Interview faite par mail par Alexandra

Bonjour et bienvenue sur French Metal. Comme tu dois t’en douter pour cette première interview avec nous, j’ai tout plein de questions à te poser. Bon, je t’épargne toutefois l’inévitable question de présentation du groupe. Bien… Vous avez tout récemment partagé l’affiche avec Septicflesh et Carach Angren lors du "The Great Mass Over Europe Tour 2013". Alors, cette tournée, comment ça s’est passé ? Quels souvenirs en gardez-vous ?
Tommaso Riccardi (chant / guitare) : Eh bien, ce fut une très bonne tournée pour nous, et je pense parler au nom de tous les groupes. Nous avons eu beaucoup de concerts complets, et chaque public semblait apprécier tous les groupes présents à l’affiche et s’intéresser à l’ensemble du concert. Je pense que c’est parce que l’affiche en elle-même fonctionnait vraiment bien, en dehors des groupes eux-mêmes. En plus, tous les gars de la tournée étaient supers et nous avons établi une belle amitié avec tout le monde, et plus particulièrement avec les gars de Septicflesh.

Justement en parlant de cela, que pensez vous de ces autres groupes, et notamment de Septicflesh et Carach Angren, et de leur musique, mêlant aussi bien metal extreme et éléments symphoniques, au même titre que vous ?
Je pense que les deux sont vraiment intéressants. Comme je viens de le dire, je pense que l’une des choses que les gens ont vraiment aimée était le fait que d’une part nous avions tous ces éléments symphoniques dans la musique, mais exprimés de différentes manières : Carach Angren a une atmosphère plus black metal, et je dois avouer que j’ai été très impressionné par l’attitude et l’habileté dans le jeu de scène de leur chanteur. Septicflesh a ce mélange entre le death metal symphonique avec des arrangements orchestraux d’avant- garde ainsi que des éléments gothiques, alors que nous sommes plus enracinés dans la période musicale pré-romantique et romantique.

Bien, ne nous éloignons pas trop du sujet de départ. Votre troisième album "Labyrinth" sorti en Août. Comment avez-vous préparé cet album, du processus d’écriture et de composition des morceaux à celui d’enregistrement ?
Comme d’habitude, Paoli et Ferrini ont travaillé côte à côte sur la composition et les arrangements de l’ensemble de l’album et ont travaillé sur la pré production. Ensuite nous sommes partis en studio, où nous pouvons travailler sur de nombreux ajustements et d’autres aspects qui doivent être traités au studio avec le son final. Ce procédé est très complexe et souvent, pendant que l’on est en studio, pour des raisons aussi liées à la différence en termes de son entre la pré production et la production, il est nécessaire d’apporter des choses différentes à la musique pour maintenir l’idée que l’on avait au départ.

J’ai eu l’occasion de pouvoir écouter votre nouvel opus en avant-première. La présence de chœurs et d’instruments "classiques" tels que le piano, le violon et autres, ainsi que le chant féminin lyrique y sont toujours, si ce n’est plus présents que lors de vos précédentes œuvres. Comment gérez-vous cet aspect de votre musique, sur album et en live ? Avez-vous fait appel à des samples ou des musiciens professionnels issus de la musique "classique" dans vos morceaux ?
Malheureusement, le seul aspect sur lequel nous devons faire un compromis est évidemment l’utilisation d’orchestres numériques au lieu d’un vrai (orchestre). C’est juste une question économique. C’est un de nos rêves de jouer nos albums en faisant appel à un vrai orchestre, au moins pour les enregistrements, mais je pense que c’est juste une question de temps. Ferrini s’occupe des arrangements orchestraux avec Paoli, qui est celui qui a tout en tête, le compositeur principal. C’est un travail très complexe de faire un son d’orchestre numérique correct, mais heureusement, Ferrini a les compétences qu’il faut en terme de technique, d’harmonique et de composition. En ce qui concerne les concerts live, nous sommes très "old school" de ce côté : tout sauf les instruments orchestraux sont joués en live. Ce qui signifie que nous utilisons des samples uniquement pour ces choses pour lesquelles nous aurions besoin d’autres musiciens pour jouer, mais les chœurs, les voix claires, le chant féminin lyrique et bien sûr les guitares, la basse et le piano sont réellement joués.



"Labyrinth" se présente comme un album conceptuel, ayant pour thème principal le mythe du Labyrinthe de Knossos. Dis nous en plus à ce sujet sur le choix de cette thématique. Pourquoi ce thème vous tenait il à cœur tout particulièrement et de quoi traitent plus exactement les textes ?
Nous avons utilisé ce mythe comme une métaphore de quelque chose que tôt ou tard nous devons traiter : la quête de nous-mêmes. Selon moi, se connaître soi même est la seule façon de trouver la sérénité et de ne pas tomber dans une vie de frustration. Te connaître toi-même signifie être capable de choisir tout ce que tu fais et non de le faire uniquement parce qu’on t’as dit de le faire. Cela signifie reconnaître et respecter tes racines, mais être capable de choisir le bien et renoncer aux mauvaises choses naturellement contenues dans ton héritage. Cela signifie vivre sans préjugés et détruire toutes les peurs qui vivent à l’intérieur de toi et te mènent souvent à des choix seulement guidés par la haine de soi, et pas par la liberté. C’est exactement ce qui est arrivé à Thésée qui découvre ses origines royales et prend la responsabilité de tuer le Minotaure, incarnation de ses peurs les plus profondes. D’autre part, c’est très important de se rappeler qu’il ne peut faire cela seulement avec l’aide d’Ariane, fille de Minos. Un vrai héros sait qu’être indépendant signifie aussi être capable de se relayer aux autres.

Le titre de l’album, "Labyrinth", ainsi que l’artwork de sa pochette sont étroitement liés à la thématique principale de vos textes. Dis nous en plus à ce sujet. Qui s’est occupé de la pochette ?
Nous avons travaillé avec Colin Marks, un grand artiste avec qui nous avons travaillé ces deux dernières années sur plusieurs concepts et dont le style allait selon nous parfaitement bien avec le nôtre (style). C’est la raison pour laquelle nous l’avons confirmé comme concepteur pour la couverture et la pochette arrière de "Labyrinth".

Qui est derrière la voix féminine lyrique que l’on peut entendre à de nombreuses reprises sur certains de vos titres ?
La chanteuse est Veronica Bordacchini, qui a déjà travaillé avec nous sur "Agony", sur le morceau "The Egoism". Nous sentions que ce genre de voix était parfait pour de nombreuses parties dans "Labyrinth" et c’est pourquoi nous avons étendu cet élément à plus de chansons dans l’album et avons aussi décidé de l’emmener avec nous en tournée.

Comment vous répartissez vous le travail au sein du groupe, pour la composition de vos morceaux, au niveau de la musique et des textes notamment ? Qui fait quoi ?
Comme dit précédemment, Francesco Paoli est le cerveau du groupe en ce qui concerne les compositions et nombre d’idées pour les vidéos clips. Il est le directeur artistique. Francesco Ferrini participe, côte à côte avec Paoli, au processus de composition et aux arrangements. Je m‘occupe avec Paolo Rossi des paroles et du concept. Mais ce ne sont que peu de choses. Gérer un groupe comme Fleshgod Apocalypse représente une quantité incroyable de choses en dehors de la musique elle- même. Des relations avec les labels et les agences de bookings, à tout ce qui concerne l’aspect économique, le merchandising, la planification des tournées… bref, énormément de choses qui nous occupent toute la journée sept jours sur sept.

On retrouve dans la musique de Fleshgod Apocalypse beaucoup d’éléments issus de la musique classique, avec la présence d’instruments aux sonorités orchestrales et symphoniques, ainsi que le chant féminin lyrique, en contraste avec le côté très brutal et technique du death, rendant le tout assez original et formant une identité particulière propre au groupe. Comment vous est venue l’idée d’un tel mélange des genres ? Peux-tu nous parler un peu du parcours musical de chacun ? Avez-vous suivi une formation musicale classique pour certains d’entre vous ?
D’une certaine manière, nous avons tous touché à la musique classique au cours de notre vie, mais tout le monde dans le groupe est principalement autodidacte, et a acquis ses connaissances en suivant sa curiosité et en étudiant d’une manière fonctionnelle pour le groupe. Francesco Paoli a étudié la contrebasse au conservatoire de musique classique pendant 4 ans, puis a arrêté pour se consacrer à la musique metal. Il joue aussi de la guitare et chante (il a enregistré deux albums en tant que chanteur avec Hour Of Penance et a enregistré "Oracles" en tant que chanteur et guitariste, et participe toujours aux enregistrements de FLESHGOD comme guitariste). Cristiano Trionfera a étudié la guitare classique pendant 3 ans, j’ai étudié le piano pendant 3 ans, Ferrini a évidemment étudié le piano et la composition mais principalement de manière autodidacte, de même que pour Paolo qui a travaillé tout seul le chant et la basse.

Où puisez vous votre inspiration pour composer ? Quelles sont vos influences musicales ?
Nous sommes principalement influencés par la période classique, pré- romantique et romantique, par des artistes tels que Paganini, Mozart, Beethoven, Rossini, Brahms, Mahler. D’autre part, nous puisons aussi beaucoup notre inspiration chez certains compositeurs modernes de musiques de films comme Danny Elfman, Hans Zimmer, John Williams, Howard Shore. Bien sûr, notre musique contient de fortes racines death metal, et, même si nous adorons bien évidemment le death metal européen, je pense que dans notre part de metal, le death metal américain est plus présent, particulièrement en ce qui concerne la section rythmique. Je parle de certains grands groupes du passé et d’aujourd’hui, comme Cannibal Corpse, Morbid Angel, Vital Remains et Suffocation.

Votre tenue vestimentaire sur scène, en veste à queue de pie notamment, est quelque peu originale. Pourquoi un tel choix et ne pas avoir gardé un look plus "standard" ?
Notre art ne se trouve pas seulement dans la musique. Nous apportons une idée. Ce mélange entre le classique et la violence trouve son expression dans chaque aspect. Des textes aux video clips, de la musique contenue dans les albums, à notre apparence. Nos concerts sont pour nous comme du théâtre. Nous ne pourrions pas faire différemment.



Fleshgod Apocalypse est un groupe italien, pour ceux qui ne le sauraient pas encore. Comment se porte la scène metal italienne ? Tout le monde sait que l’industrie du disque et le milieu metal de manière générale, peinent à évoluer, surtout devant la situation de crise actuelle. Qu’en est-il en Italie, n’est-ce pas trop difficile de se faire un nom dans le milieu là-bas ?
Si, ça l’est. Etre italien n’est pas la meilleure chose qui puisse arriver à un musicien. Notre système, nos structures n’aident pas à ce genre de carrière. L’Europe du Nord a beaucoup de systèmes sociaux et d’états pour soutenir les musiciens, de bonnes écoles même pour la musique rock et metal, et aussi une culture de la musique metal (Allemagne, pays Scandinaves, Angleterre …). En Italie, toutes ces choses n’existent pas. Pour être honnête, même la plupart des instituts de musique classique sont nuls. Ceci arrive par souci de mentalité, qui en général conduit aussi à un total manque de support à l’art et à la culture en général. De plus, même les gens qui essayent de faire quelque chose dans le genre, dans 90% des cas, ne sont pas intéressés par la création d’une scène, la faire grandir avec des systèmes intelligents et justes pour attirer les gens et investir de l’argent dans ce en quoi ils croient. La plupart d’entre eux ne croient en rien. La plupart des promoteurs, des propriétaires de clubs, des agences de booking et de gérance sont faites de gens qui font des choses merdiques dans le but de voler le plus d’argent possible, et je le dis HAUT ET FORT. Evidemment, il y a des exceptions (un exemple avec Gianrico de Virus Concerti). Dieu les bénit !!

Vous avez déjà partagé la scène avec des groupes de renommée internationale tels que Napalm Death, Decapitated, Suffocation, Behemoth ou encore Dying Fetus. Qu’est-ce que ça fait de jouer avec de tels groupes ? Y a-t-il un (ou plusieurs) groupe(s) avec le(s)quel(s) vous aimeriez partager une scène un jour ?
C’est super. Nous nous sentons comme à l’école chaque jour, et dans le même temps nous essayons quotidiennement de relever le défi d’être à la hauteur. De plus, nous sommes devenus amis avec pas mal de ces gars, je pense particulièrement aux gars de Nile, Dying Fetus, The Black Dahlia Murder, Septicflesh et Suffocation. Nous aimerions jouer avec tout un tas de groupes … mais si je devais répondre quelque chose d’atypique qui fait partie de nos plus grands rêves, je dirais Rammstein.

Quel est votre meilleur et votre pire souvenir de concert ou lors d’une tournée ? Quelques anecdotes à nous faire partager ?
Pour ma part, un de mes meilleurs souvenirs est notre concert au Neurotic Death Fest en 2012, le Summer Slaughter Tour 2011, le Heavy MTL 2012… et récemment notre concert à New York City il y a quelques jours. C’était incroyable.

Votre nouvel album sorti depuis un mois, une tournée sera-elle prévue à cette occasion, notamment en France ? Peut-on espérer vous voir jouer en tête d’affiche prochainement ?
Eh bien, en ce moment nous sommes en tournée aux Etats Unis et au Canada avec Wintersun, Arsis et Starkill et cette tournée fonctionne parfaitement. Super affiche. En ce qui concerne la France et l‘Europe en général, je ne peux encore rien dire de sûr, mais j’ai le sentiment que des bonnes nouvelles devraient arriver d’ici quelques semaines. (sourire)

Quels sont les projets du groupe dans les mois à venir ?
Jouer dans le monde entier, probablement.

Merci d’avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions. Si tu as quelque chose à ajouter, je te laisse le mot de la fin…
Merci ! Et merci à tous ceux qui supportent la musique. FLESHGOD donnera toujours le meilleur de lui.


Le site officiel : www.fleshgodapocalypse.com