Interview faite par Byclown à Paris.

Salut Samuel, il s’agit de la première interview de Epysode pour ce webzine. Nous sommes là pour parler de la sortie du nouvel opus du groupe "Fantasmagoria" mais tout d’abord, merci de te présenter, de présenter ton groupe et son histoire, et de présenter les gens du line-up actuel (sans les guests du dernier album).
Samuel Arkan (guitare) : Je suis Samuel Arkan, le créateur de ce projet, EPYSODE, qui est plus un concept qu’un groupe car il réunit à chaque fois pas mal d’artistes. J’essaye d’apporter une base solide à ce projet, avec une histoire solide qui se suit d’album en album, comme on peut le voir dans Avantasia par exemple. Ca c’est pour la partie musique, maintenant le line-up "régulier" avec Leo à la batterie, un compatriote français qui joue entre autres avec Pain Of Salvation et Julien, mon bras droit, mon partenaire de crime…

Ton souffre-douleur…
Non pas vraiment, quoi que, si tu lui poses la question c’est sûrement ce qu’il va répondre… Il s’occupe de tout ce qui est clavier, piano. Voilà le noyau dur d’EPYSODE.

Quand as-tu eu l’idée de faire ce groupe et pourquoi t’es-tu orienté vers ce style musical en particulier ?
Pour le style, c’est venu en fonction de mes influences, tout simplement, je voulais faire quelque chose de plus fidele à mes goûts profonds bien qu’ils soient relativement larges et qu’ils s’étendent de Pink Floyd à Pantera. J’avais donc envie de voir ce qu’allait donner ce mélange et de raconter un livre par la musique, quelque chose de détaillé avec plusieurs personnages hauts en couleurs et tous différents et pas simplement survoler une histoire entre deux personnages.

Tu dis avoir eu envie de mettre plusieurs personnages différents et hauts en couleur. Est ce cette idée de départ qui t’a orienté dès l’écriture sur l’emploi de guests ou alors cette idée de faire venir des invités est venue après ?
L’idée des guests est venue après. J’ai eu envie de créer un vrai groupe, solide, mais au vu des personnages je me suis dit que ça serait mieux avec des guests. En plus de cette histoire d’usage, il est vrai qu’il y a le plaisir de travailler avec pas mal de gens différents et tous très talentueux. En plus il y a un côté "démarchage" qui, pour moi en tout cas, est ludique donc ça a ajouté du piment à l'affaire.

Quels sont tes goûts musicaux, metal ou pas d’ailleurs ?
J’adore écouter plein de choses hors metal, comme Muse, pour l’aspect construit et british, sinon j’écoute pas mal de musique classique, de bossa, chose qu’on ne retrouve pas forcément dans la musique d’EPYSODE, pour l’instant du moins. C’est dur pour moi de parler de ça car j’aime tellement de choses ! J’écoute du manouche aussi, français d’ailleurs, et de la variété. Je peux même écouter du David Guetta, sans problème (rires) !

Aimes-tu certains groupes français ?
Oui ! Désolé pour la longueur de ma réponse (rires). Il y a très longtemps, je me rappelle de Lofofora, Adagio forcément car je suis inclus dans ce genre de musique. J’ai de mauvais souvenirs, comme Pleymo (rires).

Quels sont les styles récents que tu as découverts et aimés ?
J’aime beaucoup un groupe italien qui s’appelle Manouki (Ndlr : Au temps pour moi pour l’orthographe mais il semble difficile de trouver ce groupe sur le net) mais sinon à part ça, je dois dire que la scène actuelle ne me touche pas beaucoup. J’aime bien Triosphere mais bon, j’ai travaillé avec la chanteuse, ce qui change pas mal de choses.

En tant que tête pensante de ce projet, quels sont tes masterminds préférés dans le metal ?
J’aime bien Areon, c’est très recherché et construit. Je suis un grand fan de Toto, c’est un peu à part, ce n’est pas metal. J’adore le style de jeu de Lukather, pour moi c’est quelqu’un qui a su pousser la musique à un niveau supérieur, de même que David Gilmour dans Pink Floyd.



Bien, parlons à présent de ce nouvel opus "Fantasmagoria". As-tu appelé cet album justement parce que sa mise en vie représentait un fantasme pour toi ?
Non pas vraiment. Lorsque je compose un album, je commence toujours par l’histoire, les histoires de chaque personnage, je ficelle tout correctement et je m’attarde sur la dramaturgie car c’est quelque chose que j’aime beaucoup. Seulement à ce moment je me demande à quoi je peux faire référence, et c’est sûrement à ce moment là que ce nom "Fantasmagoria" est arrivé. Pourtant je ne suis pas un geek et ce nom me rappelle un jeu vidéo auquel j’ai joué il y a fort longtemps. Sans parler de fantasme il est vrai que j’ai beaucoup creusé mon sujet, que je suis parti dans un délire, un "delirium", chose certainement causée par un lourd passé psychologique… Quoi qu’il en soit, sans tomber dans le côté "romantique", j’aime ajouter quelque chose d’un peu plus "sucré" à mes histoires, histoire d’enrober d’un peu de douceur toute cette dureté dans l'histoire et dans la musique. L’histoire du second album reprend un peu celle du premier, c’est toujours un thriller avec un tueur en série. Ce sont des fondamentaux qu’on retrouve beaucoup de nos jours, surtout à la télé mais qu’importe. Je reprends cette base-là mais j’y ajoute un côté surnaturel qui est très présent sur le premier album, donc celui qui veut vraiment comprendre le second album doit avoir écouter le premier. Ce n’était pas vraiment voulu mais enfin bon c’est comme ça. A chaque fois c’est une nouvelle histoire. C’est une double enquête, d’une part d’une journaliste qui enquête pour se venger d’un serial killer et d’autre part un enfant, qui a été enlevé dans le premier album, qui est devenu adulte et profiler de métier et qui lui aussi mène son enquête de son côté en parallèle. C’est au premier qui trouvera le tueur. On va découvrir qu’il y a deux personnes, la tête pensante et celui qui commet les actes. J’aime à rajouter des éléments fantasmagoriques, un peu à la japonaise mais pas trop. Il n y a pas de pétales qui vont voler partout (rires).

L’idée du choix des guests est venue pendant l’écriture, tu as visualisé tout de suite telle partie pour tel artiste, ou bien cette sélection est-elle venue après que tu aies écrit tous les textes ?
Les deux sont vraies mais ta première proposition est bonne car, lorsque j’ai écrit, à certains moments, j’ai eu des noms qui me sont venus en tête, comme Tom d’Evergrey, car j’adore ce groupe. De là, j’ai fait très attention de ne pas trop orienter mon texte et les lignes de champs en fonction de mon souhait. J’ai fait attention à garder une certaine réserve en me disant "Tiens, si tout compte fait il ne veut pas / peut pas, il faut que ca puisse coller à quelqu’un d’autre". Ca peut être très problématique pour un premier rôle ! Pour les "derniers rôles", je me fais moins une idée de la personne mais plus une idée du type de voix, ce qui me permet par la suite d’établir une liste de gens susceptibles d'avoir le timbre de voix et le style de chant que je recherche. Je cherche à avoir des voix avant d’avoir des noms. Le but pour moi n’est pas de travailler avec des "noms", des stars qui de par leur nom vont faire pousser l’album, mais bien de travailler avec des voix que je trouve intéressantes, mêmes si elles n’appartiennent pas à des gens connus. Le tout pour moi c’est de donner un sens à ma musique et de travailler avec des gens que j’aime.

Voila qui est aux antipodes de la méthode Avantasia…
Oui et d’ailleurs, le piège de ce genre de projet c’est que les gens vont adhérer, écouter, acheter, aller en concert pour les noms, et donc pour la prochaine fois il va falloir trouver d’autres artistes aussi prestigieux, voire plus, pour tenir la barre aussi haut et ce n’est plus vraiment facile passé un certain niveau.

D’ailleurs, il est temps de parler d’eux car ils sont une part capitale de ce projet. Merci de me les présenter et de me dire comment tu les as convaincus de collaborer avec toi.
Curieusement, de nos jours, avec les réseaux sociaux, il est vraiment facile de communiquer avec qui que ce soit. Je n’ai en fait travaillé qu’avec Facebook pour aborder les musiciens. J’ai envoyé des mails avec des liens vers les MP3 de mes maquettes, deux ou trois je ne sais plus, sorties directement de mon PC et voilà. Apres il y a deux genres de personnes, celles qui ne prennent même pas la peine d’écouter, et celles qui écoutent et qui disent "Oui" ou "Non". Le PPM Fest où j’ai joué à la première édition avec Scorpions en tête d’affiche m’a permis de rencontrer pas mal de gens, du coup j’y suis retourné tous les ans, cela m’a permis de nouer pas mal de contacts et de présenter mon travail.

Et donc en majeure partie, tu as plus travaillé avec des gens que tu connaissais d’avant ou l’inverse ?
Je connaissais davantage de gens pour le premier album dont Magalie avec qui j’avais déjà eu un groupe et on a travaillé à deux pour avoir des gens intéressants. Pour le second album, ça a été plus un choix perso mais le label a beaucoup aidé pour avoir les artistes en direct sans passer par plusieurs intermédiaires.

Y a-t-il eu tout de même des artistes qui ont refusé ta proposition ?
Oui bien sûr !! Ca a été assez rare je dois dire ! Je n’ai encore jamais essuyé de refus quant au produit mais plus sur des questions de tarif, d’égo… Certains artistes ont du mal à descendre de leur échelle pour faire un truc un peu plus modeste. Soucis d’agenda aussi, comme tu t’en doutes.

Un an de composition, 5 mois d’enregistrement ! Cela donne pas mal matière à parler !! Commençons donc avec la phase de composition. Es-tu le seul à être à l’origine de chaque note et de chaque phrase de l’album ou d’autres ont pu amener leurs idées ? Je pense notamment aux nombreux guests…
Pour les paroles, je suis le seul à avoir travaillé car c’était mon souhait. Pour la musique mes deux autres compères m’ont bien aidé ! Sur le premier album j’avais demandé à Julien de m’écrire une ballade au piano et j’avais trouvé le résultat formidable, du coup, pour le second opus je lui ai laissé carte blanche pour me présenter ses propres compos s’il en avait. Avec Julien on fait vraiment le gros du travail sur la musique, on travaille toujours à deux. Après, par exemple, pour Mike LePond (Symphony X) à la basse, on lui envoyé les morceaux sur lesquels il devait jouer mais c’est lui qui a créé sa ligne de basse et on a enregistré sa ligne de basse. Pareil pour la batterie avec Léo (Léo Margarit, Pain Of Salvation), qui rend "humaines" les batteries que j’ai pu faire électroniquement pour l’architecture du morceau.



Comment expliques-tu que la phase de composition ait duré aussi longtemps ?
Dans l’absolu, la phase de composition n’a pas pris aussi longtemps que ça mais puisque j’aime avoir les gens au studio, ça a été un vrai casse-tête d’organiser les vols de tout le monde, de définir les ordres de passage etc… Ca prend énormément de temps pour être sûr de ne pas faire n’importe quoi. Une fois cela fait, le reste est allé assez rapidement. Au niveau de la musique, tout va repartir de zéro comme un groupe standard, c’est à dire par la batterie. Léo va recevoir la musique et va retravailler la batterie pour lui donner un vrai son. Du coup, avec son travail, ses idées, ça va remodifier un peu l’idée que je me faisais de la musique alors Julien et moi allons retravailler encore une fois nos parties en fonction de la batterie. Chaque artiste est unique et amène sa patte, c’est d’ailleurs pour ca que je les contacte ! Du coup on est obligés de revenir légèrement en arrière parfois sur la musique pour mieux coller au personnage. Guest ou pas, ça reste un vrai travail de groupe.

Parlons à présent de l’enregistrement qui a quand même pris 5 mois. Cette longue durée est due aux problèmes d’agenda des guests ? Ont-ils tous réussi à se déplacer jusqu’à ton studio où certains ont-ils enregistré à distance ?
Pour le premier album tout le monde n’a pas pu venir. J’ai dû travailler avec deux musiciens uniquement par mail, dont Christophe Godin (Morglbl Trio, Gnô, Metal Kartoon) et un membre de Pain Of Salvation. Pour cet album, j’ai vraiment fait l’effort de faire venir tout le monde, qu’importe les mers qui nous séparent ! A chaque fois c’était 4 ou 5 jours de travail intense, très concentré, tout ce que j’adore ! En plus le logement se situe juste au-dessus du studio, ce qui ajoute à la facilité.

Parlons à présent des dates qui vont venir soutenir cet album. As-tu déjà des dates de prévues ? Il semble bien compliqué de réunir tous ces artistes en même temps donc comment vas-tu procéder ?
Le PPM Fest restera pour le moment une date unique, avec le line-up de l’album, ce qui est une exclusivité, car faire venir tout le monde, même pour une date, c’est pas simple ! On va se concentrer sur le second album évidemment. Ensuite il n’est pas exclu de faire une tournée regroupant les deux albums mais cela risque d être compliqué au niveau des agendas de chacun.

As-tu donc pensé à faire des tournées avec un ou deux chanteurs qui feraient toutes les voix ?
J’y ai pensé, évidemment, mais je pense que ce ne serait pas faisable. Pour EPYSODE, je me suis déjà contraint à faire 5 voix, pas plus. La personne qui va écouter "Fantasmagoria" saura qu’a tel moment c’est le chanteur d'Evergrey au micro, car il a un timbre particulier, une façon de faire… Pareil pour les autres chanteurs et musiciens, chacun à une patte particulière et même si je demande à un très bon de venir faire la guitare, Christophe Godin par exemple, il ne pourra jamais exactement sonner comme les différents guitaristes de l’album. Faire le concert avec les membres originaux du projet c’est ça aussi "Fantasmagoria".

Du coup c’est un excellent argument de vente pour que les gens aillent au PPM Fest !
Oui, de toute façon, il faut venir au PPM Fest. Tu sais, j’ai reçu pas mal de mails de fans des US, des UK qui vont venir spécialement pour voir ça. Ca me met une petite pression, et à tout le monde aussi, car on sait qu’on pourra pas faire de concert de chauffe avant et qu’après le concert, on risque pas de refaire la même chose avant longtemps. On va tous se revoir quelques jours avant pour répéter le set intensément mais à part ça on n’aura pas trop l'occasion de jouer ensemble. Je suis certain que ça va très bien se passer et que tout le monde, pris par l’élan de cet opéra, prendra du plaisir à jouer.

Peut-on s’attendre à voir des clips vidéo pour cet album ?
Pas pour le moment. Il est vrai qu’on en a déjà fait un pour le premier album et je suis conscient qu’avec les réseaux sociaux ça peut avoir de l’impact mais il ne faut pas faire n'importe quoi de peur de passer pour des amateurs. Il faut bien faire les choses. Alors pourquoi pas une sorte de lyric vidéo avec quelques scènes tournées, je ne sais pas. On ne peut pas avoir que le groupe qui joue et qu’un clip scénarisé, il faut mixer les deux, et là encore il ne faut pas faire n'importe quoi. Il faut trouver les gens crédibles, être sûr que les musiciens qui vont aussi faire les acteurs ne surjouent pas, etc… J’avais adoré ce qu’avait fait Dream Theater sur "Metropolis Part 2" je crois, avec en fond juste quelques scénettes mais rien d'invasif.

Pour qui aimerais-tu faire la première partie ?
Sans penser au concept du groupe je dirais…. Pfff c’est dur ! Allez, In Flames. Avec EPYSODE, pourquoi pas un pseudo Pink Floyd ?

As-tu eu des moments un peu "spinal tap" durant la phase d’enregistrement de cet album ?
Je filme souvent l'enregistrement et je pense avoir 80% de vidéos qui ne sont que du bêtisier. Bon, le batteur n’a pas disparu, je me suis retrouvé dans les couloirs du studio. Pas de grosses galères mais que des moments drôles. Après, les galères, on en aura sûrement au PPM car le backline ne va pas être facile vu le nombre de musiciens. Vu qu’on va répéter avant, il n’est pas impossible qu’il se passe des soucis à ce moment-là, tout est envisageable.


Le site officiel : www.facebook.com/epysode