Interview faite par Byclown au Divan du Monde à Paris.

On va attaquer dans le vif du sujet mais avant de parler du nouvel album, dites moi ce que vous avez fait durant ces deux dernières années.
Romain (basse) : On a tourné !! On a tout fait en même temps : tourné et composé.
Sébastien (chant) : Depuis 2010 on a du faire quasi 80 dates en un an et demi et en même temps on a composé. Dès qu’on avait un peu de temps on composait au studio avec les riffs qu’on trouvait sur la route. Chacun a fait ses trucs de son côté, à enregistré sur ordinateur via les moyens technologiques dont on dispose actuellement, et ensuite on a introduit ça dans la notion de travail de groupe.

Et donc vous avez plus l’habitude de travailler chacun de votre côté…
Romain : Exact. Ensuite on partage nos idées et l’esprit de groupe reprend le dessus.

En plus des dates que vous avez fait en tant que première partie, avez-vous fait des festivals ?
Sébastien : Ah ouais !! Pour 2010, on a fait 2 Sonispheres, un à Madrid et l’autre en Angleterre. On a fait le Hellfest 2011, le Hammerfest en Angleterre, on a également fait une tournée Anglaise avec un groupe de Los Angeles sur 10 dates en 10 Jours. On a continué à tourner en France, en Belgique, en Suisse, etc… On a fait notre petit bonhomme de chemin ! Me concernant, et je pense que ce sentiment est partagé par les gars, je ne me vois pas sortir un album sans faire de tournée. T'en penses quoi Romain ?
Romain : Maintenant, ce n’est pas avec le disque que tu t'amuses vraiment. On fait une musique "live", c’est du rock 'n' roll. Le but c’est de partager ça avec le public, de bouger partout, d’aller sur la route. Tu ne fais pas un disque pour toi, pour le garder dans ta chambre. La différence se fait vraiment sur scène où les gens voient ce dont tu es capable. Et puis le maître mot c’est le partage !
Sébastien : Je pense que c’est l’essence même du rock. Je ne connais pas de groupe rock qui se contente de sortir un album sans tourner derrière. C’est une musique qui se fait sur scène ! Y'a combien de gens dans ton entourage, n’écoutant pas ce genre de musique qui, lorsqu’ils voient un concert, se disent qu’en fait c’est cool, ça le fait.

Parlons à présent de l’album ! "Slow Motion Disease" est le nom de votre album et également le titre de la dernière chanson, qui est en acoustique. Au delà de cette chanson totalement acoustique, il y a pas mal de petits gimmicks et d’arrangements acoustiques dans cet album.
Romain : Il y a un fort coté bluesy, amené par les références de nos guitaristes.

C’est justement la question que j’allais poser. Est ce que vos références ont pertinemment joué dans le fait de faire de l’acoustique sur cet album ?
Romain : On ne s’est pas "forcé" à le faire, c’est venu naturellement, de par la voie de nos guitaristes et de leurs influences. Bien sûr, une fois ces bases posées on a tous travaillé dessus mais on ne s’est absolument pas dit "il nous faut de l’acoustique car ça fait stoner / rock et donc blues… etc". Les gars sont arrivés avec un truc cool alors ont s’est dit "Pourquoi se priver d’un truc cool ?". Après tout, on s’en fout des catégorisations du moment que ce qu’on fait sonne…

Oui pour moi c’est du rock et basta !
Sébastien : Oui exactement ! J’insiste sur ce point, et je pense que les autres sont d’accord avec moi. Il n’y a absolument rien de calculé .On fait la musique qui nous plait à un instant T, qu’on enregistre à un instant T .On a souvent entendu de la part de certaines personnes que, étant donné qu’entre notre premier album et notre dernier il y a plus de parties chantées, c’est que forcément on a cherché à vendre plus. Ce n’est pas du tout notre objectif, et puis brailler pour brailler c’est pas le propos. Y’a des mecs qui font ça très bien même encore maintenant, je prends pour exemple Converge (Romain porte un t-shirt de Converge).
Romain : On a juste évolué. C’est vrai qu’on est parti d’une grosse période hardcore / metal. Et puis il ne faut pas oublier qu’on est 5 dans le groupe, avec des influences différentes, et que l’osmose d’un groupe ne se fait pas comme ça. Chacun amène ses parties, et depuis le temps qu’on joue ensemble, ça s’est mélangé et c’est devenu comme actuellement. Seb c’est un chanteur, un chanteur qui gueule certes, mais qui sait aussi chanter en voix claire, c’est pas plus compliqué que ça, c’est juste de l’évolution. Maintenant dans le processus de composition, pour "Slow motion Disease", on avait une bonne vingtaine de morceaux sur ordinateur. Arrivé en studio, avec un léger tri, on en avait une petite quinzaine mais y’a encore des choses qui ne nous plaisaient pas, qui ne collaient pas. Certains morceaux n’étaient pas dans l’osmose, ils ne collaient pas à l’album bien qu’ils soient bons, ils ne faisaient juste pas partie de la ligne directrice.

Black Stone Cherry a utilisé un morceau sur leur dernier album qui s’appelle "Such A Shame" qui a été composé il y a plusieurs années. A l’époque le morceau, jugé trop heavy, avait été mis à la trappe. Ils s’est avéré que pour leur dernier album, celui-ci correspondait parfaitement alors ils l’ont intégré et ça le fait !
Sébastien : C’est fou que tu nous dises ça car ca a été la même chose pour nous ! On a eu deux titres, écrits bien avant l’album, qu’on à incorporé sur "Slow Motion Disease" car ils collaient bien : "Should Be Running" et "Drifter".
Romain : Ce sont deux morceaux que nous avions composé pour l’album d’avant "The End Starts Here" et on s’était dit que ce n’était pas abouti donc on ne s’en est pas servi. Grace à l’impulsion de Mat (le batteur) on a rebossé ces morceaux et on les a incorporés sur l’album.
Sébastien : Ce n’est pas que certains morceaux sont mauvais, c’est juste qu’ils ne collent pas à l’esprit de l’album à un instant T. Avec le temps et un petit ré-arrangement ils collent parfaitement à l’esprit.

Question Technique : j’ai l’impression que sur les morceaux acoustiques vous n’êtes pas accordés en accordage standard mais bien en Open de Do, je me trompe ?
(rire général) Romain : Oula il faudrait demander ça aux guitaristes qui évidemment ne sont pas là mais oui, de toute façon on est toujours en accordage de Do car ça correspond mieux au timbre de voix de Seb… Il y a d’autres morceaux accordés en Ré standard.
Sébastien : Il me semble que pour le titre "Slow Motion Disease", il y a un accordage bizarre en open, complètement différent des autres morceaux.
Mat (batterie) : Justement sur ce titre on a utilisé un accordage totalement différent pour avoir une tonalité totalement différente.
Romain : Ils sont toujours dropés bizarrement…

Les mecs sont dropés, mais ils ne savent même pas en quoi !
Romain : Mais justement c’est ça qui est bon, c’est ça le rock !

Tu vas à ton concert, tu sais pas si ton batteur il va venir, c’est ça le rock !
(rire général) Romain : Je vois qu’on a les mêmes références…



Est-ce que les personnes, peut-être différentes, avec qui vous avez bossé, ont changé le résultat de l’album ? Avez-vous changé des choses durant le mastering, ce genre de choses ?
Sébastien : La réelle grosse différence, de taille même, a été le chant. Je me suis attaqué à un chantier de taille sur cet album, d’autant plus que le délai était vraiment court. On a mis 2 mois pour enregistrer les prises. On a fini la précédente tournée le 20 Juillet et on a commencé l'enregistrement le 1er Août, donc ça a speedé vraiment. J’ai fait appel à Guillaume Pavesi, qui a, entre autres, produit Checkmate. Je me suis aussi beaucoup appuyé sur notre batteur pour travailler l’accent, la partie chant et la manière d’aborder les morceaux. Vu le laps de temps qu’on a eu, on a énormément bossé à l’acoustique car si ça marche en acoustique, ça fonctionne en électrique ! Il a cette culture musicale de L.A. où il a fait ses études de musique, et où les choses sont peut-être un peu directes, un peu moins alambiquées. Au niveau du chant, pour que ça marche, il fallait que j'aille vers le côté un peu plus direct de la chose.

Le studio dans lequel vous avez enregistré est un studio pro ou il appartient à quelqu’un du groupe ?
Romain : C’est le studio de notre guitariste. Les choses n’ont pas vraiment changé techniquement depuis notre avant-dernier album "The End Starts Here". Ca a changé par rapport aux deux premiers où ont a fait venir Serge Moratel de Suisse, qui a entre autres, produit le dernier Lofofora. On est resté dans la même trame.
Sébastien : Un gros changement aussi est le fait que ce soit Mat qui a fait les parties batterie car sur les trois précédents albums c’est Guillaume qui a enregistré les parties. On a eu par rapport à ça une autre approche, car la batterie c’est le cœur du groupe. Mat ne s’est pas contenté uniquement de jouer ses parties de batterie, il a amené quelque chose, il a énormément bossé avec David. Il s’est investi dans l’arrangement des morceaux. Cela fait longtemps que David et lui jouent ensemble, il y a donc une sorte de côté fusionnel entre eux deux, à tel point que parfois on préfère se mettre en retrait car ce qu’ils font est bien, alors si ça marche, tout le monde est content.

Que peut-on attendre comme dates pour la tournée en cours ?
Romain : Globalement il y aura moins de dates que sur l’album d’avant. C’est un choix de privilégier la qualité à la quantité. Sillonner la France et L’Europe c’est cool, on l’a déjà fait et on aime ça, mais se taper 3000 bornes en un week-end, c’est épuisant.
Sébastien : Attention, se taper 3000 bornes pour choper des dates cool, y'a pas de souci, mais des fois c’est le même kilométrage pour choper des plans "middle"...
Romain : On fera moins de dates mais plus de belles dates. Pour le Sonisphere on n’en sait rien, en tout cas pour cette année ce n’est pas possible, ensuite il y a le festival de Dour qu’on affectionne tout particulièrement. C’est un festival avec de belles affiches qui laisse la part belle aux groupes cool mais qui n’ont pas encore beaucoup d’exposition, ce qui est notre cas. On va faire aussi le Bloodstock, qui est un énorme festival avec entre autres Alice Cooper et Corrosion Of Conformity. A la rentrée il risque d’y avoir d’autres belles choses mais c’est encore en cours. On a déjà pas mal commencé en faisant des dates avec Nashville Pussy et Crucified Barbara. C’est des trucs cool, ça envoie le pâté !

Concernant maintenant les clips, il y en a un qui est en ligne sur YouTube, du dernier album, qui s’appelle "All Night Long".
Sébastien : Ca ne dépend pas de nous, c’est une histoire de gros sous. Nous évidemment on est partant mais on ne peut pas y faire grand-chose.

Et sur "All Night Long", vous avez un peu participé au story board, à quelque chose en particulier ?
Romain : Absolument pas ! En fait ce sont des amis qui nous ont proposé de réaliser le clip. Ils bossent dans le cinéma et avaient manifesté à l’époque leur envie de faire un clip. Ils ont déjà réalisé le premier clip "Intoxicated" et puis ils ont des idées bien cool, fun, un peu décalées. Sur ce clip, qui se passe dans une maison de repos, on voit des personnes âgées qui s’éclatent à fond, avec un gros côté décalé, et on adore ça.
Sébastien : Encore une fois, je pense qu’il est important de bien cloisonner les choses. Nous on fait ce qu’on sait faire du mieux qu’on peut, mais par exemple dans le cinéma on y connaît rien donc on les laisse faire, on leur fait confiance et on a bien raison car une fois de plus le résultat a été à la hauteur. On échange des choses si on a des idées à leur soumettre et ça se passe super bien.

Un petit mot de la fin pour les lecteurs de French Metal ?
Romain : Déjà French Metal, respect ! Vous nous suivez depuis nos débuts. Continuez à lire des webzines ! C’est gratuit, c’est fait bénévolement. C’est ultra important et il faut que ça continue comme ça. Merci aux gens de nous suivre depuis longtemps.
Sébastien : Et surtout allez jeter un coup d’œil sur notre dernier clip car ça vaut le coup !


Le site officiel : www.headcharger.com