Interview faite par mail par Antoine

Première question, comment vous sentez-vous depuis cette sortie d'album, soulagés, satisfaits ?
Staif (guitare) : Tout à fait, très contents, le processus de production a été un peu long, ça fait donc du bien d'avoir l'album fini entre les mains. De plus, les chroniques sont très bonnes dans l'ensemble, j'ai été agréablement surpris de voir à quel point les Anglais et les Américains l'ont apprécié, ça fait super plaisir ! J'ai aussi reçu de nombreux messages de fans de la première heure qui étaient trés contents de l'album, que du positif !

Comment s'est passée l'intégration de Damien, Rachel et R.U.L ? Yom, Greg et Candice étaient très appréciés et c'est au final une grosse partie de l'image du groupe qui a changé (même si ça s'est échelonné sur plusieurs années) !
Staif : Trés bien, d'autant que comme tu le dis cela s'est échelonné sur plusieurs années, Damien était déjà présent depuis l'enregistrement de "III" et a eu le temps de s'intégrer à l'ancien line-up auparavant. Rachel a eu plus de pression car les fans attendaient beaucoup de la remplaçante de Candice, nous avons beaucoup travaillé ensemble (et nous continuons) sur les divers aspects de son nouveau rôle et je pense que de nombreux fans apprécient ce qu'elle ramène au groupe, un côté plus brutal au niveau des cris. Enfin, R.U.L est le dernier arrivé mais il s'est également très bien intégré, c'est un super batteur, très sympa de surcroît, il ramène, à l'instar de Rachel, un côté plus brutal dans son drumming, cela nous permet de ré-interpréter certains titres, c'est très stimulant.

Comment s'est passé ce premier enregistrement d'album (hormis l'EP "Ex Umbra In Solem") avec ce nouveau line-up ?
Staif : Sereinement, je voulais prendre le temps de réaliser "Ankaa" en donnant notre meilleur à chaque étape pour pouvoir ne rien regretter après coup, cet album était très important pour moi et je voulais vraiment l'amener dans une direction particulière et précise. Au niveau des compos et de l'interprétation mais aussi au niveau de la production et du son, d'ailleurs je remercie chaleureusement tout les intervenants qui ont participé à "Ankaa", notamment Nelson Leeroy qui a effectué le mix et Mobo (Conkrete Studio) qui s'est occupé du mastering, ils m'ont permis d'aller exactement où je voulais.

Justement, y a-t-il eu une pression particulière due à cet environnement particulier ?
Staif : Il y a toujours une certaine pression pour chaque nouvel album, l'envie de tout donner et que cela ressorte à l'écoute du disque mais il est certain que sur "Ankaa", ce fut particulier, avec le départ de Candice, Greg et Yom, de nombreux fans étaient dans l'attente du résultat, et je ne voulais pas qu'ils soient déçus en l'écoutant. De plus, je me suis chargé de toute la musique, des textes (à part 3 titres que j'ai co-écrit avec Faustine Berardo), de l'enregistrement et de la production de l'album, toutes ces "casquettes" m'ont poussé à me surpasser mais ont aussi amplifié la pression dans les dernières étapes du processus.



Est-ce comme un nouveau départ pour le groupe ? Tel un phénix qui renaît de ses cendres...
Staif : On peut le voir comme ça, le groupe a changé de visage mais garde le même coeur...

Mais si c'est un nouveau départ, le groupe était-il vraiment au bord du précipice avec ces départs ?
Staif : Le départ du frontman en particulier (de la frontwoman dans notre cas) est toujours un traumatisme pour un groupe, cela amène a de nombreuses questions du point de vue des fans qui suivent le groupe depuis longtemps mais aussi intérieurement car nous étions avant tout des amis (c'est d'ailleurs toujours le cas), pour ma part cela a été assez difficile au début mais petit à petit on s'accomode à tout avec le temps. Je reste néanmoins conscient que pour certains, ETHS ne peut être qu'avec Candice au chant, ce que je comprends, moi même étant un grand fan de Sepultura, même si le groupe continue à faire de super trucs, ce n'est plus pareil sans Max. J'espère cependant que "Ankaa" convaicra les plus sceptiques, comme cela a déjà été le cas pour certains qui m'ont avoué avoir beaucoup apprécié l'album malgré que Candice ne soit pas dessus.

La comparaison avec le phénix est voulue dans la précédente question, Ankaa étant une étoile de la constellation du Phénix et aussi le mot arabe pour "phénix" justement, alors pourquoi ce titre ? Est-ce lié à cette signification ?
Staif : Cette symbolique est effectivement liée l'histoire du groupe mais surtout à mon histoire personnelle qui a nourri cet album, d'une façon plus générale cela se rapporte aussi aux cycles universels, tout se meurt un jour pour renaître sous une nouvelle forme le lendemain, c'est dans l'ordre des choses.

On ressent encore plus une ambiance particulière et unique sur ce disque, plus mélancolique, mystique et profonde. As-tu composé ce disque de façon différente ? Est-ce que tu voulais justement un autre ressenti sur l'ambiance ?
Staif : Oui, exactement, je voulais développer d'avantage les ambiances sur "Ankaa". Au niveau de la composition , j'ai changé ma façon de procéder, au lieu de composer en premier les guitares et les batteries, j'ai cette fois commencé par les ambiances et arrangements pour pouvoir aller le plus loin possible et ensuite adapter les parties plus violentes dessus, cela a été très stimulant de composer de cette façon, je ne me suis poser aucune limite.

Etait-ce dans cette optique que tu voulais inviter d'autres musiciens sur ce groupe ?
Staif : En partie, oui, cela a permis d'amener de nouvelles couleurs à notre son mais cela a aussi permis à Rachel de plus se focaliser sur les cris, du coup les voix se mélangent et donnent une touche finale aux ambiances en les amenant encore plus loin, ce fut d'ailleurs vraiment très enrichissant de bosser avec de tels artistes, Bjorn Strid, Jon Howard, Sarah Layssac et Faustine Berrardo ont chacun à leur façon nourri les titres auquels ils ont participé et se sont vraiment investis, ça fait super plaisir et je suis très content du résultat final.

Peux-tu aussi expliquer cette pochette, a-t-elle une signification particulière (le crâne "aveugle", les triangles, et le texte derrière notamment) ?
Staif : Comme pour chaque pochette du groupe, nous préférons que chacun puisse y trouver sa propre interprétation, c'est là tout l'intéret, on peut y voir, comprendre de nombreuses choses qui sont bien évidemment en lien avec les textes et les thèmes abordés sur "Ankaa". C'est une fois de plus Nicolas Senegas qui s'est chargé de l'artwork, il m'a envoyé ça et j'ai été directement séduit, j'ai trouvé que cela représentait très bien l'album.

Peux-tu nous parler du contenu de l'album, as-tu suivi une ligne directrice particulière ? On connaît notamment ta passion pour l'histoire ancienne, vu l'artwork et le titre on peut facilement penser que tu dans cette veine...
Staif : La ligne directrice s'est imposée d'elle même au fil de l'écriture, je suis effectivement passioné de d'histoire et de cultures anciennes, cela m'a à nouveau beaucoup inspiré. Ce qui est le plus fascinant ce sont les cycles que connaissent toutes choses et donc l'humanité, notamment au niveau des civilisations qui naissent, prospèrent puis disparaissent. Certaines ont laissé des messages pour les générations futures, il y a de nombreux enseignements à tirer de l'étude des cultures anciennes et pas mal de mystères demeurent, c'est donc une sorte de superposition que l'on peut effectuer avec notre civilisation dite "moderne" qui m'a inspiré pour l'écriture d'"Ankaa".

Pourquoi avoir décidé de faire autant de choses à toi tout seul sur ce disque, notamment de te lancer dans l'écriture complète des textes et la production ?
Staif : Pour ce qui est des textes, Rachel n'étant pas vraiment à l'aise avec l'écriture, il a fallu que je m'y mette, et j'y ai pris beaucoup de plaisir. C'est, pour ma part, très différent du processus de composition mais tout aussi enrichissant et parfois encore plus salvateur, j'aime énormement la poésie française et toute la vague surréaliste, j'ai donc travaillé de différentes façons selon les morceaux, d'ailleurs, j'avais pour chaque titres, dès la composition, une idée des thèmes et des styles que je voulais aborder, cela a donc été assez naturel. Pour ce qui est de la production, je m'y suis toujours beaucoup intéressé, sur chaque album du groupe j'y ai toujours plus ou moins participé (direction de prises, arrangements, mixage) et après m'y être essayé sur "Ex Umbra In Solem", je voulais vraiment me lancer sur cet album car j'avais une vision assez précise du résultat que je souhaitais obtenir et je voulais absolument aller dans ce sens. Je compte d'ailleurs continuer et produire d'autres groupes à présent, je travaille déjà sur différents projets.

1Comment était-ce pour toi d'endosser ces nouvelles étapes ?
Staif : Très enrichissant et stimulant, ça fait toujours du bien de se lancer des défis, j'ai appris beaucoup sur moi-même avant tout en travaillant souvent seul, c'est aussi très intéressant même si j'aime également le travail en groupe, les deux ne sont pas incompatibles, mais sur cet album, je voulais vraiment mener le gros du processus de cette façon, cela a été très prenant et ça m'a permis de garder une certaine intensité tout au long de la réalisation, sans jamais faire aucun compromis.



Comment as-tu choisi quels morceaux devaient être écrits en français ou en anglais ?
Staif : Cela a été assez immédiat, après quelques essais en français sur "Nihil Sine Causa" et "HAR1", il a vite été évident que ça ne collait pas avec la personnalité de ces 2 titres, de plus ça nous a permis d'y inviter des chanteurs anglophones et de donner une autre vision du groupe. Malgré tout je reste très attaché au français qui pour moi fait partie intégrante de l'image et de l'histoire du groupe, c'est d'ailleurs pour cela qu'il n'y a que 2 titres en anglais.

Rachel, de ton côté te sens-tu à l'aise maintenant avec le répertoire d'Eths et le passé de Candice ?
Rachel (chant) : Je me sens de plus en plus à l'aise avec le temps. D'autant plus que le répertoire s'est élargi et compte maintenant de nouveaux titres qui me correspondent encore plus. Je connais l'univers du groupe depuis mon adolescence et apprécie ce qu'il était avec Candice, ça ne me met pas mal à l'aise, au contraire.

Penses-tu être acceptée par les fans et avoir réussi à prouver que tu as ta place dans Eths ?
Rachel : Je pense qu' il y aura toujours des fans qui ne m'accepteront pas, tout comme il y a des fans qui m' ont encouragée dès le début et continuent à nous soutenir. Il y a aussi de nouveaux fans, des gens qui ne connaissaient pas le groupe il y a quelques années. Je pense que la sortie d'"Ankaa" a été un élément important pour beaucoup d'entre eux, nous avons eu énormément de retours positifs ce qui me conforte encore plus dans l'idée qu'en effet j'ai ma place au sein de ETHS.

Hormis le chant, as-tu commencé à écrire pour le groupe ? Ou penses-tu y aller progressivement toujours en duo avec Staif ?
Rachel : Nous n'avons pas abordé d'autres compositions, je me focalise sur les concerts à venir.

Pourquoi avoir fait appel à Dirk Verbeuren pour la batterie, pourquoi lui en particulier ?
Staif : Nous nous sommes séparés avec Yom en pleine période d'enregistrement, il fallait donc un batteur de session capable de jouer et d'enregistrer les batteries en un temps record. J'ai contacté Dirk sur les conseils de Franky Costanza, et le courant est tout de suite très bien passé avec lui. Dirk a beaucoup aimé l'album et a pris du plaisir à l'enregistrer. Je suis pour ma part très admiratif de Dirk car c'est un vraiment un batteur d'exception, son drumming a indéniablement apporté un plus, la touche finale aux titres, je pense avec du recul que c'était vraiment le batteur parfait pour enregister "Ankaa".

Etait-ce un choix aussi de rendre le mix plus homogène et de moins mettre en avant le chant ?
Staif : Absolument, j'ai voulu que le chant s'intègre vraiment aux instrus et le fait qu'il y ait beaucoup de voix différentes a permis cela, ainsi l'auditeur perçoit les titres dans leur globalité, la voix jouant parfois aussi un rôle atmosphérique, c'est plus conceptuel mais c'est une envie qui était là dés le début du travail sur "Ankaa", arriver à une certaine homogénéité sonore.

Êtes-vous prêts maintenant à en découdre à travers l'Hexagone ? Et peut-être en dehors aussi ?
Staif : Oui ! Le Ankaa Tour, a proprement parlé, débutera dès le mois de Septembre et continuera en 2017, nous irons bien entendu aussi défendre l'album en dehors de nos frontières, tout cela est en train de se préparer. Nous sortirons également le premier clip issu de "Ankaa" en Septembre.


Le site officiel : www.eths.net