Interview faite par mail par Arch Gros Barbare

Si Svart Crown a écrit une nouvelle page du black / death français avec son album "Profane", il est largement certain que Odium a les moyens de réussir lui aussi à grimper les marches ténébreuses de la notoriété avec son hostile brutal black metal, en sortant son deuxième album "The Monolith Of Hate". Tout simplement une grosse machine de guerre sur tous les plans. Pour découvrir son contenu en détail, Ozrib (basse) nous explique...

Salut à toi, je ne te cache pas, que parmi mes nombreuses lacunes, j'ai un peu zappé la sortie de votre premier album, que je trouve un peu moins personnel et peut-être un peu moins percutant également, car plus sombre... Alors si tu veux bien me retracer un petit peu la genèse de Odium, depuis 2007 jusqu'à aujourd'hui, en passant par les déboires et les bons moments, les incertitudes et les objectifs, ainsi que l'évolution musicale du groupe...

Ozrib : ODIUM est né en 2007 de la rencontre de Sotää et Hellesylt. Les débuts sont chaotiques et difficiles, une première démo enregistrée avec les moyens du bord est produite en 2008 puis, un peu avant l’enregistrement du premier album début 2009, Christo qui tenait la guitare lâche le groupe pour raisons professionnelles. Sotää a enregistré seul toutes les parties guitare et basse. Elles ont largement été réadaptées et arrangées par Sotää juste avant d’entrer en studio, ce qui donne notamment ce charme froid à cet album. J’ai intégré le groupe en Septembre 2009 à la basse et Sotää est resté à la guitare. S’en est suivi une longue période d’incubation et d’apprentissage des morceaux pour préparer le retour à la scène en Mai 2010. A partir de là, pas mal de concerts entre Nice et Marseille, un festival en Bretagne (Arvorig Du Fest) avec Enthroned et Temple Of Baal notamment, une date avec Otargos et Nefarium. Tout n’a pas été facile, quand tu n’as pas beaucoup de moyens ni de contacts, aller jouer ailleurs que chez toi c’est compliqué, mais on a pas lâché la rampe et on s’est accroché, et ça fait de bons souvenirs !
Pendant ce temps, on commence à composer le prochain album, des riffs sont alignés par ci par la, jetés, ré-agencés, on commence à imaginer le concept, on construit notre monolithe, pièce par pièce, corps après corps. On a rapidement senti que les compositions étaient différentes, plus massives et tordues, moins convenues ; on a aussi largement accéléré le tempo aussi par rapport à "Universal Genocide" mais cette évolution s’est faite de manière naturelle. Sotää nous proposait ses maquettes et nous y travaillions, nous discutions du morceau et la maquette était parfois refaite 3 ou 4 fois pour murir encore pendant 2 ou 3 mois avant que l’on se mette vraiment dessus en répèt’. De cette manière, nous étions sûrs d’avoir quelque chose d’abouti. Et puis parfois on essayait certains nouveaux morceaux en concert, histoire de voir ce que cela donnait. Quand nous sommes arrivés au bout de la création, on s’est mis en recherche d’un studio.

Alors..., "The Monolith Of Hate", second album de Odium... et quel album !!! On y reviendra après... Vous êtes en mode recherche de label pour promouvoir et distribuer l'album... Si les groupes semblent avoir compris que l'autoproduction c'est devenu monnaie-courante pour la sortie d'album, ça reste tout de même bien pratique d'être dans l'écurie d'un label pour la promotion et la distribution... Et vous en êtes où de cette recherche ? Funeral Ends pour votre premier album, c'était de l'autoprod' déjà non ?
Oui, Funeral End nous appartient et nous avons décidé de sortir "Monolith Of Hate" avec notre structure parce que nous n’avons pas eu de réponse positive des labels que nous avons contactés, pourtant les premières chroniques sont franchement encourageantes, mais non. Même si nous sommes dans un style particulier qui n’est pas le plus au goût de la masse, nous en sommes conscients ; nous avons quand même l’impression qu’aujourd’hui les labels ne prennent plus aucun risque et qu’ils se contentent de signer soit quelque chose à la mode, ou un groupe ultra connu, ou alors un groupe avec un mec connu dedans. Après, on comprend bien que c’est un business, mais c’est assez frustrant quand même. Parfois tu te dis que ces mecs ont oublié ce qui les a amenés à faire ça, la flamme qui les a poussés au début s’est éteinte et maintenant ils vendent, point. Et puis, nous avons eu des retours de certains groupes signés pour qui le label n’a pas été forcément un partenaire, mais juste un absent : Il y a des labels qui ne font rien du tout, à part mettre ton nom sur leur site web et ton CD dans leur boutique en ligne et après, basta. Alors oui, l’autoproduction c’est une réalité pour beaucoup et pour nous aussi. Mais ce qui compte au final, c’est le contact, c’est de discuter avec les gens, les assos, les webzines, afin qu’ils sachent que tu existes et qu’ils s’intéressent un peu à toi.

Vous étiquetez aujourd'hui votre style musical de "Hostile Brutal Black", d'abord est-ce que c'est un concept que vous utilisiez déjà depuis "Universal Genocide" ou c'est quelque chose qui est venu avec ce second opus ? C'est vrai qu'on a une bonne tendance à l'écoute de "The Monolith Of Hate" à vous rapprocher de Marduk, Dark Funeral, ce qui reste assez flatteur dans l'ensemble... Et dernièrement hormis vous et le dernier Svart Crown, il s'avère difficile de trouver plus brutalement violent en terme de black metal hexagonal...
Le terme de "Hostile Brutal Black" est venu après un concert où Alexxx d’Otargos nous avait dit "C’est vraiment hostile" en parlant de notre musique, et depuis on a gardé cette appellation parce que ça qualifie parfaitement ce que nous faisons. D’ailleurs, on ne cherche pas être les plus brutaux ou rapides, ça n’est pas du tout un objectif. La composition vient comme ça, c’est notre manière d’être, de penser et de voir le monde qui rend notre musique violente. On essaye pas de faire comme tel ou tel groupe, on corrige quand on trouve que ça fait trop penser à quelque chose qui a déjà été fait. Et franchement, même après ré-écoute et analyse, on ne trouve pas du tout de ressemblances avec Dark Funeral ; Marduk à la limite, pour la férocité, mais pas du tout pour les riffs. S'il fallait vraiment trouver des groupes qui vont dans la même direction, je penserai plutôt à Zyklon ("Wolrd Ov Worms"), Anaal Nathrakh (les premiers albums), 1349 ou encore Mayhem.

Je parlais de lacunes en début de cette interview, lacunes que j'ai pu combler en écoutant "Universal Genocide" dernièrement, même si déjà à l'époque vous étiez brutaux, on sent que vous avez mûri et que les titres ont beaucoup plus de personnalité aujourd'hui... Est-ce que c'est une chose que vous avez ressenti en écrivant ce deuxième album ? Est-ce que de votre côté vous avez eu l'impression d'évoluer bien sûr, on a toujours cette sensation, mais surtout d'écrire et de proposer des titres hautement plus percutants ? Parce que de mon côté indépendamment des comparaisons Dark Funeraliennes, Mardukiennes ou même Keep Of Kalessinoises, on accroche immédiatement dès "Procreating Inanity"... Vous n'avez pas pris non plus un peu de death metal dans votre black metal ?
On a bien senti que quelque chose se passait, mais quand tu bosses pendant deux ans sur ton album, tu ne passes pas non plus tout ton temps à le comparer avec le précédent, en tout cas pas nous. Maintenant avec le recul, c’est sure que l’évolution est évidente, tant sur la composition que sur la technique. Clairement nous allons bien plus vite que sur "Universal Genocide" et les morceaux sont plus travaillés aussi, on a pris le temps de faire les choses, de caler ça comme on le voulait, comme on le sentait ; ce qui n’a pas forcément été le cas avec "UG". Même une fois les morceaux prêts, on a beaucoup réfléchi à l’ordre dans lequel on allait les proposer, même si le quadriptyque du "Monolith" était figé et que pour nous, "Procreating Insanity" devait forcément ouvrir l’album. D’ailleurs c’est également avec ce morceau que nous commençons en live. Peut-être, encore une fois avec du recul, qu’on peut trouver quelques traces de death metal, mais je ne pense vraiment pas que ce soit quelque chose de majeur et qu’on puisse qualifier notre style de black / death. Je pense qu’on a fait quelque chose de très violent, c’est certain, mais aussi d’assez varié pour que tu puisses te passer l’album en entier d’une traite sans te lasser, ce n’est pas un album de grindcore qui bourrine à 250 pendant 30 minutes sans débander, tu vois ?

Déjà vous avez composé, en tous les cas inclus, trois titres de plus sur ce nouvel album, ce qui amène une durée de trois quarts d'heure au lieu de trente trois minutes comme son prédécesseur avait... C'est une chose que vous avez volontairement décidé sur ce nouvel album ? Je veux dire le fait de proposer un opus plus long d'un quart d'heure, ce qui n'est pas rien ?
Pas vraiment en fait, comme pour la composition, on fait les choses comme elles viennent. On ne s’est pas dit "il faut absolument faire plus long" c’est sorti comme ça, tant qu’il y a eu de l’inspiration on l’a utilisé jusqu’au bout et quand la source s’est tarie et bien on a arrêté, c’est aussi simple que ça !



Cette fois-ci l'artwork a été réalisé par Metalex de Retrographix, qui a déjà réalisé de nombreux travaux pour beaucoup de groupes tels que Svart Crown, Darkenhold, Artefact, XCIII…, ça vous éloigne un peu de l'aspect noir et blanc qu'ont la plupart des groupes de black metal, en apportant un visuel, même s'il reste sombre, quelque peu réfléchi, même s'il reste morbide... C'est ce que vous vouliez faire passer comme image avec "The Monolith Of Hate" ?
Oui, on ne voulait pas faire comme tout le monde avec un truc vraiment classique. Quand tu es chez un disquaire et que tu fouilles dans le bac black metal, y’a plein de groupes que tu ne connais pas et ce qui attire l’œil c’est d’abord la pochette, après tu regardes l’objet tu le jauges et tu l’écoutes. La couleur était importante, et pour tout dire, elle était bien plus colorée au départ, le ciel était vraiment clair comme l’aube, mais ça ne collait pas, ça déformait le message. On a au final quelque chose qui est vraiment représentatif de notre esprit. Nous cherchions un symbole ou un objet qui pourrait personnaliser la haine, qui pourrait vraiment être la représentation ultime de la haine. On a pensé à un monolithe composé de cadavres empilés et compressés dans un paysage apocalyptique. Un monument élevé à la gloire de la folie, de la cruauté humaine. Mais ce "Monolithe" a un double sens, parce ce n’est pas seulement l’image, c’est aussi l’album en lui-même qui est le monolithe de la haine, comme les cadavres sur la pochette, les morceaux eux même composent ce monolithe : C’est notre monument élevé à la gloire de la haine et de la folie.
Cela dit, la pochette n’est pas la totalité de l’artwork non plus, il en reste encore beaucoup à découvrir à l’intérieur ! Hellesylt et Sotää étaient frustrés de ne pas avoir pu faire un livret plus fourni sur l’album précédent, parce que le budget était limité et que le choix de mettre une maximum d’argent dans la production et un peu moins dans l’artwork avait été pris, et je suis du même avis qu’eux. Aujourd’hui, avec "The Monolith Of Hate", on propose vraiment quelque chose de complet, la musique et l’image sont en phase.

Premier album enregistré au Stormlab Studio par Sébastien Bernard (ex-Artefact) et celui-ci au studio Artmusic et masterisé par Thibault Chaumont de Deviant Lab (Benighted, Gojira...). Alors d'abord pourquoi ? Ensuite comment ? Quelle est la motivation qui vous a guidé vers Artmusic ? Vous vouliez quoi comme son ?
Pourquoi ? Parce qu’après la première démo "Shadows Falling", la philosophie d’ODIUM a été d’avoir un son propre. On ne voulait pas d’un son dégueulasse car, encore une fois, un son pourri ne fait pas un bon album de black, n’en déplaise aux puristes. Même si cela faisait parti de l’expression de leur rébellion, les fondateurs n’avaient pas vraiment le choix quand ils enregistraient un album, les studios pro coûtaient très cher et le home studio n’existait quasiment pas. Nous avons pris le parti de faire un album avec un son moderne, propre et puissant, mais sans trigger sur la batterie, sans recalage, totalement naturel ; un album de black dans lequel la guitare n’est pas nasillarde et dans lequel la basse est audible. Cette sonorité correspond parfaitement à l’esprit d’ODIUM : Froid, puissant et naturellement haineux.
Dans notre recherche de la personne qui pourrait nous comprendre et faire ce que nous voulions, Sotää a trouvé par le bouche à oreille Sebb du studio Artmusic, à Nice, et l’a contacté. Il a parfaitement su appréhender les contraintes de ce que nous faisions et comprendre ce que nous voulions, il s’est impliqué à fond dans notre projet, et le résultat est parfait. Pour le mastering, c’est la même chose, on cherchait qui pourrait faire, et aussi pour combien (la liberté de l’autoprod’ a aussi son revers !!). On avait même des contacts avec des pointures connues à l’étranger, mais on avait une inquiétude au niveau du rendu final, sans moyen de contrôle réel sur le travail. Et puis on est tombé par hasard sur le site de Deviant Lab, il avait de bonnes références, il rentrait dans notre budget et avait un argument de poids : "On refait jusqu’à ce que vous soyez satisfait". Bon, pas de bol, c’était parfait au premier coup on n’a pas eu besoin de refaire !!

C'est vrai qu'il n'est jamais évident d'être comparé à tel ou tel groupe, mais dans l'absolu la comparaison permet aux auditeurs de savoir où ils vont pour l'écoute et de se dire, même si chacun doit faire sa propre opinion, que l'on va pouvoir déjà être plus attiré par un groupe qui ressemble à celui-ci ou celui-là... Dans l'absolu quels sont les groupes qui vous ont donné envie de faire de la musique d'une part et qu'est ce qui a fait qu'Odium soit parti dans une voie très brutal black metal d'autre part ?
Comme je te disais tout à l’heure, on se sent plus proche de Zyklon ou d’Anaal Nathrakh tant dans la musique que dans l’état d’esprit ; que de Marduk ou Dark Funeral (même si ce sont 2 groupes que nous apprécions beaucoup). Pour ce qui est de nos goûts, on écoute tous beaucoup de choses, mais surtout, nous écoutons tous des choses très différentes. Sotää par exemple n’écoute pratiquement que du heavy (Stratovarius, Malmsteen, Tolkki), il ne s’est intéressé à la musique que tardivement vers 17 ans, contrairement à Hellesylt ou moi qui avons commencés plus tôt. Mais malgré nos divergences d’écoute, nous avons beaucoup de points communs dans notre approche de la musique et dans notre vision du monde. Nos histoires personnelles et nos caractères nous ont amenés tous les 3 dans une direction commune, c’est un processus qui prend son temps et qui arrive lentement en fait. On ne s’est pas levé un matin en disant "à partir d’aujourd’hui je déteste les gens et je vais blaster à 250 !". La musique que nous faisons est représentative de ce que nous sommes et pensons, ce n’est pas une posture artistique ou un défi technique, notre démarche et notre discours sont purs et sincères.

Lorsqu'on voit comment vous argumentez le contenu de vos paroles, il semble que celles-ci prennent une place importante au sein de l'entité Odium. Et contrairement à certains groupes de black metal, vos paroles ne sont pas forcément axées satanisme et autres "evileries", mais plutôt réfléchies sur certains paradoxes qui peuvent exister entre l'humanité et le néant ; humanité et singularité ? Qu'en est-il vraiment ? D'ailleurs explique-nous la partie finale des quatre morceaux qui composent ce "Monolith" ?
Nous ne sommes pas des ados en pleine rébellion, nous avons en moyenne la trentaine, notre mental est posé et réfléchi et nous nous efforçons de faire quelque chose de construit et de cohérent. Cette démarche construite passe par la réflexion : Comment vois-je le monde ? Quelle est ma place dans celui-ci ? Est que je l’accepte ? Quelle est ma condition ? Que suis-je ? Mais sans pour autant être des philosophes déconnectés qui intellectualisent tout ! De fait, nous nous retrouvons tous les 3 dans une forme de nihilisme qui ne colle pas avec la vision religieuse du BM "historique" disons. Mais cela n’est pas incompatible avec le BM. A nos yeux, il doit garder son aura noire et radicale, que ce soit d’un point de vue nihiliste (comme le nôtre) ou religieux. Tous ces mecs qui font du BM figuratif, imaginaire ou encore "transcendental" n’ont rien compris et sont passés à côté de l’essentiel de cette musique. Ce n’est pas parce que tu portes des corpses paint, que tu blastes et que tu parles de Troll, de viking ou de forêts, que tu fais du black metal. Il faut aller plus loin que ça, plus profond que ça et être honnête. Y’a des groupes qui n’ont pas une technique énorme, mais qui ont la flamme, elle brûle très fort pour certains, et le ressenti sur scène est très fort, c’est malsain, c’est noir et mauvais.
Le quadryptique du "Monolith" est la partie la plus conceptuelle de l’album, elle décrit la fin de notre monde, sur plusieurs étapes. La montée globale de la haine, de la violence et de la mort partout dans le monde, les guerres idéologiques et religieuses, la famine, les génocides. Puis la chute des nations, qui s’écroulent parce qu’elles ne peuvent plus contenir l’état naturel de l’Homme. Puis encore, la guerre civile qui suit invariablement la faillite de la Loi, et le soulèvement de gens ordinaires qui décident qu’il est temps d’achever la bête et que notre ultime espoir de paix est l’éradication pure et simple de tous. Enfin, le grand final, la fin de tout et de tous.

Sur "Universal Genocide", Odium c'était deux personnes, maintenant Odium c'est trois personnes, ça me rappelle un peu Immortal... Est-ce que pour vous être à trois est suffisant pour distiller votre black metal, ou vous pensez renforcer un de ces quatre votre line-up ? Comment se passe cette évolution pour Sotää qui s'occupait auparavant des guitares mais aussi de la basse ? Est-ce que la composition s'en est ressentie également et que tu fais partie intégrante du processus d'écriture ?
Rester à 3 est un choix. A un moment nous avions pensé prendre un chanteur solo afin que Sotää puisse se concentrer sur la guitare, mais nous y avons renoncé. Intégrer un nouveau membre dans un groupe est toujours compliqué car il faut trouver quelqu’un : qui ait les capacités techniques et physiques à faire ce qu’il faut, que tout le monde s’entendent bien et enfin qu’il soit dans la même démarche que tout les autres pour qu’on puisse avancer dans la même direction. Trois c’est la bonne formation, on peut discuter facilement et gérer les envies de chacun. De plus le résultat sur scène est plus cru et puissant. C’est sûr que ça demande plus de travail pour s’organiser afin de ne pas léser un aspect de la musique, mais nous ne sommes pas avares d’efforts et de persévérance.
Je suis arrivé à un moment charnière du groupe, juste à la sortie du premier album. Il a fallu que j’apprenne à connaître mes camarades, tant sur leurs caractères respectifs que sur leur manière de jouer. Il aura fallu une année à peu près, une année où on a appris à se connaître et à s’apprécier, avant de se plonger dans la composition. Je m’exprime librement avec eux et je peux satisfaire toutes mes envies qu’elles concernent purement la musique, les concepts ou les textes.



Il y a pas mal de moments moins rapides sur la fin de l'album, ce qui donnait, de mon point de vue en tous les cas, ce côté plus proche d'un black / death, en plus vous y avez inséré quelques passages aérés en interludes qui donnent un aspect plus théâtral à l'ensemble. Est-ce que le fait d'aérer de la sorte les titres vous semble crucial afin de ne pas trop compacter votre musique vers quelque chose de tellement intense qui pourrait en perdre les auditeurs ?
C’est exactement ça. Au départ les 4 morceaux du "Monolithe" était censés être totalement enchaînés. Nous avions fait des pré-prod' maison à l’époque, mais le résultat était insoutenable : presque 20 minutes de violence ininterrompue ! On a donc revu l’idée de départ et aménagé une intro sur le départ du quadrytptique et deux tunnels afin d’aérer un peu le tout et de renforcer l’ambiance et faire ressortir une atmosphère de désolation imminente.

Pour l'instant quelques personnes ont pu vous voir en concert avec Inquisition (Colombie) en Décembre dernier à Luynes, mais vous deviez bosser avec un tourneur pour pouvoir réussir à intégrer plus de festivals et tenter une tournée internationale, ce projet avance-t-il ? Est-ce que vous arrivez à vos fins en termes de possession du territoire ?
C’est vrai que depuis 2010 nous avons réussi à décrocher quelques beaux concerts, Inquisition, Anaal Nathrakh, Enthroned, Otargos, Svart Crown, Nefarium... Ce sont de très bons souvenirs ! Nous travaillons actuellement à la programmation d’une tournée en Europe pour l’automne, nous recherchons des contacts un peu partout afin de nous aider dans cette entreprise. Il est vrai qu’il est difficile de tourner en France : peu de salles, un public imprévisible, pas de moyens… Nous sommes prêts à aller n’importe où, on contacte tout le monde, mais on a souvent le même genre de réponse "Désolé, on est un peu juste financièrement en ce moment, on ne peut pas vous faire jouer". Y’a certains endroits qui semblent totalement verrouillés comme Paris par exemple, personne ne répond aux mails, c’est assez étrange. Après nous sommes conscients que la mode est au pagan et autre BM plus mou, mais nous ne changerons pas pour rentrer dans le moule. De même, on nous reproche souvent un manque d’originalité, mais il faut faire quoi pour être original ? Mettre des saxophones et des choristes ? Un type qui fait des claquettes ? Un clavier et des samples spatiaux à tout va ? Non. L’évolution pour l’évolution et l’originalité pour l’originalité ne conduisent qu’à la médiocrité.

Beaucoup de groupes de black metal aujourd'hui ont abandonné les grimages en dehors de la scène voire même sur scène, comme si la musique black se suffisait à elle-même finalement. Pour Odium, quelle est votre position là-dessus ?
C’est une chose à laquelle nous réfléchissons beaucoup en ce moment. On a constaté que le contact avec le public est plus facile sans les corpses paint, il y a plus d’échange sur scène, les gens sont plus réactifs. Est-ce parce nous faisons quelque chose de particulier, de très violent musicalement et qu’avec le grimage ça fait trop ? On se pose la question et on expérimente. Du coup, on va continuer à adapter suivant les soirées et suivant l’ambiance. Ça c’est pour ce qui concerne ODIUM. Pour le BM traditionnel, le corpse paint est vraiment indissociable de cette musique, c’est pareil que le blast, ça va ensemble.

Bon, nous voici au terme de cette interview, je sais que vous avez encore du merch et des packs de vos anciennes productions, alors s'il y a un moment pour informer tout le monde de vos prix et de ce qu'il vous reste à vendre, ainsi que des rendez-vous importants avec Odium, c'est bien maintenant. Et ensuite je te laisserai terminer, merci pour cette interview et à très bientôt sur la route...
Notre album est enfin disponible sur notre site en ligne ou sur notre page FB, ainsi que des t-shirts et notre premier album "Universal Genocide", nous faisons aussi des packs à prix spéciaux ! Nous recherchons des concerts et des fests partout en France et à l’étranger, si vous avez des plans, n’hésitez pas à nous contacter pour en parler. Merci à toi et French Metal pour cette très bonne interview et pour la chronique très enthousiaste ! A bientôt sur la route !


Le site officiel : www.facebook.com/odiumfr