Interview faite par Aurélie P. Lawless à Paris.

Kissin' Dynamite est l'un de ces jeunes groupes très prometteurs de la scène metal actuelle. Les copains allemands débarquent ainsi sur la metalosphère avec "Megalomania" leur nouvel album. Au moment de faire l'interview, ils viennent notamment d'apprendre qu'ils sont entrés directement en 17e position dans les charts allemands. Hannes Braun, le chanteur, n'aura d'ailleurs de cesse de chanter ses louanges à ce sujet d'environ 14h de l'après-midi jusqu'à 23h30 ! Mais il n'y a pas de petit succès, et celui-ci n'est certainement pas un des moindres. Jim Müller, guitariste du groupe, se fait une joie de revenir avec nous sur le changement de direction de Kissin' Dynamite, faisant ainsi (presque) table rase du passé. Retour sur un entretien sous le prisme de la bonne humeur, la fraîcheur, et la joie de vivre, entremêlé de (beaucoup) de rires qui résonnent encore probablement dans l'hôtel... !

J'aimerais commencer par discuter à propos du sentiment général véhiculé par le single "DNA" mais aussi par tout l'album. Selon toi, que signifie "être rock" ?

Jim Müller : "Rock" hein ? Je dirais être un peu barré déjà, évidemment, profiter des bons moments, pouvoir vivre sa vie, vivre ses rêves. Être contre quelque chose aussi, comme nous le sommes avec "Megalomania" par exemple. On ne veut vraiment plus ressembler à ce qui se faisait dans les 80's. On désire avoir notre propre patte : c'est pourquoi on a mixé des sons electro avec un background toujours un peu années 80. Plusieurs personnes nous ont déconseillé de faire ça... Mais on avait vraiment besoin d'être nous-mêmes. Nous n'avons pas peur de faire des choses différentes pour y parvenir... On a changé aussi les paroles en ce sens, c'est presque un "concept album" en fait : à propos de changement, parce que tu as la possibilité de changer. Tu peux être ton propre Dieu, tu peux faire ce que tu veux, tu peux être libre. On adore la musique moderne autant qu'on aime le metal. Je pense qu'on a réalisé ça lorsqu'on s'est rendu à Tokyo en Février 2013. On a été dans un club et l'énergie était absolument incroyable. Alors on s'est dit "Pourquoi pas mixer tout ça et voir ce que ça donne ?".

L'artwork de "Megalomania" est vraiment moins exubérante que les précédentes. De quelle façon avez-vous déterminés qu'il était temps de faire quelque chose de plus "soft" ?
On voulait tout changer : musique, paroles, style, et c'est ce qu'on a fait ! Plus de rapport avec les 80's, plus de vêtements à imprimés animaliers (rires) ! On est en 2014, tous nés dans les années 1990. Pour l'artwork on avait d'abord pensé à une statue avec quelque chose de typiquement metal puis on s'est vite ravisé. On s'est dit que ça ne représentait pas "Megalomania", ni nous, au final ! C'est pourquoi on a apporté quelque chose de différent cette fois-ci. Histoire similaire avec le logo, nous avions tout changé, sauf le logo ! Il y a toujours l'esprit "Kissin' Dynamite" évidemment, mais comme nous n'étions plus en phase avec ce à quoi le logo pouvait ressembler, nous avons décidés de changer ça aussi. Si nous ne sommes pas 100% satisfaits de quelque chose, il nous est impossible de l'incorporer ! La petite anecdocte sympa c'est que ça ressemble en tout point à une pochette d'album de Macklemore ! Bien sûr on s'en est aperçu une fois que tout était bouclé mais c'est super marrant (rires)

Si on se référe à un dictionnaire la "mégalomanie" est une condition psychopathologique caractérisée par des fantasmes délirants à propos de pouvoir, pertinence, l'omnipotence, et par une estime de soi exagérée. Êtes-tu d'accord ? Est-ce proche de ta propre conception ?
Dans un sens oui ! On est mégalomanes. Je veux dire, un peu (rires) ! On est complètement cinglés mais en revanche nous n'oublions pas d'où nous venons, à quel point nous sommes grands, ou petits, ou... Ce que tu veux dépendant du point de vue de chacun (rires) ! Mais ce qui est sûr, c'est que tu as besoin d'une part de folie dans le milieu où nous sommes afin d'atteindre certaines choses... Et donc d'être mégalomane, quelque part. Je dirai que pour moi le concept se résumérait à deux faces d'une même pièce. L'une de ces faces serait représentée par des chansons telles que "VIP In Hell" ou "Legion Of The Legendary" et montrerait le côté "crazy" ? L'autre en revanche serait plutôt visible avec "Running Free" ou "Ticket To Paradise", plus axées sur le fait de créer quelque chose de nouveau en dépit des conventions, et le fait de ne pas dépendre du système... Ou pas trop (rires).



Vous avez commencé le groupe lorsque vous étiez encore des ados. Personne n'a essayé de tirer profit de vous et de votre inexpérience à l'époque, de quelque manière que ce soit ?
Non on a tout expérimenté par nous-mêmes de la façon la plus saine possible. Ça a peut-être pris plus de temps au final évidemment, mais c'est une vraie chance. On a commencé le groupe quand on avait 9 ou 10 ans environ... Enfin pas KISSIN' DYNAMITE, mais le groupe qu'on avait avant ! Kissin' c'était en 2000. On a débuté comme "groupe de reprises" quand on était à l'école, de musique 80's bien sûr : AC/DC, Ronnie James Dio... Et puis on a commencé à écrire nos propres chansons. C'est une très longue histoire donc ça prendrait sûrement plusieurs heures de tout te raconter (rires) ! Mais un jour on a eu cette maison de disque qui s'est dit "Whoa, on veut faire signer ces mecs-là !" et voilà... On a eu vraiment beaucoup de chance, on en est conscient. Pas mal de groupes nous demandent comment on a fait pour en arriver là, et voici la réponse officielle : vraiment beaucoup de chance... Et être un bon musicien ! Eh oui... (rires)

Je voudrais revenir sur quelque chose. On peut en effet entendre des sons electro, comme tu l'as dit précédemment, sur cet album (surtout sur "DNA" ou "Ticket To Paradise"). Ça c'est pour le côté contemporain du coup... Mais ça sonne aussi pas mal rétro, presqu'à la Accept parfois. Donc, dirais-tu que "Megalomania" véhicule une conception de la musique un tantinet "modern vintage" ?
Oh, ton expression est trop cool ! Mais oui, tout-à-fait, notre base de départ est fondamentalement 80's. On aime cette musique, on l'adore. Cependant, on aime aussi ce qui se fait maintenant ! En revanche... "Modern vintage", tu dis ? Ce ne serait pas... Mais si ! C'est le nom de l'album de Sixx:A.M. ! J'ai raison ?! (rires)

Parfaitement ! Bravo, tu as trouvé la référence ! Je n'ai rien à t'offrir pour te récompenser par contre, si ce n'est toute mon estime ! (rires)
Je comprends ! (rires) Mais mince, on aurait dû choisir ce titre pour l'album en fait ! (rires)

Tu sais, on a des tonnes de clichés à propos des guitaristes. Donc... En voici un pour toi : considères-tu ta guitare comme ton gosse ?
(rires) Ah oui surtout les nouvelles guitares ! Ce sont vraiment comme des bébés, tu dors avec dans ton lit tout ça... (rires) ! Non, sérieusement, je connais des guitaristes qui sont capables de passer des heures à nettoyer leur guitare par exemple... Comme -hum hum- Andy (l'autre guitariste de Kissin' Dynamite, ndlr) -hum hum- ! (rires) Je ne fais pas trop de trucs bizarres dans ce genre personnellement... Ou du moins pas de la façon dont tu le sous-entends ! (rires) Mais je lui parle à ma guitare !

J'imagine qu'elle te répond... (rires)
Absolument ! (rires) Je lui dis "Oh tu as fait du bon boulot ce soir" ou "T'en fais du bruit aujourd'hui, calme-toi, c'est trop" !

"Back in time", et pour continuer sur la lancée des clichés, beaucoup de guitaristes s'évertuaient à casser leur instrument sur scène après (voire pendant) le show. C'était presque devenu une mode ! Est-ce quelque chose que tu as envie de faire quelques fois ?
Quelques fois oui ! Mais pas à cause de l'énergie sur scène tu sais... Juste quand elles fonctionnent pas comme je souhaite, ça peut rapidement m'agacer et je me mets à faire ma diva ! (rires) C'est arrivé une fois qu'une de mes guitares se casse en live lors de la dernière chanson, et j'ai dû jouer dans des conditions absolument immondes sur tous les niveaux... A la fin, j'ai pété un câble et j'ai fini par balancer la guitare depuis le toit (rires) ! Je l'ai entendue se fracasser dans un bruit infernal ! Bon, ce n'est pas quelque chose que je fais habituellement en revanche je tiens à te rassurer ! (rires) Mais j'ai mes petits caprices on peut dire ça... Et un bon sponsor, il faut bien le dire ! (rires)



Dis-moi, quelle chanson retient particulièrement ton attention sur ce nouvel album et pourquoi ?
Je pense que c'est "Fireflies" parce que c'est la plus catchy ! Si on parle en tant que guitariste ce serait plutôt "God In You" ou "VIP In Hell" en revanche puisque j'aime les chansons qui sont très rapides. Mais aussi la chanson figurant sur l'édition japonaise... On aurait dû faire une édition française ! Avec des paroles en français ! Hannes est très bon, moi non en revanche, tu m'en vois navré (rires) ! J'ai arrêté d'apprendre après 4 ans passés à l'étudier.

En 2011 vous avez fait un concert ici à Paris avec Crashdïet et BlackRain, quel(s) souvenir(s) en gardes-tu ?
Oh c'est dingue que tu aies été à ce concert ! Je me rappelle qu'après ce concert on a été dans plusieurs bars mais ce qui était le plus marquant, à part le fait que cette date était absolument géniale, c'est qu'on a vraiment travaillé ensemble de A à Z. On s'est vraiment serré les coudes entre tous les groupes. On s'est vraiment senti comme si nous étions tous "frères" d'une certaine manière. Comme quoi, c'est possible à l'heure actuelle d'atteindre ce niveau de complicité et ça n'a rien d'évident... Un jour, on devait jouer dans un festival, et l'un des groupes présents a dit "Non, on ne veut pas que ces mecs-là jouent avant nous", dingue non ?

Qu'aimerais-tu dire à ton public français qui te tient à cœur ?
Je voudrais leur dire de venir à nos concerts ici en France bien sûr, à Paris, Nantes, et Toulouse car c'est l'une des meilleures audiences du monde. Il y a deux types de spectateurs incroyables dans le monde : les Français et les Japonais. La France pour moi représente vraiment la meilleure nourriture, le meilleur public... Les gens ici sont fous, ils font des "mosh pits", des "crowd-surfings" sur nos sets ! On n'avait jamais vu ça ! (rires) Sur scène j'étais là "Putain, mais qu'est-ce qu'il se passe ?!?!" (rires) ! Donc tu sais quoi, je vais même le dire là : peuple français, viens à nos concerts et je te promets qu'on va avoir une nuit de folie comme il y a quelques années ! (Edit  après avoir vu le concert parisien : ils ont tenu promesse !)


Le site officiel : www.kissin-dynamite.de