Interview faite par mail par Danivempire

Bonjour, pouvez-vous nous présenter Gorod ?
Mat (guitare) : Salut ! GOROD est un groupe de death metal originaire de Bordeaux, on a déjà sorti deux albums "Neurotripsicks" (2004) et "Leading Vision" (2006 ) chez Willowtip Records, le troisième "Process Of A New Decline" sortira le 1er Juin de cette année chez Willowtip pour l'Amérique du Nord et Listenable Records pour l'Europe. On fait un death metal mélodique et agressif, où l'aspect technique, bien qu'omni-présent, ne prime pas sur le groove ni la musicalité. On est assez proche de groupes comme Obscura ou Necrophagist dans le style, mais avec une approche peut-être plus crue ou efficace.

Quelles ont été vos principales influences et groupes qui vous ont donnés envie un jour de prendre un instrument ou micro ?
Arno (guitare) : Ouh la ! Alors on est tous très rock 'n' roll à la base, les influences pour GOROD se tournent vers Cynic, Death et Coroner. Après, on écoute beaucoup de styles différents, de la variété Allemande au jazz (Chic Coréa, Allan Holdsworth) et du rock progressif (King Crimson) au brutal death. Guitaristiquement parlant, Marty Friedman et Jason Becker sont une grande source d'inspiration pour Mat et moi.

Que signifie le nom "Gorod" ?
Mat : GOROD veut dire "cité" ou "quartier" en Russe (qui donne "grad" ; leningrad, etc... ; une fois contracté). A vrai dire, c'est surtout la sonorité du mot qui nous plait plus que le sens. On a eu de la chance en fait que ça colle avec le concept des textes qui parlent d'une cité futuriste...

Est ce que changer le nom Gorgasm pour Gorod ne vous a pas trop embeté ? Y a t-il eu des "pressions" ou est ce que vous avez décidé ça d'un commun accord ?
Arno : Ca s'est fait tès naturellement. Jason de Willowtip nous a fait remarquer qu'il valait mieux changer de nom dès le "début" afin d'éviter toute confusion avec le groupe de brutal US par la suite. Nous avions déjà remarqué cela en recevant des mails bizarres de gens qui ne comprenaient pas que les deux groupes étaient deux entités différentes. Donc cela n'a pas été un problème pour nous, bien au contraire.

Avec des titres comme "Disavow Your God" je me pose la question, considérez-vous votre musique comme "satanique" ou "anti chrétien / religion" ou rien à voir ?
Arno : Rien à voir, ni l'un ni l'autre. Nous avons ce concept SF depuis des années donc nous avons juste continué notre petite histoire. Il fallait bien parler de quelques chose ! N'y voyez ni politique ou religion, d'ailleurs à ma connaissance personne n'est croyant dans le groupe. La musique avant tout !

Quels sont du coup les principaux thèmes de vos textes ?
Mat : Comme je te le laissais entendre plus haut, nos textes tournent autour d'une histoire globale, dans le style Sci-Fi post-apocalyptique... je te fais le pitch : Depuis la nuit des temps, une société secrète, Obsequium Minaris, dirigée par Soracle, personnage non-humain, collecte les cerveaux des plus grands esprits de son époque dans le but de créer un super esprit artificiel capable de guider l'humanité. Aprés un premier holocauste nucléaire qui ne laisse qu'une poignée de survivants sur la surface de la Terre, cette machine / esprit / dieu, Adam, est branchée pour la première fois et rassemble la population des survivants en un lieu appelé Edaenia, cité souterraine. Dans un premier temps tout se passe bien. Adam guide la population pour la reconstruction du monde qu'ils ont détruit, il aide à recréer une société stable basée sur l'écologie et le travail. Mais bientôt la machine toujours dirigée secrètement par OM devient incontrolable et les hommes vont se rebeller contre sa domination. Parallèlement, les consciences / individualités à l'intérieur d'Adam vont éclater, refuser de travailler ensemble, et plonger l'humanité dans un nouveau processus d'auto destruction. Les textes abordent les divers aspects de cette histoire qui n'a pas encore de fin, de différents points de vue, humains, consciences / machine, etc...



Qui est responsable de vos artworks ?
Mat : C'est moi qui m'y colle. Je suis pas vraiment graphiste, je fais ça juste pour mon groupe. Un temps, on a essayé de faire faire ça par un vrai graphiste mais pour des raisons de budget et de temps bizarrement, on a laissé tomber... Je connais bien l'histoire et le concept des textes donc c'était peut-être plus facile pour moi de représenter tout ça en images. Je suis assez fan d'artistes comme Wojtek Siudmak, Dali, ou Venosa qui donnent dans le style surréaliste et fantastique, j'essaie de calquer leur approche artistique sur notre concept... je me contente d'essayer évidemment, c'est pas vraiment comparable... Sur "Leading vision" la pochette représente Soracle dominant l'Homme à travers les âges, et contemplant le futur qu'il veut lui meme imposer . Sur "Process Of A New Decline" on a la vision d'Adam aprés son auto-destruction et celle d'edaenia, où tout ce qu'avait entrepris OM est réduit à néant pour un temps.

Combien de temps a pris le processus d'enregistrement pour votre nouvel album "Process Of A New Decline"? On sent que les titres ont été travaillé à 200 pourcent, est ce du travail pré-studio ou avez-vous encore écrit sur place ?
Mat : L'enregistrement en lui même n'a pas duré très longtemps, on va dire de mi-Décembre à fin Janvier. Les structures des morceaux et les parties guitare / batterie étaient écrites depuis longtemps déjà. Les seules choses qui ont été faites au moment du studio sont les placements de chants, les parties basse et les quelques arrangements, comme l'intro de "The Path" ou les voix étranges sur "Watershed" qui n'étaient pas prévus à la base. On s'est donné 2-3 semaines pour bosser tout ça avec Sam et on a entamé l'enregistrement en suivant.

Le batteur a fait un travail grandiose sur cet album, contents de cette nouvelle recrue ?
Arno : C'est clair qu il a assuré le Sam ! Quand Sandrine a quitté GOROD (plus assez de temps pour la musique, trop de boulot a coté), nous nous sommes retrouvés orphelins de batteur. Mais on a vite pensé à lui, on se connait depuis des années par le biais du studio, et on connaissait son niveau musical. Son ancien groupe venait enregister avec Mat à Bud donc nous nous sommes rencontrés à Bordeaux (PS : Sam est Toulousain). En plus il fait les trajets Toulouse-Bordeaux toutes les semaines et envisage de s'installer par chez nous. Et puis du sang neuf ca le fait ! On sort, on déconne, musicalement on pouvait pas réver mieux, on est vraiment ravis.

Le son global de l'album mérite le qualificatif de parfait, quel est le nom du magicien qui en est responsable ?
Mat : Ah merci ! Ben c'est moi qui m'y colle aussi ! J'ai la chance d'avoir un studio sur Bordeaux, Bud Records Studio (www.myspace.com/budstudio) où j'enregistre et mixe pas mal de groupes depuis presque une dizaine d'années. Du coup, on a aucune contrainte de temps ou d'argent pour réaliser nos albums, ni de limitations techniques. Je suis particulièrement fier du son de ce nouvel album, qui somme toute a été fait très vite. Tout est naturel (sauf le son de grosse caisse bien sûr, impossible de se passer de trigger dans notre style), il n'y a vraiment qu'un minimum d'artifices et c'est quelque chose qui me tenait vraiment à coeur, parce que le son garde ce coté sauvage et branque qui manque souvent je trouve sur les prods actuelles dans notre style, qui, bien que propres et complètement maitrisées, sonnent souvent stériles ou trop austères. On a fait "masteriser" les mixes par Scott Hull (Pig Destroyer), qui s'occupe de la plupart des groupes de chez Relapse, et avec qui je travaille souvent. On arrive très vite au son que l'on veut avec lui, on peut échanger et partager nos expériences, c'est très enrichissant.

Est ce que le travail sur cet album est un effort de groupe, chacun amenant ses petites idées ou un effort individuel ?
Mat : En général, j'amène l'intégralité de la structure du morceau, c'est à dire les riffs de guitares, les patterns de batterie qui vont avec, la structure et les enchainements. Si ça plait à tout le monde, on avance, sinon, on voit ensemble à corriger. Dans un deuxième temps, Benoît propose une ligne de basse qu'on améliore ensemble. Le chant est toujours fait en dernier, c'est processus long car les textes sont d'abord écrits en Français, puis traduits, puis corrigés et enfin placés dans la musique ensemble avec Guillaume. Pour l'instant cette manière de faire est restée inchangée, mais j'imagine que l'arrivée de Sam, qui en plus d'être un super exécutant est très riche d'idées, va changer cette habitude. Il a vraiment envie de donner plus et de participer activement à la composition.

Vous avez participé à de grands festivals genre Maryland Death Fest, quel fût la réaction du public Américain ?
Arno : Le concert à Baltimore dans le cadre du Maryland Death Fest a été largement à la hauteur de nos attentes ! Le public était à fond et du coup nous aussi ! Malgré quelques coups de speed vis a vis du matos, Jésus, notre ingé son, nous a fait un son de malade !! On a pu se rendre compte de notre notoriété la bas. C'était énorme. Le Death Feast en Allemagne s'est super bien passé aussi ! La pluie s'est arrétée juste quand on a joué donc a eu pas mal de monde (et de chance).

Quel est votre meilleur souvenir live et le pire ?
Arno : Le meilleur, le Maryland sans hésitation et le pire Naples l'année dernière. Nous devions donc jouer à Naples pour un festival mais une fois arrivé sur place l'organisateur s'est éclipsé avec la caisse ! On s'est donc retrouvés comme des cons à 2000 kilomètres de chez nous. On a perdu toutes nos économies en plus... Très mauvais souvenir.



Comment voyez-vous le futur du groupe ?
Sam (batterie) : On évite de se poser ce genre de questions on ne sait pas de quoi demain sera fait, tout dépendra de notre motivation et du soutien global qu'on nous apportera. Pour l'instant on se concentre sur le futur proche : la tournée avec Immolation ! Mais pour parler franchement, l'ideal serait pour nous de jouer un maximum, dans un maximum d'endroits différents, faire de belles rencontres (c'est assez classique je sais). En gros continuer à donner le plus possible au groupe, le faire grossir, évoluer... tant qu'on se sentira utiles, créatifs et efficaces dans ce domaine-là je veux dire.

Que pensez vous du sujet du téléchargement illégal ?
Sam : C'est marrant comme question... perso je pense que tout dépend de la maniere dont tu télécharges. Si c'est frénétique, ça craint. Si, comme moi, tu chopes un album dont tu as entendu parler et dont tu veux te faire ta propre opinion pour ensuite l'acheter en original, je vois pas le mal. Les grandes chaînes de distribution abusent au niveau des marges, et sont capables de mettre des disques ou des DVD en vente jusqu'à 35 euros (je parle pas des coffrets) et apres ils s'étonnent que ça télécharge... c'est de l'hypocrisie ! Et puis ça les arrange bien de dire maintenant que c'est illégal, puisque ca ne leur profite pas... De toute facon, les premieres victimes du marché du disque restent les artistes, qui galèrent quoiqu'il arrive... Les grosses boîtes veulent interdire, ou au moins limiter, les téléchargements parce qu'ils n'ont trouvé aucun moyen d'en profiter directement, je ne verserai pas une larme pour ces vendus qui baisent allegrement les artistes et qui se foutent royalement de leur situation ! Me concernant, tu peux-être sur que toute la musique présente dans mon ipod est en disque original à la maison !

Si je vous dit que votre album sera probablement un des meilleurs sorti cette année (ce que vous entendrez souvent à moins que cela soit une critique faite par feu Pascal Sevran), sentiment de satisfaction ou la guerre ne fait que commencer ?
Sam : On est très fier de cet album. On le trouve plus abouti encore. C'est sur qu'on aurait certainement davantage travaillé sur certains détails si on en avait eu le temps, y'a toujours des choses à retoucher... pour ma part, compte tenu du peu de bouteille que j'ai dans le groupe et du peu de temps dont je disposais avant l'enregistrement, je ne peux que me réjouir du résultat. Trois semaines pour ingurgiter 11 titres (presque 50 minutes) de GOROD, les faire sonner à ma sauce et les mettre en boîte en 4 jours, c'est sûr que c'est pas l'idéal ! Mais bon, dans le metal, c'est comme ça, c'est instinctif, et finalement ce côté urgent et spontané est plutôt cool ! Donc oui on est content mais on est sûr que la suite sera encore plus palpitante... effectivement, préparez-vous à la guerre ! héhé

Merci pour cette interview, un dernier mot pour nos lecteurs chevelus (ou pas chevelus) ?
Sam : Merci à tous ceux qui ont pris le temps de lire cette interview et qui nous soutiennent, merci d'avance à ceux qui viendront nous voir en concert ! En un mot... MOT !
Arno : A très bientot pour ceux qu'on verra avec Immolation. Le live nous tarde !


Le site officiel : gorod.free.fr