Interview faite par mail par Zemurion

Bonjour à vous et merci d'avoir répondu présents pour cette première interview chez French Metal. Nous avons eu le plaisir de chroniquer votre premier album, "Marcellin S'en Va-t-en Guerre" et vous nous revenez aujourd'hui avec un second opus intitulé "Verdun!". Tout d'abord, pouvez-vous commencer par nous présenter le groupe ?
Hrotulf (guitare, seconde voix, écriture et composition) : Bonjour et merci pour l’interview. FT-17 est un groupe de metal extrême mélodique qui raconte les aventures de Marcellin Trouvé, un poilu mobilisé pendant la première guerre mondiale. L’idée du groupe a germé à la lecture de recueils de lettres de poilus éditées à l’occasion du centenaire en 2014. Nous trouvions que la Première Guerre Mondiale était trop peu couverte. Nous avons depuis sorti deux albums : "Marcellin S'en Va-t-en Guerre" il y a deux ans et "Verdun!" le mois dernier.
Hugo (narration) : Le groupe destiné à jouer sur scène a été formé à Nantes en 2016 avec deux guitares, une batterie, un chant, une basse, un clavier et un narrateur, soit sept membres.

Commençons par "Marcellin S'en Va-t-en Guerre". Comment s'est déroulée l'écriture de l'album (scénario, narration, paroles, composition) ?
Hrotulf : L’écriture des interludes est venue en premier. Il s’agissait d’essayer de retrouver le style qu’aurait eu un instituteur d’une trentaine d’années en 1914 comme Marcellin. Puis, une fois la trame de l’album établie, les paroles et les musiques ont été écrites en fonction de l’inspiration.

L'écriture de cet album à fait l'objet d'un travail de recherche historique, peux-tu nous en dire plus ?
Hrotulf : Oui, il m’apparaissait important de faire ce travail bibliographique pour produire une histoire crédible historiquement. Les sources comprennent des recueils de lettres de poilus, des ouvrages spécialisés sur la Première Guerre Mondiale, des témoignages de soldats, des articles spécialisés, ainsi que les archives de l’armée. Même si Marcellin Trouvé n’est pas un personnage historique (il est basé sur trois personnes réelles), tous les événements décrits sont authentiques.

Vous avez fait le choix d'un récit à deux voix : Hugo Chereul pour les parties narratives et Misein pour les parties chantées. Pouvez-vous nous expliquer ce choix ?
Hugo : Marcellin et Misein sont censés être un peu des alter-ego. Les écrits de Marcellin permettent des plages de pause, des accalmies, tout en faisant avancer l’histoire avec une certaine gravité et solennité. Sur scène, pour les intermèdes uniquement parlés, Marcellin est plus à distance de Misein et pour les passages parlés au cœur des chansons, il y a plus d’interaction scénique entre Misein et Marcellin. D’une certaine manière, Misein est un peu Marcellin lorsque celui-ci est au combat et Marcellin est un peu Misein dans les moments d’accalmie.

Il y a un deux temporalités qui se rencontrent. On le côté témoignage historique, dans les passages récités par Hugo qui nous transmettent les mémoires du personnage, alors que dans les chansons, on est plus dans le présent de l'action.
Hrotulf : Oui, c'est pour ça que le style est un peu plus libre dans les passages chantés.



A quoi ressemble FT-17 sur scène ?
Hugo : Ça dépend de la taille de la scène proposée. Parfois, si la scène est grande, il y a possibilité de scénographie avec un décor minimale : une table et une lampe à pétrole. Sinon, Marcellin a un tabouret discret pour se retirer durant les absences prolongées, comme dans les pistes 7, 8 et 9 du deuxième album. Marcellin est habillé avec l’uniforme bleu des Poilus de régiment d’infanterie. On a aussi un fond de scène synchronisé sur la durée de chaque album qui est diffusé sur écran. Très souvent les images de ce fond de scène illustrent à point nommé les paroles des textes ou du journal de Marcellin.

Que peut-on voir sur cette vidéo ? Comment l'avez-vous créée ?
Hrotulf : Nous avons réalisé cette vidéo de fond de scène en prenant des images d’époques, mais également des vidéos dont nous avons acquis les droits auprès de l’ECPAD, le service documentaire de l’armée de terre. Elle permet au public de mieux s’immerger dans l’histoire et complète le rôle de Hugo en tant que Marcellin.

Les aventures de Marcellin sont jouées dans un style black metal assez mélodique avec, notamment, pas mal de piano. Hrotulf, quelles sont tes principales influences musicales sur ce projet ?
Hrotulf : C’est difficile à dire car je n’ai pas spécialement cherché à faire un style proche de tel ou tel groupe, mais plutôt d’illustrer l’histoire. Il y a des passages black mais il peut aussi y avoir des passages death mélodique ou heavy selon ce que racontent les morceaux. Ceci étant, je suis très influencé par les groupes de death mélodique des années 90 comme Death ou Dark Tranquillity et j'écoute aussi pas mal de black dit "sympho" ou avant-garde de la même époque comme Emperor ou Arcturus... Il y a aussi des influences classiques et jazz.

Au final, on obtient quelque chose de presque progressif.
Hrotulf : Le côté progressif est plus influencé par la scène jazz, comme Return To Forever, que par les groupes de metal prog.

Deux ans après la sortie du premier album, vous revenez avec un deuxième opus. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Hrotulf : Ce deuxième album, "Verdun!", est cette fois-ci focalisé sur une période beaucoup plus limitée. Là ou le premier album couvrait trois ans de guerre et dépeignait un tableau par morceau, le second raconte les trois semaines de Marcellin sur le champ de bataille de Verdun. La recherche bibliographique a été encore plus poussée pour coller au maximum aux moindres détails. Certains passages ont d’ailleurs été ajustés après une visite in situ pour que je puisse vraiment me rendre compte de la typographie des lieux. Sur le terrain, on voit les choses autrement que sur les cartes. Cette histoire, qui prend une ligne dans les livres malgré son incroyable richesse, montre bien ce qu’a été la bataille de Verdun.

Comment s'est déroulé l'enregistrement et le mixage de l'album ? Est-ce que vous avez changé votre façon de procéder par rapport au premier album ?
Hrotulf : Nous avons une nouvelle fois fait mixer et masteriser l’album au Vamacara Studio à Clisson. La principale différence avec l’album précédent, c’est que la batterie a été enregistrée sur place au studio, ce qui permet d’obtenir un son incomparablement meilleur. C’est un projet difficile à mixer avec la présence de piano, narration, saxophone, etc. Mais nous sommes pleinement satisfaits du résultat. HK a su tirer la quintessence du mix et ce n’est pas un hasard si la carte de visite du studio s’est étoffée pour devenir aussi impressionnante aujourd'hui.



Comment peut-on se procurer vos albums ?
Hrotulf : Principalement sur notre site Bandcamp. Les morceaux y sont écoutables, et il est possible d’acheter les albums. La version digitale contient différents bonus : livret, paroles traduites en anglais et en allemand, mais également un document original que nous avons écrit pour décrire le contexte de la bataille. En plus des fichiers audio en haute qualité bien sûr. La version digipack est également disponible à l’achat. Il est bien entendu possible de se procurer les digipacks à l’occasion de nos concerts, et les morceaux sont disponibles sur Deezer et la plupart des plateformes numériques.Le livret, ainsi que tout le travail artistique, a été réalisé par Chromatorium.

Avez-vous des concerts prévus ?
Hrotulf : Nous ne pouvons pas encore en annoncer, mais nous cherchons à en planifier pour le printemps et l’automne. D’ailleurs, si des organisateurs sont intéressés, qu’ils n’hésitent pas à nous contacter.

Sur scène, est-ce que vous jouez des extraits des deux albums ou est-ce que vous vous concentrez chaque fois sur un album en particulier ?
Hrotulf : Comme chaque album raconte une histoire, nous privilégions le fait de jouer un album en entier. Nous avons donc un tout nouveau spectacle avec le deuxième album.

Quels sont les projets et les objectifs du groupe aujourd'hui ?
Hrotulf : Pour l’instant, défendre l’album sur scène et profiter du centenaire pour jouer le plus possible.

Quelque chose à rajouter pour clore cette interview ?
Hrotulf : Que dire ? Merci pour cette interview. Nous espérons avoir réussi à rendre hommage aux soldats qui ont vécu la première guerre mondiale, période qui nous semble trop peu couverte, malgré le fait que l’on peut facilement en parler sans polémiquer.
Hugo : 1914-18 fut la première guerre à mélanger les charges napoléoniennes traditionnelles avec corps-à-corps et baïonnettes, et les technologies croissantes au long de ces quatre années. On a vu l'utilisation des premiers avions, des premiers lance-flammes, des premiers tanks (auxquels ont doit le nom du groupe, FT-17). Verdun, c’est 90 millions d’obus en 10 mois, 5 obus au mètre carré, 300 000 morts français et autant d’allemands pour des lignes qui n’avaient pas bougé d’un pouce après la bataille. C'est important qu'on puisse perpétuer la mémoire de l'horreur que les soldats ont vécue dans ce charnier.


Le site officiel : www.ft-17.bandcamp.com