Interview faite par mail par Miss Bungle

Bonjour les Sidilarsen. Un sixième album sorti en Avril, "Dancefloor Bastards", une tournée qui vient de commencer en Septembre avec le "Metal à la Campagne", et bientôt 20 ans d'existence. Vous avez donc une actualité brûlante. Qu'est-ce que vous ressentez après une carrière qui est déjà bien longue ?
Viber (guitare / chant) : En fait, on a tourné tout l'été. On fini la saison des festivals en Septembre, et on démarre la tournée clubs en Octobre. On sort le premier clip de l'album le 25 Septembre. Oui, l'actualité est brûlante. suivez toutes les dates sur notre page. Notre carrière est longue en effet, grâce à la fidélité de notre public toujours plus nombreux. Nous éprouvons une certaine fierté, avoir réussi à mener l'entreprise aussi loin, avec les valeurs humaines qui nous sont chères. Nous sommes enchantés de notre équipe actuelle, des amis dévoués et ultra compétents, au service de l'efficacité Sidilarsen. Aujourd'hui, avec "Dancefloor Bastards", c'est le renouveau, on ressent le même enthousiasme qu'a nos débuts, avec un peu de maturité en plus.

J'ai écouté et chroniqué "Dancefloor Bastards", j'aurais donc quelques questions à ce sujet. Tout d'abord, au niveau du choix musical. J'ai été surprise à l'écoute de votre album car avec le titre "Guerres A Vendre", je m'attendais à un opus agressif et très axé metal. Or "Dancefloor bastards" est à mon sens plutôt un album de rock "dur" electro - ce qui n'est pas un reproche bien sûr ! -  et qui peut surprendre par ses directions musicales variées. Pourquoi avoir choisi de sortir ce titre plutôt qu'un autre ?
On voulait revendiquer le style "Sidilarsen", notre liberté artistique, ce qui constitue l'ADN de SIDILARSEN. Avec la tête haute, de l'énergie et du fun. C'est ça, "Dancefloor Bastards", différents, singuliers et fiers de l'être.

"Dancefloor bastards" est un melting pot de styles et d'influences assez différents. J'y ai trouvé notamment de nombreuses références à la new wave des années 80 par l'utilisation de sons inhérents à cette mouvance, comme le synthétiseur Emulator prisé par Depeche Mode, ou les sons synthétiques et envoûtants de saxo à la Anne Clark. Est-ce un hasard ou bien un style de musique qui a marqué certains membres du groupe ?
 Il y a du bon dans tous les styles, mais il n'y a pas précisément d'influence new wave sur l'album. Néanmoins, J'aime Depeche Mode, et bien d'autres sons new ou cold wave. On a des influences indus, et l'indus est lui même influencé par les formes d'electro, rock, précédentes. Certains morceaux plus mélodiques qu'auparavant, à consonances anglo-saxonnes comme "I Feel Fine" expliquent sûrement ta sensation. On peut même trouver de la dirty house dans l'album. En fait, on pousse les compos jusqu'au bout, sans se poser de questions sur chaque détail, chaque son, soit ça marche, soit ça dégage. A la fin, c'est toujours du pur Sidi.

Par ailleurs vous faites un détour très réussi par le hip-hop, trip hop avec les morceaux "Méditerranée Damnée" et "1976". On sent que vous avez voulu vous amuser sur cet album en baladant l'auditeur dans des styles différents, non ?
Merci, on ne s'est pas posé la question. On a fait des grands écarts bien pires par le passé. Avec notre expérience, Did0u et moi, on cible mieux quelles parties vocales matchent avec tel ou tel son. On cherche la cohérence sur un album, mais sans sacrifier le plaisir artistique, et puis je pense que cette diversité fait partie de notre ADN. En général, ce genre de mélange ne surprend que dans le milieu metal, il y a bien longtemps que tous les autres styles actuels usent de toutes les possibilités techniques sonores et vocales.



Le son et les arrangements sont très travaillés. Avez-vous consacré beaucoup de temps au mastering, à la production ? Quelle était la direction artistique que vous souhaitiez ?
On voulait que ça saigne et que ça transpire, du plus brut, et du plus lourd. On a travaillé dans l'urgence, en gardant l'essentiel. C'est Plume qui a réalisé cet album. Comme on avait déjà travaillé avec lui sur "Chatterbox", on s'est tout de suite entendus sur la direction artistique, la couleur globale. Un gain de temps bienvenu. Son talent a permis de travailler vite et bien. Moins de prises, plus d'authenticité et de fraîcheur. Le résultat est massif et sauvage avant tout, on y retrouve l'insouciance et l'énergie de nos débuts.

Comme d'habitude, la majorité des textes sont en français sauf pour "I Feel Fine". Pourquoi préférez-vous la langue de Molière à celle de Shakespeare ? Est-ce une question d'aisance dans l'écriture ou parce que vous pensez que le français véhicule mieux vos messages ?
 Le français est notre langue maternelle. Pour être au plus proche de ce qu'on ressent, le fançais est frontal. C'est la meilleure manière de s'exprimer clairement pour un groupe français. Concernant l'écriture, c'est plus difficile d'écrire en français sur du metal, il faut ménager le sens et le son. La sonorité de l'anglais est plus simple à chanter, c'est pourquoi beaucoup décident de l'utiliser, comme on a fait sur "I Feel Fine" et certains refrains.

Beaucoup de sujets sont tournés vers la révolte, la résistance, bref vous êtes engagés. Après autant d'années, vous vous sentez toujours porteurs de messages ? Qu'est-ce qui vous fait sortir de vos gonds, qu'est-ce qui vous remue les tripes dans l'actualité française ou mondiale ?
Engagés plus que jamais ! Au vu du climat politique et social actuel, il est impératif d'être clair sur sa position antifasciste, antiraciste. La crise humanitaire des réfugiés, et non pas "migrants" est le problème le plus préoccupant, des hommes, des femmes et des enfants meurent, l'Europe et les USA construisent des murs, les quotas d'accueil français sont une honte pour le pays des droits de l'homme, et il y a partout des élans nationalistes, où la connerie la plus extrême s'exprime fièrement. Les attentats ont évidemment favorisé les peurs et la tentation sécuritaire qui peut être un frein a la liberté individuelle. La question des responsabilités occidentales se pose dans la gestation du terrorisme, la vente d'armes, les guerres financières. On a laissé des zones de chaos humanitaire parce que la misère était invisible si elle était loin. Avec Internet, tout se voit, ce qui se passe à l'autre bout du monde a des conséquences chez nous. Il y a aussi de l'intox et de la propagande à tous les étages, sans discernement, c'est carrément dangereux. On revendique aussi, simplement ce que l'on est, une famille qui existe grâce au public, avec des valeurs humaines. Indépendants d'une industrie musicale qui broie les personnalités.

Vous venez d'entamer votre tournée d'un an avec le festival "Metal à la Campagne". Un an sur les routes à la rencontre de votre public. C'est l'aboutissement final d'un groupe, au bout de 20 ans êtes-vous toujours aussi excités à l'idée d'être sur scène ?
On est plus chauds que jamais, les 20 ans, ce sera en 2017, et la tournée va continuer en 2017. C'est un immense plaisir de défendre cet album sur scène et le plaisir est communicatif. Chaque live est un bonheur, et de plus en plus au fur et à mesure que les nouveaux titres prennent leur pleine dimension sur scène. Je kiffe ce groupe !



Plusieurs dates sont prévues en Russie ? Quelle est votre notoriété dans ce pays ? Et quels autres pays étrangers rêvez-vous de conquérir ?
Ce sera la première fois pour nous en Russie. Mais on a la chance de partager la scène avec un groupe connu là bas, Severny Flot. On va donc pouvoir jouer sur des scènes importantes. Hâte ! Pour la dernière partie de ta question : le monde bien sûr, le MONDE !

Je vous ai vu lors de festivals, notamment à Dour, et vous avez réussi à conquérir le public, ce qui n'est pas toujours évident dans ce genre de manifestations éclectiques. Quel est votre secret pour toucher le cœur des gens ?
 La sincérité. Et la personnalité.

Le guitariste Stevic de Twelve Foot Ninja parlait dernièrement de la difficulté de faire vivre un groupe, de financer les albums, les tournées, la promo etc. Il soulignait le fait que porter un groupe n'est pas toujours la vie rêvée et facile que l'on croit. Et vous les Sidilarsen, comment vivez-vous votre carrière ? A quoi ressemble la vie des membres d'un groupe de metal français comme vous ?
Nous sommes conscients de notre chance. Nous avons construit l'histoire Sidi pas à pas, avec persévérance et ça fonctionne. Aujourd'hui nous sommes chez Verycords / Warner en label, chez Base pour la tournée, Musicbox en édition, nous sommes bien entourés. Par ailleurs, effectivement on ne roule pas sur l'or, on vit grâce aux tournées. Depuis la chute du disque, rien n'a remplacé ce manque à gagner. La rémunération sur Internet est toujours quasiment inexistante. Beaucoup de choses doivent évoluer, on ne pourra pas survivre indéfiniment si les albums sont massivement diffusés gratuitement ou presque, sur la toile, en streaming... Mais bon, on vit de notre passion, et ça, c'est du bonheur.

Comme je le disais au début de cette interview, vous allez fêter vos 20 ans l'année prochaine. La tournée c'est un peu votre cadeau d'anniversaire ? Etes-vous prêts à signer à nouveau pour 20 autres années ensemble ? Qu'est-ce qui fait tenir l'entente aussi longtemps dans un groupe ?
 Nous sommes une bande de bastards, forever. On va marquer les 20 ans de Sidi, c'est prévu. On est bien ensemble, alors on reste ensemble.

Qu'est-ce que l'on peut vous souhaiter de plus les Sidilarsen que de bien écouler votre album et vous éclater en tournée ? Quelles sont vos aspirations futures ? Avez-vous encore des rêves pour le groupe que vous n'avez pas réalisés ?
Il nous reste des rêves plein la tête, des festivals ou nous aimerions jouer... On souhaite qu'un maximum de monde puisse écouter cet album et vienne partager le live avec nous ! Et le nouveau clip arrive, soyez là ! Merci French Metal ! Des bises ! Viber pour Sidi.


Le site officiel : www.sidilarsen.fr