Interview faite par mail par Man Of Shadows

Bonjour les Mortuary ! Merci de répondre à ces questions pour French Metal. Comment allez-vous en cette froide période qui voit la parution de votre nouvel album "Nothingless Than Nothingness" ?
Jean-Noël (basse) : Salut !! Nous allons très bien. Nous sommes très contents que l’album soit enfin sorti et, contrairement au temps, pour nous ça chauffe pas mal dans la mesure où nous attaquons la promo de l’album…
Alexis (guitare) : Heureux de sortir un album et de renouer avec des questions intéressantes et impliquées.

Il semble que le guitariste Paul n'a pas pris part à l'album (son nom n'est pas mentionné sur la fiche promo). Est-il toujours dans le groupe ?
Jean-Noël : Alors si, Paul a bien participé à l’enregistrement de l’album de A à Z, mais il n’est effectivement plus dans le groupe depuis la fin de l’année 2015. Nous avons préféré mettre un terme à notre collaboration pour des raisons internes au groupe.

Votre signature chez Goregeous Productions est étonnante. C'est un petit label suédois. Pourquoi ce choix ?
Jean-Noël : Nous avons rencontré Martin (manager de Goregeous) lors de notre tournée à Cuba en 2013. Martin était batteur dans le groupe Splattered Mermaids, il a beaucoup aimé MORTUARY, nous avons bien sympathisé pendant la tournée, il nous a parlé de son label et de son intérêt de nous distribuer… En rentrant de tournée, nous lui avons envoyé quelques nouveaux morceaux qui l’ont définitivement convaincu de nous signer !! C’est certes un petit label, mais Martin est quelqu’un de sérieux et de motivé, nous avons confiance en lui, il connaît pas mal de monde et il fera son maximum pour nous distribuer !!

Cette signature vous offre-t-elle des opportunités de concerts ou de promo diverse en suède et en Scandinavie ?
Jean-Noël : Il est clair que cela va permettre à MORTUARY de se faire un peu plus connaître dans les pays nordiques, et il n’est pas exclu qu’une petite tournée en Suède se monte un jour ou l’autre…
Alexis : C’est la force de la musique, faire des rencontres et dépasser les frontières.

Votre cinquième album "Nothingless Than Nothingness" est désormais là après 6 ans d'attente. 7 ans séparaient "G.O.D." d'"Agony In Red" et encore 5 ans séparaient celui-ci de "Eradicate". Comment expliquer ces longs laps de temps entre deux albums ?
Jean-Noël : L’explication est assez simple : Jo, notre batteur, habite au-dessus de Paris et ne peut donc pas être présent toutes les semaines sur Nancy pour répéter… De plus, il a eu pas mal d’examens à passer pour son travail et n’a pu se concentrer à 100% à MORTUARY… A cela s’ajoute l’accident d’Alex l’été 2014 qui a failli lui coûter un doigt !!! Et nous avons également voulu travailler les morceaux pour être vraiment bien prêts en studio !! Tout cela mis bout à bout peut expliquer ce long laps de temps entre les 2 enregistrements…
Alexis : Nous partons du principe qu’il vaut mieux tenter de sortir une bombe (c’est à dire en tirant le meilleur de nous-mêmes) avec le temps et le budget studio qu’il lui faudra, qu’un album bâclé tous les 2 ans juste pour dire "Coucou on est là les gars !". Nous essayons toujours de mettre la barre un peu plus haut à chaque prod' et apprécions vraiment les critiques de ceux qui nous découvrent et ceux qui nous suivent depuis longtemps.
Jo (batterie) : Nous sommes tous satisfaits du travail, l’album a pris du temps il est vrai, mais on peut dire que ça vallait le coup d’attendre.

Vous jouez certains morceaux de "NTN" depuis quelques années déjà. J'imagine que vous avez de nouvelles idées en vue d'un sixième album ?
Jean-Noël : Des idées, oui, mais rien encore de précis pour l’instant… Nous nous concentrons surtout sur le répertoire live, que nous travaillons avec Cédric (également guitariste dans Depraved) qui a aimablement accepté de remplacer Paul provisoirement, en attendant que nous retrouvions un second guitariste.
Alexis : Pat a beaucoup de textes d’avance et on a des sacs remplis de putains de bons riffs à l’atelier.

Votre nouvel effort est du pur Mortuary. On y retrouve votre patte, brutale, sans concession, avec ce riffing particulier. Quelles sont les influences d'Alexis, votre guitariste-compositeur ?
Alexis : Merci, ça fait plaisir d’entendre ça avec après tout ce que l’on donne pour ce groupe ! Quand je suis entré chez Mortu en 1994, j’ai suivi la ligne de route qui était déjà une évidence. J’ai du bossé ce gratté spécifique et ils m’ont fait confiance. Cela s’est mélangé avec tout ce que j’aimais travailler chez de grands groupes comme Metallica, Megadeth, Sepultura, Slayer, Coroner, Obituary…(riffs d’enfer) et au fur et à mesure avec tout ce que les Mortu et leur entourage m’ont fait découvrir. Un univers très underground. Pour ce qui est solo, j’ai un gros faible pour Marty Friedman. Son touché et ses applications rythmiques de gammes étranges. La plupart du temps je m’entraîne sur une guitare acoustique et je suis convaincu que cela apporte énormément au jeu sur une guitare électrique.
Jo : On a tous été bluffés par la musicalité des solos. Celui de "Empty" résume tout.



Le jeu de batterie de Yohann est bluffant. Il est le dernier arrivé au sein du groupe. Pouvez-vous nous le présenter ? Quel son parcours pré-Mortuary ?
Jo : Merci pour le compliment, ça va bientôt faire 10 ans que je suis avec les lascars (ça passe), avant d’intégrer Mortu, j’ai jouais dans d’autres groupes de black / death sur la région picarde (Frenesie). Même si j’écoute du death et du thrash, je suis vraiment influencé par le funk, la soul et le hip pop. C’est ce côté froovy que j’ai essayé d’apporter : ma petite touche personnelle (les jeux de cymbales, subtilités, etc), ce qui a rendu fou notre ingé son durant l’enregistrement de NTN et le reste du groupe pendant toutes ces années !!!!

L'album démarre avec un titre contrasté, servant d'introduction glauque et lourde. C'est un exercice réussi je trouve. De même, les soli de guitare sont magnifiques, très bien écrits. Ce désir de plonger l'auditeur dans une ambiance malsaine était-elle consciente ?
Pat : Tout à fait, nous voulions que l'auditeur entre dans une ambiance clinique, froide avec une lente progression au niveau du riffs appuyés par des vocaux répétitifs. Ce titre permet à celui qui écoute de se plonger de suite dans l'ambiance de l'abum.

Petite surprise pour vos plus anciens fans, le morceau "Morbid Existence" est présent sur "Nothingless Than Nothingnesss". C'est une excellente chose, d'autant que le titre ne dépareille pas par rapport aux autres morceaux. Quelle est l'idée derrière cette démarche ?
Jean-Noël : L’idée est en fait très simple, nous avons fêté les 25 ans d’existence du groupe en 2014 et "Morbid Existence" est l’un des premiers morceaux à avoir vu le jour en 1989, aussi nous avons voulu le reprendre pour marquer les 25 ans en lui insufflant une petite part de rajeunissement, sans pour autant le dénaturer (la structure est la même qu’en 1989).
Alexis : C’est vraiment sympa de rejouer de vieux titres et par la même de faire un clin d’œil aux vieux potes (Max, Régis...) qui gueulent ces titres entre deux "MOTÖRHEAD !!!" depuis 25 ans à chaque fois qu’ils nous voient en concert.
Pat : C'est le morceau avec lequel tout a débuté, c'est un petit clin d'oeil et un hommage à ceux qui nous suivent depuis toutes ces années. De plus, je pense que le morceau s'insére bien dans la playlist.
Jo : C’est vraiment l’hymne de MORTUARY, si tu devais retenir un seul titre je pense que ça serait celui-ci (entre autres).

Depuis "Agony In Red", on trouve sur vos albums un morceau long, plus ambiancé et torturé que les autres. Sur "NTN" trois titres très malsains apparaissent: "Above", "K" et "Kingdom". L'ambition musicale y est décuplée sur ces titres. Que voulez-vous exprimer avec ces derniers, musicalement et textuellement ?
Jean-Noël : En fait, c’est seulement après les avoir enregistrés et écoutés en studio que nous nous sommes rendus compte du côté malsain d’"Above" et "Kingdom", "K" ayant pour moi un côté plus old school que malsain. Il est clair que les quelques parties black sur "Above" (une grande première chez MORTUARY !!) contribuent à accentuer ce côté glauque !! Mais rien n’a été prémédité, les riffs sont venus comme cela, et nous ne nous sommes jamais dits qu’il fallait que ça sonne malsain ou autre, c’est venu naturellement, et nous sommes finalement très fiers de ce rendu !! Ces 3 titres sont de plus très intéressants à jouer, bien que plutôt physiquement intenses !!
Alexis : Hors les arrangements qui sont toujours un travail de groupe, "Kingdom" et "Above" sont pour la plupart des riffs de Paul, il écoute pas mal de black / death. "K" est principalement de Jno, on retrouve ce coté thrash rapide. Sur ce titre, nous nous étions soumis à deux possibilités, soit le break lent assez court ou soit ce break long. Nous avons opté pour le long pour permettre de développer et laissé place à l’expression musicale. "K-aos" ou "Empty" sont essentiellement mes plans, et je pense qu’ils rejoignent l’esprit de l’album "Eradicate" dont nous sommes encore aujourd’hui très fiers.
Pat : "K" et "Kingdom" avec le titre "K-os" font partie de la trilogie qui donne le titre à l'album. L'album au départ devait s'appeler d'ailleurs "K". Je pense que comme les ambiances sonores sur ces morceaux, les paroles ont un rendu froid comme la maladie et la résignation qui sont les thèmes principaux développés dans ces titres. Pour "Above", les ambiances "black" collent parfaitement au sujet traité en l'occurrence cette sempiternelle question que l'on se pose lorsque l'on se sent concerné par une religion quelconque : Serions-nous rééllement en train d'être sauvés ??? Une entité inconnue, invisible veille t'elle sur nous en permanence ?

J'ai particulièrement aimé le dernier morceau "Kingdom", massif, avec un côté sombre, désespéré. Il se démarque franchement et positivement du lot. Quel est l'histoire de ce morceau ? De quoi parle t-il ?
Pat : Comme je le précisais plus haut, ce morceau est l'ultime partie de la trilogie "Nothingless Than Nothingness". Après l'intrusion soudaine et vicieuse de la maladie sur "K-os" et le dialogue avec elle sur "K" ou chacun présente ses forces pour combattre l'autre. L'individu conquis comme une terre par les ravages de la maladie, se terre au final dans son royaume, prêt pour l'ultime combat, appelant à ces cellules de se battre afin d'eradiquer cet envahisseur. L'affrontement ultime a lieu donc dans ce morceau "Kingdom". Mais petit à petit, devant les dégats physiques et mentales de la maladie, et la résignation qui gagne lui même et ses proches, l'homme glisse lentement vers la fin, enseveli dans le néant.

"Tube" est un titre intriguant pour un morceau. De quoi parle t-il ? Il ne s'agit pas de votre tentative de tube de l'été n'est-ce pas ?
Pat : Ce titre traite d'un sujet qui m'est cher. La société de consommation, tout s'achète, tout se consomme. Une société consommable. Nous sommes, vidés de toute humanité et notre âme, des consommateurs qui devenons dépendants de produits que nous amassons. Cette société travaille à créer des manques puis des produits qui nous ferons tomber dans une dépendance à la possession. Tout est sournoisement orchestré pour faire de nous des porte-monnaies sur pattes. De plus de la nature de ce qui est crée pour notre "bien, notre confort et notre épanouissement", tout tend à nous isoler et à faire de nous des proies de plus en plus facile à identifier et à contenter.

Le titre du disque est plutôt nihiliste. Un concept particulier lie-t-il les chansons entre elles ? Si non, quels sont les thèmes abordés ?
Pat : L'être humain face à un monde qui va trop vite pour lui, où tout est fait dans l'urgence sans plaisir et sans partage de façon à être plus productif et rentable. Des produits humanisés avec une âme qui se laisse lentement submerger par le néant . D'autres titres parlent de la capacité qu'ont certaines personnes à se rendre malade, s'inventer des pathologies infectieuses, se greffer des virus afin d'attirer l'attention pour devenir des martyrs modernes ("Pleasuffering"). Puis d'autres où je traite de ces vies qui se ressemble, où le paraître le dispute à l'être, où avoir est plus fort que donner. Toutes ces personnes identiques qui prennent les mêmes chemins, suivent le même discours et vont lentement se ranger, bien propres et bien pliées, droites dans les mêmes tiroirs ("Empty"). Le combat face à la maladie, l'impact des religions sur nos sociétés modernes.

Le groupe suédois Grave a pour habitude depuis quelques années de dépoussiérer de vieux titres issus de ses premières démos des années 80 et de les inclure sur ses nouveaux albums. Pouvons-nous vous voir faire la même chose à l'avenir ?
Jean-Noël : Nous venons de le faire avec "Morbid Existence". Ca a été le cas également avec "Organ", issu de notre troisième démo et que nous avons réenregistré sur notre deuxième album "Eradicate". Nous n’avons rien décidé quant à l’éventualité de réenregistrer de vieux morceaux, mais rien est figé, et certains titres mériteraient un petit décrassage… Mais la priorité dans les mois à venir sera bien sûr de nous concentrer sur la composition de nouveaux morceaux.
Alexis : Je ne cracherais pas sur un "Mummified For Eternity" sur la démo "Mortified Faces". Le morceau qui a lancé Nile ! Ah ah !!!! Pour 25 000 dollars ils peuvent tourner avec nous s’ils veulent. CONTACT US QUICKLY at "Mortuary management and touring".

Concernant l'enregistrement de "NTN", vous vous êtes rendus chez Gorgor, batteur de Phazm, aux Studios de la Forge. Son nom est encore peu cité dans le milieu de la production bien que son travail pour le dernier Wheelfall soit excellent. Qu'est-ce qui vous a décidé à lui faire confiance pour votre album ?
Jean-Noël : Déjà, nous répétons chez lui et nous avons appris à bien nous connaître depuis de nombreuses années. Il faut également savoir que pour "G.O.D.", notre précédent album, la basse, les guitares et le chant ont été enregistrés chez Gorgor, mais dans son ancien studio… Le but était de tout faire de A à Z aux Studios de la Forge afin d’obtenir quelque chose de cohérent… Gorgor est quelqu’un de très sérieux, ouvert, il est force de propositions et il n’a pas hésité à nous pousser dans nos derniers retranchements pour obtenir le meilleur de nous-mêmes !!!! Inversement, nous l’avons poussé à se surpasser pour le mixage sur plein de petits détails, et le résultat qui en est ressorti dépasse toutes nos espérances !!!! Un grand merci à lui !!! Je ne peux que conseiller des groupes qui cherchent un studio d’enregistrement à le contacter, ils ne seront pas déçus !!!
Alexis : Gorgor et un très bon zicos et humainement très riche. Il n’hésite pas à donner son avis sur ce qui va ou ne va pas avec diplomatie et s’investit à 100% dans les projets.

La pochette de "NTN" est superbe et la plus belle que vous ayez jamais eu. Elle rappelle celle du "Act II: Undermine" de Crusher. Elle va de pair avec le titre de l'album. Qui en est l'auteur et que représente-t-elle symboliquement ?
Pat : Merci du compliment. Elle est l'oeuvre d'un artiste français Bernard Dumaine et finlandais Marko Ikavalko qui ont collaboré ensemble dans le cadre de la série "Exquisite Corpse". Elle représente la fragilité de l'homme et de la femme par la nudité et la fragilité lorsqu'en eux, ils portent la maladie durant toute leur existence et qu'ils baignent dans un néant tourmenté qui n’a de cesse de vouloir les ingurgiter, les ensevelir et les digérer



Parlons à présent du live. En Août 2013, vous avez fait une tournée à Cuba avec d'autres groupes français. C'est une expérience inédite pour des groupes de metal français. Pouvez-vous revenir sur les détails de cet évènement et nous livrer vos souvenirs ?
Jean-Noël : Très dur de résumer en quelques phrases ce qu’a été cette expérience live à Cuba… C’était donc dans le cadre du Brutal Summer Fest 2013, organisé par David Chapet, que nous remercions une nouvelle fois pour son implication dans la scène metal à Cuba. C’est un festival itinérant qui rassemble 5-6 groupes européens, voire mondiaux (pour cette édition, nous étions 3 groupes français, 1 belge, 1 suédois et 1 chilien), avec des groupes cubains différents chaque soir. La tournée a duré 12 jours avec 7 concerts dans des villes différentes à chaque fois. Pour MORTUARY, c’était la première fois que nous réalisions une vraie petite tournée, mais à 10 000kms de la France, c’était assez incroyable !!! Au final, ce ne fut que du bonheur, plein de rencontres extrêmement intéressantes, que ce soit avec le public local, très jeune et très avide de nouvelles musiques, dont le metal fait partie (nous avons même rencontré des fans qui connaissaient MORTUARY, alors qu’Internet à Cuba est interdit aux particuliers, il faut aller dans des cybercafés où la connexion est hors de prix !!!), ou que ce soit avec les groupes qui nous ont accompagnés durant ce périple !!!! De bons délires, de bons concerts, de bonnes surprises (les groupes metal cubains ont un niveau technique musical largement au-dessus de ce que l’on pensait voir…), je ne peux que conseiller à tous les groupes intéressés de se faire connaître auprès de David… Par contre, il ne faut pas s’attendre à gagner de l’argent, tout est à fonds perdus, il faut savoir que les concerts là-bas se déroulent dehors, ils sont gratuits car le niveau de vie est très faible à Cuba (le salaire moyen est d’à peine 30€/mois !!!!), les jeunes n’ont donc pas d’argent pour venir aux concerts… Le seul concert payant (environ 0,60€ !!) a eu lieu dans la capitale, La Havane, ce fut également le seul concert à se dérouler en intérieur, dans de très bonnes conditions live (comme à chaque fois d’ailleurs) !!!
Alexis : Un petit mot pour nos frères cubains qui aimeraient pouvoir parler, voter et se payer un billet d’avion pour venir vous faire découvrir leur musique et vous connaître : "DICTATOR SHIT !" , j’espère sincèrement que les nouvelles négociations avec les pays capitalistes ne seront pas pas seulement aux bénéfices de la dynastie. Que ceci leur apporte du travail et non pas des étrangers qui viennent tirés profit du potentiel de l’île et que cela pourra leur permettre de sortir de leur beau caillou au milieu de l’océan. Je ne suis pas capitaliste ni communiste, je suis lucide. 

Une nouvelle tournée là-bas est-elle possible ?
Jean-Noël : Pourquoi pas ? Je pense que David a pas mal de demandes et qu’il privilégie les nouveaux groupes aux anciens… Mais si un jour il nous propose de revenir, il est fort probable que nous y retournions !!
Alexis : Ou peut être la Sibérie. "Extreme music for extremes countries", on va attendre encore un peu pour la Syrie.

Vous avez joué à la première (et dernière ?) édition du Lezard'Os Fest. Quel souvenirs en conservez-vous ?
Jean-Noël : D’un point de vue "groupe", nous en gardons un excellent souvenir, une organisation sans faille, une association dévouée pour tous les groupes, des conditions sur scène géniales, bref, rien à dire sur l’organisation de cette première (et je n’espère pas dernière) édition !! Evidemment, du côté de l’organisation, beaucoup de points noirs pour cette première, déjà le temps pourri pendant 3 jours, un public qui n’a pas osé se déplacer malgré la qualité de l’affiche sur les 3 jours (avec entre autres Decapitated, Pestilence, Onslaught, Loudblast, Napalm Death, Benighted…). Pourtant, le prix était très attractif, le site excellent (dans le parc d’un château !!), camping gratuit juste à côté… C’est vraiment dommage que ça n’ait pas marché… En tout cas, je renouvelle mes félicitations et mes remerciements à l’association du Lezard'Os, Yann à sa tête, en souhaitant de tout cœur qu’ils puissent se relever et nous revenir avec une seconde édition, ou tout au moins nous réorganiser quelques bons petits concerts à St-Dizier !!!
Alexis : Les retours de notre prestation étaient motivants, et juste après on se prend Decapitated dans la gueule. Une belle journée sous la pluie ! Rock’n'roll !!! GRAND MERCI à toute l’orga.

Une release party est prévue pour fêter dignement la sortie de "Nothingless". Pouvez-vous nous en dire plus ?
Pat : Elle a eu lieu au No Man's Land, un petit café dans lequel nous avons déjà joué et où l'ambiance est vraiment très bonne. Cela nous a permis de voir la réaction du public par rapport aux nouveaux titres.
Alexis : Mission accomplie ce 13 Février, de très bon retours et une bonne fête entre frères métalliques.

Avez-vous d'autres nombreux plans pour défendre le nouvel album ?
Pat : Plusieurs dates sont déjà bouclées comme au mois de Mars sur Reims, Laigneville et dans les Ardennes. Nous avons pas mal de plans en attente sur Mai et Juin. Une petite tournée avec certainement Mithridatic de Saint -tienne. Nous avons aussi contacté certains festivals

Mortuary au Hellfest en 2017, cela vous plairait-il ? Vous avez en tout cas une belle carte de visite avec "Nothingless"...
Jean-Noël : Oui, c’est sûr que l’on aimerait bien… Nous avons postulé pour l’édition 2016, mais n’avons pas été retenus… Difficile de jouer au Hellfest si on ne connaît pas les bonnes personnes… Peut-être que l’album pourrait en effet constituer un déclic, croisons les doigts !!
Alexis : Le "Metal Corner" serait cool.
Pat : Ce serait très enrichissant de se produire devant autant de peuple.

Depuis quelques années, avec l'apparition d'internet, la scène metal a explosé partout dans le monde. Les groupes se sont multipliés comme des lapins. La concurrence est plus rude qu'auparavant. Réussissez-vous à mieux tirer votre épingle du jeu à la vue de votre passé ?
Jean-Noël : Je ne pense pas que notre longévité nous serve ou nous desserve… Nous sommes noyés dans la masse et n’avons qu’à espérer qu’un maximum de personnes s’intéressera et écoutera notre album, et qu’après cela, les gens viendront nous voir en concert !!
Pat : Nous ne sommes pas en compétition avec tel ou tel groupes, juste le plaisir de faire de la musique. Ce qui est important, c'est que le niveau français a considérablement évolué et progresse encore et que l'on peut être fier de notre scène !

De même, les lieux accueillant les concerts metal sont de plus en plus rares. Est-ce plus facile de trouver une date quand on s'appelle Mortuary ou cela reste t-il un combat perpétuel ?
Jean-Noël : Non, le fait de s’appeler MORTUARY ne nous aide pas plus que ça… Il est vrai que certaines associations nous contactent parce qu’elles nous connaissent, après, c’est des fois difficile de s’accorder sur les conditions (cachet, défraiement, logement...). Il devient de plus en plus difficile de jouer live dans de bonnes conditions, les salles se raréfiant (comme tu l’as souligné dans ta question) et le public se déplaçant de moins en moins nombreux, préférant les festivals d’été aux concerts au fil de l’eau le reste de l’année…

A présent, j'aimerais discuter avec vous sur votre "statut". Vous avez 27 ans d'existence, une carrière bien remplie et votre nom reste profondément ancré dans l'underground français et lorrain. Mais vous n'avez jamais atteint, dans l'inconscient collectif, le niveau d'un Loudblast, d'un Massacra ou d'un Mercyless alors que vous le méritez. Comment voyez-vous cela ?
Jean-Noël : D’abord, merci pour ce compliment, ça nous fait très plaisir !! Je pense que, contrairement aux groupes précités, nous n’avons pas eu la chance de connaître les bonnes personnes au bon moment. De plus, nous sommes peut-être arrivés un peu tardivement sur la scène metal française et européenne, des fois ça se joue à pas grand-chose.. Et il faut ajouter à cela une sacrée poisse qui ne nous a jamais quittés depuis nos débuts et qui a considérablement ralenti notre progression !!!! Nous sommes en tout cas fiers d’être encore là après toutes ces années, surtout sans avoir splitté !! Et nous espérons pouvoir fêter nos 30 ans d’existence en 2019 !!!
Alexis : Il est clair que nous prenons toujours notre pied en jouant du Mortu.

Pensez-vous que Mortuary soit né un poil trop tard et que cela vous ai empêché d'obtenir une plus grosse part du gâteau ?
Jean-Noël : J’ai répondu à cette question juste avant, désolé, je n’avais pas vu… La réponse est donc oui, je pense que nous sommes arrivés un poil trop tard…
Alexis : D’autant plus que le but principal de MORTUARY n’a jamais été de devenir les meilleurs et vendre à tout prix. Il est certain que si demain nous vendons 5000 albums en France, nous en serions les plus heureux. L’aventure humaine a toujours été privilégiée. Nous avons tous un boulot qui nous permet de vivre notre passion à 100%  et avoir le choix de ce que l’on souhaite faire et devenir.

Pensez-vous que votre carrière puisse faire un bond en avant avec "Nothingless" et Goregeous Productions ?
Jean-Noël : Un bond en avant est peut-être un peu excessif, nous espérons tout simplement que ce disque nous aidera à encore plus nous faire connaître, non seulement en Europe, mais aussi dans le monde entier !!! Et pouvoir décrocher plus de concerts car nous voulons jouer live, c’est là que MORTUARY prend toute son ampleur !!!

Un mot sur l'actualité récente et brutale qui a touché notre pays en Novembre dernier ? Comment vivez-vous cela en temps que français et en temps que musiciens auteurs d'une musique brutale ?
Jean-Noël : Que dire de plus ? C’est triste d’en arriver à ce stade à notre époque… On ne peut plus sortir boire un verre, aller s’éclater à un concert ou à un match de foot sans voir cette épée de Damoclès au-dessus de nos têtes, et qui peut s’abattre à tout moment !!! Cette fois, les terroristes s’en sont pris au peuple français en général dans ses distractions, pour bien nous faire comprendre que plus personne n’est à l’abri (si des fois on en doutait encore…) !! C’est ce qu’est devenu le monde, bien malheureusement… En tant que musiciens, seule notre musique est brutale, elle n’a d’autre but qu’être un défouloir vécu par des passionnés de musique !!! Désolé de ne pas jouer une musique plus calme, ce n’est pas notre envie et ça ne le sera jamais !!! Mais à notre niveau, nos armes sont nos instruments et ne font pas couler le sang d’innocents (sauf dans certains pogos trop chauds, ha ha !!!).
Alexis : Comme quasi vous tous, nous ne changerons jamais et sommes pour la paix des peuples, la tolérance et la liberté d’expression. Si nous faisons cette musique c’est sûrement que dans nos tripes bouillonnent toute cette injustice et cette impuissance que nous livre ce monde tous les jours.

Pouvez-vous nous révéler vos derniers coups de cœur musicaux ? Qu'écoutez-vous en ce moment ?
Jean-Noël : Je suis personnellement fan de thrash et à l’heure actuelle, je me délecte d’écouter toute cette nouvelle vague de jeunes (et moins jeunes !!) groupes thrash, certains étant très très talentueux, mais malheureusement noyés dans la masse !!!
Alexis : Dezaztre Natural (chili), Deficiency, Wheelfall, Boneyard Loan et La Petite Soeur (France), Rival Sons, "Harmony Corruption" de Napalm death (eh oui encore, 26 ans c’était hier).
Pat : Between The Buried And Me, Cattle Decapitation, Archspire, Protest The Hero, DMG...
Jo: Le dernier Kanye West "The Life Of Pablo", Ed Motta "Perpetual Gateways", Marta Ren And The Groovelvets "Stop Look Listen".

Merci encore pour votre temps. Le mot de la fin est pour vous !
Jean-Noël : Merci beaucoup pour cette interview très intéressante !!! En espérant rencontrer plein de fans à nos futurs concerts !! STAY BRUTAL !!!
Alexis : Vive le metal, vive la France, vive French Metal ! 
Pat : Merci à vous et longue vie car la scène française a aussi besoin de gens comme vous. Respect pour votre travail.
Jo : Merci à vous et on espère vous voir nombreux pour nos futurs concerts.


Le site officiel : www.facebook.com/mortuarynancy