Interview faite par mail par Lisa

On s’était habitués à voir un album de Korpiklaani sortir limite chaque année, pourtant le nouveau disque des Finlandais, intitulé "Noita", s’est fait un peu attendre, puisque trois ans se sont écoulés depuis la sortie de "Manala", leur précédent opus. Et c’est peut-être pas plus mal au son de la maturité et de la fraîcheur de ces dix nouvelles compos. L’opportunité idéale pour s’entretenir avec Cane, le guitariste du combo, afin d’en apprendre plus sur ce dernier album.

Hello, merci de prendre le temps de répondre à ces quelques questions !

Cane : Avec plaisir !

On va commencer par votre nouvel album "Noita", sorti le 1er Mai. C’est votre premier disque sans Juho Kauppinen, et vous avez donc décidé de le remplacer par un nouvel accordéoniste, à savoir Sami Perttula. J’imagine que de trouver un remplacement pour Juho n’a pas dû être chose facile, comment vous êtes-vous accordés sur le choix de Sami ? Est-ce qu’il apporte quelque chose de nouveau au son de Korpiklaani ?
Oui, ce n’est pas évident de trouver un accordéoniste qui ait envie de jouer dans un groupe de rock’n’roll. Peut-être qu’aujourd’hui c’est devenu un tout petit peu plus facile grâce à l’importance de la scène folk metal. Eh bien, on cherchait donc quelqu’un pour remplacer Juho, et Jonne s’est soudain souvenu d’un mec qui avait participé au concours finlandais d’accordéon, et qui y avait joué une chanson de Stratovarius. Ce mec, c’était Sami. Jonne l’a contacté et par chance, ça l’intéressait de rejoindre le groupe. Une répétition a été nécessaire, et il a intégré le groupe. Sami a apporté beaucoup plus d’énergie et d’âme à ce groupe grâce à son jeu et à sa personnalité. L’accordéon à boutons avec lequel il joue possède une touche plus folk traditionnel, même si le son est le même que celui d’un accordéon-piano. Ses arrangements jouent également un rôle important sur ce nouvel album. Le folk et le metal sont à présent assez bien équilibrés.

On peut observer un certain changement dans votre son avec ce nouvel album, puisqu’il contient plus de solos de violons que vos précédents albums, et sonne encore plus folk qu’avant à mon sens. Qu’avez-vous essayé de créer avec cet album ? Est-ce que vous aviez envie d’expérimenter, ou vous cherchez peut-être toujours votre son en réalité ? Un peu des deux peut-être ?
Je pourrais dire que nous nous sommes vraiment rapprochés du son que nous avons toujours recherché. Comme je viens de le dire, quasiment tous les mérites reviennent à Sami et à son travail d’arrangement. Avec tout cet enthousiasme, il a donné énormément d’inspiration à Tuomas (Rounakari) également. Evidemment, nous évoluons tout le temps, et chaque album représente un pas en avant pour nous. On n’a pas essayé d’en faire plus que d’habitude. Notre style consiste à jouer les chansons que nous avons de la meilleure façon que nous le pouvons, sans trop réfléchir. On ne fait pas de comparaisons entre les chansons ou les albums que nous avons déjà sortis. Notre producteur Aksu Hanttu a fait de gros progrès depuis le début, ce qui se répercute aussi sur notre son dans son ensemble.

En ce qui concerne l’écriture de l’album, est-ce que chacun a apporté ses propres compos, ou un seul membre du groupe a tout composé et le reste de la formation a ensuite appris sa partie ?
Jonne a écrit une grande partie de la musique, mais chaque membre est libre d’apporter ses propres compos également. Les arrangements sont en grande partie effectués en studio, chacun apprend ses parties à ce moment-là.

Au début de l’enregistrement de ce disque, aviez-vous une image très précise du résultat final de l’album ou est-ce que "Noita" a suivi son propre chemin librement ?
Oui, bien sûr, tu as besoin d’avoir une sorte d’image du résultat, pas très précise dans notre cas. Nous estimons qu’il est important de donner de l’espace et de la liberté pour les chansons en studio. Ce qui s’avère utile, le résultat final a toujours été meilleur que l’image de départ que nous avons de nos albums.



"Noita" signifie “sorcière” en français, mais j’imagine qu’il y a une histoire un peu plus complexe derrière ce titre. Quel en est exactement sa signification ? Y a-t-il un lien avec l’artwork de l’album ?
Eh bien, il n’y a rien de complexe là-dedans. "Noita" pourrait être comparé au Shaman dans la tradition finlandaise. Ces histoires shamaniques ont toujours parlé au groupe. Comme tu peux le savoir, le groupe se nommait Shaman, avant que le nom ne change pour Korpiklaani. Il y a deux chansons qui traitent de ce sujet sur cet album, et l’artwork de la couverture est inspiré d’une autre chanson, intitulée "Ämmänhauta". Ça signifie "la tombe de la sorcière". Dans cette vieille légende, quatre hommes portaient la sorcière mourante à travers la forêt durant la nuit et l’enterrèrent comme elle l’avait désiré.

Peux-tu nous en dire plus au sujet des paroles ? Est-ce que Tuomas les as écrites une fois de plus, comme il l’avait fait pour le précèdent album "Manala" ? Est-ce que "Noita" est un concept album ?
Oui, Tuomas (Keskmäki) a réalisé un travail impressionnant sur "Manala", c’est pourquoi il a été vraiment facile pour nous d’utiliser ses textes sur cet album une fois de plus. Il est très productif, il y a beaucoup de chansons à choisir parmi son travail. Parfois, Jonne lui donne un sujet et il écrit des paroles à partir de ça. C’est ce qu’il s’est passé pour "Ämmänhauta", qui est une vieille légende, et "Antaja", qui est basé sur un rêve de Jonne. Il ne s’agit absolument pas d’un concept album.

Après neuf albums, n’est-ce pas un peu compliqué d’écrire de nouvelles paroles et de trouver de nouveaux thèmes ?
C’est plus facile lorsqu’on a un parolier extérieur qui écrit tout le temps et que tu choisis juste les chansons qui te plaisent. Ensuite, tu peux écrire tes propres paroles par-dessus, mais tu n’as pas à t’inquiéter à ce sujet.

Je ne peux pas éviter la question indispensable qui est inhérente à la sortie de tout nouvel album : quelle est la chanson sur cet opus que les auditeurs doivent absolument aller écouter ?
Je recommanderais notre nouveau single, "Lempo". De supers solos sur ce titre !

Avez-vous prévu de tourner un clip pour l’un des titres ? Une chanson déjà choisie ? Penses-tu que les clips sont encore un intermédiaire utile ?
Le clip est actuellement en post-production donc il devrait être prêt pour la sortie de l’album. Les clips sont des intermédiaires utiles puisqu’ils font partie de la promotion et des médias en ligne, particulièrement avec YouTube.

Dans le futur, est-ce que Korpiklaani continuera dans la même veine que cet album, ou le groupe se développera encore ?
Comme je l’ai dit, nous évoluons constamment, mais la base restera la même. Sur chaque album, on a réussi à nous améliorer. Pour le moment, ça nous semble impossible de faire mieux, comme après chaque disque.

Korpiklaani semble être plutôt au sommet de la scène folk metal actuelle, pourquoi selon toi le groupe parvient à toucher tellement de monde alors qu’il y a tellement de formations aujourd’hui qui n’arrivent pas à percer ?
Je pense que je ne suis pas la bonne personne pour répondre à cela. On fait juste notre propre truc. Tu ne penses jamais à ce genre de choses. Mais je suis sûre que les gens aimeront toujours du bon vieux rock’n’roll et de la musique traditionnelle jouée avec le cœur.



Comment décrirais-tu la place du groupe dans ta propre vie ?
C’est mon travail, mon hobby, mes vacances.

Vous avez déjà partagé la scène avec des noms très impressionnants, mais tout de même, est-ce qu’il y a un groupe avec lequel tu aimerais vraiment avoir l’opportunité de tourner ? Quel serait ton line-up de rêve, avec Korpiklaani en support ou en tête d’affiche ?
Motörhead ! Ils font le boulot avec le bon état d’esprit depuis 40 ans maintenant.

Où préfères-tu jouer, dans une petite salle de concert pour disons, 100, peut-être 200 personnes, ou sur un gros festival qui réunit plusieurs milliers de personnes ?
Je dois dire que la plupart des meilleurs concerts se jouent dans les petites salles. C’est plus intime, plus interactif quand tu joues près du public. D’habitude, le son est meilleur et le set est plus long aussi. Mais je ne dis pas que ce n’est pas amusant de jouer dans de gros festivals où la scène est énorme et le brise d’été te souffle dans les cheveux. Ce sont deux univers complètement différents.

Puisque tu as tourné plusieurs fois à travers le monde, que penses-tu du public de part et d’autre de la planète ? As-tu l’impression qu’on a tous quelque chose en commun dans tous les pays ?
J’ai remarqué que les fans de metal au moins étaient plutôt les mêmes partout où tu vas. Bien sûr, il y a des différences culturelles mais rien de particulier à mentionner, à part que la France a toujours été l’un des meilleurs publics pour le groupe ; tourner en France, c’est toujours quelque chose de spécial.

Ca ne devient pas difficile pour le groupe de choisir une setlist pour vos tournées, avec un répertoire aussi fourni que le vôtre et les fans qui veulent entendre les anciennes chansons également ?
Normalement, la moitié de la setlist se constitue du nouvel album, et pour le reste, on joue les classiques que nous savons que les gens veulent entendre. On essaie de jouer des chansons de tous nos albums. Au final, ça en devient facile de faire ces setlists.

As-tu déjà vécu des expériences insolites sur une tournée que tu aimerais nous faire partager ?
Non ! Jamais ! (sourire)

On en vient à la fin de cette interview, merci pour ton temps ! Est-ce que tu as quelque chose en plus à dire aux lecteurs de French Metal ?
Merci ! Le nouvel album sort le 1er Mai ! Allez y jeter une oreille ! A bientôt j’espère ! Santé !


Le site officiel : www.korpiklaani.com