Interview faite par Aurélie P. Lawless à Paris.

Le 10 Octobre 2014 a lieu la release party des Sticky Boys au Divan du Monde à Paris. D'aucuns diront "Mais qui sont les Sticky Boys" ? Eh bien trois mecs français faisant du rock'n'roll comme ils l'entendent et qui (re)débarquent sur le devant de la scène avec "Make Art" leur nouvel album. Le très aimable bassiste du groupe nous parle de ce nouveau "bébé" comme ils l'appellent. Bonne humeur et "old school" au programme.

Beaucoup de monuments du rock / metal arrivent en bout de course. Je peux citer Deep Purple, AC/DC et autres. En tant que simple aficionado, comment le vis-tu ? Pas peur de sentir un vide lorsque ces groupes auront définitivement remballé ?

J.-B. Chesnot (basse) : Bah le vide c'est vrai qu'il fait un peu peur hein car ce sont vraiment des légendes bien sûr, mais le côté "bout de course" que tu décris je le trouve un peu dur, notamment pour AC/DC...

Ouais c'est vrai qu'ils sortent un nouvel album... Mais bon, sans Malcolm Young quoi (et pour des raisons plus ou moins inquiétantes d'ailleurs) !
Bon, certes (rires) mais AC/DC en concert c'est toujours extraordinaire ! Donc ils assurent toujours énormément. Y'a des groupes qui prennent la relève quand même avec un niveau assez élevé comme Airbourne. Eux, la relève, ils l'ont bien prise quoi, donc y'a une bonne scène qui occupe la place selon moi !

Pour en rester là-dessus, qui d'autre selon-toi pour prendre la relève du coup ? (En dehors de Sticky Boys, bien entendu !) ? Car Airbourne est désormais un groupe expérimenté et vraiment "pro" mais connais-tu des groupes un peu plus récents comme Kissin'Dynamite, H.E.A.T., The Treatment ?
Alors ça ce sont des groupes dont j'entends régulièrement parler et dont je vois souvent passer les noms mais je dois t'avouer que je n'ai pas acheté de CD. J'achète toujours beaucoup de CDs mais moins dans le style hard rock en ce moment ! Mais oui ce sont des noms qu'on voit beaucoup passer en effet !

Qu'achètes-tu comme CDs alors en ce moment ?
Euh beaucoup de punk à roulette ! (rires) Je suis en mode retour à l'adolescence ! Je rachète tous les Blink 182, les Sum 41 ! Là en ce moment c'est un certain retour aux sources ! Mais c'est comme ça, ça marche par cycle ! Comme beaucoup de gens en fait au final !

Je confirme je fais exactement pareil. (rires) Sinon ! Pour en revenir au sujet ! Vous ouvrez le 20 Octobre prochain à Lille pour le groupe Gotthard. De quelle façon vous êtes-vous retrouvés là, et comment l’appréhendez-vous ? Arrêtez-moi si je me trompe, mais Il s’agit à ce jour, de votre plus grosse date…
Alors, on nous a proposé de faire leur première partie donc évidemment, tout de suite on a dit oui, on a sauté sur l'occasion car c'est super ! Ca fait toujours quelque chose de jouer en première partie pour un de ces gros groupes, déjà parce que justement, c'est un groupe assez important et donc il y aura du public, leur public et quand tu fais l'ouverture t'es jamais vraiment attendu. (rires)



Ca va, dans le Nord ils sont cool !
Ouais c'est vrai dans le Nord ils sont cool, on a déjà joué au Splendid de Lille donc ça va, mais... je ne sais pas si on peut parler d'appréhension mais en tout cas... On sent qu'il faut pas se rater sur cette date. C'est inconscient hein, mais on sait qu'il va falloir envoyer et que c'est une bonne occasion de se montrer donc il faut pas se louper voilà et faire un bon concert. En revanche c'est une grosse date mais je ne sais pas si c'est la plus grosse car on a quand même fait la "warm up" du Hellfest, qui est un super souvenir d'ailleurs. On avait joué à minuit devant 4000 ou 5000 personnes chauffées à blanc donc ça c'était génial. On a fait quelques autres premières parties aussi qui ce sont très bien passées comme avec les Crucified Barbara, Electric Mary, mais c'est vrai que faire celle de Gotthard au Splendid... C'est toujours impressionnant et on prend toujours car c'est super !

L’année dernière, on a pu vous apercevoir dans le film "Océane". Avez-vous constaté une vague d’écoutes la semaine de sortie du film ? Un coup de pouce de quelle envergure dans votre carrière ?
Hum, non pas vraiment. Mais je n'ai pas fait très attention en fait. C'est un film où ça a été très agréable de jouer dedans, les réalisateurs sont des amis, on a vraiment beaucoup aimé tourner là-bas, super moment et super expérience. Mais après oui, je n'ai pas fait attention s'il y avait eu des retombées directes, je dois t'avouer qu'on n'a pas vraiment fait ça pour faire de la pub pour le groupe, c'était avant tout profiter d'une expérience un peu différente. Avoir l'occasion de découvrir ce qu'était un tournage, être avec ses potes... Le tournage se déroulait dans le Sud-Ouest donc ça c'était vraiment bien.

Certains morceaux comme "Mary Christmas"sonnent un peu plus punk que ce que vous proposiez sur le précédent album. Quelles sont selon toi les autres différences avec "This Is Rock'N'Roll" ?
Il y a une différence fondamentale, c'est que là on s'est permis de faire tout ce qu'on voulait faire sur cet album, chose qu'on ne s'était pas permise sur le premier. Premier album studio donc première fois qu'on mettait les pieds dans un studio. Enfin on avait déjà fait des démos mais là c'était vraiment pour faire un album, et donc on n'avait pas le recul nécessaire. C'est un premier album quoi ! On est resté vraiment dans nos carcans AC/DC, Airbourne, même en termes de son. Là, avec ce nouvel album, on savait un peu plus ce qu'on voulait faire et que le résultat final soit un peu plus différent, un peu plus punk oui, mais on s'est même permis de mettre de l'orgue sur un morceau ! Donc... Oui c'est surtout ça, une approche un peu différente et donc ça fait un album un peu plus varié et personnel.



Quel est le message véhiculé par "Make Art" ?
Euh... Le message on le retrouve un peu sur la chanson "Make Art" mais aussi sur la pochette. C'est-à-dire qu'il y a quelque chose qui nous a toujours fait bizarre... Lorsque t'arrives dans les salles de concerts ou de festivals, quand il y a écrit "loge des artistes", il te donne des pass "artistes"» et on nous appelle "artistes". Mais ! La première fois qu'on nous donne ça... On a fait "Ah bon y'a des artistes ici ?" (rires) "Y'a des artistes ici ? Ah c'est nous les artistes ? Mais on fait du rock, on n'est pas des artistes !" (rires). Et finalement on s'est dit tiens c'est rigolo de se dire qu'on fait de la musique donc on a le droit d'être des artistes ! (rires). Ainsi quelque chose d'assez second degré, au sujet de l'art en général et à propos du fait que nous on fait du rock et de l'art à la truelle quoi ! On se prend pas trop au sérieux mais mine de rien on essaye de faire quelque chose qui nous plaît et de transmettre quelque chose. Or, ce qu'on raconte dans la chanson "Make Art" c'est qu'on sait qu'on ne jouera jamais au Superbowl, on sait qu'on sera jamais dans des hôtels cinq étoiles, qu'on jouera encore très très longtemps dans des rads pourris, mais aussi des très bonnes salles ! On sait ce qui nous attend en fait. Et ce qu'on fait c'est qu'on écoute notre cœur, on libère notre esprit, et on fait de l'art ! Voilà, c'est un petit peu ça le message !

L’album ne dure "que" 40 minutes. Est-ce un choix délibéré ? Vous avez fait le choix de n’inclure que des titres relativement courts ? Beaucoup de démos sont passées à la trappe ?
En effet, avant de rentrer en studio on avait fait beaucoup plus de titres. Là il y a 11 morceaux sur l'album mais on a dû en composer entre 15 et 20. Il y en a qui ont disparu avant même de rentrer en studio mais il y en a 1 qu'on avait enregistré complètement, voix etc, et que finalement on n'a pas gardé non plus. Là on a vraiment gardé que ceux qui nous plaisaient et qui nous convenaient bien et finalement je ne pense pas qu'il faille que l'album soit très très long. Il est plutôt particulier, assez dense, 11 titres je pense que c'est amplement suffisant ! Puis ça ne sert à rien de mettre un morceau pour mettre un morceau puisqu'au final tu ne l'assumes pas, tu ne le joues pas en live et tu le zappes quand tu le passes. On a eu le temps qu'il faut pour faire cet album, on a eu de la chance, donc on a pu faire ce qui nous correspondait à chaque fois et qui soit donc vraiment représentatif et dans tous les cas on est vraiment fiers de cet album ! (sourire)

Dans un marché de la musique aussi tendu, combien faut-il vendre d’albums aujourd’hui pour satisfaire sa maison de disques ?
Je dirais que ça dépend des groupes et des maisons de disques. Maintenant, je ne sais plus mais je crois qu'un disque d'or c'est quelque chose comme 10 000 albums vendus alors qu'il y quelques années c'était 100 000. Ca descend complètement. Un artiste qui fait 2000 ventes désormais c'est déjà très bien, surtout dans le style qu'on fait. Les ventes physiques diminuent énormément. Bon on sait que la musique ce n'est pas que des ventes d'albums, c'est aussi tous les concerts, les vidéos qu'on met sur Internet, les titres que tu mets en écoute streaming, donc du coup c'est un peu difficile de te donner un chiffre précis qui serait un objectif ! Ce qu'on peut retenir c'est que maintenant ouais, 10 000 albums c'est énorme. Même 5000 !


Le site officiel : www.stickyboys.eu