Interview faite par Aurélie P. Lawless à Paris.

Après plusieurs années sans nouvelles, Orakle sort de son silence avec "Éclats", leur nouvel album. De quoi décontenancer les fans du groupe, tant ce nouvel album montre une toute autre facette du groupe. Néanmoins, c'est tout à l'honneur d'un artiste de ne pas vouloir réitérer le même schéma éternellement. De ce fait, il est de bon ton d'élargir son seuil de tolérance afin de ne pas mourir idiot et, pourquoi pas, adhérer à des choses nouvelles. Antoine nous en dit plus dans les lignes qui suivent.

Ce nouvel album s'intitule "Éclats" ? Que représente-t-il pour toi ?

Antoine "Ohm" Aubry (guitare) : Pour moi il représente déjà énormément de travail étalé sur cinq ans essentiellement. A partir de 2009 on va dire. A cette date, le groupe s'est arrêté de faire des concerts pour se concentrer sur la composition et l'enregistrement de l'album. Ce n'est pas 5 ans de studio mais cela s'est fait en plus de la vie professionnelle de chacun. Il nous a donc fallu du temps. L'album en lui-même est donc l'aboutissement de tout ça. C'est aussi l'album le plus personnel, et celui qui a connu le moins de limites par rapport aux deux précédents. Et ce, pour tout le monde dans le groupe. Les deux autres ont été faits en studio beaucoup plus rapidement et donc ont forcément été limité d'une manière ou d'une autre. Il y avait moins de temps de réflexion.

Que faites-vous comme métier en parallèle du groupe ?
Étienne (guitare) est prof de guitare justement. Moi j'étais prof aussi jusqu'à il y a un peu moins d'un an. Depuis je suis facteur... Ca change hein ? (rires) Pierre (batterie) est facteur également. C'est lui qui m'a plus ou moins la puce à l'oreille d'ailleurs en discutant. Fred (chant) travaillait dans la communication depuis 10 ans et vu que c'est lui qui a produit l'album, depuis il s'est lancé à fond dans son propre studio. Il s'est investi énormément au mixage aussi. Il a fait la moitié des guitares, le chant, la basse... Mais il y a aussi eu d'autres intervenants externes au groupe. Les textes ont été écrits à parts égales par lui et Pierre sinon.

Quel est ton "background" personnel avant Orakle ? Avais-tu d'autres groupes ?
Alors, j'avais monté mon propre groupe quand je suis rentré au lycée, il y a une dizaine d'années. On faisait ça dans ma chambre car je n'avais pas de garage (rires). Puis je suis parti faire le MAI à Nancy, qui est une école de musique. C'était de la musique moderne globalement, aussi bien metal que jazz ou autre. Pour le coup c'était une école avec des cours assez intensifs, genre 7h par jour et tout. C'était pas un soir par semaine de temps en temps. Avant ça j'avais fait le conservatoire. Après cette année d'école j'ai intégré le groupe K.A et 3 ans après j'ai intégré ORAKLE.



J'imagine que ça s'est fait par l'intermédiaire de relations communes ?
Ah oui oui. Une fois justement c'était lors d'un concert avec K.A pour un tremplin. On avait un ami commun qui était membre du jury et on avait sympathisé derrière. Et au moment où ORAKLE cherchait un guitariste j'ai croisé ce gars dans le métro, totalement au hasard et ça s'est fait comme ça ! Dans le métro ! (rires) Il m'a dit "Hey Antoine ! Tiens y'a ce groupe-là qui cherche un guitariste, ça te dit ?" et je connaissais de nom seulement. J'ai donc écouté, les ai rencontrés et voilà où nous en sommes à l'heure actuelle.

As-tu pu tout de même apporter ta patte à l'album malgré ton statut de "petit nouveau" ?
En fait quand je suis arrivé dans le groupe, toutes les guitares étaient déjà faites. Je ne fais que réenregistrer certaines où je pouvais apporter un peu de ma personnalité. Quelques arrangements par-ci par-là. Néanmoins j'aurais souhaité participer plus car je suis extrêmement fier du résultat. Mais c'est un petit peu une fierté mal placée vu mon peu d'investissement... J'aime tellement les morceaux que j'aurais aimé les composer moi-même.

Qu'as-tu à me raconter sur cet étonnant et détonnant artwork ?
Déjà ce n'est pas de la peinture mais de la sculpture. Ce sont des statues de Robert de Le Lagadec, un sculpteur mort en 2002, on ne l'a jamais rencontré. Mais on a rencontré son fils et sa veuve, qui nous ont accueilli à bras ouverts et très contents de pouvoir faire vivre ses sculptures et de voir qu'elles peuvent encore servir. Elles sont exposées dans le jardin de sa veuve et il n'a jamais voulu être exposé dans des musées. J'imagine que c'est par souci d'unité de toute son œuvre car ses statues avaient sûrement une cohérence entre elles. Donc il aurait fallu les exposer dans leur intégralité et non pas au cas par cas. A ma connaissance il y a une statue, celle sur la pochette, qui est à un autre endroit... Une école je crois, si je ne me trompe pas...

Et comment avez-vous eu l'idée d'utiliser son œuvre ?
C'est Pierre qui connaissait car il habite juste à côté en fait. Un jour il est venu en répétition un jour avec une photo d'une sculpture qu'il avait trouvé sur Internet et on s'est dit que ça collait super bien.



Quels-sont vos futurs objectifs en termes de studio et tournée ?
Pour le futur album, parce qu'il y en aura probablement un, ça se passera comme pour celui-ci. Même si on ne s'arrêtera sûrement pas autant de temps (rires). Il reste plein de riffs qui n'ont pas été utilisés donc on les utilisera peut-être ou pas. On cherche à monter une tournée aussi, en collaboration avec notre label. Les concerts du coup on les espère et on les prépare mais pour l'instant il n'y a pas beaucoup de concrétisation. Notre objectif est de nous représenter devant des gens qui aiment notre musique. On pense aussi à des festivals plus rock que metal aussi, vu le virage qu'a pris le nouvel album. Tout est bon à prendre tant que le public est là bon... Enfin, tout.. Il y a des conditions quand même (rires).

Le chant en français, une évidence ?
Alors, pas du tout. C'est juste que, bon ce n'est pas moi qui ai choisi hein, mais c'est la langue que maîtrisaient le mieux Pierre et Fred. Eux pour le coup se sont posé la question. Au final ça fait partie de l'identité du groupe. Donc là la question ne s'est même pas posée pour cet album. Mais je sais que dans un groupe de rock ou de metal, à 90% les paroles sont écrites en anglais, sans questionnement aucun. Les textes ne sont pas du remplissage dans notre cas. Moi je me demandais même parfois comment ils allaient faire dans le groupe pour rajouter des paroles tellement les morceaux sont particuliers déjà sans ça.

Avez-vous des retours de regards étrangers sur votre travail ? Je veux dire, non-francophones ?
Oui, des États-Unis notamment. Et je les trouve beaucoup plus objectifs. Les seules critiques négatives qu'on a viennent de francophones pour l'instant. La musique fait plus ou moins l'unanimité mais c'est surtout les paroles et le chant qui bloquent. Le choix de la langue aussi, mais ça c'est uniquement l'avis des Français. J'imagine que la plupart des gens qui écoutent ce style de musique ne cherchent même pas à comprendre les paroles. L'anglais est une langue ronde, et c'est vrai que le français donne une autre sonorité. C'est dommage de se faire critiquer pour avoir décidé d'employer la langue de notre pays.


Le site officiel : www.orakle.fr