Interview faite par mail par Liz

Bonjour Karelia, la première chose typique que je demande au groupe en premier lieu c’est de vous présenter en quelques mots, le groupe et les musiciens qui le composent. Comment est né Karelia ? En quelle année ?
Matt (chant) : Depuis 2001 : création d'un line-up qui tienne la route pour un projet pharaonique de metal symphonique en 2004 ("Usual Tragedy" / Sony-BMG) puis trois autres albums, des dates avec énormément de groupes reconnus, et aujourd'hui, un relatif succès d'estime dans le métier.

Comment s’est passé l’enregistrement du dernier album ? Les hauts, les bas, les difficultés… ?
Enormément de temps pour fignoler la production, grâce/à cause de l'hésitation des labels car pour eux, c'est un album très difficile à travailler : ils imaginent mal le public qui puisse correspondre à un projet comme celui-ci ! Du coup, beaucoup de temps pour gagner une efficacité sonore maximum !

Ce n’est pas votre première expérience en studio, quel épanouissement en retirez- vous à chaque fois ? Est ce que les enregistrements se passent de mieux en mieux avec le temps et l’expérience ?
Non pas forcément, chaque album apporte son lot de nouvelles contraintes. Par contre, l'épanouissement réside à chaque fois dans le fait de lâcher un bébé qui est parfait à tes propres yeux ! D'un côté tu sais que ce n'est pas la "perfection objective" mais c'est le maximum de ce que tu es capable de faire... ce qui ne peut jamais être le cas sur scène.

Etes-vous fiers de vous et de vos albums, notamment le dernier ? Avez-vous atteint les objectifs que vous vous étiez fixés ?
L'objectif étant de proposer un album de qualité mais déconcertant pour la petite planète metal traditionaliste... oui, on a atteint l'objectif, je crois. La preuve en est ta propre question lourde de sens ! (langage parental lorsqu'on s’aperçoit que son gamin joue avec son propre caca : "j'espère que tu es fier de toi ?")

Si vous deviez poser un regard critique sur vos albums et votre groupe qu’en diriez-vous ?
C'est dur... surtout lorsque rien de ce que tu fais n'ait été lourdement pesé depuis le tout début. Je dois dire, au terme de l'ensemble de l'aventure, que j'avais sur-estimé le besoin et la soif de différence et de renouvellement dans le style metal en général. J'imaginais cette soif évidente et dominante, alors qu'elle n'est que marginale. C'est ma principale erreur... erreur de jugement donc. Artistiquement, je ne saurais pas le dire.

En rapport avec vos précédents albums, le petit dernier est-il plus innovant et révélateur de votre maturité ?
C'est même le seul, dans le sens où rien n'a été bridé par des intervenants extérieurs ! Y compris la pochette, proprement inacceptable. Dans un sens, "Golden Decadence" est le "premier KARELIA 100% intègre".

Dites m’en plus sur le featuring avec Rudolf Schenker ?
C'est une question récurrente et il est toujours difficile d'y répondre car tout a été si simple et sans chichis que j'ai du mal à faire des commentaires... la difficulté c'était évidemment l'agenda de Rudolf, hyper-chargé. A part ça, artistiquement ça remet les pendules à l'heure : lors de la production, tu intègres ses parties guitare dans les titres et tu t’aperçois que le génie, ça ne s'invente pas !

Quelle est votre recette pour la composition des chansons ? Qui compose ? Qui écrit les textes, les arrangements… ?
C'est principalement bibi. Même si le rôle des guitaristes sur cet album, a été beaucoup plus important que jamais, ce qui se remarque par l'importance des guitares, qui prennent souvent le dessus sur mes claviers.

Quels sont vos secrets de fabrication ? À votre avis quels sont les ingrédients pour qu’un groupe fonctionne ?
J'adorerais organiser une conférence de deux heures sur le sujet... le secret principal, c'est de ne plus croire une seule seconde au principe des années 80 qui régit pourtant aujourd'hui encore tous les groupes locaux qui aimeraient se faire un nom : faire des petites scènes, essayer de féderer un public petit-à-petit, attendre le Eddy Barclay à cigare qui vous trouvera génial et fera votre gloire. Tout cet univers n'existe plus depuis longtemps.

Vos influences et sources d’inspiration ? D’où vient l’originalité de vos compositions ?
Justement d'influences extrêmement variées. Le metal provoque des émotions... mais au même titre que le jazz, le rock, le flamenco, le rap, la musique classique...

Pourquoi ce mélange des genres ?
Parce qu'on tient à ne pas s'emmerder en attendant notre cancer. Mais ça ne tient qu'à nous.

Que préférez-vous entre la scène et les studios d’enregistrement ?
J’aime les deux. C’est un travail différent, complémentaire et également riche.

Est-ce que la scène vous plaît ?
Evidemment, et encore plus lorsqu'il s'agit d'un public non acquis !

Vous avez eu la chance de partager la scène avec le groupe Scorpions, que vous a procuré cet honneur ? Combien de dates avez-vous fait avec eux ?
Au terme d'une vingtaine de dates, une énorme tribune pour présenter notre boulot, l'apprentissage du "vrai" métier, que personne ne peut connaître sans l'avoir vraiment vécu... pas certain que ça nous serve un jour mais c'est intéressant.



Comment vous êtes-vous retrouvés sur la scène avec eux ?
Très simplement : on est passés sous le bureau... de quoi donner du grain à moudre à tous les blaireaux qui s'imaginent qu'on peut en arriver là sans suer sang et eau.

Que vous apporte le public ? L’attention que vos fans vous porte fait-elle partie de votre épanouissement personnel ?
En parlant en mon propre nom (pour ne pas engager mes congénères dans cette affirmation) : il n'y a même que ces fans là qui donnent la force de continuer.

Que préférez-vous entre la scène et les studios d’enregistrement ?
C'est un peu le débat "préferez vous jouer au théâtre ou au cinéma ?". Pour ma part, j'adore le fait de pouvoir montrer une œuvre au public uniquement dans sa forme la plus parfaite et stéroïdée !! La scène est forcément un travail plus imparfait, approximatif... Dans ce sens, j'aime beaucoup le studio. Mais c'est peu épanouissant dans les rapports humains !

Quels sont les endroits où vous préférez jouer ? En France ? À L’étranger ?
Voilà de toute évidence une question qui exige une réponse "Michel Drucker"... donc en France évidemment ! (on est en France, là ?) oui alors je confirme : en France c'est mieux.

Des concerts, dates et tournées sont prévus ?
Oui, L'arena de Genève en Novembre, puis des dates Décembre / Janvier de nos propres ailes : à Chambery, Mulhouse, Toul, Avignon... puis retrouvailles avec les Scorpions pour deux dates importantes au Mans puis à Nancy...

Je vais vous poser des questions plus personnelles. Etes-vous un groupe soudé ? Comment vous êtes-vous rencontré ?
Aujourd'hui c'est le cas (note : le line-up a changé trente fois...) car c'est principalement les personnalités qui faisaient défaut au groupe, pas vraiment les compétences musicales. Pour tenir dans pareil projet, il est impossible d'être narcissique, de manquer d'empathie, car l'égo est mis à l'épreuve.

Quel style de musique vous avez pour habitude d’écouter ? Le style varie beaucoup entre vous ?
Enormément. Chacun a des influences très précises. Pour ce qui me concerne, je n'écoute plus de musique. Mais du tout.

Jusqu’où voulez-vous aller avec votre groupe ? Est ce un projet professionnel ou juste une simple passion ?
Pour un groupe français, il est presque impossible de monter plus haut sans être prêt à bouleverser sa vie de fond en combles. C'est une triste réalité.

Que représente la musique pour vous ?
Le seul vecteur d'émotion pure... les vibrations reptiliennes, le crochetage par une suite d'accords, de souvenirs que l'on pensait enfouis sous les décombres d'une enfance perdue.

Quels sont les futurs projets pour Karelia ?
Justement, ca ramène à quelques autres de tes questions : à notre niveau précis, plus rien ne dépend de nous, notre destin nous échappe et appartient à ceux qui s'imaginent que KARELIA correspond à une demande ou non. La seule chose que tu puisses faire en tant qu'artiste, c'est faire des titres de ton mieux, tout donner sur scène, tout en gardant à l'esprit que ca pèsera peu dans une balance.

Qu’avez-vous envie de dire à tous les fans qui vous écoutent ?
Tel Jésus sur la Croix, je serais tenté de dire : dépêchez vous, je glisse.

Que pouvons-nous vous souhaiter pour la suite ?
Une passion pour la pêche à la ligne !

Des choses à rajouter ?
Laissez nous vous divertir... c'est tout ce que peut dire un saltimbanque métalleux .

Merci Karelia de m’avoir accordé cette interview pour French Metal. Je vous souhaite une bonne continuation dans votre musique et à bientôt sur les routes.


Le site officiel : www.karelia.fr