Interview faite par Pascal Beaumont à Paris.

Si "The Dark And The Deep" était un album de très haute facture et marquait d’une certaine manière la résurrection de Visions Of Atlantis, personne ne pouvait prévoir un tel succès ! Une véritable réussite qui leur a permis de tourner intensément à travers le monde et à jouer dans des contrées qu’ils n’avaient jusqu’à lors jamais exploré comme la Colombie, le Pérou, le Chili ou encore l’Argentine. Une vraie renaissance pour le gang après vingt ans de bons et loyaux services et de nombreux errements dus à des changements de line-up incessants. Le combo s’est même offert le luxe de sortir un album live pour célébrer "The Deep And The Dark" et son périple musical à travers le monde. Alors que l’on ne s’attendait pas à les revoir aussi vite après une telle réussite. Pourtant, Visions Of Atlantis est bel et bien de retour 18 mois après la sortie de "The Deep And The Dark", un petit record quand on sait que le combo n’a cessé de tourner. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’avec "Wanderes", Clémentine et consorts ont réussi à surpasser et de très loin "The Deep And The Dark" tant cette pépite est une réussite de toute beauté. Une évolution majeure qui nous permet d’apprécier toute l’intensité du talent de ses musiciens. "Wanderers" s’avère être un voyage initiatique au sein duquel Clémentine nous embarque et qui a servi de trame inspiratrice à "Wanderers", une quête de soi, de son identité où la belle se livre plus que jamais, l’émotion étant palpable sur chaque morceau de cet opus qui s’avère d’emblée comme magistral. Avec "Wanderers", le groupe s’éloigne du carcan metal symphonique pour nous emmener vers d’autres horizons musicaux. L’investissement artistique de Clémentine semble bien plus fort et prenant que sur "The Deep And The Dark", tant elle semble épanouie vocalement allant toujours plus haut n’hésitant pas à sortir de sa zone de confort et se mettre en danger. C’est en plein milieu de leur tournée des festivals et avant le Bang Your Head à Balingen ou la formation se produira accompagnée d’un orchestre symphonique, un événement qui sera filmé pour la future sortie en 2020 d’un DVDd que nous avons pu soumettre à la question la charmante Clémentine pour connaître les secrets de fabrication de "Wanderers". Un entretien vérité où la belle se livre plus que jamais, l’émotion à fleur de peau tant son investissement lors des sessions de "Wanderers" a été intense et parfois douloureux, un périple dans les méandres de la création où French Metal mène l’enquête. Interview psy et découverte des nombreuses facettes de la personnalité hors normes de la charmante Clémentine. Rebelle, vous avez dit rebelle ? Magnéto Clémentine, c’est à toi !

Vous venez de donner deux concerts en Allemagne, l’un au Sunstorm Open Air à Nordheim le 5 Juillet et l’autre au RockHarz Festival à Ballenstedt, quels souvenirs en gardes-tu ?

Clémentine Delauney (chant) : C’était très bien. Le Sunstorm, c’était un petit festival dans la campagne allemande où il y avait une très bonne ambiance, assez familiale ! (rires) Le RockHarz était complètement différent, c’est une très grosse machine qui existe depuis des années avec des audiences très diverses. Ça nous a permis de nous faire de l’expérience sur des scènes plus ou moins grandes et surtout de jouer deux nouveaux morceaux (Ndr : "Heroes Of The Dawn" et "A Journey To Remember") sur scène et de pouvoir ainsi voir la réaction du public. Les retours sont super bons pour l’instant donc on est très contents et on a hâte de jouer accompagnés d’un orchestre.

Le 11 Juillet, c’est-à-dire après demain, vous allez donner un concert accompagné d’un orchestre symphonique dans le cadre du Bang Your Head Festival, comment te sens-tu à deux jours de ce show unique ?
C’est un concert unique. Nous n’avons jamais fait ça dans toute notre carrière. Ça va être l’occasion de filmer le show qui sortira l’année prochaine en DVD et blu-ray. C’est un événement unique et majeur pour nous.

Comment te sens-tu avant cette unique journée de répétition ?
C’est très difficile à dire, vu que tout se déroule beaucoup au jour le jour. Là, j’ai une journée entière d’interviews pour pouvoir parler de ce nouvel album. Je suis dans cette journée et demain je serai en répétition.

Comment s’est déroulé le processus d’écriture de ce nouvel opus ?
Ça a été à la fois simple et rapide parce qu’on a repris la même façon de travailler que pour "The Deep And The Dark" avec le même producteur (Frank Pitters). Du coup, il est devenu quelque part le sixième membre du groupe, il connaît très bien notre identité et notre univers de ce fait lorsque on lui envoie des idées, c’est plus facile pour lui de de les tourner et d’en faire quelque chose qui pourrait devenir une chanson de VOA. Surtout, on apprécie toujours d’ouvrir notre style et d’avoir des choses différentes à chaque fois, on aime explorer de nouvelles pistes et du coup on s’est retrouvés dans un processus familier dans lequel on n’avait pas besoin de se réadapter donc on a été beaucoup plus vite que pour "The Deep And The Dark". Et puis il y a eu l’arrivée de Michele qui nous a composé deux morceaux. Quant à moi, j’en ai écrit un. Au final, on s’est retrouvés avec beaucoup plus de chanson que prévu et on a décidé de toutes les garder. (rires) C’est pour cela qu’on a un album plus long, plus riche et plus varié sur lequel j’ai été plus impliquée au niveau des lignes de chant. J’ai aussi pu écrire toutes les paroles, le processus a été rapide mais on a été efficace. On a beaucoup travaillé sur une courte période.

Tu as déclaré : "Ce n'est pas un processus facile pour ma paix intérieure, ça secoue tout mon monde intérieur et mes sentiments. Beaucoup de larmes, de mains et de battements de cœur rapides. Je suis en train de faire ma propre catharsis... et tout ce que j'espère, c'est que ces chansons pourraient vous aider à faire le vôtre aussi ! Je suppose que cela a été un énorme investissement de ta part".
Oui, j’ai traversé des choses dans ma vie privée qui n’ont pas été faciles, ces sont des sentiments qui ressortent sur certains titres. Au-delà de ça, je suis en quête de ma propre identité, c’est le thème fondamental de "Wanderes". Le fait d’errer, ce n’est pas forcément dans le monde physique mais aussi dans le monde intérieur, se chercher, savoir de quoi on est vraiment fait. Lorsque l’on se déshabille de toutes les règles, des habitudes et de toutes les images préconçues qu’on a de soi ou que les autres ont de nous-même pour se trouver. C’est un cheminement à la fois spirituel et philosophique qui m’a fait traverser et me fait traverser des phases de doutes qui sont assez poignantes et pas toujours évidentes. Du coup, tout ce que j’ai écrit comme paroles pour cet album vient de là du plus profond de mon être.

D’où vient cette remise en question, ce cheminement intérieur ?
C’est un cheminement que je mène depuis quelques temps, je veux savoir, pouvoir me réaliser dans la vie et pour cela il faut que je sache qui je suis en tant que personne ! Qu’est-ce qui est important pour moi ? Qu’est-ce que je veux défendre ? Qu’est-ce que je veux soutenir ? Quel idéal vers lequel je veux tendre ? Comment me définir ? C’est ce questionnement-là qui a inspiré le thème de "Wanderes". Je ne suis pas la seule du groupe à traverser cela, il y a aussi notre batteur de leader de la formation (Ndr : Thomas Caser) qui lui aussi a un peu ce questionnement sur la définition de lui-même. Il a d’ailleurs un tatouage sur le poignet depuis deux ans. Son cheminement m’a aussi inspiré.

"Heroes Of The Dawn" est le premier single extrait de "Wanderes", le clip présente de très beaux paysages, la nature, la mer, les montagnes c’est une façon de mettre en avant ton engagement écologique ?
Oui, il y a une chanson à propos de ça, "The Silent Scream" qui est un morceau destiné à faire prendre conscience aux gens du monde dans lequel nous vivons et qu’on est en train de détruire. C’est un thème qui m’est cher sans faire de prosélytisme dans tous les morceaux. Après, VOA a toujours eu et on le voit sur toutes pochettes et à travers les paroles, un lien avec l’océan, le thème du voyage, les explorations, le monde différent. Du coup, pour moi, faire une séance photo à l’extérieur sur un bord de mer, ça tombait sous le sens. On allait dans cette direction et du coup la lyrics video, elle a repris le pas de cette idée.



Est-ce que l'enregistrement a été un challenge que ce soit au niveau vocal ou musical pour toi ?
Oui, il y a eu des challenges. Il y a certains morceaux qui, vocalement, m’ont fait sortir de mes sentiers battus. C’est très bien car cela m’a donné l’impression de vraiment progresser et d’aller plus loin, de sortir de ma zone de confort. J’ai apprécié même si sur le coup c’est un peu douloureux. C’est très bien de pouvoir faire ça, j’avais envie de donner le meilleur que je pouvais au moment où il fallait enregistrer l’opus. Il y a des parties de chant sur certains titres que l’on a refaites, des placements de voix qui ont changé. J’ai soigné mon interprétation. Globalement, j’avais une idée de comment je voulais faire ça mais j’ai essayé de faire en sorte de toujours coller à ce que j’entendais, comment était joué la partie, comment je voulais qu’elle soit chantée, comment je voulais qu’elle évolue, l’intensité que je voulais obtenir, les phrasés. J’essaye d’aller dans le détail au maximum pour que cela corresponde à ce que j’avais en tête.

Qu’a apporté l’arrivée de Michele au sein de VOA ?
C’est un très bon chanteur donc déjà ça nous a permis de lui faire une vraie place dans cet opus et aussi d’accueillir ses morceaux à lui, il compose, il est ingé son donc très vite la discussion autour du son de l’opus, de la production, du mix, a été importante. Il s’est énormément investi, il a apporté beaucoup de très bonnes idées pour arriver au résultat auquel on est aujourd’hui. Vocalement, tous les deux on s’est challengés, on s’est beaucoup encouragés mutuellement en studio. La réalisation de "Wanderes" nous a fait tous les deux grandir en tant que chanteurs, on a travaillé main dans la main pour se soutenir, pour s’apporter de l’aide et travailler dans une ambiance la plus bienveillante et positive possible. Je suis très contente de ça. C’est bien de pouvoir retrouver avec un chanteur cette paix en travaillant et ne pas être dans l’égo mais au contraire être juste dans l’envie de faire les choses bien.

Tu as déclaré : "Cinq ans à être la voix de Visions Of Atlantis m’a fait devenir mon vrai moi sur scène".
Oui, avant quand je chantais sur des morceaux pour lesquels je n’avais pas participé, je chantais des paroles qui n’étaient pas les miennes, j’avais l’impression d’être dans une formation de reprises. Il n’y avait pas de lien entre ce que je chantais et ce que j’étais, je devais interpréter, j’avais l’impression d’être une actrice. Ok, il y a un texte, je le chante, j’y mets de l’émotion mais ce n’est la même car cela ne vient pas de mes tripes à moi. VOA, en me donnant de la place en tant qu’artiste, me permet de me réaliser et de porter sur scène, ce que je suis fondamentalement et ne faire qu’un avec mon art et c’est un très grand cadeau ! (rires) Je ne ressens plus de distinction entre moi et la musique lorsque je suis sur scène avec VOA.

As-tu trouvé la formation idéale pour t’exprimer ?
J’ai trouvé un combo qui m’a permis de m’exprimer dans un cadre donné car VOA reste dans un cadre donné, on fait du metal symphonique même si on ouvre le spectre, on ne fera pas du death metal ! (rires) Ça me permet de m’exprimer et j’ai trouvé un angle d’approche pour pouvoir véhiculer de la créativité dans le cadre de VOA. Après, je ne suis pas du tout fermée à aller travailler dans d’autres genres pour explorer d’autres voies d’écriture et avoir d’autres styles de musique et de chanson. Quand on a envie de créer, il ne faut pas de être contenu dans un seul style de manière perpétuel. Je suis très heureuse avec VOA.

Tu accepterais de chanter dans une autre formation ?
J’ai déjà un autre projet : Exit Eden. On a donné un concert au mois de Mai au Pays-Bas et il va y avoir un nouvel album qui sortira l’année prochaine mais c’est un peu tôt pour en parler.

Depuis trois ans, tu es végétalienne, qu’est-ce qui t’a poussé à t’engager vers cette forme de nutrition ?
A partir de 2014 / 2015, ma petite sœur et moi on a commencé à tomber sur des vidéos vraiment pas belles qui montraient ce qui se passait dans les abattoirs, les élevages en France de poulets, de vaches. Après, c’est difficile de regarder ton assiette et te dire que ce n’est pas grave… Moi, je ne fais pas la différence. Comme toutes les deux on est quand même très proches du règne animal, on adore fondamentalement les animaux. On a vécu à la campagne pendant des années, ma sœur possède quatre chevaux. Au bout d’un moment, on s’est rendu compte que l’on ne pouvait pas être hypocrites, dire que l’on aime les animaux et en même temps continuer à les manger. A partir de 2015, j’ai arrêté de manger de la viande et très rapidement après j’ai arrêté de boire du lait. Un an après, j’avais supprimé tous les éléments liés à l’exploitation animale pour la simple raison que je ne voulais pas participer à des pratiques cruelles dans ma vie. Je serais incapable de tuer un animal pour le manger, je n’ai pas envie que quelqu’un d’autre le tue pour moi. Je trouve cela hypocrite, ce sont mes valeurs à moi. Ensuite, j’ai commencé à lire plein de trucs sur la viande, d’où elle venait, combien on en mange, ce n’est pas très sain non plus. On n’a pas besoin fondamentalement de viande pour être en bonne santé. Je suis très influencée par la plus ancienne médecine indienne car je fais du yoga qui considère la nourriture comme un médicament. C’est par la digestion et l’alimentation qu’on est en bonne santé, ça résonne beaucoup en moi. Ce que l’on mange doit être porteur d’une énergie positive, de vitamines et de choses riches. Il n’y a pas besoin de cadavre pour ça. Ce sont des mots un peu durs mais c’est ce qui m’a permis de me convaincre aussi que j’étais sur un chemin qui me convient beaucoup mieux. Depuis que j’ai fait ce choix, je me sens en accord total avec moi-même, avec mes valeurs, avec ma vision du monde. Je préfèrerais que l’on fasse partie de la nature plutôt qu’on se serve trop dessus, qu’on l’exploite et qu’on termine avec le monde que l’on a aujourd’hui, c’est-à-dire une poubelle géante qui va nous absorber. Les vaches à hublot, c’est une abomination. Il y a des dessins animés où on voit des docteurs fous qui créent des animaux machines et en fait on y est. On ne se rend même pas compte qu’on en est là. On fait des vaches dans laquelle il y a une vitre pour que l’on puisse voir le processus, on ne se rend même pas compte de ce que l’on fait. Quand est-ce que la morale est passée ? Quand est-ce que la personne qui a eu cette idée ne se dit pas "Il ne faut pas faire ça" ? On oublie de respecter le sens de la vie. On prend pour acquis et fondamentalement cela nous retombe dessus de ne pas respecter l’autre.

Est-ce un thème que tu as envie d’évoquer à travers tes textes ?
Le végétalisme à proprement parler, non. C’est à la fois simple et difficile à évoquer en chanson. Par contre, le titre "The Silent Scream", c’est une chanson sur l’écologie qui parle de la planète qui est en train de souffrir et qu’il serait temps qu’on fasse tous un geste, que l’on boycotte ce qu’il faut, qu’on réagisse pour ne pas laisser la planète mourir comme on est en train de le faire. Il y a des espèces qui disparaissent tous les ans, les chiffres de ces disparitions sont partout.

Lorsque tu es sur les routes, comment gères-tu le fait d’être végétalienne ?
C’est difficile malgré le fait que ce soit une mode, quoi qu’on en dise ça reste quand même pas toujours répandu. De manière générale, quand le catering est servi et que je dis que je suis végétalienne, on me répond qu’il y a des légumes. C’est bien mais au bout d’un moment si je n’ai pas de source de protéines avec un plat vraiment végan, je ne vais pas tenir le coup. Nous, sur notre rider, c’est bien précisé, j’ai même fait des suggestions de plats qui soit simple à trouver. L’Allemagne est très pionnière là-dessus ça n’empêche pas qu’il y ait des caterings full végan pour moi en tournée. Du coup ,j’ai pas mal de sacs, j’emmène des choses dans ma valise ! (rires) Je fais aussi un peu l’écureuil, c’est-à-dire que sur une date où il y a pas mal de choses, je récupère tout, je stocke pour les jours qui suivent ! (rires) Du coup, parfois, lorsque je rentre à la maison, j’ai trois pots de pâte à tartiner végan. J’ai des boîtes de céréales protéinées à n’en plus finir parce que j’ai peur de manquer. Lorsque je n’ai vraiment pas le choix, que je n’ai ni stock, ni fournisseur et que je ne peux pas aller acheter quelque chose parce que la salle est loin de tout, je suis obligée de faire des écarts mais ça restera des œufs ou un morceau de fromage. Mais je n’ai pas mangé de viande depuis très longtemps.

Avez-vous été surpris par le départ de Siegfried Samer en 2018 ?
En fait, déjà, il faut dire que pendant les cinq ans qui ont précédé la sortie de "The Deep And The Dark", dans le groupe on a eu des hauts et des bas du fait qu’on voyait qu’il n’y avait rien qui se projetait à l’horizon, que le line-up qui était censé écrire l’album n’arrivait pas à finir de finaliser des morceaux. En fait, on se demandait où on allait. On a eu des vagues de motivation et de démotivations mais c’est surtout par la suite lorsque "The Deep and The Dark" est sorti que l’on a réussi à commencer à tourner et que les choses se sont accélérées et l’activité de VOA a vraiment augmenté. Siegfried s’est rendu compte que cela lui prenait trop de temps et trop d’énergie, trop de jours de vacances par rapport à son travail. Pour lui, il a perdu l’équilibre à ce moment-là, ça allait trop loin pour ce que ça était et il avait peur de ne pas pouvoir suivre. Il a préféré quitté la barque plutôt que de nous ralentir ou emmener le groupe dans une mauvaise direction.

Est-ce qu’il faut au final à un moment donné faire un choix entre la vie musicale et une vie professionnelle ?
En fait c’est la toute la difficulté, il faut s’investir à fond tout en ayant un travail à côté. C’est énormément de stress et de temps investi qui fait que parfois on a peu de temps pour un conjoint, pour aller faire du sport, pour autre chose. Ce sont deux journées de travail qui se cumulent. Il faut arriver à tenir bon jusqu’à ce que le groupe commence a généré des salaires ou des morceaux de salaires pour les artistes, pour que petit à petit on puisse lâcher notre travail quotidien. Mais cela pendant des années, beaucoup de groupes n’arrivent pas à ce niveau-là. Nous-mêmes on est très loin de ça, on ne gagne rien avec VOA, on vit sur nos deniers personnels. C’est beaucoup de patience, c’est parfois de l’acharnement presque ! Si on regarde, VOA existe depuis 20 ans et on en est que là dans nos carrières ! (rires) C’est beaucoup de sacrifices. Ce n’est pas donné à tout le monde d’avoir envie d’en arriver là. Parfois le prix à payer peut être très élevé par rapport à ce que ça représente et chacun a ses propres limites. On avait atteint celles de Siegfried.

As-tu été surprise du succès de "The Deep And The Dark" ?
Dans le bon sens du terme, dans le sens où je m’attendais quand mémé à ce qu’il rencontre son public parce qu’on était convaincus d’avoir un produit de qualité en rapport avec le fait que cela faisait cinq ans que l’on avait rien sorti et aussi au style des opus précédent. Les gens qui aiment le metal symphonique ont su apprécier le rendu de "The Deep And The Dark" même si on n'est pas obligé d’aimer le groupe. Du coup, ça nous a ouvert des portes, après de là à être capable de partir en tournée en Amérique latine en tête d’affiche non, ça je ne l’avais pas vu venir, de tourner avec Kamelot non plus. On a eu de très bonnes surprises et certaines de nos vidéos ont atteint plus d’un million de vues. On a l’impression d’avoir franchi un cap. Autant je n’ai jamais confiance, autant j’ai été agréablement surprise de la portée de cet album.



L’Amérique du Sud, c’était une première ?
Oui, tout à fait, le Mexique on l’avait déjà fait mais le reste non.

Qu’est-ce qui t’a le plus surprise en Amérique du Sud ?
Déjà, c’est le public, il est incroyable. Il y a une énorme énergie qui se dégage, ils sont extrêmement généreux dans leurs réactions. Ils chantent toutes les paroles, ils ne parlent pas très bien anglais mais ils connaissent toutes les paroles et ils les chantent. Ils ont un sourire immense, les yeux écarquillés et ils sont heureux d’être là. Ce n’est pas tous les jours qu’ils peuvent se payer un concert, ils économisent ou alors c’est un cadeau qu’on leur fait parce que les places de concerts sont assez chères par rapport à leur niveau de vie. Ils sont là, ils en profitent à fond, ça se voit qu’ils n’ont pas l’occasion de faire ça souvent et du coup en tant qu’artiste, recevoir cette dose d’amour, c’est très fort. L’Europe, à côté de ça, peut se rhabiller, ce sont des blazés. L'Amérique latine, l’Argentine, le Brésil, la Colombie, le Pérou, ils étaient timides, ils étaient tous émerveillés d’avoir un groupe européen dans leur pays. Ils veulent tous leur photo, dire merci, ils sont très reconnaissants que l’on puisse être là. Ça, c’est incroyable, ce sont des souvenirs. Après, ça reste une région du monde immense, on a fait un pays par jour, autant dire que l’on n’a pas vu grand-chose. Mais on a pu se rendre compte que le niveau de vie n’est pas du tout le même entre le Chili et le Pérou. On peut se rendre compte des niveaux de pauvreté, on peut surtout se dire qu’en tant qu’européens, on a énormément de chance de vivre là où on vit. On vit dans des villes et dans des lieux magnifiques qui sont sains, qui sont propres, qui sont construits et achevés. On peut se dire que pour nous la question n’est pas de savoir comment on va manger le lendemain. Leurs problèmes et nos problèmes n’ont rien à voir. On a beaucoup de chance d’être nés là où on est nés.

Est-ce que selon toi on peut encore renouveler le metal symphonique ?
J’espère qu’avec cet album on puisse avoir un début de réponse. Je ne suis pas persuadée que tous nos morceaux puissent se dire être la définition même du metal symphonique. Sur cet opus, il y a des titres qui sont beaucoup plus rock, plus pop dans la structure, plus direct, plus power metal aussi. On a des chansons qui sont beaucoup plus orientées sur la mélodie et moins sur les orchestrations ou plus mid-tempo. On se catalogue comme un groupe de metal symphonique mais les morceaux de "Wanderes", on peut dire que c’est du metal symphonique et pas simplement les titres épiques. Ce n’est pas juste cela, ce n’est pas que les orchestrations. C’est ce genre-là avec cette imagerie-là, cet univers. Musicalement, il faut pouvoir avoir d’autres influences, sortir des codes, casser un peu les préjugés pour continuer à renouveler le genre. Je pense que c’est possible, il faut simplement dire "Moi je fais du metal symphonique même si mes morceaux au fond pourraient très bien être juste du power metal ou du metal tout court".

Tu es aussi productrice de concerts au sein de Sounds Like Hell Productions, comment en es-tu arrivée là ?
C’est né il y a 11 ans, on a commencé à se regrouper avec des copines parce que l’on voulait aider la scène locale. On a commencé à organiser des petits concerts avec beaucoup d’amis et de gens que l’on connaissait et petit à petit on s’est développé et on a ouvert à des formations d’autres voies, on a commencé à recevoir des propositions d’agents et de fil en aiguille on a appris sur le tas. On essaye de faire les choses bien, dans les clous. On a bossé sur plus de choses jusqu’en 2014. Une année charnière parce qu’on a eu alors la possibilité soit de continuer dans une veine hobby à coté de notre travail ou soit d’en faire notre travail. On a pris la décision à l’unanimité d’en faire notre travail. On est deux à en avoir fait notre métier, c’est une belle aventure. On a un regard sur le music business.

Qu’est-ce qu’un artiste selon toi et quelle est ta philosophie de vie ?
Ce sont deux questions différentes. Pour moi, un artiste c’est quelqu’un qui transcende la réalité par une création qui est de l’ordre de l’intuitif et du viscéral, non pas du cérébral. C’est ce que j’essaye de faire à chaque fois lorsque je suis dans l’écriture, ne pas être dans le jugement du tout mais être dans la vérité du processus créatif et de se laisser guider par ça. Le titre "Wanderes" est sorti exactement de cette phase de processus créatif qu’il faut absolument rechercher  lorsque l’inspiration arrive et qu’elle s’impose. Etre capable de livrer des choses dans ces moment-là, c’est très très fort. Après, l’écriture, qu'elle concerne le côté musical ou les textes ou des dessins, ça se travaille. Il faut être capable d’écrire même lorsque l’on n’a pas l’inspiration, cela fait partie du métier. Mais pour moi, ce qui est le plus beau dans tout ça, c’est la créativité intuitive lorsque l’inspiration vient d’elle-même et que tout a coup on a l’impression que ça vient d’ailleurs et qu’il y a quelque chose qui sort, qui existe et qui a besoin d’autre chose que d’un peu d’arrangement mais qui existe en lui-même. C’est ça que j’aimerais sortir le plus possible.

Pour conclure, qu’as-tu envie de rajouter qui te paraît important ?
Je voudrais que les gens écoutent l’album "Wanderes" qui sont eux-même en plein doute, ou se pose des questions sur ce qu’ils sont, sur leur avenir, sur pourquoi ils traversent une période difficile, il faut surtout qu’ils gardent la foi, qu’ils gardent le cap, qu’ils ne perdent pas de vue le fait que ce n’est qu’une passade, que l’on est sur Terre pour se réaliser et que si on écoute son instinct, on saura prendre les bonnes décisions pour aller dans la direction qui est la nôtre. Il y a des choses qui donnent de l’espoir, il faut se dire que l’univers n’est pas là contre nous, il est là pour nous aider à se réaliser. Si je dois traverser une période difficile, c’est parce que je vais apprendre quelque chose qui va me permettre de m’améliorer, d’être une meilleure façon de moi après. C’est un message positif, c’est pour cela que l’on voulait cette pochette claire.

Merci beaucoup, Clémentine.
Merci beaucoup.


Le site officiel : www.facebook.com/visionsofatlantisofficial