Interview faite par Pécos.

SNA-FU s’impose à nous comme la claque, la découverte Française que l’on attendait depuis un bon moment. Un furieux mix de hardcore, de rock’n’roll et de punk, pour une musique explosive, décuplé en live par une présence scénique qui assure son cachou. C’est après leur concert avec The Dillinger Escape Plan (le 18 Mars à la Coopérative de Mai de Clermont-Ferrand) que je retrouve SNA-FU.

Ouvrir pour Dillinger c’est plutôt sympa, ça fait partie des groupes que vous aimez ?
Clément (chant) : Lui (en parlant d’Hadrien) à un autocollant sur son ampli.
Hadrien (guitare) : C’est vrai que quand tu le mes tu es content, et quand tu joues avec eux tu as plutôt la haine (rires). Dillinger c’est un groupe que l’on écoute depuis longtemps, depuis "Caluculating Infinity" en 98 donc avant même d’avoir formé le groupe. Jouer avec eux on n’y pensait même pas. C’est un groupe Américain donc il faut déjà de la chance pour qu’ils viennent jouer en France, de la chance pour tomber sur la même date qu’eux, c’était un peu improbable.
Charles (batterie) : Et puis jouer juste avant eux c’est l’idéal.

Justement, jouer avant un groupe qui déchire autant sur scène, ça fout la pression ou ça motive pour se défoncer ?
Charles : C’est les deux. Ça met énormément la pression, mais de la pression pour assurer. On veut leur montrer que, ok eux ils sont énormes, il n’y a rien à dire et l’on ne prétend pas être aussi bon qu’eux, mais que nous on fait notre truc de notre côté du mieux possible. Après je ne sais même pas s’ils nous ont regardés (rires).
Vicent (guitare) : On était vraiment là pour chauffer pour Dillinger.
Charles : Et c’est pas facile de chauffer pour Dillinger !

C’était la 1ère fois que vous jouiez avec un groupe aussi gros ?
Vincent : Aussi gros, oui. Sinon on a joué avec pas mal de groupes semi-pros.
Charles : Standstill et Robocop Krauss c’est quand même assez gros, comme Impure Wilhelmina et Black Bomb A.
Hadrien : Mais Dillinger c’était quand même le plus gros groupe….c’est LE groupe.
Clément : C’est l’Amérique quoi (rires).

Vous évoluez dans un style hardcore rock’n’roll, lorgnant vers le punk. Quels sont les groupes qui font l’unanimité dans le groupe et qui vous influencent en termes de composition ?
Hadrien : Moi mon influence principale c’est At The Drive In, même si ça ne se ressent pas dans les compos. Mars Volta forcément. Après, la scène suédoise : Refused, JR Ewing beaucoup, NINE énormément. Je suis complètement fondu de NINE. Si on connaît NINE et qu’on écoute SNA-FU, on comprend tout de suite.

Rentrons dans le vif du sujet. Votre 6 titres est sorti depuis quelque temps, il a été plutôt bien accueilli dans la presse.
Charles : On a eu de la chance oui, on a eu un bon accueil.
Hadrien : Peut-être aussi parce que quand tu sors un truc aussi petit les gens sont plus indulgents….non, je ne sais pas en fait.

Et niveau public ça se passe comment ?
Hadrien : Plutôt bien. Par exemple ce soir, avant qu’on joue "Pandora’s Box" (1er morceau du 6 titres), j’ai été vachement étonné d’entendre un mec gueuler "Pandora, Pandora".
Clément : Je crois que c’est la 1ère fois. D’ailleurs (à Vincent), ce mec t’as passé sa sœur au téléphone après le concert.
Vincent : Ouais, j’ai halluciné d’ailleurs (rires).
Hadrien : C’était étonnant d’avoir un mec pour la 1ère fois qui gueule le nom de l’une de nos chansons. Quand on commence à la jouer, qu’il reconnaît le riff, qu’il gueule, c’est incroyable. Peut-être qu’ils sont quatre, peut-être trois, on s’en fout, c’est une récompense incroyable.

J’aurais voulu une petite précision : le nom du 2ème morceau du 6 titres (the Talala) ?
Hadrien : "Talala" ? En fait c’est le riff du morceau
Tous en coeur : "Talala" (ils miment le riff de guitare)

D’accord, ça ne va pas chercher plus loin (rires).
Vincent : Entre nous on leur donne toujours des noms bizarres comme "Talala", "La Brioche" (rires). Et celui-là c’est resté.
Charles : Le nom qu’on leur donne entre nous n’est pas le même que celui qui est sur le disque.
Hadrien : Sinon on leur donne le nom des groupes qu’on copie : JR Ewing(rires)
Clément : La "Talala" on n’a pas trouvé de nom, donc on l’a laissé comme ça. Il n’y a rien de plus mystérieux.

Et au niveau de la pochette, super sobre et orange, c’est parce que vous ne saviez pas quoi mettre dessus, ou il y a une démarche derrière ?
Vincent : Au départ on était parti à fond : chacun avait fait des travaux, on faisait des brainstormings, on avait fait appel à des graphistes et tout. Et puis au bout d’un moment, Hadrien s’est pointé en disant qu’il valait mieux que l’on soit sobre pour ne pas être catalogué.
Hadrien : On a vraiment cherché à se casser la tête en imaginant pleins de trucs, et finalement nous n’avions pas LA bonne idée. On avait une couleur qui nous plaisait, une typo qui nous plaisait et voilà.
Clément : Du coup c’est rigolo, parce que les magazines ont beaucoup parlé de cette pochette. Elle a fait parler d’elle en étant sobre.

En même temps c’est original. Ça ne renseigne pas sur le contenu mais ça attire l’œil.
Hadrien : C’est aussi ce côté-là qui est intéressant. Je ne sais plus qui me disait ça, mais quand tu prends le disque et que tu vois cette pochette orange, tu ne sais pas si c’est de l’emo, du punk ou quoi que ce soit. Ça à un côté surprise. Tu ne peux pas vraiment l’identifier. On n’a pas des têtes de morts ou des cochons égorgés sur la pochette.
Clément : Le concept devait être tout orange. Il y a cette bande noire qui fait plus type démo, mais normalement ça aurait dû être tout orange.



Finalement ça va un peu dans le même sens que le trip habillés pareil sur scène (chemises blanches pantalons et casquettes noires).
Clément : C’est une espèce de pureté (rires).
Vincent : Ouais c’est la classe quoi, la classe Américaine (rires).
Charles : En fait on veut vraiment dénoncer ce monde de consommation (rires), on est des activistes quoi (rires).
Vincent : Sérieusement, on aime bien cette espèce de paradoxe entre la dépense d’énergie sur scène et le fait d’être sapé classe. C’est ce décalage qu’on aime bien.
Hadrien : Je pense qu’ici personne n’a l’habitude de s’habiller en costard donc c’est l’occasion.
Clément : Et puis ça nous met ensemble tous les cinq, c’est marrant.

Vous bosser sur un véritable album en ce moment ?
Hadrien : On n’a pas encore calé de date pour l’enregistrement ou quoi que ce soit, mais on aimerait bien que toutes les chansons soient prêtes à enregistrer avant l’été. Ce n’est pas sûr que l’on trouve un studio pour l’enregistrer cet été, mais bon voilà on s’est fixé ça. On verra bien.

Il y aura de grosses évolutions ?
Vincent : Tu as vu ce soir à quoi au concert à quoi ressemblaient les nouveaux morceaux, je ne crois pas qu’il y est d’énormes changements.
Hadrien : Disons que sur le 6 titres je trouve que le son est un peu trop metal par rapport à comment nous sommes axés maintenant. Donc je pense que l’album sera beaucoup plus axé rock’n’roll au niveau du son. Les compos seront toutes beaucoup plus rock’n’roll, on ne partira pas dans du hardcore ou dans du punk comme sur le 6 titres.

C’était pourtant vachement rock’n’roll quand même dans l’ensemble.
Charles : Ouais c’est vrai…mais c’était plus dans l’esprit, là ce le sera beaucoup plus dans la musique.
Vincent : Ca ressemblera plus à "Pandora’s Box" et "Roots Of Future" pour te situer par rapport au 6 titres.
Charles : On aura vraiment 12 titres cohérents, plus homogènes sans êtres chiants et répétitifs pour autant.

Donc pour quand cet album ?
Clément : 2006 on aimerait bien.
Charles : Voir décembre 2005. Maxi 2006.
Clément : (s’adressant aux autres) : Va falloir qu’on se bouge.
Vincent : À mon avis c’est plutôt optimiste quand même.
Charles : Vaut mieux être optimiste. Vaux mieux dire 2006 et le sortir en 2007 que dire plus tard et le sortir encore plus tard.
Hadrien : En tout cas, on a vachement envie. Les compos du 6 titres on les joue depuis au moins un an avant sa sortie, donc ça commence à faire. Ce n’est pas qu’elles nous fassent chier, mais on en a composé des nouvelles et on a envie de les entendre enregistrer.

Vous venez de banlieue parisienne, qu’est-ce que vous pensez de la scène hardcore-punk parisienne ?
Charles : Elle n’est pas trop existante.
Vincent : Il y a des mecs qui arrivent à se bouger le cul pour faire des concerts, mais il n’y a pas de comm, pas de public alors ils se cassent les dents. Du coup plus personne ne fait de concerts parce qu’il faut que ce soit rentable.
Charles : C’est aussi parce qu’il y a beaucoup plus de groupes de metal, néo-metal et tout ça, mais des groupes de punk hardcore il n’y en a pas des masses.
Hadrien : Si tu veux jouer tu te retrouves vraiment dans des squats ou des trucs comme ça.

Et plus généralement, au niveau de la scène française ?
Charles : Il y a quelques groupes qui sortent du lot, mais ils se comptent sur les doigts d’une main.
Hadrien : Dysfonctionnal By Choice, Gameness, Lazy…mais bon c’est aussi parce qu’on les connaît, c’est peut-être pas très objectif.
Charles : En fait, la scène Française on ne la connaît pas très bien.

Pour en revenir à ce que tu disais sur le dynamisme de cette scène, moi j’ai plus le sentiment inverse ; Depuis 2-3 ans il y a eu une montée quand même. De plus en plus de gens écoutent cette musique, rien que le Fury Fest qui progresse chaque année en est un signe.
Charles : Ouais c’est vrai. Mais à Paris même et sa région il n’y a pas tellement de groupes qui évoluent dans ce style-là. Il y a beaucoup de groupes de pop rock, de néo-metal, de metal. Hadrien : Après en groupes Français qui marchent, c’est Aqme, Pleymo et compagnie, c’est pas vraiment la même scène que celle dans laquelle on évolue.
Charles : Je te ne dirais pas que c’est l’étranger qu’on vise, mais on aimerait vraiment s’exporter.
Clément : C’est pour ça que l’on n’appartient pas vraiment à une scène.
Vincent : On ne colle jamais vraiment avec le style des soirées dans lesquelles on joue. Soit c’est trop hardcore, soit trop pop. On est vraiment entre deux eaux.

En gros vous vous sentez trop à l’étroit dans la scène française ?
Hadrien : Ouais….on se sent perdu quoi.
Charles : C’est pas de la prétention ou quoi, mais on sent qu’on est un groupe qui se sentira mieux à l’étranger.
Clément : Par exemple, on aurait dû jouer avec Dillinger et JR Ewing à la loco à Paris en Juin dernier. Ça c’est une affiche qui nous aurait plu, mais ils ont pris Comity parce qu’il fallait un groupe qui ait fait le Fury Fest.

Ok, merci à vous, bonne chance pour la suite, on se verra sûrement au Printemps de Bourges (le vendredi 22 Avril).


Le site officiel : www.sna-fu.com