Interview faite par mail par Ichigo

Salut ! La traditionnelle question de présentation s’impose, pour débuter !
Stamos (guitare) : Salut, ici Stamos, guitariste de MENCEA. Tout d’abord, merci beaucoup de parler de nous dans ton webzine. MENCEA est un groupe de cinq membres qui font du modern death metal progressif. Nous sommes originaires d’Athènes, en Grèce. En Novembre 2008, nous avons sorti notre premier album, intitulé "Dark Matter Energy Noir" chez le label Norvégien Indie Recordings.

D’où nous vient ce nom ? Mencea ?
Le nom du groupe n’a pas vraiment de signification littérale, ce qui était convenu lorsque nous cherchions un concept pour trouver un nom. Nous ne voulions être associés ni à un mot, ni à son sens ni à son image vu que nous ne pensons ne pas avoir besoin d’adopter un mot s’il devra par la suite déterminer ce que nous faisons. Les groupes devraient grandir et évoluer musicalement, et les contraintes telles que l’image, le concept des paroles et la catégorisation ne serait-ce que par le nom freinent l’évolution artistique et la liberté. Par exemple, je ne voudrais probablement pas porter de masque, chanter au nom de Satan ou écrire au sujet de batailles épiques à 45 ans… Et quoi qu’il arrive et où que je sois, je pourrai repenser au passé avec contentement et sans aucun embarras !

Il s’est passé quatre ans entre votre formation et la sortie de votre premier album. Pourquoi avoir attendu si longtemps ?
En fait, il était toujours question de distance entre les différents membres, en plus du service militaire que nous devons faire, ici en Grèce. A part ça, nous ne voulions pas non plus précipiter les choses, de même que nous n’essayons pas de nous agripper à un style de groupe à la mode. Pour nous, l’album a été un moyen de nous rassembler. Enregistrer et mixer ne nous a pas pris plus qu’un mois, ce sont surtout l’écriture et les arrangements qui nous ont demandé plus de temps : nous étions conscients que les compositions originelles pour un groupe de notre style ne passent pas souvent l’épreuve du temps, donc nous avons attendu de sentir que nous étions plus mûrs avant d’écrire un album.

Parlons-en alors ! Peux-tu me présenter de "Dark Matter Energy Noir" ?
Bien sûr ! L’album est constitué de 8 pistes, dans la veine du death metal progressif, les soli de virtuoses pour se la péter en moins. J’aimerais penser que c’est une offre plus complexe que ce dont elle aurait l’air au départ… En d’autres mots, beaucoup de subtilités se cachent en dessous de sa surface, donc l’album rapporte beaucoup plus au bout de plusieurs écoutes. Nous accordons beaucoup d’attention aux aspects groove de la musique, mais aussi aux différentes émotions et humeurs que chaque chanson dont chaque chanson est représentative. Je pense que si on devait dessiner un graphique de l’album, on y inclurait beaucoup de hauts et de bas, beaucoup de couleurs et de variations. Ce n’est définitivement pas un album qui provoquera un déclic chez tous les amateurs de metal traditionnels, mais la vérité est que les gens sont beaucoup plus ouverts à différentes approches musicales de nos jours… Donc de plus en plus de gens que nous n’aurions pas soupçonnés d’accrocher à notre album, accrochent quand même à notre plus grande surprise !

Votre musique a quelque chose de frais et apporte de nouveaux éléments, surtout par le biais de ce côté "expérimental". Quels étaient vos lignes de conduites lorsque vous écriviez l’album ? Et à présent, en êtes-vous totalement satisfaits ?
Bon nombre de nos buts étaient d’aboutir à quelque chose de mentalement challengeant que nous pourrions apprécier tout en mettant y mettant notre âme. Nos influences étaient des groupes qui conduisaient le metal hors des frontières prédéfinies, tout comme vos géniaux Gojira qui ont tout juste sorti "From Mars To Sirius" (Ndlr : en fait non, il s’agit bien sûr de "The Way Of All Flesh"), Opeth, Cynic, Strapping Your Lad, Devin Townsend, ou les puissants Meshuggah (qui ne peuvent être copiés de personne d’aucune manière). Nous n’aimons pas les clichés en musique, opinions et modes, et nous nous arrangeons pour apporter notre propre version de quelque chose qui ne soit pas passé de mode, quelque chose d’un peu plus audacieux et aventurier. Ce n’est pas toujours de cette manière qu’il faut agir si on veut percer dans le metal, mais nous n’éprouvons pas de folie des grandeurs dans notre groupe. Nous voulons rester concentrés sur ce que nous faisons, l’apprécier et tenter le coup pour le meilleur. Quoiqu’il advienne, ça sera plus que bienvenu !

Pourrais-tu m’en dire plus sur la notion d’énergie qui est cruciale pour cet album. Quelle importance a-t-elle pour le groupe ?
C’est un concept intéressant je trouve. Et en regard de cela, on peut en tirer des conclusions significativement différentes en fonction de notre existence et de comment les choses fonctionnent dans la vie de chacun. Pour être honnête, je ne sais pas vraiment comment ça se fait que quelque chose comme ça soit réellement "passé" chez l’auditeur via la musique ou les paroles. Néanmoins, pour nous c’est plus une sorte de déclaration à travers notre musique pour dire que nous sommes du côté des gens qui ont conscience de l’énergie, de la transcendance, et qui sont avertis spirituellement.

La couverture est également géniale ! Que vouliez-vous exprimer avec, et qui s’est chargé de la réaliser ?
Elle a été montée par Marcelo HVC (PoinonedToReality) sur base de quelques images que nous lui avons données. Une représentation visuelle de la direction de l’album était notre but premier, et le fait d’avoir le nom de l’album bien longtemps avant d’avoir la moindre idée de pochette a influencé notre perception du côté visuel des choses.



Le label Norvégien Indie Recordings, est toujours jeune. En êtes-vous satisfaits ?
Jusqu’à maintenant, oui ! C’est un label dont l’expansion est rapide et qui a sa propre distribution de par le monde à présent. Je trouve qu’ils ont une approche totalement différente de celle des autres labels. Ils sont respectueux envers les artistes et ils travaillent avec un réseau de promoteurs de haut niveau en Europe. Bien qu’il n’y ait que nous sur leur liste qui ne soyons pas Norvégiens, ils ont été sympa avec nous.

"Dark Matter Energy Noir" a été mixé par Daniel Bergstrand et masterisé par Georges Marino. Comment cela s’est-il passé avec eux ?
Avec des professionnels comme eux, ça ne peut que superbement se passer. Daniel est connu pour son travail avec énormément de groupes et il a plus d’un tour dans son sac à disposition, c’est un chouette gars avec lequel on a pu travailler. Georges Marino est une véritable légende, il a collaboré avec des groupes allant de Led Zeppelin à Metallica tout en gardant une approche plus old school pour le son. Il était vraiment au top du mastering lorsque le metal est né alors c’était l’homme qu’il nous fallait. La leçon la plus importante que nous avons apprise, c’est qu’un album de metal n’a pas besoin d’être écrasé et compressé en vue de sonner tellement fort que personne n’ait besoin de lever son cul pour monter le son. La qualité prime sur la puissance du son. Personne ne s’est jamais plaint des albums de metal non masterisés avant les années 90’, donc nous ne voulons pas être un de ces groupes ancrés dans la surcompression et un son trop fort qui pourrait même finir par nous porter préjudice. Seul la stéréo doit monter jusque 11, pas le compresseur.

Quels sont vos projets live pour l’instant ?
Nous avons donné quelques concerts l’année passée après que l’album soit sorti, notamment l’Inferno Metal Festival à Oslo ; de même que son coup d’envoi, le Hammerfest au Pays de Galles et le Rocking Athens Festival aux côtés de Heaven And Hell, Testament et Gojira. Nous avons également fait quelques premières parties par ci par là, mais nous n’avons pas booké de tournée assez tôt à cause de la date de sortie de l’album. A présent nous récoltons des fonds pour avoir l’opportunité de tourner plus avec le deuxième album, qui est actuellement en cours d’écriture.

Que penses-tu de la scène metal Grecque d’aujourd’hui ?
On dirait que le metal avance plutôt bien, mais pas en Grèce malheureusement. Je veux dire, beaucoup de groupes Grecs ont bien grandi ces dernières années, encore heureux parce que sinon les gens ne trouvent aucun intérêt à écouter ou soutenir leurs propres groupes, puisqu’ils n’ont pas de passeports étrangers. Pourtant le mouvement underground est plus fort que jamais, bien qu’il n’y ait pas beaucoup d’opportunités pour les groupes de se faire un nom : étant donné qu’il n’y a que très peu de salles, jouer ici demande beaucoup d’argent. Payer pour jouer est une pratique commune de nos jours, et ce partout si on veut être réaliste ; ce que les salles offrent ici est loin en dessous du minimum standard mais pour que les groupes s’amusent quand même pendant leur show plutôt que d’être en état de détresse parce que les ingénieurs sont différents, on vend des boissons "marrantes" au bar, enfin des trucs du genre…

As-tu acheté quelques nouveaux albums récemment ? Si oui, lesquels préfères-tu ?
Je n’ai pas acheté tant de CD’s que ça ces derniers temps vu que j’essaye de ne pas écouter trop de musique lorsque je suis dans un mode d’écriture. Mais je peux certainement recommander quelques trucs qui déchirent et que j’ai acquis il n’y a pas si longtemps : Death’s Breath "Let It Stink" (si tu es fan de death cru et primaire), "Death Is This Communion" de High On Fire, et l’un des albums les plus importants dans le modern death pour moi, "Organic Hallucinosis" de Decapitated.

Merci pour cette interview, nous vous souhaitons le meilleur avenir possible et vous disons à bientôt ! Quelque chose à ajouter pour vos fans Français ?
Merci de m’avoir accordé ton temps, ce fut un plaisir. Mes salutations à la scène metal Française qui ne cesse jamais de grandir !


Le site officiel : www.myspace.com/mencea