Interview faite par mail par Joe D Suffer

Bonjour, votre nouvel album "Le Rêve De Cassandre" vient de sortir, pourquoi avoir choisi ce titre ?
A l’image du mythe éponyme, le récit se développe autour d’un personnage dont les perceptions (surréalistes) du monde sensible dévoilent la nature intrinsèque au bio pouvoir : que ses actions – produits et finalités ne sont le résultat que d’un seul et même projet, l’exercice de la violence dont on mesure l’intensité à la détermination sociale des "foules" à l’ignorer comme tel, et dont la normalisation (sous des formes morales et faussement pacifiées) en nourrissent jusqu’au plébiscite . Il s’agit de l’un des réfugiés du Tampa, dont la réalité historique s’inscrit dans la pleine conjoncture du 11 Septembre 2001. La narration est ainsi partagée entre "l’affaire Tampa", et la manière dont elle a été politiquement traitée, au delà de la transgression des lois du droit international, écrites pourtant par l’oppresseur et pour lui ; et les visions animant le "héros" lors de cette épopée, toutes rattachées aux deux autres "9/11", tout aussi terroristes que la tragédie qui détermine notre rapport politique au monde non vécu depuis plus de 10 ans maintenant, et que l’Histoire n’a pas reconnu comme tels.

Parlez-nous de votre nouvel opus, pouvez-vous nous le présenter ?
C’est un disque de punk - hardcore en 2012 d’un groupe qui s’est éloigné des dérives métalliques (actuelles), et en marge de toute cette mode ringarde alimentée par la récupération des bondieuseries et autres symboles kikoo satan par la scène hardcore. Avec "City Of Quartz" on a torché un album de new school hardcore "standard", mais qui bute. Avec "Le Rêve De Cassandre", on a décidé de renverser ce schéma, de dégager les hardcore diktats du processus de composition, et de ne pas servir la même soupe que tout le monde bouffe, selon le style du moment. Et ceci en poussant plus loin, mais d’une manière plus éthérée, ce que l’on avait amorcé sur l’album précédent. Quoiqu’il en soit, et que l’on aime ou pas (c’est une chose dont on se fout dans le fond), d’aucun ne pourra dire que l’on sonne comme un autre groupe.

Quel est le thème général de l’album ?
"Riot, sedition, mutiny" : la sainte trinité à l’heure actuelle !

L’édition digipack en édition limitée est un très bel objet, pouvez-nous en dire plus sur sa réalisation ?
Check : www.lostpaper.org. Tout ce qui y est réalisé est mortel et de même qualité.

La collaboration s’est effectuée cette fois-ci avec le label Effervescence Records, comment cela s’est-il passé ?
Notre pote commun Manux de Feuzeul booking (Big Wig, Mute, This Is A Standoff, Counterpunch, Confusion, etc.) nous a dirigés l’un vers l’autre à la mi 2011. Le courant est super bien passé. Et chose importante (et sûrement la plus importante de ce projet commun), Fab prit très à cœur la thématique de l’album, ce qui l’a définitivement décidé à faire partir de l’aventure. Et pour cela, on lui est infiniment reconnaissant. A côté de ça, Fab est quelqu’un qui s’investit à 200% dans ce qu’il fait, et qui respecte les choix éthiques et humains des groupes avec lesquels il s’engage. Et c’est pour notre plus grand bonheur, vu comme l’on passe pour des casse-couilles dans ce domaine. (rires)



Vous allez faire une tournée dans l’Europe pour défendre "Le Rêve De Cassandre", mais allez-vous effectuer une nouvelle tournée en Chine ou dans un pays étranger autre que Européen ?
Heureusement qu’il n’y en a pas qu’une sinon on se ferait vite chier ! On part 17 jours au Canada en Avril en compagnie des potes locaux de Get The Shot. On trace en Espagne pendant dix jours avec les copains de Vigo de Raptures. On remet ça en Juillet avec les talentueux Aussitôt Mort pour deux semaines en Allemagne et Europe Centrale. On repartira un mois vers la Russie / Extrême Europe en Octobre – Novembre prochain. Et si tout va bien on passe le prochain premier de l’an en Asie du Sud Est. A confirmer.

Comment situez-vous Nine eleven, dans la scène punk hardcore Française ?
Plutôt du côté de Tours, même si certains d’entre nous viennent, entre autres, du Mans, d’Angers et de Paris (rires) Sinon, dans le merdier de la scène Française, on se situe juste par rapport aux potes et aux gens qui ont la même façon de faire les choses que nous. Il n y’a pas d’histoire de clivages de styles, de scléroses pseudo corporatistes. C’est une histoire d’adéquation et de savoir pourquoi on est dedans. A côté de ça, si on ne kiffe pas et qu’on trouve la démarche puante, on le dit, on esquive, et c’est tout.

Comment voyez-vous Nine Eleven dans dix ans ?
En train de rôtir en enfer en y ayant les meilleures histoires à raconter (dixit Frank Turner)

Pensez-vous qu’un jour, ce genre de musique deviendra populaire en France ?
1- Est ce bien le but ?
2- La scène "indé" - extrême (du black metal, au punk rock à roulettes, en passant par le hardcore, la noise et trucs pseudo sombres), pleine ras la gueule de groupes dont le désir faussement non avoué et à peine refoulé de devenir le nouveau "neo métal band" de référence, ne suffit-elle pas au spectacle qu’elle donne d’elle même, comme la caricature médiatisée des révoltes adolescentes de salon ?
Le problème que pose "la popularité" ne renvoie pas au nombre de personnes que la musique est susceptible de toucher, mais à la manière qui les met en relation, et la satisfaction narcissique de l’artiste reconnu. Si le punk hardcore (et autres bastions de musique extrême) n’aspirent à rien sinon à devenir un gadget – un divertissement de plus, publicitaire des acteurs qui le mettent en scène, et lissant leur vitrine commerciale, alors c’est qu’il est juste déjà mort. On mérite peut-être mieux qu’une gestion marketing de nos passions qu’étiquettent, lors de certains concerts "hype", des merdes comme les mutuelles du Mans, Eastpak, Vans, Leclerc, MTV, j’en passe et des meilleurs,… et de passer ainsi pour des gros tocards d’opportunistes, prêcheurs satanico-pandemonium de l’antichristianisme, des aspirations libertaires, progressistes, ou encore révolutionnaires, en première ligne.

Merci pour l’interview, un mot pour la fin ?
On ne porte que des caleçons que l’on ne lave jamais.

Mot de la fin ?
Playlist du moment :

I Am A Curse, Nous Danserons Sur Vos Ruins, Catharsis, Remains Of The Day, Aussitôt Mort, Amanda Woodward, Daily Mind Distortion, Verbal Razors, Lewd Acts, Confusion, Punch, Glasses, Trainwreck, Comadre, Ceremony, Alpinist, Masakari, Faded Glory etc..

Quelques livres en vrac :

CESAIRE Aimé, "Discours sur le colonialisme"
BLACK, Bob. "L’abolition du Travail"
ARENDT, "Hannah. Les systèmes totalitaires"
Des membres de l’INTERNATIONALE SITUATIONNISTE et des étudiants de Strasbourg. "De la misère en milieu étudiant, considérée sous ses aspects Economique, Politique, Psychologique, Sexuel et notamment intellectuel et de quelques moyens pour y remédier". Extrait du tract "Le retour de la Colonne Durutti" (sic) publié à Strasbourg en 1966.
FOUCAULT, Michel, "Surveiller et Punir, Naissance de la prison"


Le site officiel : www.nineelevenhxc.blogspot.fr