Interview faite par Cassie au Molodoï à Strasbourg.

Dis-donc Reuno, tu es un habitué de Strasbourg, et plus particulièrement du Molodoï. C'est toujours un énorme plaisir pour toi de revenir ?
Reuno (DJ) : Grave ! Bah ouais je commence à avoir pas mal de copains ici. On est venu un paquet de fois avec Lofofora jouer à la Laiterie depuis plusieurs années et avec mon deuxième groupe qui s'appelle Mudweiser on a joué deux fois ici au Molodoï et même l'an dernier avec Lofo, lors de la convention de tattoos.

Cette fois, pourquoi es-tu ici ?
Reuno : Pour passer de la musique, et non pour en jouer cette fois, avec mon copain Lolo qui est quand même assez actif sur la scène punk-rock et compagnie. On se croisait assez souvent, même s'il est plutôt au volant du camion.
Lolo (DJ) : L'homme de l'ombre !
Reuno : J'aimais bien ce gars-là et on a vraiment appris à se connaître sur la tournée du Bal Des Enragés. Il était performeur, on allait jouer à Sélestat et il y avait Nico de Tagada Jones qui conduisait le camion et qui était au téléphone et en se retournant il nous a dit "Hé les gars, je sais bien que vous chantez mais ça vous direz de mixer ensemble à l'after de Sélestat ?". On s'est regardé et on a fait "oui !".
Lolo : On s'est marié, on a eu des enfants.
Reuno : Et on attend donc avec impatience que le mariage gay soit toléré en France.

C'est donc un délire plus qu'autre chose ou souhaitez-vous développer ce projet ?
Reuno : Ecoute, on est quand même conscients de ne pas devenir comme David Guetta qui se fait 1 million d'euros à chacun de ses sets. Mais je trouve que sur le marché du DJ on est quand même une belle affaire. On joue beaucoup moins que Guetta car on a déjà nos groupes à côté. Et puis on est déjà un couple donc on est pas obligé de se marier avec une connasse, comme lui. La première fois c'était juste histoire de se faire une battle puis ensuite on s'est dit "vas-y on s'trouve un nom !" et est venue l'idée de se mettre des accessoires. On va dire qu'on est pas trop sérieux. On se fait surtout connaître par le bouche à oreille puis on nous trouve des plans.
"Lolo : "On est portier aussi, portier à Strasbourg au Molodoï.
Reuno : Portier des loges, ça arrondit les fins de mois.
Lolo : Du plaisir et du bonheur, voilà ce qu'on fait. Voilà on s'éclate. On a des goûts musicaux assez proches aussi, sur pleins de trucs. C'est deux déguisements, trois conneries et deux bières, voilà.
Reuno : C'est ça. On se rend compte que les gens ne sont pas aussi compliqués que ce que l'on essaie de nous faire croire. Puis c'est rigolo avec Lolo car on a des univers musicaux assez en commun mais à la fin dans nos sélections, on n'a pas les mêmes morceaux. On a chacun des morceaux dans des styles musicaux qui sont les mêmes mais ce ne sont pas du tout les mêmes morceaux. On ne se prétend pas être de gros DJs professionnels ou quoique ce soit, faut pas déconner ! On est juste deux trous du cul qui sont là pour planter la zone parce que voilà !
Lolo : Trous du cul c'est exactement ça !
Reuno : Les "2 Jizz" ça veut dire les 2 Giclés.

Et que mixez-vous exactement ?
Reuno : Ca va du rock'n'roll au...
Lolo: ...Punk-rock, à la soul...
Rueno : ...Au rythm'n'blues, de la new wave...
Lolo : ...C'est assez vaste en fait.
Reuno : Des trucs où les gens peuvent danser dessus. Sur la première on a fait danser une petite centaine de personnes au bar-after de Sélestat. Et il y avait quand même une trentaine de métalleux qui se dandinaient du cul sur du Diana Ross, donc à moment tu te dis qu'il faut mettre de la musique qui fait danser. C'est pas parce qu'il y a des métalleux devant toi qu'il faut passer du Metallica, c'est hors de question. On fait pas non plus un set où dès qu'on voit que ça marche dans un style, on en fait pendant 1h, c'est pas le délire. On essaie de faire danser les gens sur des trucs auxquels ils n'auraient peut-être pas dansés.
Lolo : En fait dans la soirée, au bout d'un moment quand il y a l'ambiance, tu pars sur n'importe quoi. Un rockeur va aller danser sur de la techno enfin voilà ça peut aller dans tous les sens.
Reuno : Ouais comme on aime bien passer du coq à l'âne, ça provoque des réactions rigolotes. Généralement c'est la fête, c'est cool.



Cela vous apporte-t-il un plus dans votre vie musicale ?
Reuno : Un plus sur notre vie affective surtout, je dirais ! Un plus je sais pas mais à la base quand tu fais de la musique, ou bien comme Lolo tu pars sur la route parce que t'aimes le rock, ça coule dans tes veines, c'est que t'as envie de partager de la musique, c'est juste ça.
Lolo : Oui carrément. En fait j'écoute ce qu'il dit, je fais ce qu'il dit.
Reuno : Il est un peu mon esclave, quand même.
Lolo : Un peu, tu verras ce soir.
Reuno : Mais tu en sauras plus bientôt. (rires)

Vous arrivez tout de même à toucher un large public ou bien reste-t-il assez restreint ?
Reuno : Pour l'instant on a du faire, je sais pas, 6-8 fois même pas. Donc tu vois, moins de 17 fois alors un large public c'est pas vraiment le cas. Les gens ne viennent pas pour nous voir, ils tombent sur nous par hasard et après s'ils nous aiment, ils nous adoptent. Mais par exemple quand on avait mixé pour un anniversaire, il y avait du punk, du rock..
Lolo : Ca partait vraiment dans tous les sens.
Reuno : Une programmation éclectique. Il y avait des groupes avant donc quand on a mixé après, il y avait un public vachement varié et tout le monde arrivait à s'y retrouver à un moment ou un autre.

J'imagine que d'être DJ est moins stressant que d'assurer un concert ? Quoique...?
Reuno : Ah, moi je trouve que ça me demande beaucoup plus de réflexion.
Lolo : (rires) Tu vois la concentration ? C'est nous, la concentration ! Non mais je sais pas, c'est du feeling de toute manière. Tu balances tes trucs et puis voilà.
Reuno : J'ai presque plus le trac qu'avant un concert de Lofofora.
Lolo : Ah ouais ?
Reuno : Ouais, ouais. Dit-il en voyant une tâche humide sur mon pantalon !
Lolo : (rires)

Vous n'avez pas de mal à concilier parfaitement ce projet avec tous vos autres ?
Reuno : Ouais bah comme je t'ai dit avant, on le fait pas souvent. Encore après quand on partira en tournée mondiale peut-être que ça commencera.
Lolo : C'est déjà un peu le monde !
Reuno : C'est déjà un peu l'étranger.
Lolo : La dernière fois on était en Bretagne donc t'imagines ! On en fait du pays nous, mine de rien !

Reuno, tu as l'air d'enchaîner les projets musicaux. Tu es donc inépuisable ?
Reuno : Ouais, ouais, carrément. Je sais pas si je suis inépuisable, mais en tout cas jusqu'à maintenant ça se passe bien. Je vais même aller en prison la semaine prochaine pour aider des gens qui sont là-bas et qui sont musiciens, afin de les aider à enregistrer quelques morceaux. Donc encore un truc en rapport avec la musique. On m'a proposé d'autres choses encore. Quand on me propose de nouvelles choses, j'ai du mal à refuser. De toute façon je ne sais rien faire d'autre que la musique. Je ne sais même pas en jouer en plus mais... it's my fucking life !
Lolo : (rires)
Reuno : Mais c'est une chance que j'ai en fait. Je pensais qu'après 40 balais, dans la zic t'étais blasé, et en fait non. Enfin, il y a moyen de ne pas l'être.
Lolo : Ouais c'est clair. On ne l'est pas en tout cas.
Reuno : Peut-être que pour certaines personnes on va être des immatures, mais je préfère être un immature qu'un vieux con blasé, finalement. Ca me réussit mieux.

Je vous laisse parler de votre projet, et l'on terminera sur cela si vous voulez bien.
Reuno : Ah bah le projet c'est freestyle. Là on va aller checker nos déguisements, gérer notre schizophrénie et après on va la laisser éclater au grand jour.
Lolo : On sait même pas si on va jouer ce soir d'ailleurs.
Reuno : Nan d'ailleurs faut qu'on en parle. Il y a des exigences. On avait demandé des boissons spéciales et il n'y en a pas. Il n'y a pas de Redbull Light donc je ne joue pas.
Lolo : On avait demandé des bouchons jaunes et on en a des bleus.
Reuno : Et on avait demandé des Smarties roses aussi, avec nos noms dessus. On est les 2 JIZZ, la version lowcost. (rires) L'idée c'est de faire les cons, en fait. Il n'y a aucune prétention là-dedans. Mais c'est contagieux donc c'est ça qu'est bon. Les gens aiment la connerie, il y a toujours du client.


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