Interview faite par mail par Man Of Shadows

Salutations nécrotiques ! Merci de répondre à cette interview. Comment vous portez-vous à l'aube de la sortie de ce second album ?
Vlad (chant / guitare) : Salutations infernales ! Ici c’est l’enfer, notre deuxième album va sortir d’ici quelques jours et on espère bien qu’il va entraîner le monde dans les flammes !

Avant de parler de votre nouveau blasphème sonore "With Serpents Scourge", j'aimerais revenir un petit peu sur la genèse du groupe. Necrowretch était à la base un one-man band crée var Vlad. Il portait successivement les patronymes de Vlad Rituals et Worm Eater. Pourquoi ces noms et pourquoi avoir finalement opté pour Necrowretch ?
Oui c’était il y a 7 ans maintenant, quand j’ai commencé le projet je n’avais que quelques mois de guitare derrière moi, c’était juste des prises guitares et chant avec une boîte à rythmes derrière, d’où le nom de Vlad Rituals. Par la suite j’ai cherché à intégrer un batteur donc j’ai changé le nom à deux reprises, et NECROWRETCH en tant que tel à commencé fin 2008.

Vlad, comment t'es venu ton chant, ni death, ni tout à fait black ? Naturellement ou avec une idée précise sur le rendu que tu souhaitait ? Le grunt traditionnel est-il inapproprié pour la musique de ton groupe ou est-ce une technique que tu ne maîtrises pas ?
En fait, on n’avait pas vraiment décidé comment serait le chant jusqu’à l’enregistrement de la première démo, c’est une fois derrière le micro qu’on a vraiment validé ce type de chant. A l’époque, j’étais bien obsédé par le chant de Robert Sennbäck sur les démos de Dismember et Unleashed. On voulait quelque chose dans le genre, quelque chose de bien corrosif et agressif afin de définir notre musique. Le grunt ne me parle pas plus que ça, ça ne collerait pas à la musique de toute façon.

A l'écoute de vos morceaux, on sent les esprits de groupes défunts (pour coller au concept, tiens !) comme Death, Mercyless et Grotesque. Des groupes cultes et quelques peu oubliés pour les deux derniers. Ce parfum old school et putride est vraiment délectable. On sent vraiment que cette musique est en vous. Que représente ce style pour vous ? L'accomplissement d'un genre ? Un état d'esprit anti-commercial, une éthique ?
La matérialisation de la mort en musique. On s’en fout que ce soit old school, ça ne veut rien dire de toute façon. Le death metal c’est la mort, la possession, la haine, une envie de tuer qui s’extériorise par la musique, si tu ne retrouves pas ça, alors ce n’est pas du death metal.

"Putrid Death Sorcery" à été couronné de succès au niveau des critiques, et les fans de death et de black l'ont particulièrement bien accueilli. Votre nom circule bien. Qu'en pensez-vous aujourd'hui, deux après sa sortie ?
Je l’aime toujours autant, c’est le metal extrême comme je l’aime. L’objectif qu’on s’était fixé avec cet album c’était de plonger l’auditeur dans un monde infernal dès les premières secondes et même deux ans après ça me fait toujours le même effet. Après, bien entendu, il y a toujours des petites imperfections par ci par là, mais je m’en fous, on n’est pas là pour faire dans la précision de toute façon.



Depuis la sortie de "Putrid Death Sorcery", votre carrière a connu un grand pas en avant. Vous avez multiplié les concerts en compagnie de pointure, étrangère (une tournée avec Morbus Chron) ou française (Mercyless, The Seven Gates, Affliction Gate) et participé à des festivals prestigieux comme le Deathcult Open Air et même l'ouverture du Party San 2014. Qu'on représenté ces concerts pour vous, au niveau du groupe et de sa carrière ?
Des challenges supplémentaires qui ont été atteints. J’aime bien voir la vie comme une succession de challenges, des fois tu échoues et d’autres fois tu réussis, dans ce cas tu te fixes un challenge encore plus haut pour la fois d’après. NECROWRETCH n’échappe pas à cette règle. Ces shows ont également aidé le groupe à gagner en visibilité, ainsi nous avons pu rencontrer de nouvelles personnes un peu partout, ce qui est toujours enrichissant.

"With Serpents Scourge" (WSC), votre deuxième album, est maintenant là. Comment avez-vous abordé sa composition ?
J’ai mis un an et demi à écrire l’album, c’était beaucoup plus difficile que par le passé car je voulais vraiment tout pousser à fond : vitesse, agressivité, riffs démoniaques tout en apportant de nouveaux éléments à la musique. Il fallait à la fois créer quelque chose d’encore plus bestial en repoussant toutes les limites tout en restant dans la lignée de "Putrid Death Sorcery".

A mon sens, WSC s'éloigne du style du premier album et intègre plus d'influences black metal. Le son de Necrowretch semble redéfinit. On est plus dans le black / death que dans le death old-school pur. Ressentez-vous les choses comme cela aussi ?
Ce n’est pas si important pour nous de savoir dans quel genre on se situe, de toute façon chaque personne va nous sortir un truc différent selon les groupes qu’elle connaît. Nos influences vont de Mortem à Dissection en passant par Marduk ou Dismember. Il est possible que nous ayons un peu dérivé du pur death metal depuis nos débuts, mais on ne se pose pas de questions à propos de ça. Notre seule envie est d’expulser quelque chose de plus en plus bestial et morbide à chaque sortie, et jusque là ça a toujours été le cas. Quand j’écris un morceau je ne me demande pas si ça sonne black ou death, mais juste si ça va être l’enfer quand on va l’enregistrer et la guerre quand on va le jouer live.

WSC est plus brutal que son petit frère mais aussi plus technique. Vous avez franchi un nouveau palier je trouve. D'où est venue cette rage ?
Plus le temps passe plus on est énervé dans notre musique, il ne faut pas espérer que le tempo ralentisse ou que ça devienne plus soft. Je ne sais pas trop d’où ça vient, on se réunit, on joue et tout va très vite avec beaucoup de rage, le tout étant plus fort à chaque live. Je suppose qu’on progresse tout simplement en tant que musiciens et que ça se traduit de cette manière.

Le jeu de Ilmar est vraiment impressionnant. Il brutal, hyper rapide et précis. Son jeu booste vraiment le musique du groupe (sans vouloir discréditer Morkk, votre précédent cogneur). Il est également plus varié et subtil que celui de son prédécesseur et, notamment, lors des breaks et passages plus ralentis où il offre des parties plus mémorisables.
Oui c’est vraiment un plus pour cet album, il apporte au groupe une énergie qui est bien en adéquation avec ce que l’on recherchait. Aussi, sur "Putrid Death Sorcery" je n’avais composé quasiment que des parties de blast, cette fois-ci j’ai pris le temps pour plus aérer certains riffs et pour proposer quelque chose de plus travaillé à celui qui serait derrière les fûts. Pour faire plus simple : il y a plus de couilles et c’est plus vivant.

Vlad, tu as élargi ta palette vocale, où, en plus du chant criard, tu adoptes par moments une voix death plus traditionnelle, voir beuglé, style fin 80's/début 90's, bref le death originel. C'est très efficace et rend les morceaux plus dynamiques et intéressants. Comment cela est-il venu ?
Je ne sais pas trop ce que tu entends par death traditionnel, car le chant sur "Seven Churches" ou "Scream Bloody Gore" est tout sauf beuglé... Après "Putrid Death Sorcery" nous avons joué de nombreux lives et avec le temps j’ai appris à mieux maîtriser mon panel vocal afin d’en sortir les vocaux les plus haineux possibles. De nouveaux timbres ont en effet fait leur apparition sur cet album, il ne faut pas y voir une volonté de changement de style mais bien au contraire une profonde envie de délivrer quelque chose de beaucoup plus extrême que par le passé.

Un chant guttural plus consensuel, disons, à la Chris Barnes (période Cannibal Corpse) ou Glen Benton, ne vous intéresse pas ? Cela n'a pas sa place dans Necrowretch ?
Non, ça ne colle pas avec notre musique, il faut quelque chose de corrosif, de choquant, de poussif, quelque chose qui vienne du fond des tripes.



Vous déclariez vouloir aller plus loin pour ce deuxième album, qu'il serait plus personnel mais aussi plus extrême, pour repousser les limites de votre musique. Des compos plus longues et plus fouillées, une diversité vocale, le développement d'atmosphères (intro cryptique, interlude, titre final plus contrasté que les autres morceaux de votre disco)… On peut dire que le pari est réussi !
Voilà, ça résume bien ce que je viens d’expliquer plus haut !

C'est une nouvelle fois Milovan Novakovic qui s'est chargé de votre artwork. Il est là depuis le début du groupe et a illustré quasiment toutes vos réalisations, depuis la démo "Necrollections". L'identité visuelle du groupe lui est entièrement due. Qu'est-ce qui vous séduit dans son œuvre ?
Comme tu dis, il est à l’origine de toute l’identité visuelle du groupe, et quand vient le temps de la création c’est presque un quatrième membre si l’on peut dire. Dès le début, j’ai capté que ses arts correspondaient à ce que j’avais dans ma tête, j’exprime quelque chose de putride par la musique et lui par le dessin, et au final tout se complète très bien. Pour cet album en particulier, il m’a envoyé la pochette alors que j’avais à peine commencé à écrire l’album, je me suis donc en partie inspiré de son oeuvre pour composer la mienne, et c’était très intéressant de travailler de cette manière-là.

Dans quel état d'esprit êtes-vous avant et pendant un rituel ? Quelle implication personnelle y mettez-vous ?
On y met toutes nos tripes, comme si notre vie était en jeu. Il faut être cohérent avec la musique qu’on défend, et je ne peux supporter de voir certains groupes faire les méchants sur scène pour ensuite faire les clowns. On vit la musique comme quelque chose de très sérieux, c’est n’est pas une simple passion mais vraiment une partie intégrante de notre vie.

Savez-vous comment vos fans vivent votre musique ? De façon plus "détachée", c'est-à-dire comme de simples amateurs de votre musique, ou y a-t-il une compréhension véritable de votre son et de votre esprit ? Y a-t-il une connexion disons plus spirituelle ou cérébrale entre les fans et votre musique ?
Je n’en sais rien, ils font bien ce qu’ils veulent. Il n’y a pas vraiment de profil type d’un amateur de metal extrême, d’ailleurs ceux qui exagèrent le plus sur leur code vestimentaire ne sont le plus souvent que des guignols. Que tu aimes ou non NECROWRETCH, on s’en fout de même que la façon dont laquelle tu l’apprécies, ça ne change strictement rien à notre façon de jouer.

Que pouvons-nous attendre sur le plan scénique pour 2015 ? Avez-vous des pistes de tournées, avec de gros noms peut-être ?
Pas mal de choses sont en préparation, toutes les infos seront balancées sur le Facebook dès qu’elles seront confirmées. Nous sommes déjà confirmés pour Une Nuit En Enfer (Toulouse) et le Hellfest. On compte bien démolir un maximum d’endroits durant cette année !

A terme, souhaiteriez-vous vivre de votre musique (avec Necrowretch ou avec d'autres projets), ou bien, comme les Benighted, ne considérez-vous le groupe que comme un exutoire face à ce monde sans âme qui est le nôtre et que le jour où cela deviendra un business, cela perdra de sa saveur, de son honnêteté, que votre démarche en serait entachée ?
Qu’entends-tu vraiment par vivre de sa musique ? Gagner l’équivalent d’un smic en vente de disques ? En cachets, sur le merch ? Il faudrait vendre des dizaines et des dizaines de milliers de disques par an pour cela. Penses-tu vraiment qu’une musique comme celle que nous jouons a pour but de toucher le grand public ? Et si cela se produisait, alors il y aurait beaucoup de gens à faire soigner. (rires)

Ilmar fait partie de Chaos Echoes et Amphycion de Sanctuaire. Cela n'interfère-t-il pas avec les activités de Necro ?
Non chacun fait sa vie et on fait en sorte de ne pas caler des concerts au même moment.

Pour conclure, je sais que tu as un autre projet goregrind, Graveyard Disturbance. Une démo a été publiée. As-tu d'autres choses de prévues ou ce projet est-il mort et en état de putréfaction avancée ?
Non ce projet est mort et enterré depuis des années. Il s’agissait juste de s’éclater en jouant des covers de Carnage et Carcass, rien d’autre.


Le site officiel : www.necrowretch.net