Salut on va commencer de façon classique avant d’entrer dans le vif du sujet, peux-tu présenter le groupe aux lecteurs de French Metal ?
Anthon Norwell (guitare) : Salut David, MEMORY OF SILENCE est né en 2011, suite à la séparation d’Endless Sea (groupe de metal mélodique, emmené par un chant féminin). Thomas et moi-même avons décidés de continuer en formant MEMORY, en s’orientant plus vers le metal progressif. Nous sommes 7 en tout, Thomas Sommer : claviers (Memories Of A Dead Man), Romain Castel : batterie (Inepsys), Doofy : basse, Sam Guerrier : chant lead (Into The Deep), Anck Iskandar : chant lead (Uncolored Wishes), Julie Lunel : chœurs, et moi aux guitares.

Premièrement, ce qui m’a sauté aux yeux, c’est l’excellente qualité de la pochette, si je ne m’abuse c’est un thème maritime, non ? Pourquoi ce choix et qui est responsable de cette superbe création ?
Non ce n’est pas un thème maritime, ce sont des images mêlées d’endroits où des corps ont été retrouvés suite à des actes horribles qui ont été commis par des "serial killers". Ont peut y apercevoir un pont, ainsi qu’une lettre sur le côté qui est un véritable écrit, laissé par un tueur au côté de sa victime. L’artwork est signé par Lucien Siemes qui a suivi les idées définies dans certains textes afin de créer cette belle cover…

"Electric Madness" est un bon choix pour ouvrir l’album car c’est comme on disait dans le temps : "un hit potentiel". Est ce que l’ordre des morceaux qui figurent sur l’album s’est fait de façon spontanée ou est-ce le fruit d’une longue méditation ?
Avant même que les titres ne soient chantés, j’avais ma petite idée sur la tracklist, et le titre "Electric Madness" arrivait en tête, les mélodies sont très accrocheused sur ce titre, bien qu’au final j’ai hésité avec "Paradoxical Activity". Pour le reste de la tracklist, les titres ont trouvé assez facilement leur place, je pensais y passer beaucoup plus de temps. (rires)

Peux-tu me parler un peu du déroulement et de la production de "Hypnotic Silence" ? Car il y a quand même pas mal d’intervenants.
L’enregistrement nous a pris 4 ans. Les démos partent de chez moi, pour enfin passer dans les mains de Thomas. Thomas et moi sommes à la base de toute la composition, ensuite le travail de groupe peut commencer. C’est en fait les diverses participations qui nous ont pris du temps, organiser l’enregistrement de presque 12 guests n’étaient pas jouer d’avance, mais ça en valait la peine.

Parmi les intervenants justement, il y en a un qui est très connu dans le milieu metal, un certain R. Hantson, comment s’est faite cette collaboration avec lui et qui a eu l’idée de faire venir plein de personnes pour collaborer à ce projet ?
Pendant l’enregistrement de "Hypnotic Silence", il y a eu un moment de pause, nous avions 9 titres enregistrés qui attendaient leurs voix. Ce temps était nécessaire à la composition des lignes de chant, sur des titres très denses !! Pendant cette période, je me suis dit qu’il serait sympa d’avoir un ou deux guests sur cet album. J’ai donc envoyé 14 propositions à des guitaristes, claviéristes, bassistes, et chanteurs que j’aimais beaucoup, que ce soit des artistes déjà connus ou d’autres moins connus, mais que j'apprécie pour leur travail. Je n’ai eu au final que deux refus (les plannings ne correspondaient pas). Je ne pensais pas avoir autant de réponses positives (rires) Dans les guitaristes, il y avait Michael Zurita (Satan Jokers, Furious Zoo, Renaud Hantson). A la réception de son solo ("Strange Meditation"), je me suis payé le culot d’envoyer un morceau à Mr Renaud Hantson (dont je suis un très grand fan). Le soir-même il m’a téléphoné (le choc de ma vie) (rires), pour me dire qu’il aimait beaucoup, en me proposant de venir enregistrer chez moi (deuxième choc, le troisième est arrivé quand il a chanté dans ma salle à manger, sur mon titre). (rires) Nous sommes très fiers que tous ces artistes nous aient fait confiance, c’est véritablement une expérience très enrichissante…

La densité musicale des compositions est impressionnante, combien est-ce que ça a pris de temps pour avoir la totalité des morceaux et se dire "Ok, on ne touche plus à rien" ?
Alors là, tu mets le doigt sur quelque chose de très sensible. (rires) Jusqu’au master, la question s’est posée, nous avons allégé quelques guitares et quelques claviers. Thomas est quelqu’un de très productif, débordant d’idées et je ne suis pas mieux... (rires) Mais au bout d’un moment il faut se dire "Allez, on y va, c’est l’heure". Comme disait  Joe Satriani à propos de son premier album : "Si je m'étais écouté, je serais toujours en plein enregistrement de mon premier album !!". Je trouve que ça résume bien. (rires)

Le mélange technologie actuelle et instruments plus classiques pour du metal prog est parfaitement dosé, mais là encore, d’où vient cette idée d’intégrer cet univers un peu spatial à la musique ?
Je pense que cela vient surtout des claviers, Thomas est très attiré par les sons electro et ambiants, de mon côté j’aime le côté plus classique. Il y a des passages que j’ai composés à la guitare qui étaient plus à mettre en valeur de façon classique et d’autres qui méritaient d’être appuyés par des ambiances plus aérées et spatiales. Thomas a su trouver les bons endroits !!

"Shaman Dance" est une ballade, est-ce difficile de sortir des ballades actuellement, et des bonnes surtout ? Il y a toujours le risque de faire du "déjà-vu", non ?
Absolument d’accord avec toi, d’ailleurs il n’était pas prévu de ballade sur cet album, au début en tout cas. Une fois tous les titres enregistrés, Sam m'a proposé de faire un titre guitare / voix. J’ai trouvé l’idée bonne mais dangereuse, j’ai donc essayé de composer un titre qui serait digne du reste de l’album, au final Thomas a posé des claviers et nous avons ajouté des "solos" très aériens, ce qui donne une ballade plutôt sensible et envoûtante, il me semble.

J’entends des influences des 70's dans les compos, quelle a été l’influence de cette époque sur ce qu’on peut entendre sur "Hypnotic Silence" ? Les années 70 et le space rock ou psyché rock sont-ils ta tasse de thé ?
Je suis un très grand fan de cette époque, surtout des Pink Floyd et de la scène psyché, j’écoute également beaucoup de rock progressif, qui est aussi très influencé par cette période, cela explique peut-être ton ressenti. Thomas a également beaucoup d’influences dans cette période, ce qu’il nous prouve par certaines ambiances très typées.

Le morceau "Memory Of Silence" est uniquement fait d’un chœur feminin, excellent d’ailleurs, mais tu vas devoir m’avouer deux choses. L’intro du morceau a été inspiré du film "Halloween"  ou pas ? Et j’ai l’impression d’entendre un peu le thème modifié du film "Midnight Express" vers 1 minute. Alors, je suis un grand perturbé ou pas ?
Je suis un fan des deux films et de leurs thèmes respectifs, le titre "Memory Of Silence" est vraiment particulier. J’ai composé les guitares rythmiques, puis j’ai fait appel à des "guests", le line-up  est différent du reste de l’album. Au claviers, Nicolas Coquin (Andsee), qui est donc l’auteur inspiré du mix "Halloween" / "Midnight Express" (rires), Maxime Samson à la basse, Steve Martinez et Karl Kb aux guitares solo, il ne reste que Romain à la batterie et moi derrière tout ça. Pour l’intro de ce titre, on m’a aussi cité "L’Exorciste", comme quoi le mix d’ambiances de films est plutôt réussi. (rires) J’avais envie d’intégrer des ambiances un peu égyptiennes voire orientales. Le travail sur les voix féminines était moins évident. Je voulais m’en servir en les mixant comme des claviers, une sorte de nappe supplémentaire, servant l’ambiance du morceau.

Ressens-tu un peu de stress par rapport à la sortir de l’album de Memory Of Silence ? Car c’est quand même une mise à nu de son inspiration et de ses idées musicales la sortie d’un disque, non ?
Oui, complètement, nous avons tout donné. Tant au niveau émotionnel qu’investissement psychologique. Le stress est à mon avis nécessaire de toute façon. Rien n’est gagné d’avance, les premières critiques me stressent profondément… Une très belle aventure de par les rencontres que cet album nous aura permis de faire, une formidable aventure musicale où nous avons pris un plaisir immense à composer des morceaux, sans aucune retenue…

Comment aimerais-tu que l’auditeur appréhende l’écoute de l’album ? Pour ma part je l’ai un peu pris comme un voyage. Malgré le thème de la pochette plutôt ancré sur la mer, il m’a un peu emporté vers le spatial (non, je ne me shoote pas et je ne bois pas non plus !).
(rires)… Je pense qu’il faut plusieurs écoutes afin que le voyage soit complet. Je suis très touché par ta remarque car c’est ce type de réaction que nous visons. Les titres peuvent parfois être brutaux tout en étant mélodieux. Un univers complexe qui ne saurait vivre sans véritable mélancolie (je te jure que je ne me shoote pas non plus et que je n’ai rien bu aujourd’hui, ou pas encore). (rires)

Quand tu réécoutes le disque, y a-t-il déjà des plans insatisfaisants et que tu aurais fait de façon différente ?
Il y a quelques plans que je jouerais différemment aujourd’hui. Je pense que je serais plus aérien sur certain riffs (j’ai enregistré les guitares rythmiques en Juillet 2012). Ensuite, je retravaillerais le mix de batterie.

Vu le nombre d’idées qui fourmillent durant les 11 titres de l’album, l’heure est au repos ? A la composition ?
Nous travaillons actuellement à la composition du prochain album, j’ai déjà 3 titres en version "démo". Nous ne voulons pas aller trop vite. Thomas est moi réfléchissons à la construction du successeur de "Hypnotic Silence". Pour ma part, je suis sur l’enregistrement d’un album solo, "The Norwell Project", qui sera bien loin de l’univers de MEMORY OF SILENCE.

Memory Of silence live, ça va se faire ? Des plans de prévus ? Ou n’est-ce qu’un projet qui restera purement studio ?
MEMORY OF SILENCE est un groupe composé de musiciens issus de la jeune scène metal actuelle. Ce n’est pas évident de nous rassembler, mais nous avons très envie de le faire vivre sur scène. Dès que l’occasion se présentera, vous pouvez compter sur nous ! En attendant, la composition du deuxième album va se faire…

Voilà, on arrive sur la fin, je te laisse conclure à ta façon et en me disant ce que l’album représente à tes yeux.
C’est l’aboutissement de 4 années de travail, de doute, de rires. Je me suis tellement impliqué dans cet album qu’il est comme mon propre enfant. Il respire la sensibilité, la colère, la mélancolie, la vie d’un être peut-être… tout simplement. Les musiciens qui font partie de ce groupe ont tout donné. Chaque note est réfléchie, chaque mélodie de voix aussi. C'est ma plus belle aventure ! Merci à toi David et à toute l’équipe.

Le site officiel : www.myspace.com/memory.of.silence