Interview faite par mail par Braindead

Pour bien commencer cette interview, la moindre des choses est de vous présenter. Pouvez-vous dresser un portrait de Shredding Sanity, nous parler de votre background, votre rencontre, vos influences…comment obtenez-vous ce son si particulier et antidaté au clavier ?
Le groupe a été créé à l'origine par Aymeric et Clément en 2006, ce sont les 2 seuls membres restants de la formation originelle. Le line-up actuel s'est formé en 2009 après la sortie du premier EP. Thibaut nous a rejoints naturellement en 2007, étant un ami de longue date, puis ce fut au tour de Léo et Norman par le biais d'annonces. Après de multiples changements il était pour nous essentiel de s'entendre tant musicalement qu'humainement, ce qui est désormais le cas. Nous avons tous des influences assez variées (pas forcément dans le metal d'ailleurs), mais nous pensons que cela constitue une force pour le groupe.
En ce qui concerne le son de clavier ça s'est fait spontanément, il faut dire que le Léo est un animal en voie d'extinction. (rires) Plus sérieusement, le rendu si "spécial" au clavier provient aussi bien de la composition des parties que du rendu sonore en lui-même. Nous souhaitons sortir des rails en essayant de varier les sonorités entre chaque chanson et proposer des thèmes qui se distinguent des autres instruments (éviter la surabondance de nappes basiques par exemple), apportant une nouvelle dimension à la musique.

Comment définissez votre style de musique et quels groupes qui vous ont donné envie de vous lancer ?
Pour le définir globalement nous dirons que nous jouons du death metal mélodique à tendance progressive (nous ne nous fixons pas vraiment de limites à ce niveau). En gros nous mangeons à tous les râteliers !

Qui compose et comment se présente votre processus de création ? Plutôt brainstorming ou réflexions individuelles ?
Ce sont les guitaristes qui composent la quasi-totalité des instrus, soit ensemble soit séparément. En général l'un ou l'autre compose la trame d'un morceau puis ils le retravaillent ensemble. En ce qui concerne la basse, Norman cherche ses lignes à partir de ça, Thibaut peaufine ses parties, Léo refait ses arrangements de clavier. Les solos sont quant à eux composés individuellement. De cette manière chacun apporte sa pierre à l'édifice et a son mot à dire.

Quels sont les thématiques de vos textes? Varient-ils suivant les périodes, les humeurs ?
Le thème central n'est pas novateur puisqu'il s'agit d'un regard porté sur la société actuelle. Nous ne faisons pas de textes engagés cependant nous invitons chacun à porter sa propre réflexion sur les sujets abordés. Les textes traitent de sujets récurrents (misère, addictions, progrès technique etc..). Les périodes et les humeurs n'y changent rien, c'est plus le vécu qui nous guide.

Quels regards jetez-vous sur l’industrie musicale actuelle, les évolutions majeurs (positives et négatives), les crises traversées et selon vous, quel est l’avenir du metal au sein de cette industrie ? Faut-il privilégier le live ? N’est-ce pas compliqué d’envisager sérieusement une carrière pour les jeunes formations ?
Cette question est compliquée puisque à la fois les groupes ont plus de moyens pour se faire connaître et en même temps le milieu est de plus en plus difficile étant donné le nombre de groupes. Mais la réelle difficulté est de faire en sorte de sortir de cette masse. Il est de plus en plus difficile de trouver des labels car ils sont de plus en plus exigeants. Pour nous, le live reste très important malgré parfois le manque d’affluence pour les petits groupes. Nous pensons qu’aujourd’hui il faut être au bon endroit au bon moment avec des moyens financiers importants pour pouvoir prétendre avoir un réel avenir.

A ce titre quels sont vos objectifs à court et moyen termes, peut-être une tournée pour promouvoir l’album ? Un contact avec des labels ?
Notre principal objectif est de faire le plus de concerts possibles pour promouvoir notre album. Nous nous mettrons à rechercher plus activement un label pour le deuxième album, quand nous aurons fait nos preuves. Il sera alors plus facile de trouver un bon label qui pourrait apporter un vrai plus au groupe.



Il y a dix ans, la homemade com des réseaux sociaux semblait être le Saint Graal pour tous ces groupes qui n’avaient pas d’enfiles dans la presse spécialisée ; ces derniers temps, on frôle surtout l’asphyxie, trop d’info tue l’info et nombre de formations prometteuses se retrouvent noyées dans la masse ; quelles sont pour vous les solutions à appliquer afin de se différencier et de ne pas devenir un bon groupe parmi tant d’autres ?
Les réseaux sociaux restent importants pour un groupe. Ils permettent de faire de la promo et d’informer les fans à tout moment de notre actu. Mais ils ne font pas tout. Nous pensons que le meilleur moyen est encore de faire un maximum de concerts et d’être présents sur différents médias spécialisés pour sortir du lot.

Que pensez de la nouvelle scène metal avec ces jeunes groupes qui font du copier-coller sans réelle personnalité, privilégiant une homemade promo prétentieuse et mensongère aux studios de répèt' ; j’ai l’impression que le succès se mesure davantage aux "like" sur un réseau social, qu’aux compos réalisées.
Effectivement, tout ce que tu dis est plus ou moins vrai. Que deviendront ces groupes dans quelques années ? L'avenir nous le dira... Les réseaux sociaux sont un outil important mais ils ne font pas encore tout et heureusement. L’originalité musicale finie toujours par payer, il faut juste faire ses preuves et avoir un peu de patience. Un bon nombre de groupes connus ou pas d’ailleurs sont critiqués pour ne pas être novateurs. Cela montre bien l’importance que portent les fans à l’originalité. Les médias spécialisés doivent tout faire pour mettre en avant ces groupes.

Que pensez-vous du fait que l’on cherche absolument à étiqueter chaque groupe sans vraiment demander leur avis, les enfermant ainsi dans une identité musicale dont certains ont du mal à se défaire et au risque de décourager un public potentiel ?
C’est un peu la difficulté que nous rencontrons d’ailleurs. Nous ne voulons pas forcément être catégorisés en tant que groupe de death mélo, notre musique étant plus élaborée, faisant appel à beaucoup d’influences, et le fait de catégoriser un groupe dans ce style peut faire perdre des fans qui à la lecture du style ne feront pas l’effort d’écouter. En ce qui nous concerne nous sommes loin du death mélodique stéréotypé.

Comment expliquez-vous la difficulté qu’ont les formations françaises à se faire reconnaître à l’étranger ? A part quelques contre-exemples bien sûr.
La difficulté vient du fait qu’il y a énormément de bons groupes étrangers, mais Internet permet quand même aux groupes d’être écoutés. Les groupes ont cependant plus de chance de se développer en Europe qu’aux USA car les labels français ou européens disposent de bons réseaux dans les pays d’Europe.

Avec quel(s) groupe(s) fantasmez-vous de partager l’affiche ? Allez y franco...
Pour faire court : In Flames, Dream Theater, Children Of Bodom ou encore Opeth... Mais au final la liste est interminable, tellement de groupes nous font fantasmer ...

Un leitmotiv, peut-être un cri de guerre pour finir ?
Non. (rires)


Le site officiel : www.shredding-sanity.com