Interview faite par mail par Murderworks

Salut les gars, je suppose qu'on vous pose la question à chaque fois mais que veux dire ce nom Grorr ? C'est une onomatopée ? Une allusion au règne animal auquel vous avez fait référence par le passé, ou complètement autre chose ?
Alors c’est une onomatopée. A la base GRORR était un projet différent plus axé sur du death teinté d’humour, et lorsque nous cherchions un nom, on le voulait percussif et incisif. GRORR, c’est simple et efficace, et on s’en souvient… On l’a adopté.

C'est une fois de plus un album concept, apparemment inspiré d'un poème de W.H. Auden. Le style du personnage qui orne la pochette me donne l'impression que les 3 citoyens anonymes présents dans ce concept vivent dans en pleine guerre, ou juste après. Est-ce une façon de parler du peuple éclipsé par les grands évènements de l'histoire, la grande masse de personnes faisant fonctionner la société mais qu'on oublie souvent ?
Ce poème nous a séduit, car il met en lumière des personnes dont on ne sait pas si elles ont profité pleinement de leur existence en étant au service de leur société. Nous avons un combattant ayant servi son pays se lançant dans un combat au détriment de son libre-arbitre. Un travailleur qui lui, vouera sa vie à la reconstruction de son pays en dépit de ses propres aspirations. Et finalement un rêveur, qui lui aspire à rompre cette boucle et se dresse contre ce système mais se sent de plus en plus seul dans sa quête. Toutes ces personnes sont indispensables au fonctionnement d’une société, mais que retirent-ils de cet engagement corps et âme ?

En parlant de la pochette il faut avouer qu'elle est très belle et qu'elle diffère en plus des standards du metal, qui l'a réalisée ?
Merci pour l’artiste ! C’est Egle Zioma, que nous avons rencontré sur la toile et avec qui nous avons eu un très bon ressenti en voyant son travail. Elle a sublimé les idées que nous pouvions avoir et a su composer la cover avec des touches de tous nos personnages oubliés. Effectivement ce n’est pas un artwork standard pour du metal, mais l’essentiel de l’ambiance de l’album est là, et c’était une priorité pour nous.

Quels sont ces chants que l'on entend sur "You Know You're Trapped... " et à qui est-ce qu'on les doit ? Serait-ce de l'occitan ?
Bien vu ! Ce sont des chants polyphoniques occitans. Nous avons collaboré sur cet album avec des membres du groupe Artùs qui réalise une musique mélangeant le patrimoine gascon, le folk, et la musique actuelle. Nous avons collaboré avec Romain (vielle, déjà présent sur "Anthill"), Thomas (tambourin occitan, chant) et Mateù (violon, chant). Nous voulions donner une couleur très particulière à cette partie de notre album, et la collaboration avec Artùs nous a permis d’appréhender la composition différemment. Puis nous étions très enthousiaste de pouvoir intégrer des éléments tels que les chants polyphoniques qui font partie du patrimoine de nos régions.



Comment sonne une telle musique en live ? Que ce soit sur "Anthill" ou sur ce nouvel album les instruments traditionnelles et les sonorités exotiques tiennent tout de même une bonne place et ça ne doit pas être évident à retranscrire sur scène. Vous optez pour des samples ou les morceaux sont réarrangés ?
Nous utilisons effectivement des samples, qui sont gérés et joués par Sylvain (ce qui est beaucoup plus probant que de jouer sur boucle par exemple). Nous mettons un point d’honneur à retranscrire l’album le mieux possible en live. Il peut y avoir des arrangements minimes, mais l’essentiel est là. Nous avons eu la chance de pouvoir faire une date avec nos copains d’Artùs et donc les instruments "pour de vrai", et nous avons passé un très bon moment. D’ailleurs nous l’avons immortalisé et il se pourrait bien que des vidéos voient le jour d’ici fin 2015.

D'ailleurs en parlant de ça, comment construisez vous les setlists ? Parce que les morceaux s'enchaînent en général sur les albums et sont découpés en plusieurs parties thématiques, du coup ça doit vous donner des occasions de mélanger certains "chapitres" voire d'improviser des liens entre eux ?
Dans nos lives, nous réalisons actuellement un mélange millimétré d’"Anthill" et de "The Unknown Citizens". Certains mouvements dans notre musique s’enchaînent et font partie d’un tout, donc nous essayons de garder l’équilibre dans nos ambiances en live quitte à avoir des plages d’une certaine longueur … Le nouvel album est encore très frais pour nous, la création de nouveaux "liens" va se faire avec le temps et la setlist se peaufinera d’elle-même.

La musique de Grorr a le pouvoir de faire naître pas mal d'images, un coté un peu cinématographique en quelque sorte. On peut donc espérer avoir une vidéo tirée de "Unknown citizens" comme vous l'aviez fait pour "We - Legion" ?
Pour ce qui est du côté cinématographique, il vient du fait que nous storyboardons nos albums au maximum afin de pouvoir mettre les ambiances en valeur. Il y a une vidéo en cours de préparation, et qui est réalisée par Médéric Grandet, responsable du clip de "We-Legion". C’est un bonheur de collaborer avec lui car c’est un véritable magicien.

D'ailleurs je ne sais pas si vous le savez mais c'est limite une épreuve d'écrire une chronique de Grorr tant votre musique est inclassable ! On sent bien quelques influences, les racines, mais impossible de ranger ça quelque part ou d'en donner une image autre que floue. J'imagine que vos sources d'influences dépassent largement le cadre du metal, et même de la musique (même si le poème qui a inspiré "Unknown citizens" répond déjà en partie à cette question) ?
Merci on le prend comme un compliment !! Les influences viennent de tous ce que l’on peut lire, entendre, voir, croiser etc… L’idée est de nourrir notre musique avec une alimentation riche et variée (notre musique se nourrit mieux que nous d’ailleurs). On essaie ensuite de sortir un truc personnel. Si ça fait "voyager" l’auditeur, alors on est contents !!



Ce troisième album sort chez Vicisolum Productions et non pas en autoproduction comme les deux précédents, c'est peut être un peu tôt mais vous en sentez déjà les bienfaits ? Opportunités de concerts ou meilleure distribution par exemple ?
Il est tôt effectivement mais, nous sommes très satisfaits de notre collaboration avec Vicisolum Productions. Thomas, le patron, nous a signés sur un coup de cœur et nous donne des moyens en termes de distribution et de promotion. Pour ce qui est des concerts c’est un peu plus compliqué mais je pense qu’il faut laisser un peu de temps aux choses (sans s’endormir non plus !) pour que des opportunités s’offrent à nous. Enfin, on l’espère ! Ami programmateur, si tu m’entends…

Et pour continuer là dessus, vous pensez quoi des groupes qui passent par le crowdfunding ? L'idée vous est venue à l'esprit pour la sortie de l'album ?
Nous avons autofinancé l’album autant pour le mix que l’artwork. Nous avons réalisé une grande partie du travail nous-mêmes afin de consacrer nos ressources financières dans le mixage pur. Nous avions déjà travaillé avec Gilles Lahonda pour le mix et il était logique que nous continuions sur la lancée. Avec nos petites économies nous avons pu le faire, mais je comprends tout à fait les groupes qui font appel au crowdfunding. Quand tu es musicien, tout te coûte… Faire des disques, des concerts (cher cher)… Et tu le fais pour le plaisir car la richesse que tu en retires c’est le plaisir de partager ton son. Donc je ne suis pas choqué par les demandes de collègues en quête d’un coup de pouce.

Merci d'avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions, si vous avez quelque chose à ajouter c'est le moment.
Merci de vous être intéressé !!


Le site officiel : www.grorr.bandcamp.com