Interview faite par ePo avec Reuno, membre de Lofofora, qui officie aussi dans Le Bal.

Alors, j’ai lu que le Bal s’était créé en 2009, pour une série de concerts. Pourquoi avoir créé ce groupe juste pour des concerts ? Enfin, pourquoi un tel concept ?
Reuno : Le Bal, à l’origine a été créé pour un seul concert, lors d’un festival en Bretagne, où les Tagada Jones avaient carte blanche pour leur set de 1h.

Donc c’est une idée des Tagada Jones ?
Oui, et justement, lors de la carte blanche proposée en Bretagne, ils se sont dits, au lieu de faire 2h de Tagada Jones, on va faire aussi une heure de reprises. Et ensuite, ils se sont dits qu’il fallait inviter des copains, en pensant qu’on allait être que 2 ou 3 à répondre oui, et en fait on a été 15 à répondre oui. Du coup, il y a des gens de Parabellum, Lofofora, BBA qui se sont mobilisés. Après, y a d’autres gens, qui ne sont pas forcément présents, comme Damny de La Phaze, Vx de Punish. Et sinon, il y a aussi Claudia de Punish, à la performance, et à la meuleuse (rires).

Du coup, tu as répondu à plusieurs de mes questions. Je voulais savoir comment vous vous étiez arrangés, qui avait appelé qui, etc ?
Je te dis, les TJ ont appelé tout le monde, sans penser que tant de gens seraient aussi partants. Je pense qu’ils ont été surpris qu’on soit autant à répondre présent.

Pourquoi avoir décidé de continuer l’aventure en 2010 ?
Parce qu’il y a eu de la demande. Déjà, on avait pris un super plaisir à le fait. C’était super marrant, le public était réactif et à fond avec nous. Les gens avaient pas envie que ça s’arrête. A Malestroit, c’était un carnage, on a mis 20 min à sortir de scène tellement on avait pris du plaisir à jouer. Donc voilà, on s’est dit qu’il fallait faire une tournée comme ça.

Comme tu disais, le line-up est assez impressionnant ?
Oui, il y a 21 personnes. Chanteurs, musiciens, et performeurs.

Qu’est-ce que t’appelles performeurs ?
Ce sont des gens qui viennent déguisés, selon les morceaux, et ils font soit de la danse, des jongles de feu etc.

Doit-on alors dire que le Bal est un groupe éphémère ou allez-vous continuer de faire des concerts en 2011, voire sortir un album ? Surtout que l’on remarque que vous faites des dates à l’étranger (enfin, dans les pays francophones comme la Belgique ou le Canada).
Là, en ce moment, on poursuit l’aventure sur tous les festivals de l’été. Et puis en effet, on n’est pas un vrai groupe, dans le sens où un vrai groupe compose des morceaux. Là c’est pas le but, le Bal des Enragés, c’est une bande de potes qui se font plaisir, parce qu’on a compris avec toute cette année, que ce qui faisait tripper le public, c’était des gens qui se faisaient plaisir. Y a aussi quelque chose de léger dans le fait de faire des reprises. C’est des morceaux qui ont cartonné à leur époque. Après oui, l’expérience est appelée à se renouveler, et ce qu’il y a de bien dans le Bal, c’est que personne n’est irremplaçable, la formule est malléable, et si tel ou tel groupe n’est pas disponible pour une date, on fera appel à un autre groupe, et on reste tous dans le même état d’esprit.



Au niveau du fond : comment choisissez-vous les chansons ? Sur votre MySpace, il y a du Iggy Pop, du Sick Of It All et du Dead Kennedys. Comment choisissez-vous les groupes et les chansons ? Parce que mine de rien, ils ne datent pas de la même période.
En fait, sur la total, il devait y avoir pas loin de 100 morceaux proposés. Et au final, c’est Nico qui a tranché pour savoir quels morceaux on allait jouer. Et puis aussi, on a fonctionné par mail, chacun disant ce qu’il aimerait reprendre. Ça s’est fait naturellement, et faut dire aussi que tout le monde se connaissait avant, on avait des affinités, et c’est ça qui a permis de choisir les morceaux en mettant tout le monde d’accord. Et pour ceux qui ne se connaissaient pas, comme par exemple Poun et Parabellum, ça a permis de créer des histoires d’amour musicales etc.

Que peut-on alors appeler la touche "Bal des Enragés", histoire de reprendre à votre sauce les standards du punk ?
Pour le coup, quand on faisait des reprises avec Lofo par exemple, on essayait de s’approprier les morceaux. Là, c’est pas le but du Bal. On reste fidèle à l’esprit des morceaux, parce que c’est ça aussi un bal. Les musiciens que tu vois jouer dans des bals de village, se contentent de reprendre les morceaux comme ils sont. Avant tout, c’est que du plaisir, donc on n’a rien à défendre, si ce n’est l’identité du projet et l’esprit de groupe. L’intérêt, c’est que les gens reconnaissent le morceau et rentrent dedans. Après, pour les morceaux qu’il a fallu adapter, on a essayé de faire venir l’esprit de TJ, Parabellum, et Lofo, un esprit punk rock. C’est surtout l’esprit qui prédomine ici. En tout cas, on n’a pas voulu non plus faire un best of de la scène punk-rock de ces 40 dernières années, on trouvait ça intéressant de remonter à la racine des choses.

Maintenant, que j’espère que l’on en connaît plus sur vous et votre démarche, il est temps de passer à la partie question détente.
QD 1) De toute manière, le punk est mort en 1977 !

Alors, je vais répondre sérieusement à ta question. Tous les mouvements et tous les noms sont des accroches commerciales. Tous ces termes ont été inventés par des journalistes et attachés de presse, donc forcément, ces étiquettes meurent très vite. Les punks, on sait très bien que y en a encore, et que c’est un état d’esprit indécrottable. C’est comme certaines innovations technologiques, tu peux plus vivre sans. Après, si y a un groupe qui est vraiment mort, c’est le néo metal (rires).

Je te remercie, je porte un tee shirt Deftones là...
Ah oui en effet, j’avais pas vu, j’ai pas fait exprès. N’empêche qu’il est joli en plus ton tee-shirt (rires).

QD 2) Vous comptez voter en 2012 ?
Alors là, t’as deux avis différents dans Lofo, et d’ailleurs, ça déclenche des polémiques depuis 15 ans. On ne dira pas qui fait quoi, mais un vote et un ne vote pas. Mais on gardera le mystère.

Mot de la fin ?
Je dis tout le temps la même chose, mais faut éviter les contrefaçons. Et Banzai. Et puis, nous on aime tous les festivals comme ça, et on aime les initiatives un peu "underground", qui se développent à côté de la grosse machine à show biz qui est en train de bouffer tout ce qui est culture. Et donc aujourd’hui, si les gens disent aimer le rock, il faut soutenir la scène underground. Parce qu’on arrive à un tournant où on aura d’un côté l’underground, et de l’autre côté de l’entertainment. Et avec l’entertainment, on se fait vraiment chier, faut bien le dire.


Le site officiel : www.myspace.com/lebaldesenrages