Interview faite par E.L.P à Paris.

Jeremy Spencer nous a fait l’honneur de passer par mon dictaphone pour mettre en valeur et expliquer aux fans français de Five Finger Death Punch, les tenants et les aboutissants de la seconde partie de leur double album au titre aussi long que réfléchi : "The Wrong Side Of Heaven And The Righteous Side Of Hell" Vol.1 & 2 ! Direction les coulisses du Zénith pour un petit entretien avec ce batteur plein de talent et de bonne humeur...

Eh bien, tout d’abord bonjour à toi Jeremy !

Jeremy : (le plus souriant du monde) Bonjour à toi aussi, bonjour French Metal !

Pourrais-tu te présenter en quelques mots pour nos lecteurs qui ne te connaissent pas encore ?
Bien sûr ! Bonjour à tous, mon nom est Jeremy Spencer, et je suis le batteur de FIVE FINGER DEATH PUNCH !

L’incroyable batteur si je puis me permettre !...
(rires) Merci, j’essaye en tout cas !

Il me semble que c’est votre première prestation en France c’est bien ça ?
C’est ça, c’est notre première fois ici, nous étions déjà passés pour une tournée de presse il y à quelques mois mais c’est notre première date en France ! Nous sommes tous très excités à l’idée de jouer à Paris, c’est quelque chose que nous voulions depuis assez longtemps et l’occasion se présente ce soir avec une superbe affiche dans cette immense salle, nous sommes vraiment très, très excités à l’idée de jouer ce soir...

Plaisir partagé ! Nous sommes vraiment plus qu’heureux de pouvoir vous accueillir chez nous aujourd’hui... Vous venez de sortir le second volet de votre dernier opus, pourquoi avoir eu cette envie de nous revenir en force avec un double album ?
Tu sais, nous avons passé pas mal de temps en studio et la chose prenait vraiment bien, tout était fluide et harmonieux, notre créativité était solide et les morceaux n’arrêtaient pas de sortir au point d’en arriver à près de 25 morceaux... À ce moment-là nous nous sommes réunis pour discuter de ce qui devait être gardé ou non, et, en fin de comptes, nous n’avions pas envie de trancher aussi vivement dans nos compositions, l’ensemble nous convenait en tant que tel. Ce corpus de titres méritait d’être rassemblé et c’est là que nous avons décidé de scinder le tout en deux, pour donner sa chance à chaque morceau plutôt que d’envoyer un énorme album indigeste à notre public... Les fans ont pu assimiler les premiers morceaux, pour ensuite profiter pleinement de la seconde volée ! Ça nous a demandé énormément de travail mais le résultat nous ressemble et nous en sommes fiers et heureux, d’autant que les retours presse / fans ont vraiment su saisir cet esprit !

Eh bien je ne sais pas ce qu’il en est de mes collègues mais j’en fais partie en tout cas, c’est un album vraiment très riche que j’ai rapidement eu la chance de découvrir, une sorte de cadeau de Noel en avance !
Parfait ! Le père Noël a donc changé de visage ! (rires)

Vous avez mis en oeuvre un travail considérable pour en arriver à ce résultat, comment avez géré toute cette création, combien de temps avez-vous passé à vous pencher sur ce dernier né ? J’imagine que les conditions de travail ont dû être assez dures et différentes de ce dont vous aviez l’habitude...
C'était véritablement un challenge, devoir être en studio tous les jours pendant près de 10 mois est vraiment quelque chose de très intense, ça finissait par devenir assommant et nous n’avions qu’une seule envie : retourner sur scène, devant la foule le retour est immédiat, l’ambiance est chaleureuse, c’est pour ça qu’on en passe par toutes ces étapes, pour vibrer et faire vibrer. On est fait pour tous ces shows pleins d’énergie, mais cette expérience de studio a malgré tout été terriblement positive pour le groupe, nous nous sommes retrouvés en complète harmonie, réellement unis et c’est là la créativité était la plus forte... Cet album est arrivé au moment où tout le monde était prêt pour l’accueillir, vous comme nous ! C’était génial !

J’avais lu quelque part que vous aviez dû continuer certains enregistrements sur la route, comment était-ce?
C’est vrai, nous avions presque terminé lorsque nous avons dû reprendre la route pour aller au Rockstar Mayhem Festival. Il ne manquait que quelques détails, quelques voix, quelques guitares, donc Jason (Jason Hook, guitare) s’installait à l’arrière pour enregistrer ses pistes, et souvent, Ivan (Ivan Moody, chant) s’y enfermait lui aussi, avant ou après les concerts, pour y poser ses voix, c’était vraiment différent de notre cadre habituel mais quand on regarde les morceaux de plus près, on a vraiment du mal à définir lesquelles ont été enregistrées sur la route...(rires)... Même si Jason préfère le cadre du studio, nos obligations nous ont fait évoluer dans cette façon d’enregistrer.

Ça devait être assez épique comme épopée créatrice !...
Exactement, "épique" (rires) !



Justement, tu devais être épuisé après tous ces moments de compositions, de shows, et d’enregistrement.. Comment te sens-tu en tant qu’artiste, au niveau de ta créativité maintenant que tout ça est terminé ?
Tu sais, je n’ai évidemment pas envie de retourner en studio demain (rires), mais cette expérience était tellement riche que le groupe ne pouvait en ressortir que plus grand, et puis, c’est ce qu’on fait tous les jours, c’est pour ça qu’on le fait aussi, pour se dépasser et recommencer...Ecrire des morceaux, les composer, les enregistrer, les faire tourner, c’est toute notre vie ! Nous sommes bien sûr fatigués mais la promotion est de loin la partie la plus dure du travail, toutes ces questions et interviews peuvent paraître répétitives mais bon, ça fait avant tout partie du job, et puis, maintenant, nous revoilà enfin sur scène avec le produit fini ! (rires)

En parlant de "produit fini", pourquoi avoir décidé de ne pas différencier les 2 parties de l’album autrement que par un léger changement de couleur du packaging ? Les univers y sont pourtant bien différents, d’où est venu ce choix ?
Personnellement je voulais couper le titre en deux et faire, Vol.1: "The Wrong Side Of Heaven", Vol.2: "The Righteous Side Of Hell" plutôt que d’en faire le titre le plus long du monde (rires). Mais le label a préféré la formule entière pour éviter toute dispersion, avec seulement Vol.1 et Vol.2 comme différence...

Le premier volume semble bien plus "ouvert", agressif et "public" (avec notamment tous les invités), que le second qui sonne, lui, plus intime, plus doux... Pourquoi avoir décidé d’en faire un aussi gros contraste ? De mettre tous les guests sur le Vol.1 ?
Nous avons effectivement enregistrés de nombreuses pistes avec invités dans le but de les répartir sur les deux volumes, mais nous avons finalement décidé de les rassembler sur la première partie pour éviter de faire deux fois la même chose, pour réellement contraster sur les 2 disques...

J’aurais justement plus envisagé de voir le titre "Anywhere But Here" avec Maria Brink (In This Moment, chant), figurer sur la seconde partie de part son atmosphère, sa puissance et sa légèreté...
C’est typiquement ce que l’on a voulu faire, donner cette impression d’unité, d’harmonie entre les albums, faire en sorte que l’on puisse y voir une certaine communication, voir certains titres sur l’un et d’autres sur l’autre pour rehausser l’ensemble de notre travail ! C’était notre objectif, varier les titres pour rendre le tout vraiment sensible et riche, inviter le public à voyager dans notre univers de plus de 20 titres !...

Et cet univers est effectivement très marqué, j’ai été bluffé par le travail d’Ivan sur ses pistes vocales, que s’est-il passé pour en arriver à un résultat aussi abouti et recherché ?
Ce sont déjà nos 4e et 5e albums, donc nous nous sommes servis de toutes nos expériences passées pour en arriver à ce que 5FDP est aujourd’hui sur ces CDs, nos compositions sont des instantanés de ce que nous sommes à ce moment-là... Nous avons déjà fait un sacré bout de chemin tous ensemble et nous avons appris à nous connaître. C’est de cette cohésion que nos nouvelles ambitions sont venues, comme par exemple la voix d’Ivan.

Vous recherchiez quelque chose de plus profond ?
C’est ça ! J’ai aussi repoussé certaines de mes limites pour en arriver à une batterie plus personnelle...

C’est vrai que l’on peut la ressentir comme plus "humaine", plus "sensible"...
Plus dynamique ?

Exactement !
Tu sais, je ne cherche pas à faire la même chose encore et encore, il faut apporter de la variété, de l’originalité, c’est le plus important: garder quelque chose de stimulant et d’excitant, aussi bien pour les fans que pour moi, ça permet d’envisager l’avenir avec le sourire et de voir assez loin... !

À la première écoute j’ai eu plus de mal à rentrer dans ce "nouvel univers", j’étais tiraillé entre les deux parties, ça m’est apparu comme moins créatif mais une fois assimilé je me suis rendu compte de la profondeur du travail et ça a été une grosse claque à ce moment-là, un véritable plaisir ! J’étais un grand fan de "The Way Of The Fist", de cet aspect, cru, vif et violent mais le résultat de cette année est vraiment plus mature et ambitieux.
Oui, comme je l’ai dit tout à l’heure, plus on avance plus on grandit et plus on évolue, toute cette expérience s’en ressent... !



Quelles ont été tes influences, et celles du groupe, dans cette aventure ?
Il n’y en a pas réellement eu, on recherchait avant tout du sentiment, les influences n’avaient que peu d’importance, il nous fallait du "vibrant" avant tout ! Une fois cette vibration touchée de plein fouet on en arrive à se dire "Mais c’est super ! J’adore ça ! Il faut qu’on creuse là dessus !...". Nous sommes nos plus dures critiques (rires), une fois que notre travail a passé nos filtres, il peut percuter le public de la façon qu’il espère ! On ne peut rien contrôler, et les influences n’y changent rien, il faut juste rester honnête et se sentir bien avec son oeuvre avant de s’en séparer pour continuer sa route...

Et c’est quelque chose que l’on peut voir sur "Cradle To The Grave", qui est pour moi le meilleur titre du second volet... En tant que fan de "Coming Down" j’ai totalement adhéré à cette profondeur, comment as-tu géré ce titre ?
Je n’avais qu’une seule envie, en finir avec cet enregistrement de batterie, c'était tellement dur d’en venir à bout (rires) ! Ivan écrit les paroles, il se recentre sur ses sentiments lorsqu’il écrit, le résultat est instantané et je n’ai plus qu’à me laisser porter par ce cadre et ces riffs pour matérialiser cet esprit pour soutenir tout ce qui peut s’y passer !... C’est l’avantage du numérique, tout peut se faire partout et tout le temps, c’est de là que viennent nos envies !

Justement, pour ce qui est des ordinateurs, du numériques et des ornements, pourquoi avoir choisi d’en intégrer quelques uns comme sur "The Agony Of Regret" et "Cold" par exemple ?
Tu vois, quand tu en arrives à plus de 20 chansons, tu peux te permettre un peu d’expérimentation sans pour autant t’éloigner du reste... Il nous fallait quelque chose de léger, nous avions souvent parlé de faire un interlude acoustique et ça nous a semblé être le bon moment pour se lancer !

Vous devriez le faire plus souvent, c’est une réussite ! On vous y découvre plus atmosphériques et "reposés", une sorte de petite pause acoustique.
Merci (rires), ce sera le cas ! Voila, c’est atmosphérique. Nous voulions créer un pont sur lequel l’auditeur peut se reposer quelques instants, faire un break loin de tout ce chaos et de tous ces riffs, avant d’attaquer encore plus fort avec un son lourd et puissant!

Pour terminer avec quelque chose de totalement différent, j’ai vu que Device avait été remplacé par Avatar pour cette tournée aux cotés d’Avenged Sevenfold...
Oh ! J’adore Avatar, ils sont géniaux et leurs grooves le sont aussi ! Il faut vraiment en parler et les découvrir !

Mais quel pourrait être le lien entre vos univers, enfin, celui d’Avatar, A7X et le vôtre ?
On peut tous avoir des sonorités différentes, mais nos musiques restent lourdes, groovies, mélodiques et entraînantes... Sans oublier la passion qui nous fait monter sur scène chaque jour... !

Je vous imaginais vraiment en tête d’affiche pour votre premier passage français...
Oh ! Mais c’est prévu (rires) ! Nous avons déjà notre propre tournée de prévue et une date en Mars 2014 ! J’ai hâte d’y être !

Et moi donc ! Nous pourrions remettre ça pour voir l’évolution de cet univers !
Parfait, rendez-vous le 26 Mars donc si je ne me trompe pas ! (rires)

Je crois que nous avons fait le tour, un grand merci à toi Jeremy pour cette incroyable entrevue ! Rendez-vous sur scène ce soir et en Mars !
Mais, merci à toi ! À très bientôt !

Un live exceptionnel s’en est suivi, Five Finger Death Punch est définitivement un groupe fort, marquant, à suivre et à découvrir !... N‘hésitez pas à vous procurer leur discographie mais surtout à les retrouver au Bataclan le 26 Mars 2014 en compagnie de Upon A Burning Body !
Merci à Gerard Drout Production et à Replica Promotion pour cette folle soirée !!


Le site officiel : www.fivefingerdeathpunch.com