. Nous avons donc fait appel à des musiciens additionnels qui sont des amis proches : Julien à la guitare et aux claviers, Adrien à la batterie pour l’enregistrement. Clément complète, à la basse, le line-up pour les futures scènes. Cet album et ce groupe sont l’aboutissement d’années de travail et de passion et nous sommes ravis que le projet ait pu être mené à son terme !!

Et, au fait, d’où vous est venue l’idée de ce patronyme ?
Nous ne voulions pas utiliser un mot ou une expression préexistant qui n’arriverait jamais à nous définir complètement. Dans notre volonté de proposer quelque chose de personnel, émancipé d’une quelconque étiquette, nous avons choisi d’inventer un nom. Il s’agit de l’association du terme anglais « wedding » qui veut dire mariage et du mot Français "goth" en référence directe au peuple barbare de l’antiquité, vainqueur de la civilisation Romaine. C’était une population très diverse, complètement hétérogène, composée de cultures et d’ethnies différentes, ayant pourtant eu la particularité de se regrouper à un moment donné. La juxtaposition des deux mots donne ainsi : mariage, mélange des styles.

Donc, pour mettre les pendules à l’heure définitivement, Catharsys, c’est terminé ?
On peut dire cela…oui ! Les derniers temps du groupe n’ont pas été évidents : manque de temps, très faible élan créatif, problèmes relationnels… ce qui semble en fait un lieu commun pour pas mal de groupes (rires) ! Les compositions de Catharsys sont pour les 95% signées par le claviériste, Christopher Lacassagne. Nous avons eu beaucoup de plaisir à les mettre en forme, puis à les jouer, mais l’orientation que s’était donnée le groupe a fini par ne plus nous satisfaire pleinement. C’est pour cela que, dans un premier temps, nous avons composé dans notre coin les prémisses de ce qu’allait devenir WEDINGOTH. Christopher navigue à présent dans la sphère de la musique classique où il compose activement, et nous lui souhaitons bien entendu le meilleur. Quant à nous, WEDINGOTH est devenu notre unique priorité !

Wedingoth est officiellement composé de deux uniques personnes : Steve et Laure. Vous êtes secondés par une série d’autres musiciens, notamment pour les expériences live. Est-ce que ceux-ci feront un jour partie intégrante du groupe, ou resteront-ils musiciens "de session" ? Est-ce pour souligner le fait que ce groupe est votre propre projet avant tout et pour continuer à maintenir les rennes que vous êtes les deux seuls "véritables" membres à part entière ?
Nous sommes les seuls maîtres à bords ! (rires) Plus sérieusement, les expériences passées nous ont enseigné qu’il était très difficile voire impossible de créer une musique concise et rationnelle à plusieurs. Nous avons donc voulu composer librement ce qui nous touchait vraiment et il était essentiel pour nous d’aller jusqu’au bout, de mener à bien ce projet. Il est vrai que depuis le début nous cherchons à souligner cet aspect de notre travail, le fait que nous sommes deux, mais il serait complètement injuste de ne pas reconnaître (et nous les en remercions profondément) l’ampleur du travail réalisé par nos acolytes (Julien et Adrien). Sans leur talent, leur passion, et leur patience l’album n’aurait jamais sonné de cette façon et il est d’actualité de considérer un agrandissement possible de la formation initiale.

"Candlelight" est un concept-album tournant autours du thème de l’avenir du monde. Au départ sombre, votre vision semble devenir de plus en plus optimiste au fil des morceaux. Quel regard portez-vous exactement sur notre époque actuelle ? Quel message auriez-vous aimé diffusé de par votre musique ?
Peut-être le propre de l’être humain est-il de n’être jamais satisfait de ce qu’il possède… Cela peut sans doute s’appliquer à notre vision de la société actuelle dont nous ne sommes pas particulièrement fans !! Nous ne sommes ni politisés, ni engagés dans des mouvements du style "Greenpeace", mais nous ne pouvons pas nous empêcher de porter un regard alarmiste sur la situation dans laquelle nous vivons. L’Histoire nous enseigne que toutes les civilisations ont eu à faire face à des inconvénients et des difficultés issus de leurs différents modes de vie. Les hommes cherchent désespérément depuis des siècles, les meilleures solutions pour vivre en harmonie entre eux et leur environnement. Les progrès développés depuis un siècle paraissent extraordinaires, mais il n’est absolument pas certain qu’ils soient bénéfiques à long terme. Les actualités nous prouvent sans cesse la dégradation et la dégénérescence d’une planète soumise à l’empreinte humaine : conflits politiques, religieux, réchauffement climatique due à une technologie qui ne convient pas à l’écosystème…etc. Les catastrophes naturelles qui frappent le monde en ce moment, comme le tremblement dévastateur d’Haiti, nous rappellent sans cesse que la terre est malade et le manifeste. Nous déplorons l’asservissement de l’homme face au trop plein d’innovations scientifiques et de gaspillage. Mais nous voulons garder confiance, il existe forcément des moyens et il ne faut pas baisser les bras face au fatalisme des gouvernements politiques. "Candlelight" est un résumé de toutes ces réflexions, c’est une sonnette d’alarme. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir et il n’est peut-être pas complètement trop tard pour réagir.



Vos influences sont très variées, ce qui se ressent sans peine sur "Candlelight" ! Puisqu’il n’est aucun groupe sans dénomination, comment définiriez-vous au mieux votre musique ? Vous sentez-vous ancrés dans la scène dite metal ?
Nous aimons tous les styles de musique et c’est pourquoi il est capital de ne pas nous enfermer. Bien entendu l’empreinte rock est très importante, mais nous sommes assez contre les catégories que l’on impose au metal. Pourquoi toujours chercher à coller une étiquette ? Nous nous définissons nous même comme du rock metal progressif, car il semble que ce soit la seule manière d’intégrer pleins de choses sans choquer ! Cela reste suffisamment général. D’ailleurs nos critiques témoignent du bien fondé de ce choix : les gens n’aiment jamais la même chose, certains vont adorer les phases trash, d’autres les ambiances calmes ! Pour répondre à ta question sur notre position, il est évident que nous nous sentons complètement influencés par le metal : nous adorons son gros son et sa puissance. Mais notre souci premier est de lui insuffler d’autres influences plus "légères" comme les riches sonorités des années 1970’s ou de la world-music et de l’electro.

Une petite question pour toi, Laure. Ta voix m’a, une fois de plus, totalement transportée ! Quel a été ton parcours, en temps que chanteuse ?
Merci beaucoup Gloomy ! Je suis très touchée. Mon histoire ?... c’est un chemin long et tortueux ! Je chante depuis que je suis toute petite. Je me souviens de ces longues heures d’écoute attentive, chaque soir, de classique, de variété, de jazz où je m’appliquais à essayer de reproduire les différentes techniques, avec plus et souvent moins de brio (rires) ! L’écoute a été mon premier professeur, je pense que c’est essentiel. Puis je suis entrée au conservatoire en classe de jazz. Le jazz est véritablement ma formation de base. J’ai joué pendant des années dans un big band avec lequel j’ai fait beaucoup de scènes où l’on reprenait des standards. J’ai énormément appris à la fois sur le placement de la voix, mais plus généralement sur la mise en place des morceaux : être carré en jazz c’est indispensable et ô combien difficile ! Puis je suis venue m’installer à Paris où j’ai intégré des chorales de classique. Il s’agit d’une toute nouvelle technique. Du travail des graves, j’ai développé une tessiture plus aigue que je cherche encore et toujours à perfectionner. Mon but n’est pas de me spécialiser dans un domaine précis, mais d’avoir un panel suffisamment grand pour ne pas me limiter.

Et, pour reparler de vous deux, quel fut le déclic qui vous a donné envie de composer votre propre musique ? Concrètement, depuis combien de temps faites-vous donc partie de la sphère musicale ?
Laure : Je crois que nous avons anticipé ta question dans la première (rires) ! (NdG : effectivement !)
On peut résumer en disant simplement que nous en avons eu marre d’être assimilé à un style symphonique-gothique-doom- mélodramatique, à corset rouge et canines blanches (rires) !! Le déclic est en fait l’envie de proposer autre chose, de nous faire plaisir en exploitant tout l’amour que nous portons à la musique.

Parlons maintenant de votre futur. Quels sont les projets prévus pour les mois à venir ? Une tournée Française, par exemple ?
Des concerts !!! Nous sommes en train de répéter pour mettre au point un spectacle présentable ! Nous avons déjà une proposition pour un concert acoustique dans les alentours de Chartres, nous passons actuellement sur quelques radio et sommes pressentis pour une émission spéciale WEDINGOTH sur Fréquence Amitié Vesoul ! Et dans le futur, peut-être nous faire remarquer par un label…

Pour conclure cette interview, vous avez carte blanche : je vous laisse le traditionnel mot de la fin ! Quant à moi, je ne peux que vous souhaitez le meilleur pour la suite !
Merci beaucoup ! Ce fut très agréable de passer ce moment avec toi. Nous espérons que notre musique plaira autant que nous avons eu de plaisir à la composer.


Le site officiel : www.myspace.com/wedingoth