Interview faite par Byclown à Paris.

Bonjour Fredrik, nous sommes réunis aujourd’hui pour parler de la sortie du nouvel album d’Opeth "Pale Communion" mais avant d’attaquer, merci de te présenter.
Fredrik Åkesson (guitare) : (rires) Salut mec, je suis Fredrik et je joue de la guitare dans OPETH.

Juste après Joachim aux claviers, tu es le "nouveau mec" dans le groupe, bien que tu fasses partie d’Opeth depuis plusieurs années maintenant, donc la question qui me vient à l‘esprit, car tu es peut-être l’une des raisons du changement stylistique du groupe : quels sont tes goûts musicaux ?
J’écoute vraiment pas mal de choses ! J’ai commencé, dans ma jeunesse, par la NWOBHM, des groupes comme Iron Maiden, Judas Priest, Dio, Accept, Sabbath, Rainbow, Mickael Shenker Band, Scorpions, Metallica, des trucs classiques en gros. J’écoute énormément de choses différentes, surtout depuis que je suis dans le groupe car Mikael est une source inépuisable de connaissance en musique, alors il me fait découvrir plein de trucs. Même des groupes français comme Magma ! C’est ce qui est intéressant dans le fait de jouer avec Mikael, c’est qu’il est capable de me sortir des riffs de groupes totalement obscurs que lui seul ou presque connaît et dont je n’ai jamais entendu parler ! (sourire) Je ne pense sincèrement pas être l’une des raisons du changement de style d’OPETH car c’est Mikael qui continue à écrire tous les morceaux comme il l’a toujours fait. Moi-même et les autres musiciens, nous ne sommes là que pour ajouter notre patte sur des morceaux qui sont déjà produits.

Quand as-tu commencé la guitare et quand as-tu fais le choix de devenir guitariste professionnel ?
J’ai commencé par le violon à l’âge de 8 ans mais cela ne m’a pas trop emballé, même si je dois reconnaître que ce type d’instrument est bon pour "l’oreille". De plus je n’ai pas appris à lire les notes ce qui, pour un instrument comme le violon, est assez handicapant. Je me suis donc tourné vers la guitare électrique à l’âge de 8 ou 9 ans, car j’étais fan de Kiss et AC/DC. Ace Frehley est vraiment l’une de mes sources d’inspiration principales. Mon amour pour l’instrument n’a eu de cesse de grandir et, lorsque j’ai eu 14 ans, je jouais de la guitare quelque chose comme 8 heures par jour. J’ai pris quelques cours, mais pas à haut niveau, des trucs vraiment basiques. J’apprenais en écoutant les albums, en regardant les tablatures, en regardant les vidéos des pros de la guitare, comme celles de Paul Gilbert.

Terrifying guitar trip !
Exactement (sourire). Mes premiers bouquins de tablature, je m’en souviens encore, c’était pour Malmsteen. De toute façon le mec joue tellement vite que le seul moyen de connaître les notes c’était de les approcher par la tablature (sourire). J’avais un ami français, René, avec qui j’étais en compétition. On se montrait des plans l’un l’autre, on jouait ensemble, on se dépassait comme ça. Vers 14 ans j’ai donc fait le choix d’être musicien pro et rien d’autre. Je n’ai jamais fait d’études. J’ai arrêté les cours tôt, je suis allé bosser à l’usine pour avoir de quoi me payer mon premier ampli, qui était un Marshall d’ailleurs, et pouvoir pratiquer la guitare autant que possible. Je voulais être guitariste pro et j’ai la chance de l’être maintenant, de vivre de la musique et c’est fantastique !

Parlons du nouvel album "Pale Communion", qui sortira fin Août, et qui est un album pour le moins surprenant et dans la veine de "Heritage". Première chose, dis-moi combien de temps vous avez mis à composer cette galette.
Mikael avait déjà deux sons de faits à la fin de 2012, dont la dernière piste de l’album "Faith In Others", un bon bout de "Moon Above, Sun Below" et la piste instrumentale 'Goblin". La maison de disques nous avait posé une deadline donc, sachant qu’on a fini la compo à la fin de l’année dernière, je dirais qu’on a mis 6 mois pour la composition.



Est-ce que en tant que second guitariste, et guitariste plutôt type "solo", tu as un peu d’espace dans le groupe pour proposer des choses où est ce que Mikael continue de tout faire ?
Sur  "Heritage", j’ai eu l’occasion de travailler avec Mikael sur la piste bonus et sur "Watershed", j’ai également pu proposer quelques idées sur quelques titres. Pour ce nouvel album, il est vrai que Mikael s’est vraiment isolé pour composer. Les quelques fois où on s’est vu, c’était pour que je pose des solos sur certaines parties et qu’il me donne son avis. J’avais toutefois écrit quelques trucs, car je n’aime pas arriver les mains vides. Il a plutôt bien aimé ce que j’ai fait, mais rien ne transparaît sur l’album, donc bon, c’est dommage mais je pense que pour le prochain album je vais réussir à en caser un ou deux de ma conception (rires).

Vu que le groupe tend à faire des choses de plus en plus calmes, éloignées du metal, n’est-il pas trop dur pour toi de continuer à proposer des riffs de ta conception sachant que tu es un vrai metalhead ?
C’est vrai que j’ai plutôt une tendance à écrire du gros metal, mais dans OPETH, je suis obligé de suivre Mikael, de comprendre où il veut en venir et de réussir à m’introduire dans son jeu, même si effectivement ce n’est pas estampillé "metal".

Après il est vrai que la plupart des groupes de hard de légende que tu aimes sont connus pour leurs ballades, comme Scorpions, Dio…
Oui c’est vrai, et puis, j’ai la chance d’avoir pas mal roulé ma bosse dans pas mal de groupes tous différents, que ce soit du mélodique avec Talisman, ou un groupe de doom, ou un même un groupe de thrash, j’ai vraiment joué dans tous les styles de groupes imaginables dans le metal, je pense que c’est vraiment ça qui fait qu’aujourd’hui j’arrive si bien à suivre Mikael quel que soit ce qu’il me propose. C’est aussi pour ça que j’ai rejoint OPETH. C’est un groupe au spectre extrêmement large, qui propose aussi bien du gros metal que des choses extrêmement douces, et avec une manière de faire unique. De fait, j’ai vraiment dû revoir ma manière de jouer de la guitare solo afin de m’adapter au mieux à l’univers. D’album en album, je dois sans cesse me réadapter à l’univers changeant de Mikael mais c’est justement ça qui est stimulant.

Cet album, de mon avis propre, sonne vraiment expérimental et old school, avec des passages instrumentaux, comme le morceau "Goblin". Cela sonne vraiment différemment des albums précédents ! Avez-vous essayé, en studio durant l’enregistrement, des choses différentes au niveau matériel pour sonner comme ça ?
Effectivement on a énormément expérimenté sur le côté son, en utilisant trois têtes d’ampli Marshall différentes dont une Bluesbreaker, utilisé autrefois par Eric Clapton. On a beaucoup expérimenté sur la chanson "Goblin"  justement, ce qui nous a permis de trouver pas mal de sonorité intéressantes, surtout dans les passages les plus doux. A contrario, les chansons "Cusp Of Eternity" et "Moon Above, So Below", sont beaucoup plus punchy et proches du gros rock. Ca a donc été intéressant de devoir trouver un son à la fois metal et old school pour ces chansons. On a aussi beaucoup expérimenté d’assemblages de guitares et de micros de guitares de sorte que sur l’album, à aucun moment Mikael et moi ne jouons sur la même guitare et les mêmes micros, cela permet de donner un coté plus chaud et organiques aux chansons.

C’est un peu la marque de fabrique de Thin Lizzy…
Oui, ou de Judas Priest. Sur les premiers albums, les guitares sont différentes, les amplis aussi, et quand tu écoutes l’album, tu as un son de guitare différent dans les deux enceintes, c’est ce qui rend le disque cool. Le fait d’utiliser ce type de configuration fait que la musique est moins "propre" si on écoute bien, et c’est d’ailleurs ce qui la rend plus vivante. C’est sur ça aussi qu’on a voulu travailler.

En trois mots, comment définirais-tu "Pale communion" ?
Complexe, mélodique et (grosse réflexion) et mélancolique.



Qui de Mikael et de toi est le musicien le plus mélodique ?
Mikael vient de la scène extrême, on écoute les mêmes groupes, et on a tous les deux un travail complémentaire mais je pense qu’à l’heure actuelle, je suis le plus metalhead des deux. J’aime la musique quand elle est bonne, peu importe le style, il ne faut pas nécessairement que ce soit du gros metal de bourrin pour que ça me plaise. Dans le groupe, on vient tous du metal, c’est vraiment les fondations de ce groupe, mais tous autant qu’on est, en tant qu’individu, on aime des choses différentes et on a tous cette envie d’aller de l’avant et d’essayer de nouvelles choses. On déteste se répéter et je pense qu’une fois de plus avec ce nouvel album, on a fait quelque chose de nouveau dans la musique d’OPETH.

Avec ce nouvel album, un nouveau guitariste, un nouveau, un nouveau clavier et l’évolution de style du groupe depuis "Heritage", es-tu d’accord avec moi si je dis qu’Opeth est passé dans une phase 2.0 ?
Je ne sais pas. Je ne connais pas les anciens membres, de fait je ne sais pas comment ils avaient l’habitude de travailler. Apres, peut-être que le fait qu’on soit là maintenant inspire différemment Mikael, je ne sais vraiment pas. C’est toujours lui le pilote de notre avion et c’est notre job que de pousser ses compos vers le niveau supérieur.

Ok, puisqu’on vient de parler du 2.0, je ne peux pas m’empêcher de te poser une question sur Arch Enemy et le nouveau line-up. Quels sont tes impressions à ce sujet ?
J’ai bu quelques verres avec Mickael (Amott) il y a quelques mois et il m’a fait écouter quelques sons. Leur nouveau guitariste est vraiment bon et très axé sur les tappings. Il convient bien au groupe, il y a une bonne unité et la nouvelle chanteuse est impressionnante, en plus elle maitrise bien le chant clair mais je ne suis pas sûr que les voix claires le fassent sur les passages mélodiques des chansons, c’est à voir.

A quoi pouvons-nous attendre à propos de l’orientation musicale future du groupe ?
Aucune idée pour le moment, c’est une surprise même pour nous. On pourrait faire du grindcore j’en sais rien, c’est ça qui est excitant dans ce groupe.

Parle-moi un peu des tournées qui vont venir soutenir cet album.
Il n’y a rien d’officialisé pour le moment mais je sais que l’on va faire une tournée européenne de deux mois qui inclura le Royaume-Uni et on finira par la Scandinavie. Evidemment, on reviendra jouer à Paris, au Bataclan ! On va jouer au Hellfest cet été, avec une setlist composée de vieux titres. Aucun titre du nouvel album car il ne sera pas encore sorti, donc cela ne serait pas trop à propos de jouer les titres qui en plus sont vraiment différents des vieux titres qui composent la setlist.

Raconte-moi ton meilleur moment spinal tap avec le groupe.
Ouh là, on en a eu tellement ! Je me rappelle d’une fois où l’ingé light de la salle avait tellement mis d’éclairages que lorsqu’on a voulu aller sur scène, l’entrée était bloquée par du matériel, résultat des comptes, on a dû faire le tour, ressortir, et rentrer sur scène par le pit, au milieu de la foule. Côté entrée fracassante, on a vu mieux.


Le site officiel : www.opeth.com