Interview de Viber (guitare / chant) et Didou (chant) faite au Black Dog à Paris par Néo

Pouvez vous nous présenter le groupe, comment s’est-il formé, son histoire ?
Viber : On s’appelle SIDILARSEN et on existe depuis 1997 en gros. On est des amis avant tout ! Nous le sommes toujours. On a fondé SIDILARSEN au départ plus comme un hobby parce que l’on avait envie de faire de la musique. Assez vite, au vu de comment cela se passait, on s’est dit tiens si on allait plus loin, pourquoi pas aller jusqu’à un niveau professionnel et pousser le bouchon. On a sorti "Biotop" (1er album) en 2003, on avait sorti des maxis avant pour la promotion, pour faire des concerts.

J’ai vu que vous aviez vachement tourné avant la sortie du premier album !
Viber : Ouais on s’est vraiment aguerri par les concerts. On a sorti le premier album et ensuite une tournée !

Autre question un peu bateau, Sidilarsen cela vient d’où ?
Viber : C’est surtout la sonorité, au départ le nom vient d’une petite ville en Algérie qui a une orthographe différente. On a pris ça pour le son et pour le côté "chaud" du sud.
Didou : On l’a aussi pris pour le côté un peu exotique qui est assez inhabituel dans le metal, avoir un nom ouvert avec des couleurs de métissage.

Qu’est ce que vous a apporté la sortie de "Biotop", qui date de mars 2003 ?
Viber : Toute l’histoire de SIDILARSEN, ça a été de nous faire connaître. C’est une progression lente mais constante. Ca a surtout servi pour asseoir une notoriété nationale, même si c’est un bien grand mot et puis aussi posé les bases de l’identité SIDILARSEN avec un premier album.
Didou : C’est vrai qu’un premier album a un côté beaucoup plus officiel qu’un premier maxi. On a pris le temps avant de faire ce premier album, d’attendre que ce soit le bon moment pour le sortir.

Alors entre "Eau" et "Biotop", y’a deux ans ce qui est relativement court, comment s’est passée la composition et l’enregistrement de cet album ? Vous avez fini la tournée en Octobre 2004 !
Didou : Ouais on a fini en Otobre dernier. Mais en fait SIDILARSEN a toujours une soif de composition constante et même lorsque que "Biotop" était sorti, on était déjà en train de composer le reste. On avait sur la première année de Biotop tour, deux morceaux et quelques idées qui se profilaient. C’est vraiment à partir de Juillet dernier (Juillet 2004), qu’on a commencé à vraiment se concentrer sur cet album malgré les concerts. Et jusqu’à début novembre, on a intensifié les répèt'.

Vous faites vraiment de la composition de groupe, c’est à dire que vous n’arrivez pas en répèt' avec chacun vos idées ?
Didou : En fait, on a pas de méthode.
Viber : Ouais, après ce qui est sûr c’est que l’on travail ensemble ! On compose pas dans notre coin. On bosse toujours ensemble et tout le monde a un droit de regard sur tout. Même si au fil du temps on s’est un peu reparti les tâches. Y’a quand même cette idée là dans le groupe.
Didou : Ouais c’est très démocratique. Je pense qu’avec l’expérience, y’a une plus grande confiance et chacun apporte plus sa contribution dans un domaine. Le bassiste notamment gère clairement tout ce qui est machine, en tout cas dans l’aspect technique alors qu’avant c’était un peu tout le monde.

Alors pareil, là c’est plus pour le chant, parce que là j’ai les deux personnes qui chantent dans le groupe c’est assez pratique (rires),comment fonctionnez-vous pour l’écriture des textes, parce que Viber tu ne fais pas que des chœurs dans le groupe ?
Viber : Bah déjà, maintenant on revendique vraiment l’identité d’un groupe qui a deux chants c’est important et cela c’est intensifié sur cet album. On a trouvé un meilleur équilibre. Alors on écrit tout les deux, parfois ensemble mais c’est assez rare ! On écrit les textes chacun entièrement, on se les fait lire, on les choisi à deux et avec les autres.
Didou : Il arrive des fois qu’il y ait un petit désaccord sur un passage ou deux mais on trouve toujours la solution. La plupart du temps, étant très proche tout les deux puisque l’on se connaît depuis l’enfance, on a une écriture personnelle mais pourtant on se retrouve chacun dans les textes de l’autre.
Viber : C’est vraiment une complicité et une complémentarité. Chacun ne chante pas forcément ce qu’il a écrit, après on fait des essais sur le rendu.

Autre question, le titre de l’album "Eau", pourquoi ?
Viber : Bah l’eau c’est peut être la composante la plus évidente de la vie avec l’oxygène. Et en même temps c’est aussi le côté fluide de l’album.
Didou : Je pense que ce titre, on l’a plus choisi au niveau de la sensation que dégageait l’album et aussi au niveau de la pochette. On a voulu un titre qui englobe la totalité de l’album plutôt que de choisir une des chansons comme titre. On ne cherchait pas forcement à ce qu’il y ait un sens précis dans l’album. Dans la musicalité de l’album, il y a aussi un côté aquatique notamment dans les machines. Contrairement à "Biotop", qui était plus un concept homme-machin.
Viber : Et puis "eau" c’est féminin, on avait envie de mettre aussi en avant ce côté féminin.

Dans cet album j’ai aussi senti une évolution au niveau des influences, parce que dans cet album y’a des passages qui sonnent très raga notamment au niveau du chant, et aussi ce qui est flagrant c’est le titre avec les Fabulous Troubador. Donc, comment s’est passée cette collaboration, et comment est arrivée cette influence ?
Didou : C’est vrai ce que tu dis, depuis le début on est très ouvert. On aime explorer musicalement de nouvelle sensation. Je pense que sur "Biotop" il y avait un petit indice de ce que l’on risquait de faire par la suite. Sur "Cardiotonic", qui était la dernière chanson que l’on ait composée sur "Biotop", il y avait des petits flots ragga. On s’y est intéressé dans les années qui ont suivi et je pense que sur "Eau" y’a des indices sur ce que l’on risque de faire par la suite, y’a un morceau à la fin qui a des côtés electro-dub.
Viber : Y’a aussi le fait que l’on cherche le groove notamment au niveau du chant, donc pour moi c’est des choses que l’on avait déjà mais que l’on maîtrise mieux maintenant.

Alors votre collaboration avec les Faboulous Troubador, parce que moi je ne connais pas du tout, ? Je suppose que ce n’est pas metal !
Viber : Nan du tout, y’a pas de guitares, y’a du tambourin c’est très rythmique. Y’a des influences de musique brésiliennes. C’est tantôt en Français, tantôt en Occitan. Cela travaille beaucoup sur deux chanteurs avec des duels de tchatches.
Didou : Ils appellent cela des joutes verbales.

Un peu sur les principes Hip-hop/Rap
Didou : C’est ça sauf qu’eux c’est repris de quelque chose de beaucoup plus ancien, qui existait y’a plusieurs siècles.

Donc eux c’est des gens de Toulouse.
Didou : Ouais, c’est un groupe phare de la scène toulousaine.
Viber : C’est un groupe très impliqué dans la vie associative, dans la vie de leur quartier. Ouais donc c’est très axé sur la parole, d’ailleurs c’est le titre de la chanson. Donc un des points communs c’était le fait que les deux groupes fonctionnent à deux chanteurs et c’est ce qui nous a intéressé.
Didou : Là, bien entendu on parle des points communs musicaux, parce qu’humainement on se retrouve dans pas mal de choses.



Quels sont les influences du groupe en dehors de celles citées couramment : N.I.N., Rammstein, Mass Hysteria ? Parce que personnellement, j’ai trouvé notamment sur la première chanson de l’album "A qui je nuis me pardonne" que certains passages sonnaient Asian Dub Fondation, donc je sais pas si c’est voulu, ou si cela fait parti de vos influences ?
Didou : C’est pas voulu, mais cela fait partie de nos influences inconscientes. On s’est intéressé à beaucoup de courant.
Viber : Ouais, c’est pas voulu mais on s’y est intéressé. Par exemple, Freedom For King Kong l’écriture de leur dernier album m’a pas mal touché.
Didou : Dans les groupes qui nous ont influencés y’a Treponem Pal, y’a aussi Noir Désir ou Léo Ferrer dans l’écriture.

Alors passons aux questions un peu plus perso. Qu’est ce que vous écoutez en ce moment ?Qu’est ce qui tourne sur votre platine ?
Didou : Bah en ce moment, c‘est extrêmement banal, moi j’écoute Rammstein. Et je suis allé les voir avant hier en concert. Je suis dans une phase où je reviens à mes classiques. Je suis pas objectif, je suis fan absolu. Ouais, sinon j’écoute Buster Rain.

C’est qui Buster Rain ?
Didou : C’est un ancien gars du Wu Tan Clan, qui a une tchatche de chien assoiffé. Sinon, j’écoute de l’electro-dub Ezekiel, Zenzile.
Viber : Ouais bah moi, c’est Rammstein. (rires).
Didou : Sinon, j’ai pas mal bloqué sur Gojira, surtout en live !

Alors sinon, est-ce que vous avez d’autres passions en dehors de la musique ?
Didou : On est pas mal investi dans le milieu associatif sur Toulouse. On a crée le collectif Antistatic et on organise chaque année des événements notamment un festival annuel qui s’appelle la Furia. C’est une façon de vivre.

Autre question, si vous n’aviez pas travaillé dans la musique, qu’auriez vous fait ?
Viber : Eh ben, pas grand chose, quelque chose qui toucherait à l’art.
Didou : Personnellement, ouais cela aurait été dans l’art, le théâtre, le dessin ou la peinture.
Viber : Ouais on a fait du théâtre étant jeune et ouais un truc avec de la scène.

Est-ce qu’il y a un événement récent qui vous a marqué ?
Viber : Ouais le Tsunami : "Eau" !
Didou : C’est vrai que l’on a beaucoup parlé du Tsunami entre nous, parce que l’on a été contacté pour faire un concert de soutien. En fait, on était un peu choqué par, bon l’ampleur de ce qui s’est passé certes, mais également par la manière dont cela a été médiatisé et la manière dont on cherche à nous faire culpabiliser. Cet engouement qu’il y a eu, on s’est demandé si sans les images des caméras cela aurait été la même chose, cet impact là.
Viber : Plein d’autres catastrophes existent ou ont eu lieu dans le monde : le Tibet, la tchétchènie, le génocide Rwandais… On n’a pas la même médiatisation et du coup les gens n’aident pas de la même manière !
Didou : On voit comment avec de l’image, on arrive à manipuler les gens.
Viber : C’est vrai que l’on peut voir cela comme un grand élan de générosité. Mais faut vraiment regarder l’impact des médias !

C’est vrai qu’une des choses qui m’avait choqué dans les reportages, c’est que les gouvernements de ces pays venaient d’abord en aide aux touristes occidentaux avant de venir en aide à leurs propres populations !
Didou : C’est vrai qu’en tout cas cela doit éveiller une réflexion en chacun de nous. Moi ça me choque que les dons n’aient jamais été aussi élevés. Ca me choque de voir l’impact que peuvent avoir des images sur les gens !
Viber : Les points de vues et les angles qui sont pris dans les commentaires.

Alors bah justement, est-ce que pour vous c’est quelque chose de présent dans les thèmes que vous abordez ?
Viber : Oui, poser des questions c’est très important. Nous on parle de l’humain, des erreurs, des joies, des tristesses…

Pour moi vous n’avez pas un discours explicite de groupes engagés, pour moi vous utilisez plus les métaphores !
Viber : Ouais on veut pas jouer les faux prophètes. On a envie d’amener une réflexion et pas d’imposer nos réponses.
Didou : Des fois on va amener des choses personnelles de l’ordre du questionnement et je pense que chacun peut s’y retrouver. C’est vrai que sur "Biotop" on a voulu quelques titres un peu plus simples, mais c’était surtout pour affirmer notre musique. Sur cet album, on a voulu partir sur des choses un peu plus profondes qui amènent de la réflexion. Mais les deux se complètent.

On revient sur les questions plus perso. Alors moi j’aime bien terminer les interviews par cette question : Quel est votre mot préféré ou le mot qui vous représente bien ?
Didou : Si on parle du groupe se serait "humain".

Et vous en tant que personne ?
Viber : Moi je dirai désir. Mais vraiment le désir en tant que moteur, que route, que but, pas le désir affilié à un besoin.
Didou : Moi, je dirai l’accomplissement.

C’est marrant parce que c’est complémentaire.
Bah si vous avez un dernier mot pour les lecteurs de French Metal ?

Viber : On est très fier de cet album et on s’est vraiment livré dedans. Faut venir nous voir en live.
Didou : Moi, j’ajouterais un merci à French Metal et au travail qui est fait par les webzines, tout ce qui est associatif. Ca a permis à beaucoup de groupes de province de sortir et aussi , à mon avis, à l’essor du metal en France.

Un grand merci à Didou, Viber de Sidilarsen et aussi à Nathalie de Sriracha Records.


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