Interview faite par Byclown à Paris.

Fin de journée promo pour nos deux amis suisses de Gotthard qui viennent défendre aujourd’hui leur dernier opus "Bang!'. A peine arrivé, je suis accueilli par Nic Maeder et Leo Leoni, tout sourire, frais et dispos pour cette demi-heure en tête à tête dans la langue de Molière. Rires et accents à couper au couteau garantis !

Bonjour messieurs, je suis enchanté de faire aujourdhui votre interview ! Apres 10 ans d’existence de ce webzine je fais enfin l’interview de votre groupe aux 14 albums et aux 22 ans de carrière !!! Comme vous vous en doutez, j’ai pas mal de questions à vous poser…

Leo (guitare) : "Qu’avez-vous fait depuis les derniers 11 ans ?" (rires)

Avant de commencer l’interview, merci de vous présenter et de présenter votre groupe.
Nic : Salut je suis Nik, le chanteur du groupe.
Leo : Moi je suis Leo Leoni, le guitariste de GOTTHARD. GOTTHARD est un groupe de hard rock qui vient de Suisse.

Ce onzième album studio marque encore un tournant pour Gotthard car c’est le second opus avec toi Nik au chant. Comment s’est faite ta rencontre avec le groupe ? Vous connaissiez vous avant ?
Nik : Pas personnellement. On avait un ami en commun qui m’a rencardé sur l’audition qu’a faite le groupe pour trouver un nouveau chanteur. J’y suis allé, j’ai fait mon truc et je suis resté jusqu’à la fin, j’ai été choisi.
Leo : C’est vraiment celui que nous avons préféré, celui qui nous a procuré le plus d’émotions. L’émotion est avant tout ce que l’on recherchait.

Lors de cette audition, recherchiez-vous quelqu’un qui collait vocalement à l’ancien chanteur ou au contraire vous êtes-vous laissés diriger par le feeling ?
Leo : On s’est vraiment laissé diriger par notre instinct. Sa voix collait parfaitement avec notre musique, bien qu’elle soit différente de celle de Steeve. Il s’est passé ce qu’il s’est passé malheureusement (la mort de Steeve, l’ancien chanteur, lors d’un accident de moto) et on a du rebondir pour continuer l’histoire et trouver quelqu’un avec qui on se sentait de refaire des albums. Nic a tout de suite collé et de son côté il a beaucoup travaillé sa voix pour s’intégrer au mieux. Je pense qu’on a fait le bon choix car avec Nic on a réalisé un super deuxième album, encore mieux que "Firebird" car, du fait de la tournée, on a appris à mieux se connaître les uns les autres, et le résultat est au rendez-vous. GOTTHARD est encore là, pas de doute, en version 2014, ou 2.0 !

Nic, Loo parlait à l’instant de ton travail en tant que chanteur. Une fois que tu as su que tu étais pris dans le groupe, as-tu travaillé ta voix spécifiquement pour mieux coller à Gotthard, et si oui comment l'as-tu fait, ou au contraire es-tu resté naturel ?
Nic : Non je pense que j’ai chanté avec GOTTHARD comme j’ai toujours chanté avant. Le fait est qu’une fois que j’ai fait partie du groupe on s’est tout de suite mis à écrire. On a eu beaucoup de choses à faire en très peu de temps, à savoir enregistrer et produire un album, partir pour une grosse tournée mondiale dans 22 pays, donc c’est vrai qu’à l’époque, on n'a pas forcement eu le temps de se poser, de réfléchir à ça. Ca fait maintenant 3 ans que je suis dans le groupe, on se connaît tous un peu mieux musicalement et on a pris plus de temps pour écrire "Bang!". On a pris plus de temps pour écrire des morceaux adaptés à ma voix et surtout pour expérimenter un peu plus.

Question importante à mon sens, qu’écoutez-vous comme musique ?
Leo : Je pense qu’il y a deux types de musiques : la musique qui est bien faite et celle qui n’est pas bien faite (rires). Du moment qu’il y a des parties symphoniques de la bonne mélodie, peu importe que ça soit de la musique classique, de la pop, du rock ou du jazz, si c’est bon, j’écoute !
Nic : J’ai grandi avec AC/DC, et Trust aussi. Comme le dit Leo, un bon morceau reste un bon morceau, quel que soit le style.

Comme Justin Bieber par exemple !
Nic : (rires) Je n’irais pas jusque-là quand même !
Leo : C’est exactement ce qu’on est en train de dire, il y a là bonne musique et la très mauvaise musique (rires).

Leo, tu as dit que l’arrivée de Nic était un peu comme un second livre qui s’ouvrait pour Gotthard, que c’était une bouffée d’air pur donc Nic, qu’as-tu pu apporter au groupe de nouveau ?
Nic : Je pense que mon travail c’est surtout fait au niveau de la composition car on compose tous les morceaux principalement à trois, Leo, Freddy et moi-même.
Leo : Il a la même école musicale que nous donc même s'il importe ses goûts et couleurs, ça reste relativement similaire à l’esprit de GOTTHARD.

Est-ce que, depuis 3, 4 ans, vous avez découvert des nouveaux artistes que vous avez adorés par la suite ?
Leo : J’adore la chanteuse P!nk, pas tout évidemment mais elle a fait quelques trucs super. Il y a un vrai caractère rock dans ce qu’elle fait, que ce soit dans la musique elle-même ou dans l’attitude.
Nic : Pour ma part j’ai redécouvert récemment Soundgarden. Apr_s c’est vrai qu’on passe tellement de temps en studio à composer et enregistrer que quand je sors du studio j’ai plus du tout envie d’écouter de la musique.

Alors du coup, est ce que, lors des périodes de composition, vous vous coupez volontairement de la musique extérieure pour ne pas trop être influencés ?
Nic : Pas volontairement mais dans mon cas ça se fait naturellement, car après la journée de studio j’en peux plus.
Lzo : Malheureusement il paraît difficile de se couper de la musique, car tu en as partout, dans les bars, quand tu vas faire ton shopping etc….Apres c’est sûr que, que tu le veuilles ou pas, écouter même dans les grands magasins la musique "easy listening" qui passe, ça te donne une idée de ce que fonctionne ou pas en ce moment dans le marché de la musique. C’est une sorte d’indicateur de tendance. Apres à toi de voir si tu aimes ou pas ce que tu entends, pour faire ou ne surtout pas faire la même chose. Je te parlais de P!nk, même si j’adore ce qu’elle fait, ça ne m’influence pas dans ma musique. Il est clair que si j’écoute Justin Bieber, ça m’influencera encore mois !! (rires) Ou alors ça m’influencera en me montrant ce que je ne veux pas faire !



Connaissez-vous des groupes de metal français ?
Leo : Difficile question… Personnellement à part Trust je n’en connais pas. Evidemment je connais la chanson de variété française, avec Johnny Hallyday, Charles Aznavour, Edith Piaf, Jacques Brel, Vanessa Paradis, Brigitte Bardot...
Nic : J’écoutais pas mal Téléphone avant maintenant que j’y pense…
Leo : "Gaston y'a l'téléphon qui son' et y’a jamais personne qui y répond" (rires). Je sais pas qui chante ça mais je m’en souviens c’est déjà pas mal. (à chaque réponse de Leo, Nic part dans un fou rire)

Revenons à nos moutons et plus particulièrement à la composition de l’album. Tu me disais Nic que vous composiez tous les morceaux essentiellement à trois. Du coup préférez-vous vous réunir au studio et créer un morceau à trois à partir de rien ou préférez-vous travailler chacun chez vous et venir au studio avec des morceaux presque finis ?
Nic : Réponse 2 ! On fait de la musique donc chacun vient avec ses idées et les met sur la table, ensuite on démonte tout ça, on remonte, on discute et on voit si ça prend forme .On compose à trois avant de faire jouer l’ensemble par tout le monde. Une fois que la musique est faite, c’est mon job d’écrire les paroles, et des fois il arrive qu’on ait déjà défini un thème en commun, c’est plus simple pour moi. De temps en temps, il arrive même qu’on écrive les paroles à trois.

Combien de temps avez-vous mis pour composer ce nouvel opus ? Contrairement à "Firebird", vous avez été moins pressés, donc en avez-vous profité pour prendre plus de temps pour la composition ?
Leo : Je ne crois pas qu’on ait pris plus de temps au final, comparé à "Firebird", mais une chose est sûre c’est qu’on a eu le temps de se connaître mieux grâce à la tournée. Je pense qu’on a pris le même temps, qu’en penses-tu ?
Nic : Quand même je dirais qu’on a mis un peu plus de temps.

Leo, après tous ces albums et ces années de carrière, apprend-on encore du groupe et de sa musique ?
Leo : Tu sais, la philosophie de la musique c’est "Tu dois apprendre pour jouer et tu continues à apprendre quand tu en joues", ça n’a pas de fin. Quand tu commences à croire que tu as tout appris, c’est à ce moment-là que tu te casses la gueule. La musique c’est comme la vie, si tu sais regarder tu apprendras toujours.

Nic, qu’est ce qui t’influence pour écrire tes textes ?
Nic : La vie en général, de l’amour à la mort.

De mon opinion personnelle, je trouve que cet album est très éclectique, avec des ballades, des grosses parties hard 'n' heavy, avec des guitares bien grasses à la Black Label Society, des voix féminines également.
Leo : C’est vrai qu’au départ on était pour faire quelque chose avec différentes couleurs mais au final, ça c’est fait comme ça. Tu me parlais de BLS et de Zakk Wylde, c’est rigolo car on a plus ou moins le même âge, on vient de la même école musicale. On a fait GOTTHARD il y a plus de 20 ans, et il est intéressant de voir ce que faisait Zakk Wylde quand nous avons commencé avec le groupe. C’est deux parcours très différents mais on a commencé sur les mêmes guitares et les mêmes amplis.
Nic : Je pense que tout s’est fait comme ça, au fur et à mesure. Par exemple, le morceau "Thank You" qui dépasse les 10 minutes, n’était qu’à la base une petite idée de guitare sèche avec une voix.
Leo : On a mis des idées à côté, qu’on utilisera peut-être pour le prochain album. A la base, on a écrit 16 morceaux.

Parlons un peu de la voix féminine.
Leo : Il s’agit d’une prof de chant américaine qui habite en Suisse, Mélanie. On cherchait une voix féminine pour faire les backing vocals et un ami nous a dit "Ok je connais la personne qu’il te faut" et on a été mis en contact. On a travaillé ensemble sur "Maybe" et à un moment elle a chanté un passage qu’elle n’aurait pas dû chanter et c’est là qu’on s’est dit "Ouah c’est cool, elle a vraiment une super voix", et donc le titre a évolué en duo naturellement avec l’approbation de tout le groupe. Ce n’est pas une chanteuse connue mais vu qu’on a aimé le résultat on s’est dit "Ok, allons-y !". En plus elle est jolie, ce qui ne gâche rien. Puisqu’on est en France, vous ne vous étonnerez pas que je vous pose des questions sur le titre "C’est La Vie" ?
Nic : Comme pour "Thank You", il s’agit d’une chanson qui a démarré avec une guitare acoustique et une voix. On s’est rendu compte que la mélodie à la guitare ressemblait à une mélodie d’accordéon, d’où le fait d’avoir migré naturellement vers cet instrument. De mémoire, il me semble que le titre en français et l’idée de mélodie à l’accordéon sont arrivés en même temps. On parlait de faire un truc un peu en français, voilà qui est chose faite.
Leo : Un peu mélancolique. J’aime cette ambiance un peu Montmartre, un peu "parisien", je pense que tout le monde aime le romantisme. J’ai eu l’occasion de passer quelques fois à Montmartre, c’est très beau. J’ai moi-même joué de l’accordéon dans ma jeunesse. Mon père avait un groupe avec le père de Steeve (l’ancien chanteur du groupe, décédé) où ils jouaient de cet instrument, ce n’est donc pas quelque chose de totalement étranger pour le groupe. J’espère que les Parisiens vont aimer ça car on a fait ça avec respect pour cette belle ville.



Vous qui autoproduisez vos albums, pensez-vous que l’autoproduction soit, à cause de la crise du marché du disque, l’avenir de la musique ?
Leo : Première chose, il est vrai que cela fait plusieurs albums que l’on produit nous-mêmes. On a la chance d’avoir notre propre studio, qui est plutôt pro en réalité mais je pense que l’autoproduction de masse n’est pas arrivée avec la crise du marché du disque mais bien avec l’avènement des home studios il y a 10 ans. La qualité des home studios actuels permet de faire des choses suffisamment bonnes, et proches d’un résultat, pour être mises sur disque, et effectivement, la crise n’a fait qu’accroître ce phénomène. Pour ce dernier album, on a fait appel à des co-producteurs et à un studio extérieur pour le mix car on voulait vraiment de la qualité. C’est vrai que, sans argent tu ne peux rien faire, mais, dans le cas de l’enregistrement d’albums, partir à la course à l’économie peut se révéler désastreux quant à la qualité finale. Il faut savoir ce que tu dépenses, où tu le dépenses, afin de ne pas faire n’importe quoi.

Vous en êtes a plus de 20 ans de carrière et vous dites avoir commencé à ouvrir le second livre de votre vie musicale, cela peut-il dire que vous allez pouvoir tenir encore 20 autres années ?
Leo : Hummmmm… J’ai 25 ans, donc si je rajoute 20 ans ça fait 45 ans, ça va je suis encore jeune je peux le faire (rires). Surtout que Nic est plus jeune alors il peut tenir la route. Plus sérieusement je pense qu’on a des choses à dire, on peut encore faire quelques albums, alors allons-y et laissons la route nous porter.

Parlons un peu de la tournée ! Je sais que vous allez jouer pas mal de dates en Allemagne mais qu’en est-il de la France ?
Leo : On est en plein booking. Les dates ne cessent d’affluer mais pour le moment en France nous avons 4 dates à Lyon, Marseille, Paris et Lille. On a quelques festivals à faire mais la grosse tournée va commencer en Septembre. C’est toujours mieux d’attendre que le mondial de foot soit fini, les gens sont plus dispos et attentifs à ce qu’il se passe.

Parlons un peu des clips. J‘ai cru comprendre qu’un clip allait sortir demain… Dites m’en plus !
Leo : Oui, on a enfin réussi à se mettre d’accord donc ça va sortir incessamment sous peu. Il s’agit d’un clip pour la chanson "What I Feel".
Nic : On va certainement faire plusieurs clips mais pour le moment on ne sait pas quelles sont les autres chansons qui vont en bénéficier.

Par goût, vous préférez faire des clips vidéo avec un scénario ou vous préférez au contraire faire des vidéos où on vous voit jouer ?
Leo : Indifféremment. Dans le clip de "What I Feel", il y a une petite histoire. Peut-être que pour le clip de "C’est La Vie" on va faire un truc à Montmartre, qui sait ? Nic : Très bonne idée !!

Je sais que vous avez ouvert pour énormément de gros groupes par le passé mais y a-t-il un groupe pour qui vous aimeriez ouvrir ?
Nic : Par goût je dirais AC/DC mais GOTTHARD l’a déjà fait par le passé avant ma venue.

Pourquoi pas le refaire une seconde fois ?
Leo : Ah oui, ça ne me déplairait pas ! C’était vraiment une super expérience, car AC/DC est vraiment un groupe, que j’admire aussi également. D’ailleurs dans le groupe on a toujours pris AC/DC pour exemple. A part ça, c’est dur de savoir pour qui on aimerait faire la première partie, car on a déjà joué avec tout le monde sauf les Beatles mais là c’est impossible (rires). On a déjà fait les Rolling Stones, Aerosmith, etc…

Alors question inverse, qui aimeriez-vous avoir comme groupe de première partie ?
Leo : Ça c’est une excellente question ! Ça serait bien d’avoir quelqu’un de jeune qui donne la pèche. Je n’arrive pas à répondre à cette question.

Depuis ton arrivée dans le groupe, Nic, avez-vous eu déjà un moment "spinal tap" ?
(coup d’œil complice entre les deux musiciens suivi par un éclat de rire)
Nic : Je ne sais plus où on avait joué et où on s’était perdus dans les coulisses…
Leo : Le problème avec spinal tap, c’est que c’est vraiment représentatif de toutes les galères que tu peux avoir dans un groupe, et vu la longévité de GOTTHARD, je te laisse imaginer qu’on en a eues beaucoup. Pour l’anecdote une fois à Rome, je suis sorti de la salle de concert pour aller fumer une clope. La porte de secours était juste à côté de la scène. Une fois sorti et ma clope fumée, le mec de la sécu n’a jamais voulu me laisser rentrer alors qu’il m’avait bien vu sortir par les backstages. La raison invoquée était que je n’avais pas de billet pour mon propre concert !!! Du coup on en est arrivés à faire sortir de tour manager pour qu’il lui explique la vie et qu’il me laisse entrer. Je me rappelle bien de ce concert car j’avais fait venir plusieurs gardes suisses qui étaient en poste à la Cité du Vatican. C’était vraiment sympa de les avoir, même en civil, à un concert du groupe.


Le site officiel : www.gotthard.com