Interview faite par mail par E.L.P

Salut les transhumanistes, et un grand merci, au nom de toute la rédaction de French Metal pour nous avoir accordé ces quelques instants d’interview ! Pour commencer, j’aurais aimé en savoir davantage sur la relation que vous entretenez avec votre partenaire de longue date : Nuclear Blast. Considérez-vous le label, aussi gros soit-il, comme un membre à part entière du groupe ?
Per Nilsson (guitare) : Salut à tous! Alors oui, ce serait mentir que de ne pas reconnaitre l’implication de Nuclear Blast à nos côtés, ils nous ont incroyablement soutenus au fil des années depuis "Pitch Black Progress" tout en nous laissant une totale liberté d’expression artistique sans que l’on craigne une quelconque ingérence de leur part dans notre travail, ce qui est plutôt rare… Je pense qu’au fond, ils attendent de nous que l’on maintienne le rythme de travail et de continuer à leur proposer des albums de qualité ! (rires) L’un des gros avantages de N.B c’est qu’ils sont avant toute chose animés par la passion, et ce aussi bien pour les employés que pour les cadres du label, comme nous au final ! Ils mettent beaucoup de coeur à l’ouvrage et c’est, entre autre ce qui les rend si humains. Lors de nos différents changements de line-up ils ont maintenu le cap à nos côtés, d’autant qu’ils avaient un aperçu direct et total de la situation, ce qui nous a permis à tous de tomber d’accord sur certains choix pour aller de l’avant avec le groupe à ce moment-là…

De quelle façon avez-vous pu/su rester au contact des attentes du public mais également en accord avec vos différents choix et désirs artistiques à la suite du départ de votre ancien chanteur ?
Alors… Il est vrai que nous avons essuyé énormément de critiques et de scepticisme de la part des fans et de la presse lorsque nous avons congédié Christian et apporté les sangs neufs de Lars et Roberth, ce que je conçois totalement puisque le changement a été radical et lourd de conséquences ! Le public s’investit parfois assez loin emotionnellement dans une formation, il est donc normal que le moindre changement l’affecte comme lors d’un changement de line-up par exemple, surtout sur un pôle aussi significatif que le chant et l’identité que ce dernier représente. Le fait est que nous avions quelques soucis avec Christian, et ce dès le premier jour. Ce sont toutes ces divergences sur l’avenir et les différentes directions à prendre pour la formation qui nous rongeaient depuis toutes ces années, notamment en tournée… C’est un profond désaccord et mal-être qui l’a poussé à agir de façon assez inacceptable à l’encontre de certains membres du groupe ne nous laissant d’autre choix que de nous séparer de lui… C’était lui ou nous et nous avons décidé d’aller de l’avant pour le bien du groupe !
L’idée d’avoir alors deux chanteurs différents nous est rapidement apparue comme une évidence après avoir régulièrement constaté les soucis de performance sur scène… Bien sûr Christian a eu de très bons jours, mais la plupart du temps l’acharnent qu’il mettait dans son chant guttural affectait beaucoup ses parties claires, rendant certains placements assez délicats à aller chercher et ayant pour effet de lui faire perdre sa justesse. Je connais plusieurs formations à succès dans lesquels le chanteur assure aussi bien les parties claires que les parties gutturales et quelques uns d’entre eux se sont résolus à pré-enregistrer certaines pistes que le live ne leur permettait pas de couvrir physiquement. Ce sont ces différentes raisons qui ont fait que nous savions déjà, au moment de la scission avec Christian, vers quoi nous voulions faire évoluer le groupe vocalement ! Artistiquement en revanche, rien n’a véritablement changé malgré l’apport des différentes nouvelles créativités et nos évolutions naturelles au fil du temps. Je ne dois désormais simplement plus prendre en compte, au moment de l’écriture, la possibilité ou l’impossibilité de réalisation des différents écarts de placement entre les parties gutturales et les parties claires pour la scène, ce qui a été un véritable soulagement et un nouveau moteur de créativité, d’autant que, aussi bien Roberth que Lars ont (surtout Lars) énormément progressé quant à leurs qualités de frontmen et de chanteurs depuis leur intégration à la formation en 2008 ! 7ans déjà…(rires) Ils ont d’ailleurs effectué un travail absolument remarquable sur "Neohumanity", ce qui fait d’eux, en plus de leurs incroyables qualités humaines, des personnes gagnant vraiment à être connues de par leur sang froid, leur pragmatisme mais surtout l’absence de tout côté "diva" !

De quelles façons ont évoluées vos différentes consciences et bases de travail au fil de ces changements de line-up, notamment pour en arriver à vous poser et à plancher sur la création du triptyque "The Singularity" ?
Je dirais avant tout que nous sommes devenus un ensemble on ne peut plus stable et uni aujourd’hui, après nos différents déboires mais aussi nos tournées et enregistrements, d’autant que les fans sont a nouveau derrière nous depuis quelques temps, après avoir, et je le comprends tout à fait, été un peu déroutés par nos changements… Le fait qu’ils soient passés d’une simple "acceptation" à un veritable enthousiasme et un très haut degré de soutien nous a fait énormément de bien ces dernières années. Voir le public délaisser peu à peu son scepticisme et ses critiques à propos de notre duo vocal pour finalement être presque déchainé certains soir et nous suivre à nouveau avec passion et envie a réellement regonflé le moral du groupe tout entier, et ce même si je n’ai jamais douté de notre nouvelle "formule" !
Un autre élément qui a également marqué nos inconscients et bouleversé nos habitudes a été notre second changement de line-up l’an passé avec le départ de Jonas qui avait alors décidé de se consacrer pleinement à un autre projet en tant que bassiste… S’est alors posé un nouveau souci pour moi dans la mesure où Jonas était notre co-auteur / compositeur / producteur, par conséquent, son départ a énormément changé notre mode de fonctionnement, et surtout le mien puisque j’ai rapidement dû prendre la place d’auteur / compositeur / producteur principal ce qui, avec le recul, malgré la difficulté, s’est trouvé être une très bonne chose, une libération artistique ! Je pouvais désormais laisser libre cours à mes envies et pulsions créatrices tout en les mettant au service du groupe et de la nouvelle direction que nous étions en train de lui définir… Je suis d’ailleurs follement impatient de continuer à travailler sur la suite avec les "Phases II" et "Phases III", préparez-vous à m’entendre ! (rires)



Lorsqu’il s’agit de l’écriture ou de la composition, il semble assez évident que le groupe a été relativement productif ces dix dernières années… Que de papier gratté pour ce faire, mais quel serait la partie t’attirant le plus ? L’écriture / composition ou alors la matérialisation en studio voire en live de toutes ces idées couchées sur papier ?
Alors, le fait est que je suis un vrai maniaque du contrôle… J’ai besoin de sentir les idées filer entre mes doigts donc je pencherai plus pour la partie réflexion, composition, écriture, enregistrement. Même si le fait de pouvoir jouer et justement, concrétiser ces idées sur scène reste un plaisir de tous les instants, c’est bien dans un studio que je me sens chez moi ! La scène impose énormément de rigueur, et jouer devant un public reste une expérience formidable mais nous n’avons pas le droit à l’erreur puisque ce qui est fait ne peut être défait à ce moment précis. Il n’y a pas de touche "effacer" dans la vraie vie ! (rires) J’ai toujours beaucoup aimé le processus créatif… Par exemple, pour "Neohumanity", tout a commencé comme une sorte de rêve, une vision assez vague dans mon esprit. C’est cette sensation de savoir là où je souhaitais que la musique aille sans pour autant avoir d’idée précise de ce à quoi elle devait ressembler qui m’a servi de base de travail pour l’écriture et l’élaboration du concept déroulé dans l’album.

Et donc, pourrais-tu nous dire, pour parler un peu plus en détail de "The Singularity (Phase 1 - Neohumanity)", de quelle façon ce triptyque est voué à évoluer d’ici à son terme ? Pourrais-tu nous faire part de son développement au cours des trois phases ?
Au commencement j’ai présenté l’idée d’écrire sur la singularité technologique et de la faire évoluer en un triptyque qui porterait le nom de "The Singularity" à Henrik, notre batteur et co-auteur. Cette idée l’a littéralement rendu fou ! (rires) Il a quasi instantanément commencé à élaborer une trame narrative filant le concept sur chacune des parties de la trilogie, et c’est cette base que nous avons aujourd’hui comme référence pour la création de nos albums. Le fait de diviser l’histoire en trois parties me permet également plus de souplesse et de latitude quant à la création musicale. Ainsi, j’ai choisi de faire évoluer chaque phase de façon autonome, vis à vis de la trame que nous avions fixée. Par exemple, "Neohumanity" s’articulant d’une façon plus mélodique et progressive, les deux phases suivantes pourront parfaitement en être diamétralement opposées tout en respectant notre trame. Là où notre première phase se terminait sur une note particulièrement sombre avec "Technological Cybergeddon", la seule chose que je puisse divulguer librement aujourd’hui est que sa suite débutera lui aussi sur la base d’ambiance laissée par "Phase I".

De quelle façon ce projet trouvera-t-il place dans votre discographie aussi bien dans sa réalisation que dans sa construction, sa réflexion ou sa production ?
En un sens, je pense que chaque album est plus ou moins la conséquence directe de nos travaux précédents mais aussi de la somme de nos différentes expériences ayant jalonné notre parcours. "Dark Matter Dimensions" par exemple a été la réaction à notre trop lissé "Holographic Universe", c’est ce qui nous a amenés à dépeindre un univers bien plus agressif et progressif. La trilogie "The Singularity" est, elle, à mettre sur le compte de la frustration laissée après nos différents avec Jonas. Il était temps de prendre des risques et d’aller chercher le changement, la fraîcheur et la nouveauté, et ce aussi bien pour notre public que pour nous-mêmes !

Pourquoi avoir choisi de prendre le parti du conflit entre les Hommes et la Technologie ? Entre ceux embrassant la modernité et ceux s’y opposant plutôt que de voir cela au travers du prisme de l’harmonisation et de l’évolution pacifique entre les "artilects", les différentes technologies et l’Humanité ?
Alors oui, il n’est pas impossible que ce futur dont nous parlons ne soit pas tel que nous le décrivons. J’espère que cette évolution technologique se fera harmonieusement et en douceur, mais le fait est que ça ne ferait pas très "metal" comme paroles tu ne crois pas ? (rires) La trame de "Neohumanity" est très sombre, s’aventure dans des terrains torturés et la suite ne sera, je pense, guère différente !

D’où vous viennent ces différentes inspirations sur le sujet ? Est-ce le fruit d’un questionnement métaphysique, d’une recherche plutôt spirituelle ou alors d’un solide intérêt pour les découvertes technologiques et scientifiques ?
Alors, je sais que la source principale d’Henrik a été celle des travaux de Ray Kurzweil avec, notamment, son livre : "Humanité 2.0" (que je ne peux que recommander à quiconque s’intéresse de près ou de loin au transhumanisme et à la singularité technologique), d’ailleurs, l’un dans l’autre, il se trouve que "Neohumanity" est ouvertement basé sur de véritables théories scientifiques, et pas seulement de vagues notions de S.F…

Et justement, en parlant de S.F, quel serait ton top 5 d’oeuvres (littéraires comme cinématographiques) marquantes sur ces sujets de réflexion ? J’imagine que des films comme "Tron", "A.I", "Matrix" ou plus récemment, "Transcendance", ont plutôt contribué à faire germer bien des idées !
Oh !… Eh bien ce serait on ne peut plus délicat que de choisir à vrai dire… D’autant que j’ai beaucoup aimé certaines récentes productions comme "Transcendance" ou le dernier Robocop en date mais aussi, effectivement, des classiques comme "A.I" ! J’ai également énormément hâte de pouvoir me pencher sur les questions de "Chappie" et "Automata"…

Crois-tu que vos fans soient prêts à accepter toutes ces questions sur le "Je", les machines et ainsi de suite ?
Disons que je crois que l’humanité se rapproche d’un véritable bouleversement de son paradigme sans pour autant que ce questionnement ne soit relayé à sa juste valeur médiatiquement… Bien que l’on en ait tiré bien des thématiques de SF, il y a de nombreuses choses dont nous parlons, qui seraient susceptibles d’arriver à plus ou moins longue échéance, aussi bien au cours de notre génération que pour celles à venir ! C’est une conscience des choses que non seulement nos fans mais aussi chaque être humain doit apprendre à écouter et accepter. Imaginons quelques instants que les avancées technologiques nous permettent d’augmenter notre durée de vie de plusieurs dizaines voire centaines d’années ! Il faudrait alors que les scientifiques voient au-delà de nos perspectives actuelles… Quel bouleversant impact cela aurait sur l’Homme… !

Ceci étant dit, quel genre de questions et, peut-être, de réponses, obtenez-vous au travers de ces différents questionnements de fond, aussi bien pour le public que pour vous… ?
Eh bien, aussi sérieux que nous puissions être lors de l’écriture et de la composition de nos morceaux, ce que nous créons n’en demeure pas moins de la musique que nous voulons divertissante. Au-delà de cette notion de détente, il existe effectivement une seconde lecture à nos créations, celle des paroles au coeur desquels toute personne désireuse d’approfondir cette aventure pourra se plonger sans problèmes, afin d’apprendre à connaître notre musique de l’intérieur ! C’est plus ou moins notre seule réelle contrainte lorsque nous brassons les idées…



Il semble assez évident que la scène prog / moderne / melodeath nordique soit, à l’heure actuelle, en pleine ébullition et en constant renouvellement avec, en autre, les derniers albums de Soilwork, In Flames ou encore At The Gates et le retour de Sonic Syndicate par exemple. Où vois-tu la formation sur ce "théâtre melodeath" européen ?
Même si j’aime de très nombreuses sorties des différents groupes que tu viens de citer, je dois bien avouer ne pas les écouter avec assiduité malgré tout. Je ne me sens pas spécialement connecté à cette fameuse scène melodeath à laquelle tu fais ici allusion et bien que nous ayons effectivement de nombreux points communs il existe bien plus de points fondamentaux sur lesquels nous fonctionnons différemment…

Très bien. J’ai lu quelque part que vous considériez "Neohuman" comme la pièce la plus progressive en date jamais composée par le groupe. Quelles différences étaient à l’oeuvre tant concernant les atmosphères que les arrangements ou le travail des mélodies afin d’aboutir à cette nouveauté pour la formation ?
J’ai rapidement ressenti le besoin, à la création du concept supportant "Neohumanity", de laisser quelques titres se développer dans une direction on ne peut plus progressive, au point d’en être venu à imaginer l’album s’ouvrir sur des titres encore plus lourds et complexes mais aussi se faire un écho musical entre les différents morceaux de début et de fin ! Une grande première pour nous, donc, que de fonctionner de cette façon dans nos perspectives de travail… ! C’est d’ailleurs de cette façon que l’introduction "The Shape Of Things To Come" utilise finalement les mêmes lignes mélodiques que le dernier morceau de la phase : "Technocayptic Cybargeddon". Il fallait que chaque titre soit réfléchi en fonction de l’histoire, qu’il serve le dessin global de notre narration ! "Neohuman" s’est effectivement avéré être l’un de nos titres les plus progressifs tant il brasse nos différentes idées musicales, nos envies concernant les ambiances, et les structures. C’est ce qui en fait, pour moi, l’un de nos meilleurs morceaux d’ailleurs. Cette complexité fait non seulement de ce titre, mais également de l’album entier, notre travail le plus compartimenté à ce jour, le plus étoffé tant les éléments qui vivent en arrière-plan sont riches, ils ont beau ne pas forcément être décelables dès la première écoute, leur absence serait un réel manque dans la lecture de l’album. On y trouve des nappes de clavier, des lignes claires et acoustiques de guitare, des effets, des mélodies, des samples mais aussi de tonnes de pistes vocales "masquées" et soutenant la grosse structure apparente des morceaux.

Le fait de travailler avec une Strandberg a-t-il été à l’origine de cette nouvelle approche atmosphérique aussi profonde que parfois progressive (ou du moins y a-t-il contribué) ?
Je dois admettre que oui, effectivement, travailler sur mon modèle Strandberg signature "Singularity" a été particulièrement inspirant dans la mesure où c’est une guitare vraiment douce à appréhender et qui sonne divinement bien ! C’est assez difficile de dire si oui non l’album aurait été le même si j’avais continué d’utiliser mes anciennes guitares, d’autant que j’ai, d’ailleurs, également utilisé quelques unes de mes Ibanez préférées pour certaines lignes de guitares (assez bizarres d’ailleurs (rires)) ou pour certains passages nécessitant un petit coup de Whammy que la Strandberg ne pouvait assurer.

Parlons à présent de "Children Of The Integrated Circuit"… D’où vous est venue cette inspiration orientaliste dans son écriture ?
Eh bien j’ai utilisé une gamme très particulière pour ce titre, pour lui donner ce son, une gamme aux propriétés tirant effectivement vers l’orientalisme. C’est, en gros, une gamme mélodique mineure augmentée pour laquelle la combinaison de tierces et de quartes donne finalement cette rondeur orientale au son.

Toutes vos différents nouveaux appétits musicaux sur l’aspect progressif, les questions qu’ils soulèvent ou les émotions qu’il génèrent affecteront-ils vos performances live avec, par exemple, des éléments de scène ou une nouvelle dynamique plus travaillée, "théâtralisée" de vos concerts ?
Alors, nous aimerions effectivement étoffer notre jeu de scène et y ajouter quelques nouveautés visuelles, mais le fait est que cela dépendra des tournées que nous ferons. Toutes ces envies de scénographie seront bien plus faciles à mettre en place si nous sommes à la tête de notre tournée que si nous sommes en soutien d’une autre formation.

Pour revenir à présent légèrement vers le contenu de l’album, pourrais-tu nous expliquer d’où est venu cette atmosphère très 80’s de "Limits To Infinity" ?
Je pense que c’est dû au fait que nous ayons grandi à cette période-là et que nous ayons fatalement été influencés par ces sons à l’époque… Je ne peux que très rarement définir une seule et unique source d’inspiration pour mon travail, donc je dirais que c’est un savant mélange de tout ce qui est venu se greffer à mon inconscient depuis que j’ai commencé à jouer de la guitare… Il y a 30 ans.

"Neuromancers" est un titre on ne peut plus groovy, mais quelles ont été, là encore, les inspirations à son origine ?
Ce qui est marrant avec ce titre c’est qu’après avoir terminé de mixer et masteriser l’album entier, j’ai eu l’impression que c’était le morceau le plus faible ! (rires) Paradoxalement il s’agit là d’un titre que beaucoup de gens ont l’air d’apprécier ! (rires) Je ne saurais pas vraiment dire d’où il vient, ni définir de réelles inspirations qui auraient pu être à son origine, mais le fait est que le côté assez groovy de certains riffs derrière le solo me fait penser à du Iron Maiden… Ne me demande pas pourquoi ! (rires)

Pourrais-tu mettre en lumière quelques éléments d’explication concernant la lourdeur se cachant dans certains riffs assez puissants et épiques comme pour les introductions de "Neohuman" et "Neuromancers" ou la seconde partie de "Technolyptic Cybergeddon"» empreinte d’arrangeants progressifs et d’une grosse vibration death ?
Oui, alors les premières secondes de "Neohuman" comme la seconde moitié de "Technocapytic Cybergeddon" sont en réalité des idées écrites en 1999. J’étais blessé à l’époque et n’ai pas pu jouer de guitare pendant près de 4 ans alors je m’étais acheté un séquenceur qui m’a permis de continuer à écrire et à composer ! C’est plutôt sympa de se dire que, finalement, ce n’était pas perdu et que nous avons pu en utiliser quelques bribes, 16 ans plus tard, pour notre album ! Quant à l’intro de "Neuromancers", il s’agit en réalité d’une improvisation faite sur le stand Randall au Musikmesse de Francfort l’an passé alors que je testais l’une de leur nouvelle tête d’ampli. Je ne m’en serais jamais souvenu sans l’aide de cet inconnu qui avait pris la peine de filmer cette impro’ et de la mettre en ligne sur YouTube… (rires) C’est en tombant par hasard sur ladite vidéo que je me suis dit que ce riff était vraiment intéressant !

J’ai véritablement eu l’impression de me trouver, avec cet album, face à un alliage entre Soilwrok, Mercenary, Born Of Osiris et du riff 100% 80’s ! Ces formations te parlent-elles ? Les avais-tu en tête lors des sessions de travail pour cette "Phase I" ?
Aucune de ces formations n’a réellement eu d’influence sur moi, mais j’admets avoir beaucoup apprécié certaines sorties de Soilwork et Born Of Osiris par exemple ! Dresser une liste exhaustive de tous les groupes m’ayant influencé et ayant, finalement, participé à façonner le son de SCAR SYMMETRY serait excessivement long, mais voici quelques noms de formations importantes à mes yeux : Sabbat, Rage, Helloween, Accept, Megadeth, Annihilator, Metallica, Yngwie Malmsteen, Van Halen, Toto, Journey, Dream Theater, Karl Jenkins, Trevor Rabin, John Williams, Allan Holdsworth, Death, Cynic, Morbid Angel, Symphony X, Nik Kershaw, Steve Vai, Genesis…Tout ça et bien plus encore avec également quelques groupes de pop des années 80 avec lesquels j’ai pu grandir lorsque j’écoutais la radio à l’époque !

Dernière petite question désormais : où vois-tu l’Art, et plus particulièrement la musique dans ce futur finalement assez sombre que vous dépeignez avec la première partie de ce triptyque ? Quel avenir pour la sensibilité et l’expression artistique ?
Honnêtement ?… Je n’en sais rien… Les dix dernières années ont apporté tellement de changements, de bouleversements, même, sur l’industrie musicale, sur les enregistrements, la création ou la distribution/diffusion, tout est allé à un rythme effréné et je pense que ce n’est pas fini, loin de là ! En tant qu’artiste je ferai mon possible pour continuer à créer et à m’exprimer, pour rester au contact de ces changements et à essayer de les suivre, mais rien n’est moins sûr malheureusement… !

Assez pessimiste, donc, mais toujours motivé. Très bien! Nous y sommes, cet entretien est à présent terminé, un grand merci à toi pour nous avoir consacré ces quelques instants ! Je te laisse conclure avec quelques mots de sagesse, à bientôt peut-être, sur les routes ou pour les Phases II & III !
Merci beaucoup pour cet échange, j’ai vraiment apprécié approfondir le sujet de cet important projet avec toi ! Merci à nos fans français, à très vite !… Du moins je l’espère !


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