Interview faite par Gloomy à Paris.

Bonsoir Tarja ! Comment vas-tu ? C’est un plaisir de te rencontrer ce soir !
Tarja Turunen (chant) : Bonsoir ! Je suis contente d’être à Paris (interview réalisée en Juin, lors d’une journée promotionnelle à Paris) et de promouvoir mon nouvel album. Bien sûr, en parler pendant un jour entier est assez fatigant, mais j’ai rencontré des gens si gentils, et c’est tellement agréable lorsque tout se passe aussi bien ! La conception de l’album a été un très long processus. Chaque nouvelle sortie est un challenge, chaque fois différent.

Tu parles de challenge… Tarja, tu es une chanteuse de grande envergure dans le monde du metal, et tu connais depuis des années un succès international. Lors de la conception de ton nouvel album, as-tu ressenti une quelconque pression ?
En fait, je ne ressens plus aucune pression extérieure. Je n’en ai pas ressenti du tout pour ce disque. Mais quand j’ai commencé ma carrière solo, lorsque j’ai sorti "My Winter Storm" en 2007, après avoir travaillé dans un groupe pendant tant d’années, là, il y avait une forte pression ! (sourire) 

Effectivement, ça changeait ta propre approche, ainsi que la perception du public sur ton travail !
Oui, c’était un changement important ! J’ai dû apprendre tellement, tellement de nouvelles choses, parce qu’auparavant, je n’avais jamais composé un seul morceau. Maintenant, j’en écris beaucoup plus qu’avant ; avec des gens que je rencontre sur ma route, par exemple. C’était un véritable voyage en temps que tel, un incroyable voyage ! Ca me permet de m’impliquer davantage, différemment, et c’est pourquoi, sur le nouvel album, tu peux entendre que je suis beaucoup plus naturelle, que je ressens plus de confort. Personnellement, c’est exactement l’impression que j’en ai ; après tout, cet album m’a menée vers de si belles quêtes !

Est-ce que tu penses que ce naturel, peut-être bien plus présent ici que sur ton album précédent, "What Lies Beneath", est la plus grande force de ce "Colours In The Dark" ?
Eh bien… je sais que je dis ça à chaque fois que je m’occupe de la promotion d’un nouvel album, mais j’ai envie de dire que celui-ci est le meilleur que j’aie réalisé jusqu’à présent. C’était toute ma vie : mes albums précédents, ma carrière avec ce groupe, avant le groupe… Qui je suis. Cet album, c’est moi. Depuis mes débuts, j’ai évolué, mais c’est une évolution tout à fait naturelle. En temps qu’artiste, puisque je ne suis plus uniquement chanteuse, le monde de la musique s’est totalement ouvert à moi, grâce à l’écriture des morceaux, grâce au fait de travailler avec différents musiciens, de nouer d’excellentes relations professionnelles et amicales… Tout ceci a une influence sur ma vie, et je porte cette expérience en moi. Ce sont ces histoires qui apportent les couleurs, puissantes, à mon album. Ces couleurs, sur lesquelles j’ai écrit, sont resplendissantes, et elles me rendent forte. Je conserve néanmoins toujours une part plus obscure en moi, une part de ténèbres. Mais j’adore ces ténèbres, je n’ai pas envie de m’en débarrasser. Même si je pourrais devenir quelqu’un de plus sympathique. (rires)

Cette part de ténèbres fait également partie de la vie.
Oh oui, bien sûr ! Même si on en parle au sens propre. Je suis quelqu’un qui aime la lumière, et qui en a besoin. Je suis incapable d’écrire la nuit ! Quand je compose, j’ai besoin de lumière. Ce qui ne m’empêche pas d’écrire des choses sombres. Mais j’ai vraiment besoin de lumière : ça me donne de l’énergie !

(sourire) Tu pourrais répéter ceci pour briser les clichés qui circulent parfois autour des Scandinaves !
Ah, oui ! Tu sais, aujourd’hui, je ne vis plus en Finlande.

Tu vis en Argentine, c’est bien ça ? (ndlr : Tarja est marié depuis 2003 à l’Argentin Marcelo Cabuli)
Oui, exactement. Et cet environnement influence également ma musique, très certainement ! J’ai appris beaucoup, cela m’a permis de m’ouvrir à une culture différente. Et les hivers finlandais, longs et froids, ne me manquent pas. La Finlande est un pays fascinant et magnifique, très intéressant à visiter. Mais, sincèrement, il y fait trop froid pour moi ! (rires)  Je ne plaisante pas ! Je donne beaucoup de concerts en Finlande pendant l’hiver, depuis 2005, si je me souviens bien. C’est la période la plus sombre de l’année. Quand je me retrouve un mois en Finlande ainsi, je me sens… amorphe ! Et c’est le cas des autres Finlandais aussi, c’est normal ! Ce manque de lumière, ce manque de vie, ça affecte tout le monde.

Revenons-en aux différentes cultures dont tu parlais précédemment. Tu m’as rappelée la l’illustration de couverture de "Colours In The Dark", que j’apprécie d’ailleurs beaucoup. On t’y voit vêtue de noir, mais entourée d’une atmosphère chatoyante ! Est-ce que l’image est tirée du festival Holi ? (ndlr : fête hindoue de l’équinoxe du printemps, également appelée "fête des couleurs")
Non, pas tout à fait, mais la photo a été prise en Inde. J’ai vu des photos de l’artiste responsable de cette pochette, dont certaines prises pendant ce festival de Holi, et je suis tombée amoureuse ! Quand je les ai vues, je me suis dit : "Wow ! Je dois vraiment travailler avec ce photographe !". J’ai voulu quelque chose de similaire pour mon album, parce que ces couleurs étaient tellement présentes ! J’avais le titre de l’album pour m’y faire penser, mais également son concept, qui était très clair dans ma tête. J’avais vraiment envie d’une collaboration avec cet artiste ! Et je suis allée en Inde. C’était ma première visite là-bas, je n’y suis restée que six jours. Avec mon mari, nous sommes allés à proximité de New Delhi, pendant deux ou trois jours, dans une ville très agréable où nous avons pris ces photos. J’avais des images très claires de l’artwork en tête, avec ce que je voulais diffuser à travers la pochette. Moi, vêtue de noir, et entourée de toutes ces couleurs. J’aime beaucoup m’habiller en noir ; ça m’apporte de l’énergie. Et puis c’est une couleur grâce à laquelle je peux facilement disparaître sans que personne ne s’en aperçoive ! (rires) Sérieusement ! Essaye d’en faire autant habillée en rose, et tu verras ! (rires) Le noir est une couleur puissante à porter, et j’adore ça. Donc je porte du noir sur la pochette, tandis que l’environnement est empli de couleurs. Ca représente aussi ce qu’est la vie ! Je suis extrêmement chanceuse d’avoir une carrière internationale. Il y a des moments difficiles, dans le business, mais je suis capable de suivre ma voie, de vivre des choix qui me plaisent. C’est une bénédiction ! Je vis des jours qui apportent de la lumière à ma vie ! Ah, et, dans le milieu metal, je suis aussi entourée d’hommes. Le metal est vraiment un monde d’hommes. J’ai toujours été, disons, comme seule, mais je n’ai jamais souffert de cet aspect plus solitaire. Etre une femme dans cet entourage m’a également apporté beaucoup de force. C’est pourquoi cette pochette elle-même est représentative de ma vie.



Tiens, puisque nous discutons de l’aspect du disque, j’ai remarqué que multiples versions étaient prévues : une version standard, une édition spéciale, une boxset et un vinyl.
Oh mon Dieu, je ne me souviens même plus des différences de contenu. Mais ce qui entoure le disque est important pour moi. J’apprécie certains artistes, et si, lorsque j’achète leurs albums, j’ai le choix entre une version standard et une édition spéciale, je choisis toujours l’édition spéciale, parce que c’est comme un objet de collection. Les albums eux-mêmes ont tendance à devenir des objets collectors. Ca devient parfois difficile d’en trouver… Comme en Norvège, où il n’y a plus de disquaires.

C’est pas vrai ? Je n’étais pas au courant de ça !
C’est difficile. (soupir) Où sont les disquaires ? Qui continue à acheter des disques ? De nos jours, tout le monde télécharge. De ce fait, les copies physiques deviennent aussi plus difficiles à trouver. J’ai maintenant un nouveau label (ndlr : Verycords), et je suis très heureuse de constater qu’ils aiment travailler sur ces éditions spéciales, que les vrais fans vont apprécier acheter. C’est également très important pour moi, de travailler sur des objets soignés qui me plairont. En ce qui concerne les différences entre les versions desquelles je me souviens, il y aura plus de morceaux sur les éditions spéciales… Il y aura une édition très, très spéciale, aussi. Une boxset avec t-shirt, poster, et un livret très conséquent, avec beaucoup plus de photos.

C’est un très beau cadeau que tu offres à tes fans !
C’est un très beau cadeau pour moi aussi ! (rires)

Etant de l’autre côté du business, du côté des fans, je te confirme qu’effectivement, les éditions spéciales sont toujours les bienvenues !
Je suis très vieux jeu quand on en vient à ce domaine.

Moi aussi ! (rires)
Je suis très vieux jeu, oui ! Et quand il s’agit du processus de création… Certains artistes ont une confiance aveugle en la personne qui mixe leur album. Dans un sens, dans ce cas, lorsque les morceaux sont enregistrés et envoyés pour le mixage, il n’y a plus rien d’autre à faire que d’attendre de recevoir l’album de retour, mixé. Oh mon Dieu, je ne pourrais jamais faire ça ! Parce que même si j’ai une confiance totale en mon producteur et mix-ingénieur… Ah, ce sont mes bébés ! J’ai besoin de rester proche, pour savoir ce qu’il en advient. Ca aussi, c’est peut-être vieux jeu, de rester à travailler dans le studio, lorsque mes musiciens enregistrent, puis au moment du mixage. J’ai besoin de connaître l’évolution de mes disques au jour le jour.

Revenons-en au contenu de "Colours In The Dark". Le premier extrait, "Never Enough", a été présenté il y a seulement quelques jours. As-tu déjà reçu des commentaires de ton public à son propos ?
C’est marrant parce qu’en fait, la plupart de mes fans connaissent déjà ce morceau, étant donné que je le joue déjà sur scène. Mais, sur scène, c’était une version différente. J’avais ce morceau composé, il y a un moment déjà. Je me suis dit qu’une chanson manquait à ma vie, un titre très énergique, comme "Never Enough". Donc ce titre a été écrit, mais je n’ai pas eu le temps de l’enregistrer. Ensuite, je me suis dit que j’aimerais avoir le temps de travailler davantage sur ce morceau. En plus, je voulais l’inclure sur le nouvel album. C’est la raison pour laquelle j’ai repris ce titre. Je tenais à prendre le temps avec mon guitariste pour le réarranger ; j’avais besoin qu’il soit plus agressif. C’est pourquoi le morceau a changé par rapport à sa version d’origine. C’était marrant, parce que j’ai aussi réalisé cette vidéo avec les paroles, qui n’est pas habituelle pour ce genre. En fait, me contenter d’afficher les paroles m’aurait paru vraiment ennuyant. J’ai eu la chance de travailler avec l’équipe de production que j’avais en République Tchèque. Nous n’avons eu besoin que de trois ou quatre heures pour capturer les images nécessaires à la réalisation de la vidéo. Je crois que nous avons bien fait d’en faire ainsi, rien que pour mes fans ! Ainsi, j’ai pu présenter quelque chose avant que ne sorte un premier single, en Juillet.

" Victim Of Ritual".
Tout à fait !

Sur "Colours In The Dark", j’ai apprécié la dualité très marquée entre les parties agressives, très metal, et les parties plus douces et classiques, agrémentées par de très beaux passages au piano ou au violon. Est-ce que l’opposition de ces deux facettes te tient à cœur ?
C’est très important pour moi. A la base, je viens d’un background classique. A l’heure d’aujourd’hui, je me bas toujours pour essayer de m’améliorer en terme de chant lyrique. Disons qu’il s’agit de ma main droite. Ma main gauche, quant à elle, désigne alors le rock et le metal. Je trouve que composer un album intégral sur le même carcan serait terriblement ennuyant. D’autre part, c’est un challenge de mélanger les styles, de les varier. Et puis j’ai besoin de cette agressivité dans les guitares ; elle me donne de l’énergie, et j’adore le rendu dynamique que ça donne sur scène ! A côté de cela, j’ai besoin d’instants pour respirer, où je peux me retrouver dans une atmosphère totalement différente. De ce fait, cette opposition entre le symphonique et le rock, ces genres qui se complètent, cela me représente totalement.

Toi, personnellement, te sens-tu autant à l’aise dans les deux styles ?
J’ai besoin des deux. Le processus d’acquisition s’est fait par étapes. Lorsque je travaillais avec Nightwish, je me sentais très bien, très en confiance dans ce que nous faisions. C’était un apprentissage long et constant, parce que plus tu travailles, plus tu apprends, moins tu connais. Parce que le monde est vraiment ainsi, empli de choses magiques, si tu restes ouvert d’esprit. J’ai eu la chance de vivre tant de bénédictions ; j’ai notamment un groupe de gens fantastiques avec qui je travaille, qui viennent de partout dans le monde. Trois d’entre eux viennent d’Amérique, deux viennent d’Allemagne, la Finlande et l’Argentine sont également représentées. Nous avons des différences de culture, et la manière dont nous nous entendons et travaillons en équipe est d’une importance capitale à mes yeux. Mais tout vient naturellement.

Tu confirmes le fait que c’est bel et bien Nightwish qui t’a plongée dans la marmite du metal ?!
Oui, bien sûr ! Je n’écoutais pas de metal, juste du rock. Le metal était quelque chose de tout nouveau pour moi. Mon frère écoutait des groupes comme Kiss, Alice Cooper, Whitesnake, W.A.S.P.… Bon nombre des groupes qu’il affectionnait particulièrement venaient d’Amérique ou du Royaume-Uni. Grâce à mon frère, j’ai un peu comme grandi dans cet environnement. Et puis j’ai commencé, lorsque j’étais jeune, à étudier la musique classique. Mais le metal ne m’est venu qu’avec Nightwish. C’était vraiment fascinant ; je me suis totalement ouverte à l’idée, et j’ai découvert un univers musical complètement différent. Depuis, c’est un plaisir de constater que j’ai intégré cet univers, et que j’en fais toujours partie, même si la musique que je joue maintenant est différente. Le metal est devenu une partie intégrante de moi-même. C’est assez intéressant d’imaginer que si je n’avais pas enregistré ces premières démos de Nightwish, mon avenir aurait été complètement différent. Le milieu metal ? Oh mon Dieu ! (rires) Je n’aurais jamais pensé à ça ! Mais à l’heure actuellement, je n’ose même pas imaginer l’abandonner, parce que ça me rend complète.



J’imagine que lorsque tu as débuté ta carrière de chanteuse, tu n’aurais jamais imaginé la route que tu allais avoir jusqu’à présent ?
Oh non, pas du tout ! J’étais jeune, je me produisais déjà chez moi quand j’avais quoi, trois ans ? (rires) Je ne me souviens même plus, mais j’étais connue comme la petite fille du village qui chantait partout où elle allait. Oui, j’ai rêvé d’être chanteuse, mais je n’ai jamais pensé… Allez, je viens d’un village de cinq cents personnes, alors devenir chanteuse internationale… (rires) Je n’en rêvais même pas. Je voulais juste chanter !

Et c’est ce que tu fais aujourd’hui !
Oui, la vie est parfois magique ! Mais, en même temps, personne ne viendra frapper à ta porte pour venir te chercher, quand tu veux quelque chose. Tu dois te lever, et te battre. C’est ce que j’ai fait. C’est toujours ce que je dis à mes élèves, pendant les cours de chant : "Croyez en vous !". C’est très, très, très important ! Mais ce n’est pas encore suffisant. Tu dois aussi t’affirmer et faire ton possible pour te faire entendre. Et il faut aussi essayer de recevoir une opinion extérieure, de quelqu’un qui fait partie ou a fait partie du business pendant longtemps.

Je vais nous rediriger vers l’album, encore une fois. J’apprécie particulièrement le titre "Lucid Dreamer". J’aimerais savoir comment cette chanson t’es venue à l’esprit, son concept, etc.
"Lucid Dreamer" est très étrange au moment où on arrive à la partie du rêve, au milieu du morceau. C’est très psychédélique. C’était vraiment sympa à réaliser, et très gai d’écrire cette chanson. Cette partie psychédélique, c’est tellement moi ! J’ai écrit les fondations de ce titre de paire avec des auteurs suédois. Ils ont aussi appris comment travailler avec moi. Maintenant, après tant d’années de collaboration, lorsqu’ils s’attablent avec moi, ils se disent : "Oh non !", et un nouveau challenge apparaît ! (rires) Parce qu’ils peuvent être complètement fous, en temps que compositeurs. Ce sont des professionnels dans ce domaine, ils travaillent avec beaucoup d’artistes, mais je crois qu’ils ne pourraient pas écrire ce genre de titre avec quelqu’un d’autre. C’est ce qu’ils m’ont dit. Ils disent que c’est une expérience tellement unique ! C’est formidable ! C’est merveilleux qu’après tant d’années, nous soyons finalement capables de nous comprendre. De ce fait, c’est plus simple de divaguer sur un morceau. "Lucid Dreamer" est l’histoire d’un… "rêveur lucide". J’ai rencontré des gens capables de contrôler leurs rêves. C’est incroyable, tout ce que l’on peut faire ! Vraiment, plonger dans ton pire cauchemar, et être capable de botter les fesses au monstre, si tu le désires ! Je crois qu’il y a des moments où j’aurais adoré en faire autant dans mes propres cauchemars ! (rires) C’est très inspirant de discuter avec des gens qui savent faire ça ! La séquence de milieu de titre représente un cauchemar ; j’avais envie de jouer avec l’orchestre, tu peux aussi entendre mon enfant, ma petite fille, il y a quelques sons électroniques, et puis un instrument fait de cristal, qui est joué par un artiste français, Thomas Bloch (ndlr : Thomas Bloch est compositeur et producteur notamment en musique classique et musique expérimentale, réputé pour jouer avec des instruments très rares comme le cristal Baschet, ou le glassharmonica auquel Tarja fait ici référence). Le son de cet instrument paraît un peu faux, tu peux l’entendre dans la séquence. C’est ça aussi, la musique : aucun instrument ne sonne parfaitement. Ce que fait ce musicien est incroyable ! Il joue grâce à du vrai cristal ! Et c’est génial !

Notre temps de parole est écoulé. Merci beaucoup de nous avoir si gracieusement accueillis aujourd’hui, et il n’est pas encore trop tard pour te souhaiter la bienvenue sur French Metal, puisque c’était ta première interview pour notre webzine.
Ca m’a fait plaisir de vous rencontrer ! Merci beaucoup pour cette interview et votre soutien !


Le site officiel : www.tarjaturunen.com