Interview faite par mail par E.L.P

Bonjour à vous Holy Moses ! Je tenais à vous remercier, au nom de la rédaction et de nos lecteurs, de prendre ces quelques instants pour répondre à nos questions concernant votre actualité. La première est résolument simple mais reste essentielle. Pourriez-vous vous présenter en quelques mots, pour ceux d’entre nous qui ne vous connaîtraient pas encore ?
Sabina Classen (chant) : Oui, alors nous sommes HOLY MOSES, un groupe allemand s’assurant de réaliser le thrash le plus intense possible depuis maintenant 33ans ! J’invite tout ce qui ne nous connaissent pas ou du moins peu à se rendre sur notre site web, pour en apprendre plus sur nous.

Nous sommes donc ici pour parler de votre nouvel album : "Redefined Mayhem", qui est sorti entre le 23 (Scandinavie) et le 29 Avril (USA). Pourquoi avoir accepté de fragmenter la diffusion de cet album ?
Sabina : Nous n’en savons rien à vrai dire, c’est quelque chose qui ne tient qu’à notre label et à nos distributeurs, ce n’est pas entre nos mains mais cela ne nous dérange pas !

Peut-être avez-vous en tête de proposer quelque chose de différent, histoire d'alimenter un peu chaque période de sortie ? Certaines particularités entre l’Europe et les États-Unis par exemple ? Une version Deluxe ? Des bonus ?
Sabina : Nous aurons le même packaging à offrir selon les pays, rien ne variera à ce niveau-là, vous pourrez vous procurer le CD simple aussi facilement que l’édition Deluxe comprenant le double vinyle, les bonus ainsi que le CD. Nous n’avons pas l’intention de varier le contenu en fonction des pays, chaque fan devrait pouvoir accéder au même contenu, peu importe le pays dans lequel il se trouve...

Justement, en parlant de contenu exclusif, bonus et autre versions Deluxe, j’ai cru voir sur votre site Internet que vous proposeriez 2 visuels différents. Qu’aviez-vous en tête concernant cette variation visuelle du packaging de votre opus ? Vouliez-vous faire appel à l’esprit de collectionneur qui sommeille en nous ?
Thomas Neitsch (basse) : Disons que nous avions surtout plusieurs idées différentes à propos de l’illustration. J’ai pensé que ce serait intéressant d’en créer 2 versions distinctes visuellement. La version peinture est plus profonde, plus "old-school" et donc plus riche par rapport au vinyle, tandis que l’autre version est plus agressive, plus moderne et donc plus apte à accompagner le CD. J’aime beaucoup les deux versions à vrai dire, et il nous en reste une troisième qui n’est ni plus ni moins que l’esquisse du visuel final. Nous envisageons d’en tirer quelque chose dans l’avenir histoire de re-dynamiser les deux précédents !

Cet artwork met donc en scène Moïse (ce qui n’a rien de bien surprenant vous concernant, il faut bien l’admettre), dans une posture on ne peut plus agressive, brandissant avec violence les Tables de la Loi. Qu’espériez-vous transmettre et exprimer au travers de cette mise en scène ? Reprendre et réécrire l’histoire de l’Homme, comme vous l’avez fait avec vos morceaux, au travers de cette image, ou alors mettre au premier plan le chaos brisant l’humain ?
Thomas : Nous sentions qu’il était temps pour nous de revenir avec notre emblème, Moïse, mis en avant (ce qui reste une première pour nous). Notre version de l’Histoire se devait d’être violente et destructrice. Reprendre ce symbole proche de Dieu dans l’Ancien Testament et en faire quelqu’un de cruel, d'irascible. Il est dans une posture punitive, pour châtier l’Homme qui le déçoit. Je pense que Moïse était similaire à Dieu en de nombreux points, nous avons juste voulu montrer son vrai visage, haha !

Et quel était votre état esprit lors de l’enregistrement ? Avez-vous dû vous remettre en question aussi bien artistiquement qu’humainement pour en arriver à ce résultat ? Travailler sur cette base de réécriture de l’Histoire vous a-t-il forcé à ré-apprendre à fonctionner de façon unie avec ce nouveau line-up ? À réécrire votre propre expérience ?
Thomas : À vrai dire, pas du tout ! Ce n’était ni contre-nature, ni inhabituel. Pete et moi nous connaissons depuis que nous sommes à l’école et avons joué ensemble au sein de Desilence par le passé. J’ai également joué aux côtés de Gerd avec Courageous donc ça n’a pas été difficile de travailler comme un seul homme, nous étions très sereins.



Qu’en était-il de votre créativité ? Vous a-t-il été difficile de vous re-concentrer sur l’écriture après tout ce temps séparant "Agony Of Death" de "Redefined Mayhem" (près de 6 années) ?
Thomas : Le temps était effectivement bien long, mais il nous fallait également du temps pour nous focaliser sur la construction du groupe en 2014, il nous fallait le re-penser pour le rendre plus solide que jamais aujourd’hui. Donc oui, effectivement, le temps a fait son oeuvre, mais ce n’était que pour mieux encaisser le changement de line-up et la préparation de notre retour. Nous avons donc naturellement travaillé sur l’écriture avec Gerd et Pete, pour synthétiser le son de HOLY MOSES version 2014, plus incisif, plus moderne, il fallait rompre la monotonie du "old-school" habituel, sortir de notre coquille et c’est la partie qui a été la plus amusante !

C’est précisément ce avec quoi vous allez toucher le public, un thrash peu académique, loin des standards du "old-school". Vous avez pris le parti d’ouvrir votre style à des éléments plus groovy et rythmiquement aboutis que ce que l’on peut s’attendre à trouver dans certains albums de thrash. Comment vouliez-vous ressentir cet album ?
Peter Geltat (guitare) : Disons que HOLY MOSES n’a jamais été un groupe de thrash conventionnel, surtout avec "The New Machine Of Liechtenstein" et ses éléments orientés progressif. Nous l’avons pris comme base de départ et avons évolué dessus jusqu’à "Redefined Mayhem", tout à évolué pour HOLY MOSES, et le son en est le résultat aujourd’hui, en 2014 !

Cette approche m’a essentiellement marqué lors de l’écoute des titres 3, 4 et 5 (surtout le #5 "Sacred Sorrows"), un triptyque très intéressant, groovy et puissant pouvant également être complété avec le 7ème titre "Fading Realities", au carrefour du death moderne et de certains accents groove. Est-ce là le changement majeur de Holy Moses aujourd’hui ?
Pete : Certainement, oui. J’écoutais énormément de death étant plus jeune et sais toujours apprécier un bon morceau incisif, puissance et complexe comme avec Meshuggah par exemple, ce qui ne m’a pas empêché de penser avec plus de mélodies par moments. Thomas est, lui, celui qui a apporté cette petite touche black metal à notre ensemble, c’est évident !
Thomas : Je pense que nous avons tous, plus ou moins, des influences metal assez techniques, ce n’est peut-être pas le côté préféré des métalleux actuels mais c’est l’aspect que nous chérissons le plus, et pas seulement dans le metal d’ailleurs !

Quelles pourraient donc, de ce fait, bien être vos influences ?
Pete : C’est toujours un peu compliqué de penser à un groupe en particulier, nous n’écoutons pas un artiste en espérant que notre son ressemblera au sien, mais avions clairement notre idée de ce à quoi HOLY MOSES devait dorénavant ressembler, j’ai écouté, le long de ce chemin de préparation, des groupes aussi variés qu’Extol, Meshuggah, Foo Fighters, Darkane, Shining, Djerv, Nevermore ou Karnivool...
Thomas : Haha, c’est ça, essentiellement de la technique, sans oublier Gojira !
Sabina : Pour ma part j’ai toujours eu en tête mes classiques comme Venom ou Slayer mais les écouter pour formater mon travail n’a jamais été mon intention, ma voix n’a d’idole que moi-même !

Certains de ces artistes ont-ils eu la chance de partager ce chaos avec vous ?
Pete : Certains, oui, tu pourras trouver Chris Staubach (ancien collègue de Thomas et Gerd dans Courageous) sur "Liars", par exemple, il était simplement parfait pour ce titre !



Nous pouvons observer, depuis quelques années déjà, une nouvelle vague d’intérêt, un renouveau du genre thrash. Vous mettez ouvertement en valeur le fait d’être un groupe à frontwoman, mais comment faire pour que cette identité et cette particularité (partagée par des groupes comme Unscarred, Witches ou Mortillery par exemple) persiste de nos jours, dans cette nouvelle vague de thrash moderne actuelle ? Comment avez-vous ressenti cette évolution ?
Pete : Oui et non, le plus dur reste et restera de venir et de s’imposer aux yeux de la scène globale avec son propre son, trouver son originalité est de plus en plus compliqué à gérer de nos jours. D’un autre côté, il y a également un renouveau permanent des genres avec ces jeunes formations qui combinent habilement leurs influences et leurs différents styles, il faut sans cesse se remettre en question et être créatif, c’est la seule véritable clé !

Je dois bien admettre être bien plus à l’aise avec des sonorités melodic death / black / groove / ambiant / atmosphérique, que pourriez-vous me dire pour "convaincre" quelqu’un comme moi, que le thrash est toujours bel et bien présent, plus vivant que jamais, contrairement à ce que certains peuvent dire ? Quels seraient les mots qui pourraient symboliser cette flamme, cette passion et cette vie brûlant au sein de Holy Moses ?
Thomas : Je ne pense pas qu’il y ait de distinction particulière à faire entre les styles. Pour moi un groupe comme Municipal Waste aura beau être caractérisé comme fatigué et essoré, il restera un groupe à l’attitude puissante et fraîche. C’est ça, qui reste le facteur le plus essentiel : la Passion comme tu le dis ! Il faut avancer sans se soucier des autres regards, avancer selon son coeur et ses tripes pour rester honnête et fort, si cette intention s’entend et se ressent, alors c’est de la bonne musique, que l’on aime ou non... Et c’est précisément ce que nous voulons avec HOLY MOSES, nous avons nos propres codes, nos propres envies, que cela soit compris comme du thrash ou non, ça ne change rien pour moi, ma passion reste la même !

Parler de renouvellement serait donc dans la tonalité de "Redefined Mayhem", puisque vous avez, justement, peut-être trouvé ce moyen de moderniser et d’adapter votre son aux "codes" actuels au travers de ce mixage résolument moderne et profond. Il y a une présence très lourde dans cet album, qu’en penses-vous ? Qu’attendiez-vous de cet album ? Peut-être aviez-vous une intention très précise dans la profondeur de votre opus ?
Pete : À vrai dire, nous avions ce genre de rendu à l’esprit depuis le début. Tue Madsen a vraiment fait un superbe travail dessus, et notre amour pour son oreille a été récompensé au travers de ce choix que nous ne regrettons pas ! L’enregistrement se devait d’être affûté et notre jeu carré et serré pour être le plus précis possible à ce moment-là.

Vous avez certainement quelques projets pour soutenir ce nouveau Holy Moses ? Vous devez être impatients de recueillir les premiers échos de ce travail. Qu’avez-vous en tête pour le semestre à venir ?
Pete : Nous sommes d’ores et déjà programmés sur quelques dates et festivals, mais nous attendons surtout de voir ce que notre projet de tournée donnera! Ce serait vraiment incroyable d’écumer l’Europe et de repasser en France !

Les derniers mots sont vôtres, Holy Moses, merci à vous pour toutes ces réponses !
Pete : Mais merci à toi pour avoir posé une oreille attentive sur l’album, j’espère que les fans et les lecteurs seront charmés ! Rendez-vous sur la route !
Sabina : Merci à tous nos fans pour le soutien apporté au groupe à travers le temps, nous n’oublions pas et serons très bientôt de retour !


Le site officiel : www.holymoses.net