Interview faite par mail par Ichigo

S’il y a bien un groupe à chanteuse Français qui change des autres et qui mérite qu’on y prête plus attention, c’est bien Interria. Après des mois d’attente douloureuse, leur premier album "Les Corps Impatients" est finalement sorti. Vu la qualité de l’opus en question, j’avais tout une batterie de questions sous la main pour assaillir ces jeunes Parisiens prometteurs à souhait !

Salut les gars ! Bon eh bien vu qu’il s’agit de votre première interview pour le webzine, je vous laisse la parole pour vous présenter vous et le groupe !

Fabien (basse) : Salut, nous sommes INTERRIA, un groupe Français composé de 5 membres - et pour reprendre en partie la bio présente sur le site, INTERRIA s'est formé en 2005 afin de produire une musique qui se veut ouverte et actuelle, mêlant guitares “metal” et samples “electro”, énergie rock et chant en Français. Pour se faire une idée plus précise, j'invite tes lecteurs à aller faire un tour sur notre site interria.net ou mieux, sur le myspace officiel à l'adresse http://www.myspace.com/interria sur lequel ils pourront en apprendre un peu plus et écouter trois de nos morceaux en poursuivant leur lecture. Quoi de mieux pour découvrir le groupe ?

Quelles sont vos influences majeures ? Versez-vous dans l’electro / industriel d’habitude ?
Fabien : Hum, question difficile. Nous écoutons tous pas mal de choses différentes et variées. Et dire quels artistes ont réellement influencé chacun au niveau de son implication dans INTERRIA.... pour ma part, j'en suis incapable.
Stef (guitare) : Les machines sont bien souvent une constante dans la musique que j’apprécie des 80’s à nos jours. On peut vraiment dire que celles-ci font partie de notre univers habituel conscient ou non ! C’est un champ d’action tellement vaste, chaque groupe majeur ayant une utilisation des samples / séquences qui lui est propre, de Depeche Mode à Radiohead, de Killing Joke à NIN
Jenni (chant) : Si je dois citer quelques influences vocales, je dirais Nine Inch Nails, The Birthday Massacre, Guano Apes, Skunk Anansie, The Gathering.
Fabien : Quant à moi, j'aime des groupes très variés et qui n'ont rien à voir avec l'electro ou l'indus pour bon nombre d'entre eux. Pour répondre à ta seconde question, l'electro / industriel n'est pas mon genre de prédilection - c'est le rock, d'une manière extrêmement large et même si le genre que tu cites est une composante de la musique d'INTERRIA, aucun de nous ne saurait réduire ses goûts à ce genre uniquement.

Alors on l’attendait cet album ! "Les Corps Impatients"…intéressant comme concept ! Qui en a eu l’idée ?
Fabien : Les paroles du morceau "Les Corps Impatients" ont été écrites par Jenni. Et nous avons vite trouvé que ce titre véhiculait quelque chose de fort et qu'il serait parfait pour un nom d'album. Par contre celui-ci n'a rien d'un concept album même si on retrouve des thèmes récurrents dans les textes.
Jenni : Les paroles sont généralement axées autour de sentiments et de sensations. D’autre part nous souhaitions représenter visuellement notre musique par un côté charnel, c'est pourquoi ce titre s’est tout de suite légitimé.

Pouvez-vous nous donner plus de détails quant à sa période d’enregistrement, les plus, les moins, etc...
Fabien : Pour tout te dire, ça fait déjà un moment que l'album a été enregistré puisque nous étions en studio au début de l'année 2008. Nous avons passé en tout un mois au Loko, un studio d'enregistrement situé à environ 150km de Paris. C'était vraiment agréable. L'endroit est vraiment perdu dans la campagne Française - certains de nos portables ne captaient même pas le réseau pour te dire ! A coté des studios, il y a un gîte confortable dans lequel nous logions tous ensemble. Ce qui fait que nous pouvions nous immerger au maximum dans notre musique. Même si certains d'entre nous ne pouvaient rester en permanence sur place (nous n'étions pas tous en vacances) nous étions toujours plusieurs sur place à pouvoir travailler efficacement. Un vrai bonheur. L'équipe qui nous a accueillid sur place (seb et manu) était vraiment cool en plus, on s'est bien éclaté. Vivement l'enregistrement du second album !
Jenni : Ce furent, pour nous tous, des moments exceptionnels à partager. On a vraiment profité de ces instants privilégiés pour nous concentrer tous à fond sur le même objectif.
Stef : C’est autant un bel accomplissement qu’un beau défi que de pouvoir aller au bout des choses dans le cadre d’un projet musical, surtout dans le contexte que l’on connaît actuellement qui n’est pas des plus simples. Et ça reste un tas de beaux souvenirs doublé d’une expérience très riche que nous garderons en nous.

Comment s’est déroulée votre quête pour trouver un label, ce qui on le sait, est une rude tâche de nos jours…
Stef : Cette question se pose encore au présent ! Comme tu le mentionnes très bien, ce n’est pas une tâche facile. Nous avons eu quelques pistes mais rien n’est encore décidé pour l’avenir. Notre démarche est basée sur le fait de diffuser au maximum le nom d’INTERRIA - être présents sur le terrain avec notre street team et sur scène… Même si je n’aime pas trop cette approche un peu à la mode de la question, je pense qu’il faut davantage créer un buzz pour pouvoir disposer d’une approche concrète et qualitative en vue d'un contrat. Aujourd'hui, les labels recherchent beaucoup plus de garanties avant de faire confiance et de suivre un artiste.



L’artwork de l’album est très simple mais colle parfaitement avec l’atmosphère du disque, par qui a-t-il été réalisé ?
Fabien : C'est Eric Fiorletta qui avait déjà travaillé avec nous sur la pochette du MCD (" _interria") qui a rempilé. Il travaille bien, on aime ce qu'il nous propose et c'est un ami à nous. Il a très bien saisi les dualités froideur / chaleur, organique / artificiel, humain / machine que l'on souhaitait faire ressortir sur cet album.

La vente de l’album a été lancée depuis peu et apparemment tout se passe on ne peut mieux, pouvez-vous nous en dire plus ?
Fabien : Après pas mal de temps à essayer de trouver un label intéressant pour sortir l'album et pour nous promouvoir, nous n'avions toujours rien trouvé. Certains fans et en particulier, certains proches de la street team d'INTERRIA ont commencé à s'impatienter (!) et nous avons décidé avec eux, et grâce à l'aide de l'un d'entre eux, de réaliser nous même un premier pressage de l'album. Comme en plus d'un label nous n'avons pas non plus de contrat de distribution, nous avons décidé de vendre directement l'album sur le site du groupe en utilisant les moyens aujourd'hui à la disposition de tous sur le web. En particulier PayPal. Pour se procurer l'album il existe donc deux solutions actuellement. L'acheter lors d'un concert d'INTERRIA, ou bien le commander sur notre site web. Pour cela il faut se rendre dans la section "boutique / shop" du site et utiliser les boutons PayPal afin de gérer une commande. Le système PayPal utilise soit votre compte si vous en avez un, sinon une simple carte de crédit suffit à réaliser la démarche et à passer commande. Tout est très simple et sécurisé. Une fois la commande reçue, nous préparons et envoyons au plus vite le ou les albums au commanditaire. Tout simplement.

Un peu inévitable vous vous en doutiez, mais pourquoi la totalité des paroles en Français alors que l’Anglais prime à tous les abords dans la scène metal ? Une question de sensibilité ?
Jenni : C’est lors de la composition que cela s’est fait. Une fois cela décidé, les textes sont arrivés très vite car j’écris à l’instinct, je reviens très peu dessus. J’aime garder les idées brutes. En écrivant en Français il n’y a pas eu à retraduire et chercher à garder le sens des mots. Tout reste intact. Et finalement, on s'est dit "pourquoi pas". Proposer le Français pourrait être un plus dans le milieu metal, même si on n’est pas les premiers non plus.
Fabien : En fait, les premiers morceaux d'INTERRIA mélangeaient Anglais et Français mais très vite, sous l'impulsion de Xavier et Julie principalement, nous nous sommes rendus compte que le Français venait plus naturellement.
Stef : On pourrait dire que ça collait. Ca correspond vraiment à notre son et nous permet de pouvoir nous exprimer sans barrière quant à l’écriture.

Jenni, qu’essaies-tu d’exprimer grâce à tes textes et ton chant en général ?
Jenni : J’exprime mes envies, mes craintes, mes obsessions. Un panel d’émotions que j’aime retranscrire via le chant et l’écriture. Les images, les flashs, du vécu, mais pas ça uniquement, je m’inspire beaucoup des ressentis et de mon regard extérieur sur les gens et les faits. J’aime écrire pour les autres et j'aime penser à ce que les auditeurs retrouvent au-delà des mots. Mon chant a également une place rythmique importante tout comme les instruments. Et mon job ne consiste pas qu’à écrire des mots mais à les transposer en sonorité, à les véhiculer dans des mélodies.

Quelle est ta formation musicale ? Tu nous offres un panel de chant très varié en misant toujours sur la puissance… Cette notion est-elle importante à tes yeux ?
Jenni : J’ai commencé avec une amie guitariste. Puis elle m’a présenté d’autres amis, et très vite j’ai eu la possibilité de démarrer quelques concerts dans un groupe qui avait déjà bouclé des dates en Hollande et dont il fallait faire la promo, donc je suis partie directement sur la route ! En parallèle j’ai fait un premier cycle (3 ans) au conservatoire en chant lyrique, il y avait beaucoup de chose à gérer, posture du corps, maîtrise du souffle, etc. Peut être même plus de contraintes que de plaisir. J’ai pris aussi quelques cours de guitare pour accompagner ma voix. Depuis toujours j’aime chanter, j’aime les grosses voix pleine d’émotion, Piaf, Brel, Aretha Franklin, Janis Joplin. Le chant varié comme tu le dis vient peut être de là. Je n’ai pas cherché à utiliser plusieurs types de voix, j’ai juste chanté en fonction de ce que je voulais faire ressentir. C’est important de ne pas rester monotone dans le chant. Pour la puissance, c’est quelque chose que je ne gère pas, c’est instinctif, je n’ai fait qu’interpréter ce que j’avais en moi à travers l'expression de mes textes. Je chante pour transmettre des émotions, je vis mes mots. S’ils sortent en puissance, je ne peux être que satisfaite de ta constatation. Merci.



Et pour ne pas faire de jaloux : les autres, êtes-vous autodidactes ou alors quelle est votre expérience en tant que musiciens ?
Fabien : Pour ma part je suis autodidacte. J'ai commencé la musique assez tard, vers l'âge de 18 ans en faisant de la guitare pendant quelques années puis j'ai eu l'occasion de passer à la basse et j'ai vraiment accroché sur cet instrument qui me convient bien plus (ça doit être pour les cordes en moins). Au niveau de l'expérience et bien, alors que je jouais de la guitare en solitaire, je me suis retrouvé à jouer en groupe dès que j'ai commencé la basse. J'ai ainsi écumé plusieurs formations dans différents styles, aussi bien de la reprise que du prog, du rock ou du metal. Depuis 3 ans je me focalise sur INTERRIA mais je continue à faire de la reprise dans un groupe de rock et à jouer dans un groupe de "rock groovy" ce qui m'apporte une diversité musicale qui me convient.
Stef : Egalement autodidacte, j’ai tout de même pris ça et là des plans de guitares aux stars locales que j’ai pu approcher ! J’ai majoritairement fondé mon expérience au travers de nombreuses participations dans des formations metal, puis rock et electro. Le partage dans la musique amène souvent au progrès, et à l’élargissement de son champ de vision en termes de créativité.

Vous bénéficiez d’une street team de choc qui se bat pour vous promouvoir. Comment s’est-elle formée et quelles sont vos impressions quant au travail déjà accompli ?
Fabien : La street team INTERRIA, c'est quelque chose d'incroyable. Nous avons, au fur et à mesure de concert, rencontré des gens qui aimaient ce qu'on faisait et ce qu'on était au point de venir nous voir le plus souvent possible, au point de nous soutenir le plus possible et au point de lancer des projets pour nous permettre d'avancer encore plus. Un jour ils nous ont contactés pour nous annoncé qu'ils souhaitaient nous aider avec justement un premier projet qui fut la création de cette street team. Nous songions à une telle chose à ce moment là mais ils nous ont devancés. Et ils ont bien fait car même si nous y pensions, ce n'était pas une priorité à ce moment là... peu avant l'enregistrement de l'album si je me rappelle bien. Merci et encore merci à eux, ce sont des gens vraiment adorables et qui sont devenus de vrais amis. On les aime.
Jenni : Mon impression est très forte, on a effectivement beaucoup de chance d’avoir rencontré des personnes comme celles-ci et en même temps c’était un signe : la vie est faite de rencontres, de choix et d’échanges. Je pense que notre travail ne peut pas être mieux récompensé que par ce soutien. Et cela nous prouve régulièrement que notre part de créativité fonctionne et est aimée par d’autres. Ce qui compte dans cette amitié, c’est la sincérité, tout a été fait avec le temps, on a posé des premières pierres puis la street team a posé les suivantes, puis re-nous, et ainsi de suite. Cela soulage d'être aidé mais cela demande aussi de ne pas décevoir, c’est donc une chaîne à tenir... à entretenir ! Mes impressions face au travail accompli, elles sont bien sûr positives, on est une vraie fourmilière de toute façon !

Vous avez dernièrement joué à la première édition du Rock Girl Fest à Paris, affiche alléchante à souhait ! Quels souvenirs vous en sont restés ?
Fabien : Des souvenirs énormes, que du bonheur !
Stef : C’est toujours super de pouvoir s’exprimer sur une belle scène, avec un bon public et de bonnes conditions.
Jenni : Il y a d'abord eu des retrouvailles avec des groupes qu’on aime. David d’Eden Record, membre de Markize, nous a permis de nous éclater sur cette scène et nous en sommes ravis. On souhaite que ce festival se poursuive dans les années à venir. Si vous voulez vous faire une idée de ce que c'était, pas mal d’images ont été capturées par Julien et l'équipe de NRV TV. Un reportage aussi. Tout est visible sur http://www.nrv-tv.com/. C’était pour nous également le jour de sortie de l'album "Les Corps Impatients", donc une date marquante pour INTERRIA.
Fabien : En plus de ce que vous pourrez voir sur NRV-TV, quelques extraits live de cette date devraient arriver rapidement sur la chaîne YouTube d'INTERRIA. Des extraits que nous devons là encore à l'équipe d'NRV-TV qui a accompli un boulot excellent !

En plus de ça, vous avez également déjà performé au Raismes Fest et au célèbre MFVF… mais à présent quels sont vos projets immédiats niveau concerts ?
Fabien : En Septembre de cette année, nous sommes programmés pour participer à la seconde édition du H'elles On Stage. Un festival se déroulant à Villeurbanne (près de Lyon) et regroupant des formations "à chanteuses" mais dans des registres assez différents.
Jenni : Et ensuite nos autres projets : trouver des dates ! Avis aux organisateurs donc.

Quels sont vos coups de cœur musicaux du moment ? Vous semblez très liés à The Outburst…
Jenni : Liés… En quelque sorte, j’aime quand Sarah m’embrasse et je crois bien qu’elle aime ça aussi la chipie ! Plus sérieusement, ce que j’aime dans The Outburst c’est leur côté sauvage, ravageur sur scène. Leur amitié compte pour moi, on se marre bien ensemble. Mes autres coups de cœurs : Lamb, Hooverphonic, Gossip, Killswitch Engage.
Fabien : A propos de The Outburst, je suis fan de leur musique depuis l'EP "Party Time". J'adore ! C'est un groupe dont la musique est puissante, simple et d'une efficacité redoutable. Une énergie énorme sur scène.
Stef : ...et The Outburst sont tout simplement des gens géniaux !
Fabien : De plus ils sont de Paris, comme nous, on s'est donc croisés sur pas mal d'événements ou de concerts. Le Rock Girl Fest en Avril par exemple. Et on se retrouve en Septembre pour le H'elles On Stage dont j'ai parlé juste avant. Sinon en coup de coeur récent, je dirai Cheeno, un groupe Allemand découvert presque par hasard, à voir en live ! Et Miyavi, un artiste de J-Rock (je pense, je ne suis pas spécialiste des "genres") que m'a fait découvrir une amie et dont la musique rythmée et groovy file une pêche et un optimisme fort bienvenus. Ainsi que le dernier album d'OSI, très très bon.
Stef : Dans ma playlist du moment, le dernier Archive, Hooverphonic, bien sûr NIN, du KMFDM par moment, quelques classiques genre Filter et là j’attends le prochain Muse...
Fabien : Moi aussi je l'attends celui là !

Merci d’avoir pris le temps de répondre à mes questions ! Bonne continuation et en espérant vous recroiser bientôt ! Quartier libre à vous pour la fin…
Fabien : Bonnes vacances à tous, profitez de l'été ! Et rendez vous aux prochains concerts ! D'ici là... Maîtrisez, controlez.
Stef : L’été et ses longues et chaudes soirées.. attention aux corps trop impatients !
Jenni : Appréciez chaque seconde qui s’offre à vous, voyez le bon et gardez de la distance sur le reste.


Le site officiel : www.interria.net