Interview faite par Braindead à Nantes.

Impureza est né en 2004 sous l’impulsion de Lionel qui souhaitait intégrer des passages de flamenco au sein de compos brutal death. Comment est venu ce concept ? Est-ce une évidence si on se réfère aux origines de Lionel ou simplement une envie de nouveauté en mariant deux styles différents mais aux univers pas si éloignés ? Le Flamenco véhiculant des émotions diamétralement opposées au sein d’une même compo.
Lionel Cano Muñoz (guitare / flamenca) : L’idée de fusionner l’univers metal et les sonorités ibériques m’est venue de mes origines espagnoles. Dès mon plus jeune âge j’ai baigné dans la culture espagnole avec mes parents et je me suis mis à faire de la guitare flamenco tout petit… C’est venu tout naturellement. C’est une musique qui me parle vraiment. Je ressens plein d’émotion à son écoute, comme la mélancolie, l’amour mais aussi un sentiment de ferveur, de vengeance ! C’est une musique très complexe et très riche le flamenco. J’avais un groupe plus jeune qui se nommait Aztlán et dans lequel je fusionnais les sonorités flamenco et metal plutôt soft mais concept tout instrumental. Avec le temps j’ai eu l’idée de transformer ce projet de metal flamenco instrumental en quelque chose dont je me sentais plus proche, quelque chose de plus agressif, plus percutant. Incorporer tout cet univers dans le monde metal que j’aimais tant. Le temps de monter un groupe et de peaufiner le projet et cela a donné IMPUREZA. L’alliance entre la mélancolie et la beauté des sonorités espagnoles et flamenco et la brutalité et la puissance du death metal !

S’il existe une pléthore de groupes dit metal oriental, les influences latines sont très peu présentes. Comment l’expliques-tu ?
Lionel : Il est vrai qu’il existe une multitude de groupes aux influences orientales, qu’on adore d’ailleurs, tels que Myrath, Nile, Melechesh, Arkan pour ne citer qu’eux. Alors que dans les ambiances latines nous n’en connaissons pas réellement… pourquoi ne sont-elles pas plus présentes dans la musique metal, à vrai dire nous l’ignorons. Peut-être que ces influences latines paraissent moins évidentes à mettre en place dans un concept metal…

Même s’il existe des groupes hispaniques d’excellent niveau, il est difficile de trouver des influences similaires aux vôtres chez d’autres formations vu que votre style est justement assez unique, quels ont été les groupes qui vous ont influencés lorsque vous avez créé Impureza ?
Lionel : Il a des groupes qui pratiquent cette fusion, comme Flametal par exemple mais qui explore plutôt des terrains heavy metal. Nous avons tous les quatre des univers musicaux différents et c’est d’ailleurs ce qui fait sûrement la richesse d’exploration dans la musique d’IMPUREZA. Personnellement j’ai été influencé par des groupes comme Metallica, Pantera, Origin, Immolation et bien sûr Nile ! Mais aussi par de grands noms du flamenco comme Paco De Lucia qui nous a quittés l’an dernier (RIP), Al Di Meola, Camarón de la Isla …

Nombreux sont les groupes devant sortir plusieurs CDs pour être reconnus et invités dans les festivals, vous avez plusieurs démos, un EP et un album à votre actif, en parallèle vous avez été présents au Motocultor, deux fois au Hellfest et dans divers festivals renommés. Comment expliquez-vous ce succès immédiat ? Est-ce dû à votre excellent réputation en live ?
Lionel : C’est vrai que nous avons eu la chance de participer à de très belles dates et nous sommes ravis que ces orgas nous aient fait confiance pour ces multiples projets ! Nous avons toujours menés notre concept avec la plus grande sincérité et notre détermination est sans limite, nous travaillons beaucoup et espérons pouvoir continuer à faire résonner notre musique dans de beaux endroits prestigieux comme le Hellfest par exemple ou des dates plus modestes bien sûr ! Il ne faut pas l’oublier, nous sommes des rockeurs dans l’âme et une bonne date crust dans un bon bar rock auprès du public ça nous fait vraiment plaisir aussi et c’est surtout un gros moment d’échange avec les fans et d’être plus près d’eux encore !



Le fait que les lyrics soient en espagnol ajoute de la profondeur aux idées, à la violence, à la douleur. Vos thématiques sont d’ailleurs claires comme de l’eau de roche. Quels ont été vos axes de recherche dans la création des textes ? Plutôt faits divers ? Histoire en général ?
Lionel : En fait nous avons toujours trouvé que les textes et bien sûr l’accent espagnol apportaient une ambiance malsaine et surtout bien antique ! Peplum finalement. Le premier album était plutôt axé sur le thème de l’anti-christ, avec une relation faite à l’histoire espagnole et la période de l’inquisition, tout en restant bien sûr dans l’abstrait car nous ne sommes pas des historiens, loin de là ! (rires) Pour notre prochain album nous avons tablé sur tout autre chose et j’espère que cela vous plaira car nous préparons une sorte de concept album qui vous racontera l’histoire d’un peuple désormais disparu ! Soyez patients… nous mourrons d’envie de dévoiler le nouvel artwork… mais il faut prendre son mal en patience ! Toujours est-il que notre ami Johann Bodin a vraiment fait une pure merveille… quel génie ! On l’embrasse !

Concrètement, les groupes français ont du mal à se vendre à l’étranger, comment l’expliquez-vous ? Pensez-vous que le fait de chanter en espagnol peut vous ouvrir davantage de frontières ? Quel accueil avez-vous reçu dans les pays latins ?
Morgan Träumer (manager) : Honnêtement c’est très dur de percer en France… je pense sincèrement que nous ne sommes pas dans un pays résolument metal et cette musique a du mal à rentrer dans les mœurs. Ceci dit c’est aussi ce côté marginal que nous aimons. Mais pour rien te cacher il va s’en dire qu’il faut bûcher et avoir de bons coups de pouce pour en vivre je pense… Ceci dit j’espère que cela nous ouvrira des portes car nous aimerions réellement faire un gros road trip en Amérique du Sud mais aussi en Espagne ! D’ailleurs nous avons de bons retours de ces pays où nous essayons par le biais de connaissances d’exporter notre musique, les fans ont l’air de répondre positivement ! Ceci n’est qu’un rêve de gosse mais nous gardons espoir de pouvoir un jour fouler ces terres et dévoiler notre musique à tous ces peuples !

L’originalité, le travail, la maturité sont également les clés de votre réussite, quel regard avez-vous sur la jeune scène metal ? Sur ces groupes qui obéissent aux mêmes codes, se comportant comme des clones en live, abusant des réseaux sociaux pour s’inventer une notoriété au détriment du vrai travail en studio.
Lionel : Tout d’abord merci pour tes mots qui font plaisir à entendre ! Nous gardons vraiment un regard et une oreille sur tout ces projets musicaux naissants, enfin surtout notre manager, Morgan, qui est ultra connecté, tel un poulpe sur tout ses claviers et ses écrans (rires) ! On a du mal à lui dire d’aller se reposer ! D’ailleurs j’en profite pour lui faire un petit hommage… ce mec travaille comme un malade et si nous ne l’avions pas… je lui tire mon chapeau ! C’est un fidèle depuis des années et on lui dit merci. Quand tu fais référence au studio ça m’interpelle un peu car nous sommes restés un peu sur de vieux codes. On aime tout ce côté moderne dans la production bien sûr car nous en usons aussi (tu le verras sur le nouvel album) mais nous sommes avant tout partisans des méthodes à l’ancienne, enregistrement avec le micro devant la galette, de la batterie qui résonne et qui sonne, instruments traditionnels acoustiques et véritables, en gros sur ce nouvel album on a écarté tout son numérique !

Lorsque vous composez, c’est plutôt brainstorming ou chacun réfléchit de son côté et apporte ses idées par la suite ?
Lionel : En fait la ligne directrice vient des sonorités latines et donc des riffs de guitare. C’est-à-dire que je vais me chanter les riffs dans ma tête et les transposer sur la guitare électrique ou flamenco. Ensuite je fais plusieurs sessions avec Guilhem mon batteur et nous tablons sur une structure définie. Et puis par la suite nous présentons le titre à Esteban pour le chant et à Florian pour la basse. Tout deux apposent leurs idées qui gravitent autour de la ligne conductrice que j’ai écrite avec Guilhem en fait.



Certains groupes composent la musique en premier lieu puis couchent les textes dessus, d’autres en revanche se basent sur les textes pour construire leurs riffs. Vous appartenez à quelle catégorie ?
Lionel : Nous sommes plutôt sur la composition de la mélodie avant tout, les instruments principaux en premier. Les lignes de chant sont composées par Esteban, ainsi que les textes et nous voyons ensemble les placements, surtout avec Guilhem qui a une excellente oreille musicale, je m’y réfère d’ailleurs beaucoup, puis nous faisons sonner le tout ! Olé !

En onze ans, il y a eu quelques changements de line-up, pensez-vous qu’ils ont été bénéfiques en contribuant à la diversité des compos par l’apport d’idées fraiches ou vous ont freinés dans la création de nouveaux albums ?
Lionel et Morgan : Pour tout avouer nous avons pas mal perdu de temps et cela a mis un gros frein pour l’expansion du projet ces changements de line-up. Mais malgré les difficultés humaines principalement, nous sommes aujourd’hui convaincus que ces changements étaient une nécessité pour l’avancement du projet. Esteban et Florian sont vraiment deux GROS fidèles d’IMPUREZA et leur arrivée dans le groupe a été comme une grosse bouffée d’air frais. A croire que finalement nous avions besoin de cela pour repartir de bon pied ! Nous préparons actuellement notre nouvel album et la fusion est parfaite, nous nous sentons bien et avons de supers coéquipiers pour mener au plus haut ce deuxième opus ! En tous les cas nous ferons tout pour et on espère que les fans apprécierons la tournure qu’entreprend IMPUREZA dans cet accomplissement musical !

L’arrivée d’Esteban a dû être particulièrement bénéfique vu son background, notamment au sein de Como Muertos.
Lionel et Morgan : Nous avons une chance énorme de pouvoir compter dans nos rangs Esteban ! Il est plus que notre nouveau chanteur, c’est devenu un véritable ami sur qui nous pouvons compter et nous sommes fiers du chemin qu’entreprend IMPUREZA grâce à lui. C’est un musicien hors pair et sa palette vocale est vraiment impressionnante. Le concept d’IMPUREZA est glorifié par son expertise musicale car désormais notre projet peut compter sur ses voix espagnoles lyriques inexistantes auparavant et bien entendu le côté pur-sang spanish du fait des origines d’Esteban. C’est vraiment important pour la sincérité de notre musique et son aboutissement. Le côté flamenco est encore plus ancré et assumé dans les veines d’IMPUREZA avec ce nouveau cantador !

Quels sont vos projets à court et à long terme ? Nous pouvons nous référer à votre site pour les prochains concerts mais à quand un prochain album ? Y a-t-il un producteur en particulier, avec qui vous souhaiteriez collaborer ?
Lionel : On axe principalement nos efforts sur notre prochain album ! En effet suite au changement de line-up nous avons dû reprendre quasiment l’intégralité de la conception de l’album pour pouvoir intégrer les deux nouveaux musiciens et leur permettre de donner leur vision et leur idée dans ce nouvel opus. Nous avons choisi de réitérer l’aventure avec Sylvain Biguet (Klone, Trepalium) qui souhaitait réellement travailler sur notre album étant donné qu’il avait déjà produit notre précédent EP 2 titres. C’est deux morceaux étant présents dans le nouvel album on se devait de ne pas provoquer chez lui de la frustration, comme un travail partiellement abouti. (rires) Les news du groupe sont bien sûr annoncés sur notre page Facebook et désormais sur notre site web. On tient d’ailleurs à remercier notre photographe André Marchand qui a fait un travail admirable en un temps record sur notre page officielle. Mais surtout pour son investissement et son dévouement total pour le groupe, c’est un mec génial et résolument humain ! Quant à la date de sortie de l’album, cela va dépendre de plein de choses… les finances bien sûr (c’est le nerf de la guerre), le deal avec le label et la place dans son calendrier de sortie… On espère cette année !

Un leitmotiv en espagnol pour conclure...
Lionel : Aupa Atleti !


Le site officiel : www.impureza.eu