Interview faite par mail par Lisa

Alors que leur nouvel album, électrique cette fois-ci, intitulé "The Winding Path" est sorti depuis maintenant quelques semaines, c’est au travers d’Olivier, le guitariste de la formation française The Last Embrace, qui officie dans un registre mêlant entre autres, influences rock prog et metal atmosphérique, que nous avons pu en apprendre un peu plus sur le groupe, leur changement de line-up, et la réalisation de cet opus.

Hello ! Nous avons pu vous rencontrer en 2013 pour la sortie de votre précédent album "Essentia" et un peu plus de deux ans plus tard, vous voici pour la promo de votre nouvel opus, "The Winding Path". Hormis la composition et la finalisation de cet album, que s’est-il passé depuis ce temps pour The Last Embrace ?

Olivier (guitare) : Eh bien pas mal de chose ! Évidemment l’élaboration de "The Winding Path” a monopolisé le gros de notre temps. Malgré tout nous avons fait pas mal de concerts afin de défendre notre album acoustique “Essentia”. Le format acoustique nous a permis de mettre rapidement en place cette mini “tournée” et d’adapter le line-up en fonction des lieux la plupart du temps assez intimistes (duo ou trio chant / guitare + piano sur certaines dates).

Lors de cette précédente interview, vous nous affirmiez que votre opus "Essentia" était une manière de clore un chapitre de l’histoire du groupe, est-ce que votre nouvel album "The Winding Path” peut effectivement être considéré comme un nouveau départ pour la formation, le début d’une nouvelle ère ?
On peut voir cela comme ça ! Effectivement c’est la première fois que l’on composait du nouveau matériel avec Anthony (basse) arrivé en 2009 après l’enregistrement d’”Aerial” et Chris (batterie) arrivé au milieux des sessions d’”Essentia”. La méthode de travail a de ce fait considérablement évolué avec "The Winding Path". Par le passé nous avions tendance à tous maquetter individuellement à la maison puis à enregistrer sans même avoir jamais répéter ensemble certaines chansons. Ce fut le cas pour "Aerial" et nous ne souhaitions pas renouveler expérience. Pour "The Winding Path" Pierre-Henri (clavier) et moi-même avons ramené les squelettes de compos que nous avons fait tourner collectivement en répétition, et ce jusqu'à ce que nous soyons tous à cent pour cent satisfaits de chaque morceau. Antho et Chris ont vraiment apporté leur savoir-faire et tout est beaucoup plus cohérent ! Le rendu général est globalement plus progressif, le line up actuel est solide et on peut effectivement parler d’une nouvelle ère musicale et humaine. Je me sens bien dans ce groupe et je souhaite qu’elle dure le plus longtemps possible !

Les premiers retours concernant "The Winding Path" sont pour la plupart assez élogieux il me semble. Avez-vous ressenti une quelconque pression au moment de vous lancer dans la composition de ce disque ? Pensez-vous avoir composé votre meilleur album à ce jour ?
Effectivement pour le moment je n’ai pas vu une seule mauvaise chronique et je pense humblement que c’est le travail qui “paye”. Nous avons énormément investi à tous les niveaux durant l’enregistrement de “The Winding Path” sa “réussite” est liée à de nombreux facteurs (production, artwork, etc..). Et comme dans beaucoup de domaines il n’y a pas de réussite artistique sans don de soi-même si je suis fier de tout ce que l’on a pu produire jusqu’à maintenant je pense effectivement que c’est notre meilleur album à ce jour et la plupart des retours extérieurs vont dans ce sens. Et au vu ce que cela nous rapporte financièrement parlant, il n’y a aucune autre pression que celle que l’on s’impose musicalement ! Ce n’est pas notre métier et cela ne le sera probablement jamais donc tout ça n’est que pur plaisir. Du plaisir qui coûte cher et prend du temps mais du plaisir quand même !

Pouvez-vous d’ailleurs nous parler de la phase de composition de cet album ? J’imagine que ça ne doit pas être facile de construire des morceaux de 10 ou encore de 18 minutes tout en gardant l’ensemble cohérent et harmonieux ?
La mise en place collective des idées s'est faite sur une période assez courte (environs 6 mois) et nous avons été beaucoup plus efficaces et organisés que par le passé. Tout le monde était bien dedans et l'alchimie entre nous a fonctionné. Les squelettes d '"On My Own" ou "The Fear Of Loss" par exemple mûrissaient depuis plusieurs années.et le fait de les rebosser collectivement avec l'apport des idées de chacun a tout débloqué naturellement. Une fois les idées de bases posées en répétition nous avons maquetté tout ça tranquillement à la maison et chacun a pu travailler ses parties en détails afin que tout colle. Sandy a pu également peaufiner ses lignes de chant et paroles. La phase finale étant l'écriture et les arrangements des cordes réalisés par notre pianiste. Le fait de composer un long morceau de 18 minutes est à la portée de tout le monde. La difficulté étant le rendre intéressant et cohérent de bout en bout sans que cela sonne comme un long collage de riffs. Pierre-Henri (piano) qui a apporté la trame de "The Fields Of Minds" est doué pour cela et je pense qu'on ne s'ennuie pas en l'écoutant. Mais je ne te cache pas qu'on en a bavé et je ne compte plus les heures que l'on a passées dessus jusqu'à en être totalement satisfait !



Certaines chansons laissent vraiment place à l’introspection, on y sent même parfois un certain vécu. Pouvez-vous nous parler des thèmes abordés dans vos titres ?
Effectivement si les textes de Sandy sont très imagés et spirituels ils parlent de son vécu, des doutes et émotions que tout un chacun peut ressentir à un moment donné de son existence. "The Winding Path" peut se traduire comme "Le chemin sinueux" et globalement les paroles évoquent les choix que l'on à faire avec toutes les incertitudes, obstacles et imprévus que l'on rencontre sur le chemin la vie. Les thèmes peuvent cependant varier et par exemple "Nescience" parle de révolte face à notre modèle de société actuelle qui, je dois dire, ne nous convient pas du tout.

Le disque a été enregistré, mixé et masterisé par Francis Caste, quel a été l’impact sur le son de l’album ? Est-il différent de votre son habituel ?
J'ai toujours été fan des productions de Francis Caste ! Il a bâti sa réputation grâce au rendu très naturel et dynamique des disques enregistrés aux studios Sainte Marthe. C'est précisément ce que nous venions chercher. Nous voulions un son chaud et "vrai", avoir le sentiment que c'est un groupe qui joue ensemble et vraiment sentir le grain des instruments. Nous sommes vraiment satisfaits de son travail et ce fut une très belle rencontre. De plus il est adorable et c'est l'un des mecs les plus drôles que j'ai rencontré de ma vie. Pour le mix ce fut plus difficile et car il n'a pas forcement l'habitude de gérer un quatuor à cordes, un hautbois et une flûte par exemple, en plus de toute la cavalerie habituelle chant, guitare, basse, claviers, batterie. Il y a beaucoup de pistes dans nos morceaux et cela aurait pu devenir un sacré bordel. Nous avons donc repris le premier jet du mix ensemble et fais les modifications que nous souhaitions, en tenant compte de son expérience et de ses conseils. Je pense qu'avec "The Winding Path" que nous avons passé un cap important en terme de rendu sonore. Pour notre précédent album électrique "Aerial" nous avions enregistré dans plusieurs studios au demeurant très bons, mais les sessions était trop éclatées et de surcroît étendues sur une période trop longue. Au bout d'un moment on perd le fil. Là nous avons tout fait sans interruption sur un mois complet et le rendu général est de ce fait plus cohérent et spontané. Pas le temps de se rendre fou à refaire quarante fois une prise alors que la première était la meilleure. L'œil de Francis et sa bonne humeur nous ont beaucoup aidés et il a parfaitement su gérer les différentes personnalités des membres de The Last Embrace !

L’artwork de la pochette est signée Dehn Sora, qui a plus pour habitude de travailler avec des artistes metal extrême, pourquoi avoir choisi cet artiste en particulier pour réaliser votre pochette, et quelle en est sa signification ?
Dehn Sora est un ami de longue date et un artiste brillant. Nous avions beaucoup aimé le travail qu'il avait fait sur notre précédent album (l'acoustique "Essentia"). Nous lui avons donné les grandes lignes de ce que nous souhaitions et il a fait sa cuisine. Sur la pochette on distingue beaucoup de symboles représentant le choix, les directions à prendre, des chemins ou l'on s’est perdu, des fausses croyances, la peur de prendre son envol... Les textes de "The Winding Path" parlent de changements, d'évolution, de peur de l’inconnu aussi. L'acceptation d'assumer ou non des choix qui se présentent sur nos routes. Puis les couleurs chaudes de cette cover, cela nous fait penser au son chaud de l'analogique...  C'était aussi une façon de l'illustrer.

Avec un peu de recul, que pensez-vous de ce dernier album ? En êtes-vous pleinement satisfaits, ou est-ce que vous changeriez quelque chose si vous le pouviez ?
Nous en sommes très satisfaits et je ne changerais personnellement rien ! Nous nous sommes tous beaucoup donnés pour réaliser ce disque et il n'y a aucun regret à avoir !

Quelles sont vos attentes concernant cet album ?
Continuer à se faire plaisir, créer de la musique entre amis dans de bonnes conditions et le plus sincèrement possible. C'est notre philosophie depuis le début et je pense que ça le sera toujours. La musique est pour nous une passion, un exutoire et pas un gagne-pain !

Vous avez eu recours à une campagne de crowdfunding pour financer la promo de l’album et la logistique des concerts à venir, comment vous est venue cette idée de passer par le financement participatif, et est-ce que vous aviez imaginé dès le lancement de la campagne réussir à récolter les fonds nécessaires si rapidement ?
Effectivement la production de l'album (musique et artwork) était déjà achevée et payée lorsque que nous avons lancé ce financement participatif. Honnêtement je n'étais pas chaud au départ car je n'ai jamais été fan de ce procédé. Mais Sandy notre chanteuse s'est montrée convaincante et au final on ne regrette pas d'avoir mis cela en place. Un grand merci aux fans qui se sont montré très généreux et réactifs ! Nous ne pensions honnêtement pas exploser le plafond si vite ! Nous avons investi de nos propres fonds pour produire cet album et voyons plus ce système comme une précommande de l'album (avec des cadeaux exclusifs). Merci également à notre label Longfellow Deeds qui a également beaucoup investi dans ce disque.



Votre style est assez difficile à définir, il y a ce côté rock prog bien sûr, mais aussi metal atmosphérique, des sonorités jazzy, et même parfois des accents rétro surtout au niveau de l’instru je trouve. D'où viennent vos influences ?
Nous avons chacun un background musical assez différent et sommes influencés par toutes les musiques, ça va du dub au prog 70's, en passant par la musique celtique le folk, le jazz et le metal en tout genre. Cette diversité assumée se ressent et le fait qu'on ne se soit fixé aucune limite donne un caractère aventureux  à ce disque. Coco (clavier), Chris notre batteur, et moi-même avons cependant en commun un faible pour l'école anglaise du rock-prog des années 70 à maintenant (Genesis, Pink Floyd, Yes, Marillion, Porcupine Tree, etc..) et cela a certainement eu un impact sur le rendu globalement plus progressif de "The Winding Path".

Vous êtes signés sur le label Longfellow Deeds depuis 2005, j’imagine que vous êtes particulièrement satisfaits de cette collaboration ? Quel est l’apport d’un tel soutien derrière vous ?
Oui, je connais Xavier et Christelle de Longfellow Deeds depuis de nombreuses années et ils se sont toujours donnés à fond. Ils l'ont toujours fait par amour de la musique et parce qu'ils croient au projet. Sortir un disque de rock progressif n'est pas ce que l'on peut appeler très rentable en particulier ses dernières années. C'est de plus en plus dur pour tous les musiciens et les labels indépendants. Nous avons un contrat de licence avec Longfellow qui s'occupe du pressage de la distribution et prend en charge une partie de la promotion. Ils n'ont pas hésité une fois de plus à investir et leurs soutiens nous est très précieux.

The Last Embrace existe depuis maintenant près de 17 ans, quels sont vos plus beaux souvenirs avec le groupe jusqu’à présent ?
Il y en a plein. Pour les concerts l'une de nos premières grandes scènes au festival de la Rotonde à Hirson en 2003, le Metal Female Voices Fest 1 à Bruxelles, le Crescendo en 2011 pour les conditions ou encore un super concert acoustique à Tournai (Belgique) avec nos potes d'Amartia. Plus récemment le tout premier concert électrique avec notre nouveau batteur Chris le 26 Mars à Paris ainsi que le festival Prog'sud en Mai dernier. Voir enregistrer un véritable quatuor à cordes pour la première fois sur sa propre musique (Depuis l'album "Aerial") fut aussi inoubliable !

Vous vous produisez très régulièrement en acoustique, et votre précédent album "Essentia" d’ailleurs est également purement acoustique. Est-ce qu’au final vous avez une préférence entre les concerts électriques et les concerts acoustiques ?
Ce sont deux facettes importantes de notre univers musical. Je n'ai pas de préférence car ce sont deux choses différentes. J'apprécie le côté pratique de l'acoustique car il y a très peu de matériel à déplacer. De ce fait on peut s'adapter à toutes les scènes quel que soit l'espace disponible. De plus, en général, on s’entend bien et les balances sont plus rapides à faire ! La configuration électrique est plus compliquée logistiquement mais lorsque tout se passe bien le sentiment de puissance ressenti lorsqu'il y a une bonne grosse basse-batterie dernière est tout aussi appréciable !

J’avoue ne pas être une grande spécialiste du genre mais j’ai l’impression qu’on assiste un peu en ce moment à un revival de la scène rock prog, ou du moins, je remarque que de plus en plus de groupes sont étiquetés "prog" ; que pensez-vous de cette nouvelle vague, et est-ce qu’il y a des groupes modernes, qui officient dans ce genre, et qui sortent du lot à l’heure actuelle selon vous ?
Effectivement toute proportion gardée le terme "progressif" a le vent en poupe. Un artiste comme Steven Wilson que l'on aime ou pas, a à mon sens grandement contribué à cela de par son travail en solo, avec Porcupine Tree ou encore en tant que producteur. Après le mot est peut être utilisé un peu n'importe comment pour certains puristes du genre. Par exemple beaucoup étiquette des groupes comme Tool ou Radiohead comme "progressif". Si personnellement j'apprécie ces formations elles n'ont rien de purement progressive. Peut-être l'approche à la limite. En groupe de prog "moderne" je parlerais de Porcupine Tree, Opeth ou encore toute la scène suédoise qui a éclos au début des années 90 avec Änglagård et Anekdoten autre autres. Après ça n'est qu'une interprétation personnelle du terme progressif et ainsi qu'une étiquette et un point de repère. Comme on dit, peu importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse !

Quels sont les projets à venir pour The Last Embrace maintenant que l’album est disponible ?
Continuer le travail de promotion pour "The Winding Path" et faire le plus de concerts possible !

Merci pour vos réponses, un dernier mot pour conclure cette interview ?
Un grand merci à French Metal pour son soutien et n'hésitez pas à aller consulter l'actualité du groupe sur le net : www.facebook.com/thelastembraceband et www.thelastembrace.fr.


Le site officiel : www.thelastembrace.fr