Bonjour, vous venez de sortir un album qui est, si je ne me trompe, le troisième. Pourriez-vous nous faire une rapide présentation du groupe, de son histoire et de la génèse de ses précédents efforts.
Seb (Asyd) (guitare) : Le groupe est né en 2009 et en 2010 on a sorti notre premier album éponyme "Lies". En même temps nous avons fait une tournée européenne en première partie de Stuck Mojo durant laquelle j’avais bien sympathisé avec Lord Nelson, et l’année suivante nous concrétisions un projet sous le nom Lord Nelson feat Lies, dont l’album "Fight" est sorti début 2012. Nous avons aussi tourné avec Sybreed en 2011. Il y a eu beaucoup de changements dans le line-up jusqu’au dernier album pour lequel nous avons trouvé une formation stable.
Ben (Benhanced) (chant) : Salut Sam ! En effet, l’aventure LIES est une grande épopée dans laquelle je suis arrivé pour le dernier album. On se connaissait de loin via nos groupes respectifs avec Seb, puisque LIES et Leaving Paris, mon projet d’origine, s’étaient retrouvés côte à côte sur la compilation nN°12 de French Metal (Merci French Metal !! Yeah !!). Mais c’est après être tombé sur un de mes covers vocaux de Korn que Seb est venu me proposer le poste de chanteur pour ce deuxième album.

Comment se déroule la composition d'un album, est ce un musicien qui apporte ses riffs / parties en particulier ou est ce vraiment issu de "jam" en session de répétition ?
Seb : Jusqu’à présent j’ai toujours composé seul les titres sur mon PC mais le nouveau line-up de LIES laisse présager une écriture collective, il y a aujourd’hui une complémentarité qu’il n’y avait pas auparavant et on devrait rapidement créer collectivement.
Ben : Oui, Seb est un étonnant compositeur, homme orchestre qui n’aurait besoin de personne d’autre si ce n’est pour l’obliger à faire quelques pauses afin de ne pas se tuer à la tâche. (rires) Mais c’est dur pour moi de ne pas mettre mon nez dans la composition car de formation je suis plus musicien que chanteur. J’ai commencé à apporter ma contribution sur les parties chant que j’ai dû pas mal réadapter à mon feeling, et sur la couleur de l’ensemble lorsque Seb m’a laissé les commandes pour le mixage de ce deuxième album. N otre nouveau line-Up semble en effet très propice à un vrai travail collectif, et je suis très curieux et impatient de voir ce qui découlera de tout ça.

Pouvez-vous nous décrire les thèmes de cet album ?
Ben : Les thèmes abordés dans cet album sont à la fois colorés et sombres. Le thème principal évoque la notion de renaissance, ce qui implique que certains morceaux parlent aussi de la mort. Mais finalement le thème principal est l’esprit de l’homme torturé par ses pensées, les plus intellectuelles comme les plus animales, confronté à ses démons qui l’emènent parfois vers une rédemption mais aussi parfois vers la folie. Hum, on n’a rien inventé donc, c’est ce que raconte tout musicien qui essaye d’éviter d’aller voir un psy en se plongeant dans la musique ! Ce thème est récurrent, mais ce n’est pas un hazard non plus, car il est synonyme d’une autre vie potentielle, certainement qu’on préfèrerait dans le meilleur des mondes. Alors la renaissance c’est un petit peu l’expression d’une évasion, d’un rêve qui apporte l’espoir que la plupart des gens n’arrivent plus à trouver (Houlà, je sais plus dans quel bouquin de psychologie sociale j’ai volé cette phrase moi).

Ensuite pouvez-vous nous expliquer le thème de la cover de cet album et la signification du titre de ce même album ?
Ben : La cover de l’album est un tableau de Runeda, l’artiste photographe / réalisateur avec lequel nous travaillons, et qui travaillait déjà avec moi sur le projet Leaving Paris. Il s’agit d’un masque, que l’on peut voir soit négativement comme la face cachée de nos tourments, soit positivement comme le visage prémice d’une renaissance... Le titre de l’album s’accorde lui aussi sur la thématique de la renaissance, je crois que maintenant c’est clair... (sourire)

On a affaire à un album complet, riche, avec un chant très mélodique et une basse très présente, d'où vous vient ce choix de composition et de mise en avant ? Etait-ce dès la composition ou est ce venu lors de l'enregistrement ?
Seb : Je ne conçois pas le chant sans mélodie donc dans la phase de composition, beucoup de temps est accordé aux mélodies vocales, quant à l’importance de la basse, avoir beaucoup écouté Muse et les Red Hot, ça doit influencer. (sourire)
Ben : Ce qui m’a plu dans la musique de LIES c’est la possibilité de coupler une forte énergie dans le chant à une vraie mélodie dans le flot. Quand Seb est venu me chercher il m’a tout de suite évoqué cette envie d’aller vers plus de mélodie mais tout en gardant le côté pêchu. Ce monsieur avait donc déjà tout prévu. Quant à la basse, on joue sur 5 cordes, donc c’est un choix bien entendu dirigé vers la lourdeur. Ensuite, ma vision brute de cet album incluait la basse comme un élément porteur, donc la mise en avant a été confortée lorsque je me suis chargé du mixage.

Vous incluez des parties électroniques qui renforcent et donnent une autre "couleur" à vos morceaux, avez-vous une influence précise par rapport à cela ?
Ben : Là il faut demander à Seb, c’est lui qui pond tous ces sons pourris. (rires)
Seb : Dur à dire mais il faut certainement chercher vers Pink Floyd, The Cure, Nine Inch Nails etc…

En parlant d'influences, on en retrouve une multitudes au fil de vos morceaux, d'où vous viennent-elles ? Avez-vous une tonalité ou une "couleur" de musique que vous souhaitez mettre principalement dans certaines compositions ?
Seb : En dehors de mes groupes phares (Pink Floyd, The Cure)n j’écoute un peu de tout, de Deftones à Björk, Led Zep, G’n’R, NIN, Leonard Cohen etc….donc je suppose que tout ça doit se mélanger pendant l’écriture. Ce que je cherche avant tout c’est que ce soit mélodique et inconsciemment un côté un peu triste vient s’ajouter automatiquement…
Ben : Ouais, on est triste, mais je crois qu’on se soigne... En ce qui concerne le chant, c’est évident de parler de Korn, Deftones, Incubus, Alice In Chains, ce qui apporte un côté "coloré" car ce sont des influences qui basent tout sur l’impact du ressenti mélodique. Je pense que lorsqu’on va évoluer vers la composition collective, c’est tout un paquet d’influences qui vont nous tomber dessus. Seb, il faudra penser à racheter un plus gros mixeur du coup (oui, car Seb, c’est bien => je sors).

Avez-vous d'autres influences (cinématographiques, littéraires.... ) qui vous ont inspirés pour cet album et l'écriture de celui-ci ?
Seb : Le roman "Imajica" de Clive Barker a servi de base aux paroles de "No Way", quant à "Deal With It" c’est "Batman The Dark Knight" qui est à l’origine de l’ambiance du titre. Pour le reste c’est inconscient mais n’importe film qui finit mal peut être une des origines.(sourire)
Ben : Oui, tout ce qui est à ambiance noire et qui finit mal, c’est le garde-manger de Seb d’où il recrache toute son inspiration !

Vous avez maintenant un peu d'expérience, et grâce à ce très bon album qu'allez-vous envisager pour cette année 2013 et peut-être même 2014 ?
Ben : Un album reste un bon support pour les démarches. On espère qu’il va nous permettre de faciliter certains contacts, et de tourner le plus possible. Sinon, notre démarche sera de toujours créer une activité, et quand ce ne sera pas du live, ce sera des morceaux, des clips, des collaborations ou autres évènements ponctuels, enfin, toujours quelque chose sur le feu pour que le groupe avance, se fasse plaisir, et fasse plaisir aux personnes qui nous suivent.

Avez-vous prévu une tournée française ? Européenne ?
Seb : Notre label planche sur des dates en France, on espère en avoir un maximum.
Ben : C’est clair, j’espère aussi qu’on aura un max de dates, notre musique est taillée pour le live. J’aimerais vraiment élargir la tournée au moins à l’Europe. Je reste persuadé que notre musique est d’ailleurs bien plus adaptée pour l’aventure hors des frontières métropolitaines. On travaille à élargir le réseau, mais ça reste compliqué.

Que pensez-vous de la scène metal française en dehors du mastodonte et fer de lance Gojira ?
Seb : En fait je n’écoute pas beaucoup de metal (Aïe, pas sur la tête !) mais j’aime beaucoup Hacride et Hord car il y a un vrai travail sur les arrangements et des ambiances bien planantes. Je découvre aussi Klone et ça sonne vraiment bien.
Ben : Honnêtement, Gojira je ne suis jamais arrivé à en faire mon 4 heures, à part peut-être l’album "The Way Of All Flesh" mais parce que j’adore la prod'. Je ne suis pas trop metal extrême, mais c’est vrai que j’ai suivi Hord depuis leurs débuts et je pense qu’ils représentent un certain visage de l’avenir positif que l’on peut souhaiter pour la scène metal en France. Après, comme tout genre, le metal, c’est très vaste, donc dur de tout passer en revue. Je pense qu’il y a eu récemment une grosse émergence de très bon groupes, mais peut-être trop ancrés dans la même dynamique de style, ce qui fait qu’ils se ressemblent tous et ça a finit par me gonfler. Sinon, c’est vrai que Klone tire très bien son épingle du jeu en gardant un côté très rock à ses compos et à son son, en témoigne le très bon dernier album, et je les verrai bien aussi porteur d’un courant à plus long terme. Ensuite, pour avoir revu Mass Hysteria en concert il y a peu, même s’ils ont de la bouteille, ils sont toujours là et sont toujours pour moi la figure de proue d’une des facettes importantes du metal français.

Avez-vous tourné avec des groupes qui, pour vous, représentaient l'avenir ?
Seb : Faudrait que je connaisse l’état de leurs comptes en banque, le chéquier étant devenu un facteur important dans l’avenir et la notoriété d’un groupe…
Ben : Non, moi j’ai tourné qu’avec des groupes de merde qui ont fini par faire du balloche à la kermess du village. Non, plus sérieusement, j’ai pas assez tourné pour ça...

Citez-moi un album qui vous a marqués depuis le début de cette année 2013 et au contraire un album qui vous a déçu.
Seb : Très déçu par le dernier "30 Seconds To Mars" mais enchanté par le dernier Suicidal Tendencies !
Ben : Déception : pour l’instant, le dernier Filter. Grande joie : le nouveau Alice In Chains même si je ne l’ai pas encore écouté.

Avant de finir, d'autres collaborations du type Lord Nelson sont-elles en projet ? Et d'ailleurs où en est cette collaboration à ce jour ?
Seb : Je continue à composer avec Lord (merci Internet), ses goûts musicaux étant aussi très larges on expérimente en ce moment différents styles pour trouver le son qu’on veut vraiment. Sinon avec Ben on commence un nouveau projet avec une chanteuse à la voix surprenante, elle apparait d’ailleurs comme figurante dans notre clip "All our Apologies", dans le rôle de Captain Sin.
Ben : J’espère que Seb et Lord Nelson vont continuer car leur collaboration a pour moi une symbolique importante de passerelle entre des musiciens français et US, et parce que leur projet garde un très gros potentiel. L’album "Fight" de Lord Nelson feat Lies n’a pas encore vraiment été exploité et il pourrait n’être qu’en sommeil léger. Et en effet, j’apporte ma contribution sur la production de ce nouveau projet tout à fait intéressant avec mademoiselle Captain Sin...

Je vous remercie pour le temps que vous nous avez accordé et vous laisse donc le soin de conclure cette interview.
Ben : Merci à vous, même si là c’était chaud, on a dû repousser une conférence de presse PMU pour pouvoir répondre à l’interview ! Notre coach nous a dit que c’était limite, et qu’on n’avait pas intérêt à faire la même pour la session studio prévue avec David Guetta. Sinon, on donne rendez-vous en live à ceux et celles qui nous suivent déjà, et pour ceux et celles qui ne nous connaissent pas, vous pouvez nous découvrir en musique et en vidéo sur notre site.

Le site officiel : www.lies-music.org