Interview faite par Zemurion à Lyon.

Je suis aujourd'hui avec le groupe Lòdz à l'occasion de la sortie de son nouvel album intitulé "Time Doesn't Heal Anything".

Bonjour les gars. Nous suivons votre travail depuis le début mais c'est la première interview que nous vous accordons. Pour commencer, pouvez-vous nous présenter le groupe ?

Eric (chant / guitare) : Ça fait six ou sept ans qu'on existe. On a sorti un EP la première année puis un premier album il y a deux ans et demi et, cette semaine, on sort notre nouvel album sur Klonosphere et Season Of Mist.

Au niveau du style, comment vous définiriez-vous ?
Eric : C'est un peu dur de définir. On essaie de croiser les influences de chacun. On vient d'univers assez variés. Ben le bassiste et Vincent le batteur viennent plutôt de la scène post-rock et Olivier et moi, on vient plus du metal mélodique influencé notamment par la scène scandinave. Après, c'est catégorisé un peu rapidement ; on écoute tous un peu de tout. Mais on s'est dit que le mix de ces influences pouvait créer un truc sympa.
Olivier (guitare) : Après, on essaye de faire ce qui correspond à l'univers LÒDZ sans chercher à copier un groupe ou un style particulier. Si on se dit qu'on va faire un truc post-rock, on n'y arrivera pas parce qu'on ne sera pas forcément tous d'accord.

Cet "univers Lòdz" dont vous parlez, ça correspond à quoi ?
Eric : Quand on a créé LÒDZ, on s'est dit qu'on allait faire la musique qu'on aurait envie d'entendre et qu'on n'arrivait pas forcément à trouver dans ce qui existait. On a voulu créer une musique cathartique dans laquelle on pouvait mettre nos émotions personnelles pour créer un univers bien à nous en s'affranchissant des codes.
Olivier : En quelques mots, on pourrait dire que c'est un style un peu nostalgique tout en gardant l'efficacité d'un gros rock et l'ambiance d'un metal un peu plus sombre, en restant assez abordable. On peut dire que le leitmotive ça reste la nostalgie et d'autres trucs plutôt tristes.

Une question qu'on a déjà dû vous poser cent fois : d'où vient le nom du groupe ?
Eric : Lòdz c'est tout simplement le nom d'une ville polonaise. Ça vient d'une soirée où je regardais le dernier méfait de David Linch, "Inland Empire". Alors que ça faisait un moment que j'avais arrêté la musique, il y a une scène dont je me suis dit que j'aurais aimé en écrire la bande originale. En faisant des recherches, j'ai appris que la scène avait été tournée dans la ville de Lòdz. J'ai donc proposé le nom aux autres membres du groupe et après quelques débats et quelques bières, on a fini par le garder. On avait d'autres idées avec des noms plus longs mais finalement, on s'en est tenu à ces quatre lettres.

Vous êtes sur le point de sortir votre deuxième album. Pouvez-vous nous dire comment il a été composé et, peut-être, en quoi est-ce qu'il diffère du précédent ?
Eric : La principale différence vient de l'arrivée d'Olivier dans le groupe qui a su apporter ses influences et ouvrir nos horizons avec sa créativité. Il a pu vraiment mettre sa patte sur la composition, peut-être même plus que nous. Au final, c'est vraiment lui qui a donné la couleur de cet album. On s'est tous greffé dessus, bien sûr, mais il a vraiment réussi à rentrer dans notre concept. L'album précédent avait surtout été composé par Ben, Vincent et moi car notre guitariste de l'époque était moins impliqué dans la composition. Je dirais qu'Olivier nous a permis d'aller plus loin dans le travail d'harmonie et de structure. Alors qu'on aurait plus tendance à aller directement à l'efficacité, Olivier va proposer quelque chose de plus fouillé, aussi bien au niveau du son que de la composition.
Olivier : Merci !

Olivier, peux-tu justement nous parler de la façon dont tu t'es intégré au groupe en tant que compositeur ?
Olivier : Ça faisait un moment que je suivais LÒDZ et que j'adorais l'ambiance de ce groupe. J'ai énormément écouté l'EP et le premier album. Ensuite, quand j'ai intégré le groupe, ils m'ont fait écouter et découvrir plein de choses qui ont enrichi l'image que je m'étais construit du groupe. C'est comme ça qu'on a pu construire ensemble le nouvel album. Tout a été validé et construit ensemble. Je me suis intégré définitivement avec le temps mais, dès le début, je me sentais déjà intégré au niveau de l'univers musical. Ça s'est fait très naturellement.



Au niveau de l'enregistrement, comment avez-vous procédé ? Avez-vous modifié votre façon de travailler ?
Eric : Tout d'abord, on a enregistré la batterie et la basse séparément alors que sur les précédents enregistrements on les avait enregistrées ensemble pour donner un rendu plus live. Cette fois on a fait ça de façon plus classique. Au niveau de la voix aussi, on a enregistré ça chez nous plutôt qu'en studio pour prendre plus le temps d'expérimenter. Il y avait des choses qui étaient composées depuis longtemps, d'autres depuis moins longtemps, d'autres encore qui ont été composées lors des prises.
Olivier : Il y a aussi eu un énorme travail de maquettage. Avant même de contacter le studio, on avait déjà plus de quatre-vingt dix pour cent du travail déjà enregistré dans le détail. Après, comme disait Eric, il y a forcément des choses qui ont été modifiées sur le vif parce que le son et l'approche du studio sont différents. Mais on avait déjà fait un gros travail préalable pour bien s'imprégner des titres et voir leur évolution avec le temps.

Comment les paroles ont-elles été écrites ?
Eric : Les paroles ont été écrites après la musique. On a avant tout travaillé la mélodie pour ensuite mettre des paroles dessus afin que ça sonne le plus possible avec le travail de composition. On a vraiment mis la mélodie avant tout. Comme les fois précédentes, les textes sont très introspectifs. D'une manière générale, LÒDZ c'est toujours un peu dans la souffrance que ça se fait. De toute façon, je crois qu'on sait pas faire autre chose. Quand on bœuf sur un autre style c'est de la merde. (rires) On sait faire que ça, on y met nos tripes et les paroles s'écrivent à trois heures du matin.

C'est toi qui écrit toutes les paroles ou vous faites ça ensemble ?
Eric : Sur cet album-là, il me semble bien que c'est moi qui ai tout écrit.
Olivier : De toute façon, quand Eric nous a annoncé le titre de l'album, on s'est dit : "Ça a l'air assez personnel, on va peut-être le laisser écrire ça tout seul... On va juste surveiller qu'il prenne bien ses médicaments !". (rire général)

Y a t-il une continuité entre les chansons ou est-ce que chacune a été écrite indépendamment ?
Eric : Il y a une forme de continuité même si ce n'est pas un concept album avec un début et une fin. Ce que j'ai voulu faire dans les textes, c'est saisir l'essence du moment dans lequel je suis actuellement. Tout a donc été écrit un peu dans le même esprit. Les morceaux peuvent s'écouter dans n'importe quel ordre et sont complètement indépendants, même si on trouve qu'il y a un réel intérêt à l'écouter dans l'ordre.
Vincent (batterie) : Oui, il y a vraiment un début une fin avec une histoire.
Olivier : C'est exactement l'inverse de ce qu'on vient de dire ! (rire général)
Vincent : Moi je le ressens comme ça.

Il y a notamment le dernier morceau qui détonne avec le reste en disant que tout va bien. Comment dois-ton l'interpréter ?
Eric : C'est évidemment cynique. (rires) L'idée, c'est qu'il faut essayer de se convaincre au quotidien que tout va bien. Mais rien que dans la composition c'est un peu cynique parce qu'il y a des riffs en majeur, ce qui constitue une véritable insulte pour moi... (rire général) Olivier : C'est sûr que ça lui a fait bizarre ! Les couplets un peu joyeux, je pense que c'est ça qui l'a rendu malheureux ! (rires)
Eric : Ça méritait un bon titre cynique !

Vous avez sorti un très beau clip pour le morceau éponyme "Time Doesn't Heal Anything". Comment est-ce que vous avez eu l'idée de ce clip et comment est-ce qu'il a été réalisé ?
Eric : En fait, ce qu'on voulait, c'était partir de la pochette. Quand on a travaillé la pochette, elle s'est imposée assez rapidement à nous ; on savait vraiment où on voulait aller. Et quand on a travaillé sur le clip, on a vraiment voulu retrouver l'esprit de cette pochette mais on s'est rendu compte que c'était difficile de passer de l'image figée à l'image animée. Néanmoins, je pense qu'on a réussi à faire quelque chose toujours dans cet esprit intimiste et introspectif. C'est assez onirique. Il y a un sens qui ne saute pas au yeux de tout le monde mais c'est pas grave, chacun y met le sens qu'il veut.

Qui est le réalisateur ?
Eric : Mehdi Khadouj de MK Prod. Pour la petite histoire, c'était le clavier de Furia il y a très longtemps. Il a réalisé pas mal de clip musicaux, pas forcément dans le metal d'ailleurs.
Olivier : Ce qui nous a plu, c'est qu'on l'a senti très inspiré dès qu'on lui a fait écouter le morceau.

Vous avez construit le clip ensemble ou vous lui avez laissé carte blanche ?
Eric : On lui a donné carte blanche. C'est lui qui a fait le casting et le repérage des lieux. Il a fait une ébauche de "scénario" si je puis dire, et on s'est ensuite permis quelques réajustements pour que ça colle vraiment à la vision et l'esprit du groupe. Ça a roulé assez facilement.



Parlons justement de cette pochette. D'où vous est venue cette image de fillette et d'arbre décharné ?
Eric : C'est un travail de photomontage que j'ai réalisé a partir de ce que j'avais dans des banques d'images - auxquels j'ai accès en étant graphiste de profession - pour créer un visuel onirique.

D'un point de vue symbolique, qu'est-ce que ça représente pour vous ?
Eric : Je dirais que c'est un peu un voyage intérieur, au même titre que la musique. Le réel est mis un peu de côté et le vrai est mis en avant.

Cette figure de fillette, ça peut représenter le visage de l’innocence, non ?
Eric : Oui, c'est ça. C'est à la fois l'innocence perdue et l'innocence qu'on essaye d'entretenir malgré tout ou de retrouver...
Olivier : C'est vrai qu'avec un peu de recul, que ce soit dans le graphisme ou le background autour, il y a un coté introspectif lié à l'enfance. En tous cas, dans ce que je ressens.

On va passer à la question pratique : comment peux-t-on se procurer vos CDs ?
On pourra se les procurer partout à partir du Vendredi 17 Mars. C'est à dire tous les points de vente physique (Fnac, etc.) et sur Internet. On est bien distribué grâce à Season Of Mist. Le premier on l'a trouvé sur Cdiscount, sur Amazon, à Leclerc, Carrefour, Auchan... C'est assez rigolo ! Sur Internet pareil, on nous trouve sur tous les supports digitaux (Deezer, iTunes, etc.) mais je vous conseille de plutôt le prendre sur Bandcamp afin que cent pour cent des recettes aillent au groupe ! (rires)

C'est toujours bon à savoir ! Est-ce qu'il y a une tournée ou des dates de concert prévues pour le moment ?
Eric : On en a quelques unes de prévues. On sera au festival Lions Metal Festival qui se déroulera au sud de Lyon le 13 Mai prochain. Ce sera la première édition de ce festival en plein air avec camping, etc. Ensuite on a une mini-tournée en cours d'organisation en mai également. Le reste, ce sera des dates ponctuelles. Pour le moment, on attend la confirmation de tout ça.

On va terminer par une question plus personnelle. Si vous aviez un rêve à exaucer pour le groupe, ce serait quoi ?
Olivier : On n'a jamais parlé de rêve commun... Pour moi je dirais que ce serait de sortir un troisième album parce que c'est toujours très très kiffant de sortir un album. Et puis que notre musique continue d'évoluer.
Ben (basse) : Oui je suis d'accord. Qu'on continue le plus longtemps possible et qu'on prenne toujours autant plaisir.
Eric : Pour moi, ce serait de pérenniser le groupe, tout simplement. Quand on fait de la musique en groupe on se rend compte que c'est compliqué de réussir à durer dans le temps. On a déjà sorti trois skeuds, on a fait beaucoup de dates... Tout simplement prolonger ça, refaire de belles premières parties comme on a eu la chance d'en faire et continuer à tourner un maximum, tout simplement.

Merci de nous avoir accordé cette interview. Avez-vous un dernier message à transmettre aux lecteurs ?
Tous : Merci à toi !
Olivier : Continuez à écouter de la zic ! Intéressez-vous à ce qui se fait et procurez-vous des CDs parce que c'est quand même un très bon support.


Le site officiel : www.facebook.com/lodztheband