Interview faite par Byclown à Paris.

Salut Zoltan, c’est la seconde interview du groupe pour ce webzine, la première ayant été réalisée par un confrère à moi avec ton batteur, le jour du concert avec Avenged Sevenfold, mais maintenant c’est à toi de t’y coller. Merci de te présenter et de présenter ton groupe pour les gens qui ne te connaîtraient pas encore.
Zoltan Bathory (guitare) : Salut, je suis Zoltan, guitariste et membre originel du groupe de heavy metal mélodique FIVE FINGE DEATH PUNCH. J’ai grandi en Europe donc mes goîts persos sont plutôt Iron Maiden, Judas Priest et Accept. En grandissant j’ai découvert Pantera et pas mal de groupes américains orientés sur le groove. Maintenant , j’écoute un peu tout dans ce style musical, de Voivod à Slayer, par contre j’ai jamais trop aimé le glam typique de L.A. (rires). J’ai commencé la guitare à 11 ans, et dans ma tête je me voyais déjà guitariste pro mais, comme tu le sais, je suis né en Hongrie et de ce fait, ça a pas rendu les choses faciles (rires). Ca m’a pris quand même 3 ans à avoir une guitare, enfin ça ressemblait à une guitare mais c’était vraiment de la camelote hors d’âge. Je crois que les premières chansons que j’ai jouées étaient des riffs d’Accept.

Avant de parler de la tournée, j’aimerais reparler un peu de l’album et des nombreux guests présents sur le premier volume. Connaissais-tu personnellement tous ces artistes avant de les démarcher pour l’album ?
On a Max Cavalera de Sepultura, Jamay Jasta (Hatebreed), la chanteuse de In This Moment et même Rob Halford ! Pour la plupart d’entre eux on les connaissait des tournées mais pour Rob Halford, cela ne s’est pas passé comme ça. On est tombés sur une émission où il disait que l’un de ses groupes récents préféré était 5FDP, ça nous a scotchés sur place !! On avait justement écrit un morceau qui sonnait un peu heavy des années 80 et on s’est dit que, peut-être, ça pourrait le faire avec lui au chant. Du coup on l’a contacté pour lui proposer la collaboration et la première réponse qu’on a eu de son management c’était du genre "Oui, vous savez, c’est un homme occupé..." mais il a quand même reçu la démo de la chanson et il a adoré ! Il nous a contactés plusieurs jours après pour nous dire qu’il acceptait de bosser avec nous ! On en sautait de joie ! Je me rappelle encore de moi en train de conduire ma caisse avec Rob dans le siège passager et moi en train d’halluciner "Hey mais j’ai Rob Halford dans ma voiture !!" (rires).

Votre première partie d’Avenged Sevenfold au Zénith a été votre première fois en France et un grand bond en avant dans votre carrière en Europe. Première chose, quel est ton feedback à propos de cette date  et, en règle générale, quelles sont tes souvenirs de la tournée avec A7X ?
Je dois reconnaître que la France a été notre plus belle surprise car, jusqu’alors, on n’était jamais venu jouer ici et on a été extrêmement surpris de l’accueil très positif qu’on a reçu. Voir des centaines, voire des milliers de gens, reprendre nos refrains parfois au mot à mot, alors qu’on n’était jamais venus avant, ça fait quelque chose. Suite à cela, on a pu confirmer dans d’autres pays de la tournée avec A7X, qu’on marchait toujours aussi bien, voilà pourquoi on a décidé de faire cette tournée en headline en Europe et d’y inclure la France. On a pu voir en France qu’on avait en réalité une fan base passionnée. Cette tournée avec A7X a vraiment été parfaite de bout en bout car on partage quasiment les mêmes fans. Parfois les groupes de première partie ne collent pas avec la tête d’affiche, du coup le public n’accroche pas du tout, mais là ça a été parfait. De plus il faut ajouter que toutes les dates de la tournée européenne étaient sold out !! Aux US on fait nous-mêmes des têtes d’affiches dans de grandes salles sold out, on sait qu’on a de la notoriété, mais le marché européen est totalement différent, on a encore beaucoup de choses à prouver et A7X a une bonne réputation chez vous, donc on a sauté sur l’occasion. Pour eux comme pour nous, ça a été le deal parfait car de leur côté, ils ont eu un groupe de première partie qui envoyait du lourd et qui était proche de leur musique, donc plus facile pour chauffer la salle, et de notre côté, leur bonne exposition européenne nous a permis de nous montrer dans des arènes pleines à craquer partout en Europe.



Bon plan aussi pour Avatar du coup qui, malgré le fait que ce soit un groupe scandinave, n’est pas super connu en France et de toute façon encore moins "gros" que vous…
Oui carrément. Le fait de faire des premières parties, c’est pareil pour tout le monde je crois, que ce soit le marché américain ou européen... Quand tu es nouveau dans un marché il faut faire ses preuves, mais là encore, Avatar a été directement choisi par A7X et ce n’est pas pour rien, car leur musique colle énormément avec celle du groupe.
(Zoltan tousse énormément, incommodé par la fumée de cigare d’un musicien d’un groupe de première partie qui fume un "barreau de chaise" depuis 10 bonnes minutes)

Ce soir, c’est donc votre deuxième fois à Paris, mais cette fois-ci en tant que tête d’affiche et qui plus est dans une célèbre salle où Devin Townsend ou encore Opeth sont venus jouer. Comment te sens-tu pour ce soir ?
Comme je le disais, on a tellement eu de bons retours sur notre premier passage avec A7X que ce soir, ça va être l’occasion de voir à quel point ça marche. Je crois que ce soir ce n’est pas complet mais presque et c’est fabuleux ! C’est clairement le prélude à de nos nombreux retours de notre part en France. Maintenant on sait qu’on marche bien ici et on a du temps à rattraper par rapport aux autres pays européens. Quand tu ouvres pour un groupe, ou quand tu es en festival, tu te retrouves devant des gens qui connaissent ta musique mais aussi, et surtout, devant des gens pour qui tu es inconnu, tu as donc tout à prouver, il faut que tu fasses découvrir ta musique, que tu séduises les gens. Des concerts comme ce soir, où nous sommes la tête d’affiche, représente autre chose car les gens viennent pour nous ! Ils connaissent nos albums, nos chansons, et il y a une connexion unique entre eux et nous.

Tu vas vite comprendre ce que le mot "brutalité" veut dire chez nous quand tu vas voir le pit s’enflammer !
Oh ouais (rires), j’attends que ça !!

Votre groupe de première partie est Upon A Burning Body, qui a déjà joué ici d’ailleurs. Connaissais-tu les mecs avant de tourner avec eux ?
Oui bien sûr, on a déjà tourné avec eux aux US, de même qu’avec Pop Evil d’ailleurs. Pour Pop Evil, on connaît les gars depuis bien plus longtemps, on peut dire que ce sont des amis ! Upon A Burning Body est un groupe assez jeune mais qui fait le buzz et dont la musique est vraiment heavy, donc ils correspondent bien à notre style et c’est une bonne opportunité pour tout le monde.

Connais-tu et aimes-tu certains groupes de metal français ?
Gojira, et Trust, car ça me rappelle ma jeunesse (rires).

A cause de la reprise d’Anthrax ?
Oui et non, je te rappelle que je suis né en Europe donc bon, à l’époque c’était un groupe international. Ce sont surtout les groupes de punk et de hardcore (les groupes français) qui sont venus jusque chez moi en Europe de l’Est.

On peut dire que l’année dernière a été plutôt productive et intense pour 5FDP, avec le double album et les tournées… Même si je sais que tu adores ça, t’arrive-t-il souvent d’être extrêmement fatigué ?
Ah mais carrément, je suis souvent super fatigué d’ailleurs mais que veux-tu, c’est le job !! Par exemple dans le tourbus, si un mec tombe malade, qui que ce soit, tu peux être sûr que TOUT LE MONDE va être malade ! C’est comme ça, tu ne peux rien y faire ! On crèche dans un bus, tous ensemble, dans des petits espaces, les uns sur les autres, donc forcément les microbes se baladent. Tu ne peux rien faire contre ça, ça fait partie du job… Toi si demain tu es super malade, tu appelles ton boss, tu lui dis que tu ne viens pas parce que tu es malades, tu as un mot du médecin, ok… Moi je ne peux pas faire ça, j’ai mon groupe qui m’attend et des milliers de personnes dans la salle alors on ne peut pas annuler pour moi ! Même si j’ai du sang qui sort de mes oreilles, j’irais jouer. Dans un sens je l’ai déjà fait, car deux fois je me suis cassé des côtes en tournée et je suis quand même monté sur scène. C’est pas facile de monter sur scène, jumper avec sa guitare et headbanguer comme un fou quand tu as les côtes fêlées mais voilà, je l’ai fait, en grimaçant certes. D’ailleurs les gens croyaient que mes grimaces c’était un gimmick de guitar hero (Ndlr : les grimaces lorsque les solistes se mettent en action, à la Gary Moore, Steve Lukather, etc..). "Non les mecs, je fais des grimaces parce que j’ai JUSTE les côtes cassées" (rires). Et encore, je peux pas me plaindre, si je suis fatigué je peux quand même jouer de la guitare alors que pour notre chanteur c’est plus compliqué car ça va se ressentir au niveau de sa voix, mais quand bien même, malgré la fatigue et la maladie, il n’a jamais annulé un show. C’est une histoire de balance, il y a des plus et des moins, et faut faire avec.



Est-il encore trop tôt pour parler du prochain album ?
Bon là on vient déjà de claquer un double album, avec plus de 20 chansons, et on en a encore sous le coude qui ne sont pas encore sorties sur album. On a été vraiment très occupés ces derniers temps comme tu le sais, et on n’a pas encore parlé de créer toutes les chansons du prochain album, d’ailleurs on est aidé par le fait qu’on a aucune deadline pour celui-ci, ce qui nous permet de ne pas trop nous mettre la pression. Malgré cela, lorsque nous sommes en tournée on arrive quand même à créer des riffs, lorsqu’on fait les soundchecks, où dans le tourbus, et on enregistre tout ça. Notre opinion là-dessus c’est qu’à notre époque, tout va très vite, il faut battre le fer pendant qu’il est encore chaud, ne pas traîner et se reposer sur ses lauriers. Par exemple, il y a encore 4 ou 5 ans, tout le monde ne jurais que par MySpace. Maintenant tu parles de MySpace, tu passes pour un homme des cavernes (rires).
(Un batteur commence un soundcheck durant notre interview et au bout de deux coups de grosse caisse Zoltan lui fait de grands signes de bras pour lui intimer l’ordre d’arrêter ça pendant qu’il parle. On ne rigole pas avec le patron…)
Le fait est qu’à l’heure actuelle, tu ne peux pas rester 3 ans sans sortir un album. Il faut rester à la page, voilà pourquoi on bosse même en tournée, comme ça, lorsqu’on va avoir du temps à domicile, on va tous se mettre dessus pour faire des sons totalement finalisés pour sortir un album sans trop traîner, dans des délais raisonnables.

Quels sont vos plans après cette tournée ?
Il ne reste que 9 jours pour la tournée actuelle, ce après quoi nous retournerons à la maison pour un repos bien mérité de 3 semaines. On a pris une grosse décision concernant les concerts d’été ! On ne va plus partir pendant des semaines entière à tourner tous les soirs, car on a vraiment besoin de se reposer, de se retrouver, voir nos familles, etc… Dorénavant, pour les grosses dates estivales, genre festival, on ne jouera que deux jours par semaine, les vendredis et samedis, et on rentrera à la maison le reste de la semaine. Déjà dans l’avion on peut dormir, et c’est mieux pour notre santé. On va expérimenter ça cet été et on verra si on continue ce système ou pas. Question concerts on ne sait pas encore ce qu’on va faire, si on fait un co-headline avec un autre gros groupe ou si on fait notre propre festival itinérant avec 6 ou 7 autres groupes. A voir.

Pour qui aimerais-tu faire la première partie ?
Franchement, ouvrir pour de gros groupes n’est pas ce qu’on aime. Temps trop limité, production limitée, on ne peut pas installer notre propre plateau… Aux US, on est en headline, du coup on installe de gros plateaux, on a des shows super visuels et colorés, alors quand on doit repasser en première partie et limiter notre show c’est forcément pas super agréable, autant pour nous que pour notre public car on sait qu’on peut offrir mieux. Il y a une grande différence entre aimer un groupe et bosser avec. Si je suis fan du groupe, je vais me déplacer pour aller voir ses shows et voilà, alors que bosser avec ne nous apportera peut-être rien en termes de carrière et d’avancement pour le groupe. Je veux dire, n’importe qui aimerait ouvrir pour Rammstein mais objectivement, en tant que première partie, même si on pouvait apporter notre propre plateau avec notre set light, on ne pourrait pas rivaliser avec eux, ces mecs sont juste fous !!! Metallica par exemple, n’est plus un rêve pour nous. Comme tout le monde, je pense, on s’est tous dit qu’ouvrir pour eux serait un rêve, et avec le temps, l’expérience, on se rend compte que ça ne va pas forcement servir les intérêts de notre groupe.

Raconte-moi ton plus gros moment "spinal tap" avec le groupe.
Ouh là, j’en ai un en tête… Dans tous nos concerts, un peu avant la fin, on balance un son particulier dans lequel on fait un break et on demande aux gens de se déchaîner dans le pit. Avant cela, évidemment on prévient les gens que ça va secouer donc on vite ceux qui ne veulent pas se bagarrer et les plus jeunes à se mettre sur les côtés pour éviter les soucis. Aussi, on a pris l’habitude de faire monter les plus jeunes des premiers rangs sur scène, histoire qu’ils se fassent pas démonter et que ça leur fasse un beau souvenir du concert d’être à coté de nous. Bref, une fois on a fait ça et après la chanson on a demandé à tous les parents de venir récupérer leurs enfants mais voilà, après deux minutes il restait une toute petite fille haute comme trois pommes sur scène et personne n’était venu la chercher, du coup notre garde du corps, un colosse de plus de 2 mètres, tatoué de la tête aux pieds, a soulevé la petite et a gueulé au micro "A qui est cet enfant ? Quel parent faut-il être pour ne pas aller rechercher son gosse ??", et là la petite se retourne et, d’une voix très grave lui gueule dessus "Mais putain, tu vas me faire redescendre espèce de connard ?". En fait, c’était une naine… (Zoltan pleure littéralement de rire devant moi). Je te jure, j’en ai même chié dans mon pantalon, je pleurais tellement de rire, et les autres aussi, qu’on n'a pas réussi à jouer les trois derniers morceaux correctement ! Le batteur n’arrivait même pas à donner la mesure de départ !


Le site officiel : www.fivefingerdeathpunch.com