Interview faite par mail par Braindead

Pouvez-vous nous en dire plus sur la genèse de Gorgon ainsi que sur le background du line-up tel qu’il est aujourd’hui ?
Paul Thureau (chant) : GORGON est un projet que j’ai fondé en 2013 avec Aurel (l’actuel bassiste du groupe), le processus de creation de l’album a été tellement dense et chronophage qu'au final, le line-up a été concretisé assez tardivement. Concernant la formation du groupe, je suis au chant, guitare et bouzouki, à la basse Aurelien Hamoniaux, à la guitare Julien Amiot (ex-Wolf’s Gang) et Hervé Besson à la batterie (ex-Synthetic Waterfall, ex-Nicht).

Il existe de plus en plus de combos orienté power death / epic heavy mais étrangement très peu dans l’hexagone, vos compos sont beaucoup plus travaillées, plus recherchées et mieux produites que ce que l’on entend en général. Comment définissez-vous votre style de musique, quels sont vos sujets de prédilection, vos axes de recherches pré-créatives ?
Tous nos morceaux sont basés sur la mythologie grecque, une fois le sujet choisi, tout prend forme assez naturellement. La recherche pré-créative, c’est surtout de la lecture, de la documentation plus ou moins approfondie selon le sujet abordé. Musicalement, on est très influencés par le cinéma épique mais aussi par la musique orientale et balkanique. Et oui, en effet, la scène metal française est assez dépourvue de groupes qui se démarquent dans ce type d’univers musical, nous avons encore beaucoup à envier a nos voisins allemands, et autre groupes scandinaves… mais la France reste un des plus gros consommateurs du genre, donc rien n’est perdu !

Pourriez-vous nous expliquer qui compose et le degré d’intervention de chaque membre ? Si chacun de vous a son lieu de prédilection pour composer ou si c'est plutôt brainstorming...
A ce jour, Je suis le seul compositeur du groupe. Pour ce qui est le processus de creation, je compose à 90% sur piano, ce qui me simplifie la vie une fois l’arrangement orchestral à mettre en place Je suis assez solitaire dans mon mode de travail, j’ai les idées assez claires sur ce que je veux, sur l'atmosphere générale qu’un morceau ou un album doit avoir. Une fois les morceaux composés, le reste du groupe entre en jeu, pour donner son avis, et apporter les modifications nécessaires.

La musique subit une crise majeure, ne pensez-vous pas que le salut passe par le live dans la mesure où le processus de production semble inversé, à savoir des concerts et peut-être un album si succès, alors qu’il y a 10/20 ans les concerts servaient à promouvoir un album ?
C’est un peu dur de rester objectif sur ce genre de question, je pense que chaque groupe a des besoins différents. Pour ce qui concerne GORGON et notre musique, c’est plus dans notre intérêt à ce que le live serve à promouvoir un album, avec le concept, l’atmosphere, le design et l’univers qui va avec.



Que pensez-vous du fait que l’on cherche absolument à étiqueter les groupe sans vraiment leur demander leur avis, les enfermant ainsi dans une identité musicale dont certains ont du mal à se défaire et au risque de déstabiliser les fans les plus hardcore en cas de changement créatif ?
Je pense que c’est à chacun d’être suffisamment intelligent pour se servir de ces étiquettes comme un outil, et pas comme une malédiction. Le metal de nos jours est devenu tellement vaste et varié, il est très difficile de trouver une catégorie précise, entre le style en lui-même, l’univers général, les textes… Il y aura toujours un puriste pour critiquer le choix de tel ou tel terme employé.

Vous oeuvrez dans un style qui est mondialement fédérateur, comment expliquez-vous la difficulté qu’ont les formations françaises à se faire reconnaître à l’étranger, à part quelques contre-exemples bien sûr ?
Je pense que c’est principalement une question culturelle, que je ne saurais pas m’expliquer exactement. En France, il y a un gros manque de prise de risque, et on a un peu tendance à entendre toujours la même chose, spécialement dans le milieu du metal symphonique où “plagier Nightwish” est la grosse devise. Et il y a aussi un problème majeur, la mentalité française reste malheureusement très snob, et les groupes ont tendance à faire très mauvaise impression a l’étranger. Mais encore une fois, rien n’est perdu, plein de groupes prometteurs et ambitieux commencent à grandir dans l’hexagone.

Que pensez-vous justement de la scène metal actuelle, partagée entre les vieilles gloires qui reviennent la plupart du temps pour des raisons financières et les jeunes formations qui pullulent et reproduisent sans réelle identité ce qui a déjà été fait ? Comment comptez-vous apporter du sang frais, vous diversifier ?
Beaucoup d’horizons musicaux ont été exploités et découverts en peu de temps, et c’est vrai que, plus le temps passe, et plus les idées ont tendance à s’épuiser. Cela dit, musicalement? les possibilités sont sans limites, c’est 0 chacun d’essayer de voir au-delà de ce qui a été déjà fait (et re-fait).

Il y a dix ans, la com via  les réseaux sociaux semblait être le Saint Graal pour tous ces groupes qui n’avaient pas de présence dans la presse spécialisée, ces dernières années la donne serait plutôt "trop d’info tue l’info" avec nombre de formations prometteuses noyées dans la masse. Quelles sont pour vous les solutions à appliquer afin de se différencier et ne pas devenir un bon groupe parmi tant d’autres ?
Encore une fois, je pense que c’est une question de prise de risque, il faut savoir oser. Nos tenues de scène et nos warpaints nous rendent facilement identifiables (on est souvent comparés à Kratos de God Of War, mais ce n’est pas plus mal, au moins les gens se souviennent de nous). Souvent, ça se joue a peu de choses !



Vous sortez très prochainement votre premier album, "Titanomachy". Pouvez-vous nous en parler ? Une tournée est-elle prévue pour le défendre sur scène ? Peut-être un clip ?
Nous sommes actuellement en pleine production finale de "Titanomachy", la date de sortie n’est pas encore exacte, mais ce sera aux alentours du mois d’Octobre. Nous avons lancé depuis peu une campagne de crowdfunding afin de financer le mixage et le mastering de l’album. Le mixage sera geré par l’allemand Christoph Brandes (Finsterforst, Craving...), et Jens Bogren (Amon Amarth, Arch Enemy, Symphony X…) prendra la main pour le mastering, dans sont studio en Suède. La sortie de l’album déclenchera une tournée européenne qui est en train de s’organiser en ce moment même, les choses vont se concrétiser une fois la production de l’album achevée. Concernant le clips, nous savons tous que c’est quelque chose qui est en train de disparaître peu a peu (remplacés par des lyric videos, beaucoup plus rentables et faciles à produire). Le projet du clip est bel et bien là, mais étant donné l’univers musical dans lequel on opère, un clip adapté requiert des moyens que nous sommes pas encore sûrs de pouvoir se permettre... Affaire à suivre !

Quels sont pour vous les groupes les plus prometteurs sur la scène metal actuelle et ceux avec qui vous aimeriez partager l’affiche ?
Frosttide, Wintersun, Whispered, Equilibrium, Suidakra, Fleshgod Apocalypse, Nightland

Pour finir un mot, une pensée qui vous sert de leitmotiv ?
Stay Olympian !


Le site officiel : www.gorgon-official.com