Interview faite par El Caco dans leur local de répétition.

C’est dans leur studio de répète que se déroulera cette interview. Ce local se situe à 20 km au nord de Lyon, dans un petit bled, chez Thom, le chant lead du groupe. Attention, ces mecs sont de véritables marrants et il n’a pas toujours été facile de rester concentrés sur l’interview, tellement les échanges avec eux sont intéressants.

Tout d’abord, pouvez-vous faire une brève présentation des membres du groupe et son historique ?

Thom (guitare / chant) : Nous sommes 4 dans TROÏDES PRIAMUS HECUBA. Ici Miko, le batteur. Les deux qui ne sont pas encore là : Piero le bassiste et Miguel guitariste chanteur. Et moi-même, guitariste chanteur. On a commencé en 94. On s’appelait Nightmare, mais tu vois c’est un groupe Français qui existe déjà, donc voilà. On était gamin tu sais.
Miko (batterie) : J’étais en 5ème, 13 ans
Thom : Avec Miguel on faisait de la zic au CPM ensemble. Un jour on rentrait du solfège ensemble et on s’est dit "pourquoi pas monter un groupe ?!". Alors on jouait de la guitare ensemble chez mon padre, car tu vois, mon padre, le rock n roll, ça ne lui faisait pas peur. Du coup on inventait des chansons genre Maiden ou Metallica, enfin tu vois des trucs comme ça. On était bien branché thrash, metal. Et Miko est arrivé il ne savait faire qu’un roulement, celui des Guns dans la reprise de Dylan "Knockin On Heaven’s Door"…
Miko : …J’ai commencé, j’avais 2 mois de batterie. On a commencé à trois comme ça et on a ouvert pour les Sales Majestés pour notre premier concert, comme ça, à trois, 2 guitares une batterie. Et on s’est rendu compte qu’il manquait une basse et un chanteur car Thom ne voulait pas faire la voix. On a passé du coup une annonce sur le Bonjour 69, tu vois. Et Julien est arrivé, notre premier basiste. On a commencé à taquiner, et on a essayé un chanteur, Damien, il avait une bonne voix, il n’est pas resté longtemps…
Thom : En fait, on essayait de composer et je lui donnais des cours de chant alors que je n’étais pas du tout chanteur. A l’époque tous les textes étaient en Anglais. Mais y'a des trucs qu’il ne tenait pas. Il jouait au foot, il a choisi de partir, mais tout s’est bien passé. En fait on voulait un vrai chanteur de metal, sans guitare, un mec devant…
Miko : Un nombre impaire, que quand tu fais des photos y'en a un devant… Thom a dit : "c’est bon je prends la voix !". Et puis y'a eu Yann
(arrivée de Piero et MigL)
MigL  (guitare / chant) : En retard ! Le tram, 25 minutes ! Et la SNCF 15 minutes de retard ! Ils ont tous fait leur retard d’enculé…
Thom : Yann est arrivé. C’est un vrai artiste. Il aime ça. Son truc, c’est la vidéo. Fan de ciné. Il nous suivait, nous filmait, nous photographiait. On voulait du braille et du sample. Il nous a amené plein de choses.
MigL : Il est parti avant le premier album. Du coup, Miko a pris les machines et moi j’ai pris de la voix. Alors pourquoi, je ne sais pas…
Thom : C’est avec l’arrivée de Yann que l’on a commencé à exprimer des choses, environ en 2002. Parler de ce qui nous prenait la tête, mais pas dans un trip engagé, nous on veut faire de la zic avant tout. On a lâché l’Anglais, pour s’exprimer et se faire comprendre, en plus mon Anglais était à chier, surtout avec mon accent de Tarare.
MigL : Arrivée de Piero. On l’a appelé un jeudi, on était avec Julien qui venait de nous annoncer son départ pour Paris, pour le taf, du coup on a répété le mardi d’après avec Piero et voilà. D’ailleurs il connaissait les morceaux mieux que nous ! Mais il les a vite oubliés ! C’était juste après l’album "Bienvenue à Bioz Land" en Août 2005.
Piero (basse) : Mais on s’est rendu compte au bout d’un moment que je ne jouais pas ce qu’il fallait.
MigL : Du coup, depuis qu’il est là, on fait des choses que musicalement on ne faisait pas avant, des trucs un peu plus groove, des slaps… Un autre type de mélange.

Troïdes Priamus Hecuba, complexe comme nom. Pouvez-vous l’expliquer à ceux qui ne connaissent pas sa signification ?
Miko : Quand on a changé de nom, on s’est dit qu’il fallait un nom compliqué qui n’existait pas.
Thom : Nightmare, cauchemar, ne correspondait pas à ce qu’on était. On était gosses, on s’éclatait. On était joyeux. Cela dit, on ne savait pas chercher un nom. On n’avait pas de concept à l’époque. On a pris un dico bête et méchant et on est tombé sur les photos de papillons. Et t’as un gros papillon tout vert. On a beaucoup communiqué sur le rouge et noir dans le coin, mais le papillon est vert noir avec un peu de jaune. Et c’était le plus gros, le plus joli, le plus voyant. Du coup on s’est appelé Troides, pas TROÏDES PRIAMUS HECUBA, mais Troides car ca faisait "es", "death". Et plein de gens ont analysé. Ca faisait destroy, ça faisait "tro-idz", un peu androïde. Y'a eu "Trop d’death". Du coup TROÏDES PRIAMUS HECUBA, le nom du papillon est arrivé. Y'a pas de réel besoin artistique derrière ce nom. C’est tellement neutre.




Niveau musique, vous mélangez une immense variété de styles (rap, hardcore, punk, metal, ragga, reggae, jazz…), comment se passe la composition en général ?
Thom : Justement, Faut expliquer qu’on n’a pas écouté que du metal. On a toujours écouté plein d’autres trucs, comme le hip-hop, qui parle beaucoup aux gens de Province, faut dire ce qui est. On écoute de tout, 70’s, 80’s, 90’s, du blues, de la country… du reggae, de l’electro, du dub…
MigL : Tu vois, au lieu de ressortir une sauce déjà vue en metal comme il peut se passer maintenant, on essaye avec les mélanges, d’apporter quelque chose de nouveau, même si apporter des mélanges c’est du déjà vu. C’est riche comme musique je trouve. Sans nous balancer des fleurs. On peut faire plein de choses. On peut faire un passage raï, un ragga. En gros, grâce à ces mélanges on peut faire une zic qu’un groupe de metal standard ne peut pas faire.
Piero : Surtout on essaye. C’est comme si on avait pris des risques sur cet album, on s’est peut-être lâché au fur et à mesure de la compo.
(les 3 autres en chœur : Totalement, exactement)

Sur scène, votre réputation est celle d’un groupe qui donne tout, alliant puissance et côté festif, est-ce calculé ou tout simplement un état d’esprit pouvant vous qualifier ?
MigL : Ce n’est pas calculé.
Thom : On est nous-mêmes
MigL : Il y a des déclencheurs, pas mal de concerts où on était culs serrés, on avait du mal à être à l’aise. Plusieurs concerts ont fait déclic dont un au marché gare (salle de Lyon, ndlr) où c’était la merde ! On a eu que des couilles techniques. Rien ne marchait. De là, on s’est dit "autant s’éclater" et du coup, c’est bien. En plus ça correspond à notre musique. On est là pour s’éclater.
Thom : Si y a des pains sur scène… pas de problème. Tu vois, TROÏDES, c’est plutôt punk dans l’esprit quand nous sommes sur scène.

Vos meilleurs souvenirs scéniques d’ailleurs ?
Thom : Tous les concerts cassage de gueule en fait sont de bons souvenirs.
MigL : Y'a aussi le Transbordeur avec Lofo et Parabellum.
Thom : Toute la masse est venue au Transclub et tout a tremblé. C’est flatteur et on s’est vraiment éclaté. Ca faisait ricain ce Clüb !

En parlant de scènes, vous en avez partagé quelques unes avec des pointures nationales mais aussi internationales… au niveau media, il y eu Virgin17, Europe2, MCM… pourquoi n’entendons nous pas plus parler de vous ? Pensez-vous que votre style, si particulier, si personnel soit un frein pour les têtes bien pensantes et haut perchées de l’industrie du disque ?
MigL : Oui et non. Oui car notre zic est un peu trop variée donc on a du mal à nous classer. Dans une optique commerciale, le gars a du mal à nous classer, voir quel public on peut toucher. Et non, car ça reste quelque chose de super personnel. Les groupes de fusion, on n’en entend pas beaucoup parler en France de toute façon.
Piero : Le problème, c’est l’accès aux médias. On joue un style batard, ni metal, ni rock. Trop violent pour être rock. Et puis il y a un gros manque de moyens aussi.




Quelles sont les critiques qui sont faites de "Vous Etes Ici" ?
Piero : La dernière pas mal c’est que le skeud est trop bien produit pour être crédible ! Aie, pas compris.
MigL : Et vu qu’on est passé à la télé, on fait aussi du commercial. Ou on est dépassé.
Piero : Non, ils disent que nous avons perdu le GPS, c'est-à-dire qu’on s’est éloigné de l’album précédent.
Thom : Mais c’est ce qu’on veut !
MigL : Clair, on veut brouiller les pistes.

Que symbolise l’artwork de la pochette ?
Miko : Tu l’as très bien expliqué dans ta chronique !
Piero : Sur le principe, le domino représente le stade de l’évolution. Selon ce que tu vas faire, ça influera sur l’avenir.

La chanson MP2P3 est une chanson assez atypique dans l’album. Comment avez-vous pu réunir tant de monde autour de ce titre, y a-t-il des personnes avec qui vous vouliez la faire et qui ont refusé ?
MigL : Personne n’a refusé
Thom : On avait réfléchi à tout plein de gens mais on s’est calmé sinon on aurait fait un titre d’1h30 !
MigL : Tous ceux à qui on a proposé, on savait que ça les intéresserait, car ce sont essentiellement des potes.
Thom : Ce sont des personnes avec qui on a partagé des scènes, des mecs comme Tasmaniac.
MigL : Ce sont des gens avec qui on a accroché avant tout pour leur état d’esprit plutôt que pour leur zic, même s’ils font tous de la très bonne musique.
Thom : C’était mortel, une aventure de ouf ! On a enregistré ici, chez moi.
MigL : Chacun a posé son texte perso. Une base a été posée avant. Chacun a posé et on a fait évoluer le titre. Tout le monde a contribué.

Pour le téléchargement (dit intellectuel) à ce que l’on peut comprendre de cette chanson… Est-ce que ça veut dire que vos albums et EP seront un jour dispo en téléchargement gratos et légal ?
MigL : Attends. Une chose. Le morceau n’est pas forcément POUR le téléchargement. Il a été fait pour savoir ce que pensait chaque zicos sur ce sujet. Car ce sont des mecs comme nous, qui galèrent, des petits groupes qui proposent de la zic à vendre. Le but, ce n’était pas de dire si l’on est pour ou contre le téléchargement, vous dites ce que vous avez envie par rapport à ça, que ce soit sérieux ou rigolo.
Thom : Chacun dit ce qu’il veut
MigL : Pour nous, l’histoire du téléchargement… Le téléchargement ne tue pas la musique. Ca ne veut rien dire tuer la musique. Ca tue les maisons de disques qui font moins de bénéfice surtout.




Un petit mot pour finir ?
MigL : C’était une très bonne interview.
(Les 4 compères se saisissent de la caméra et se filment, délirent et grimacent)
Thom : All you need is love. Back to the future si tu veux
Miko : Back to the future Michael J Fox
MigL : Là où l’on va, on n’a pas besoin de route
Thom : On n’a pas vraiment été drôle pendant cette interview, d’hab on fait plus les cons !!


Le site officiel : www.troides.com