Interview faite par mail par Matthieu

Tout d’abord, bonjour et merci de ton temps ! Pourrais-tu vous présenter le groupe et toi, pour quelqu’un qui ne connaît pas Inhuman s’il te plaît ?
Pedro Garcia (chant) : Je suis Pedro Garcia, chanteur pour INHUMAN de Silves, Algarve au Portugal, on a débuté le groupe en 1992 et enregistré notre première démo en 1995, qui a eu une excellente réponse du public. En 1996 notre premier album est sorti ("Strange Desire") et nous avons commencé à travers le pays. En 1997 nous avons enregistré notre deuxième album, "Foreshadow", en Angleterre, qui a été produit par Simon Efemey. En 1998 l’album est sorti et il a eu une excellente promotion ici au Portugal, mais on a commencé à avoir des soucis en interne, qui ont causé mon départ du groupe. Plus tard, le groupe a arrêté ses activités, mais en 2007 on a essayé de faire un retour avec des changements de line-up, mais encore une fois ça n’a pas marché. En 2016 on a décidé de faire quelques concerts concernant le vingtième anniversaire du premier album, avec le line-up classique et les choses ont bien fonctionné entre nous, donc on a décidé d’écrire de nouveaux titres et de sortir un album, alors nous voilà avec cette seconde renaissance. Cette fois, 22 ans après notre dernière sortie, beaucoup de choses ont changé dans nos vies, dans l’industrie musicale, dans nos goûts personnels, donc c’est un nouveau monde pour nous, et ça se passe bien jusque là.

Votre nouvel album, "Contra", est sorti depuis deux semaines à présent. Comment vous sentez-vous à propos de cette sortie ? Est-ce que vous avez déjà eu des retours ?
"Contra" a été créé en premier lieu pour nous montrer qu’on pouvait toujours le faire. C’est un album très fort et diversifié qui autorise l’auditeur à expérimenter différentes sensations et ressentis. Il traite de sujets très sérieux, des choses que nous pensons fausses, et que nous voulons porter à l’attention des gens. C’est définitivement une déclaration contre ce qui se passe. Oui, nous avons des réactions jour après jour. Cet album a reçu l'attention des médias spécialisés en Europe, et c’est vraiment génial. On nous a demandé des interviews pour des stations de radio, des magazines et c’est bien, car c’est toujours un plaisir de parler de notre musique et de permettre aux gens de connaître le groupe et ce nouvel album. Beaucoup de gens sont également très contents que le groupe revienne à la vie et tout, principalement les pays étrangers qui sont très curieux. Les critiques sont vraiment bonnes pour la plupart, bien sûr nous ne pouvons pas plaire à tout le monde, même avec un album aussi diversifié. En général, les critiques sont très bonnes.

Ce troisième album sort après une longue période d’inactivité pour le groupe, qu’est-ce qui vous a poussés à le ramener à la vie à nouveau ?
Comme je l’ai dit avant, pour nous montrer qu’on pouvait le faire, après une telle période d’inactivité, c’était notre but principal. Ensuite, le désir de faire de la musique qui pourrait être importante pour ce siècle. En y repensant, c’est merveilleux d’avoir ce line-up classique ensemble à nouveau, et un nouvel album aussi. Ce n’est pas simple de mettre ensemble cinq personnes avec des goûts musicaux différents dans la même pièce et qu’ils sortent un album. Nous ne savons pas ce qui va se passer ensuite, mais c’était une réussite pour nous.

Avant la sortie de l’album, vous avez révélé "Chaotic Nothing" et "Na Morte, Um Augúrio" au monde, pourquoi avoir choisi ces titres pour présenter le nouvel album ?
Nous avons pensé que "Chaotic Nothing" était une bonne introduction, car il semblait équilibré en termes de lourdeur et de mélodie. C’était le dernier titre que nous avions fait et il a été finalisé en studio, il sonnait nouveau et moderne, et nous avons pensé que c’était un bon choix pour un single. Les premières réactions étaient bonnes et les gens semblent l’apprécier. Puis notre album nous a demandé un autre titre à dévoiler avant que l’album ne sorte et nous avons pensé que ce serait plus agressif que ce soit un titre chanté en portugais, ce qui était quelque chose de nouveau pour nous. Je ne sais pas vraiment ce que les gens en pensent, mais c’est un bon titre avec des influences black et death metal, et il a été remarqué au Brésil, donc c’est bien d’attirer l’attention d’un marché très difficile à pénétrer, et c’est spécial car nous partageons la même langue.



Dans cet album, il y a quelques titres chantés en portugais, votre langue maternelle. Pourquoi avez-vous choisi d’utiliser cette langue ?
Dans les années 90, honnêtement, nous n’y avons jamais pensé. Il y avait déjà des groupes de metal au Portugal et au Brésil qui utilisaient le portugais, mais j’ai toujours senti qu’il y avait quelque chose qui manquait. Ensuite, un tas de groupes ont commencé à faire ça et les résultats étaient meilleurs. Beaucoup d’autres groupes européens ont commencé à utiliser leurs langues maternelles et les gens appréciaient. J’ai également commencé à écouter de plus en plus de musique chantée en portugais, pas seulement du metal, mais de la pop ou du rock. Donc, un jour des idées me sont venues en portugais alors j’ai commencé à les écrire, sans réelle intention, le groupe n’était même pas actif à ce moment-là, mais j’ai gardé ces idées. Donc quand nous avons commencé à écrire les nouveaux titres, certains riffs semblaient correspondre parfaitement avec ces mots et j’ai présenté l’idée au groupe, sans savoir ce qu’ils allaient en penser. Nous avons décidé d’expérimenter ça, et nous avons été très contents du résultat, donc il y a deux titres en portugais et beaucoup de gens aiment ça, même dans les pays étrangers, ce qui est bien ! Je pense que c’est une bonne voie à suivre dans le futur, donc on attend de voir.

Vous avez récemment signé un accord avec Alma Mater Records, mené par Fernando Ribeiro de Moonspell , comment ça s’est passé ? Comment c’est de travailler avec ce label ?
Eh bien, Daniel Cardoso , notre producteur, le dernier jour où on était au studio, il nous a demandé si on avait déjà pensé à un label pour sortir l’album et je lui ai dit que je faisais une liste pour envoyer 3 ou 4 titres. Puis Daniel m’a dit “Pourquoi tu ne demandes pas à Fernando ? Tu le connais… je pense que ce serait parfait pour vous…” et je lui ai dit “Hmm je ne sais pas, c’est comme si je lui demandais une faveur ou quelque chose…”, alors Daniel nous a répondu “Ok… Ca vous embête si je mixe 3 ou 4 titres pour lui envoyer ?” et ce serait différent, alors nous avons accepté. Ensuite Fernando m’a envoyé un mail pour me dire que ce serait un plaisir pour lui d’écouter et de donner son honnête opinion (comme il fait toujours), il a aimé le groupe depuis ses débuts et s’il aimait les titres il serait intéressé. Donc, il a vraiment aimé, il nous a demandé l’album entier et nous a demandé de rejoindre Alma Mater, qui était un véritable honneur pour nous. Pendant toutes ces années dans le business Fernando a acquis beaucoup d’expérience, Moonspell ont toujours été des visionnaires et ils en savent énormément concernant le business musical, c’est un véritable plaisir de travailler avec des gens qui comprennent notre musique.

A propos de l’album lui-même, j’ai senti des racines gothique old school, mais également des éléments plus modernes. Comment s’est passé le processus de composition ? Est-ce qu’il y a une histoire ou un message derrière l’album ?
Oui, je suis d’accord avec toi, nos racines gothique old school sont partout, mais je pense que nous les avons fait sonner modernes et actuelles, et même mixées avec d’autres genres. Dans ce groupe nous ne prévoyons jamais quelle direction nous allons suivre, les choses arrivent naturellement et nous évaluons juste ce qui est bon ou non. Plus de 20 ans sans sortir un album, c’était un déclencheur pour libérer toute notre rage, donc il y a des titres lourds. A propos des paroles, il y a des messages importants et un commun, être contre tout ce qui est mauvais. Les thèmes font références aux influences malfaisantes de la religion qui est toujours présente dans notre vie sociale, le chaos, la création, la mort, les conflits personnels, la dépression, mais un lien commun, être contre tous ces mauvais aspects de la vie.

Qu’est ce qui vous inspire en tant que groupe ? Ca peut être de la musique, des groupes que vous aimez, ou autre, comme des films, livres…
C’est un peu complexe de définir tel ou tel groupe, tel ou tel genre de musique, ou même tel ou tel livre. Tout peut nous inspirer. Des fois même un paysage peut être inspirant, un événement, n’importe quoi. Tout ce que tu as mentionné peut déclencher une idée, quelques mots, une mélodie ou un type de son. L’inspiration peut venir de tout autour de nous. Ce n’est pas planifié, c’est pour ça que c’est une inspiration.

Il y a beaucoup d’émotions dans votre musique, de la mélancolie à l’oppression, de la puissance pure à des sons plus majestueux… A quel point vous souciez-vous de la partie émotions dans votre musique ?
Je pense que c’est une excellente question. C’est bien que tu identifies toutes ces émotions dans l’album, car elles y sont toutes. La musique est faite par des gens et les gens font l'expérience de différentes émotions qui dépendent de leur humeur actuelle, alors c’est ce qui est sur l’album. Nous nous soucions beaucoup de cette partie émotions, car elle reflète l’honnêteté dans notre musique. Nous n’avons que faire de plaire à quiconque, à part nous. C’est un album fait de vraies émotions, même si certaines peuvent être mal comprises, ces titres reflètent ce que nous voulions partager avec les gens, parce qu’on l’a senti ainsi. Et c’est tout.

Je sais que le Covid-19 a foutu en l’air pas mal de choses, mais est-ce que vous avez déjà des plans pour le futur dont vous pourriez nous parler ? Comme des concerts, des vidéos…
Pour le moment, nous sommes très contents de recevoir des demandes d’interview de quelques pays en Europe, d’avoir nos morceaux joués à la radio et on ne peut pas vraiment se plaindre des efforts du label concernant la promotion. L’Europe nous donne de l’attention, ce qui est bien. Nous avons déjà deux concerts de prévus en 2021 et d’autres suivront probablement lorsque le temps sera venu. Un live stream est également dans nos plans aussi, mais on attend de voir. En Janvier lorsque nous étions en studio le virus se répandait en Chine et personne ne savait vraiment ce que c’était, ni les futurs effets dans nos vies. Puis en Mars tout s’est arrêté et nous espérions qu’à l’été tout serait sûr, mais la pandémie est toujours là, elle nous affecte toujours et nous devons faire avec. Être prudents quand nous le pouvons, mais nos vies doivent continuer même de manière différente par rapport à avant.

A propos des concerts, que peut-on espérer d’un concert avec Inhuman ?
Comme tous les groupes nous voulons monter sur scène le plus rapidement possible, tout particulièrement avec cet album que les gens semblent apprécier. Nous rassemblons des idées pour un concert, mais nous ne savons pas comment ce sera de jouer ces nouveaux titres avec certains qui sont agressifs, mais nous savons que ce sera sûrement super en live. On a hâte de le faire, et nous espérons aussi jouer à l’étranger pour la première fois.



Tu te souviens du premier morceau de metal que tu as entendu par le passé ? Lequel c’était ?
Je me souviens que j’écoutais AC/DC quand j’avais 8 ou 9 ans et j’ai vraiment apprécié "Dirty Deeds Done Dirt Cheap". Plus tard, vers 10 ans, j’écoutais "The Number Of The Beast" d’"Iron Maiden" et j’étais choqué, mais je suis vraiment devenu fan de cet artwork avec Eddie, et quelques années plus tard j’étais devenu un grand fan d’Iron Maiden.

Est-ce que tu te souviens aussi de ce qui t’a fait vouloir créer un groupe et monter sur scène ?
Principalement parce que j’aime la musique depuis que je suis enfant. Je n’ai jamais eu l’intention de devenir une rock star ou autre. La musique est une de mes passions et c’est ce qui m’a fait vouloir être dans un groupe et créer quelque chose comme mes héros musicaux l’ont fait. Simplement ça !

Du Portugal, nous connaissons principalement Moonspell et plus récemment Gaerea, est-ce qu’il y a des groupes underground que tu voudrais que le monde découvre ?
Oui il y en a. Dans le début des années 90 il y avait des centaines de groupes de metal, mais il devait y en avoir 10 ou 15 qui étaient bons, du moins pour mes goûts musicaux. De nos jours, les choses ont beaucoup évolué en termes de qualité, de capacités musicales ou image et il y a des tas de bons groupes au Portugal, dans tous les genres de metal. J’ai mes favoris, mais je vous invite toi et les lecteurs à découvrir la scène metal portugaise, vous ne le regretterez pas.

Si je te demandais de comparer la musique d’Inhuman avec un plat portugais, lequel choisirais tu et pourquoi ?
Hmmm… je n’y avais jamais pensé, mais je pense que la musique d’INHUMAN peut avoir presque la même diversité que la gastronomie portugaise. C’est l’analogie possible.

Quelle est ta meilleure et ta pire expérience en tant que musicien ?
Je ne sais pas si c’est la meilleure, mais celle que je n’oublierai jamais, c’est d’enregistrer un album en Angleterre avec un producteur renommé, qui était Simon Efemey. Tout était nouveau pour nous, le pays, un grand studio, la nourriture, et même le fun. Le pire pour moi c’est quand Music For Nations nous a offert un contrat et notre label au Portugal à l’époque n’était pas d’accord avec les termes, et nous avons perdu notre grande chance.

Avec quels groupes rêverais-tu de tourner ? Je te laisse créer une tournée avec Inhuman en tant que première partie et trois autres groupes de ton choix !
Moi personnellement, Iron Maiden. Les deux autres pourraient être Satyricon ou Katatonia.

Même question mais avec INHUMAN en tête d’affiche !
C’est très difficile, car nous savons que nous avons un long chemin à parcourir avant de prétendre être en tête d’affiche, du moins avec des groupes reconnus.

C’était ma dernière question, un grand merci pour ton temps, je te laisse les mots de la fin.
Nous voulons vraiment te remercier pour l’interview, et invitons les gens à écouter notre nouvel album, à découvrir la musique d’INHUMAN.


Le site officiel : www.facebook.com/inhumanportugal