Interview faite par Aurélie P. Lawless à Paris.

"Raven Kings" est le quatrième album du groupe suédois Engel, dont le membre fondateur n'est autre que Niclas Engelin, guitariste de In Flames. Pour l'occasion, Mikael Sehlin (chant) et Marcus Sunesson (guitare) ont fait le déplacement dans un bar PMU, véritable panthéon insoupçonné du metal. Faute d'une couverture médiatique décente, et d'une tournée digne de ce nom, les précédents albums n'ont pas attiré outre mesure les regards malgré leur qualité. Bien décidés à rectifier le tir, le quintette scandinave promet de revenir très vite sur le devant de nos scènes européennes. Entretien avec un homme à priori mesuré dont j'ai néanmoins réussi à faire baisser la garde à l'évocation de sujets plus farfelus.

La première question est assez facile : que représente cet album pour toi, y a-t-il un lien avec le titre de l'album ("Raven Kings") ?

Marcus (guitare) :  Hum, je dirais qu'il représente l'ordre et le chaos pour moi. Nous avions le titre dès le départ pour tout te dire et on voulait que tout le procédé de l'album tourne autour de ce titre. Ca nous a demandé un peu de malice pour détourner un peu l'idée d'ailleurs (rires) ! On n'a pas vraiment fait tout l'album autour du titre au final !

C'est un peu un concept album alors ?
Marcus : Alors, oui, avec le recul, en effet. Au début ça n'avait rien d'un concept album ! Nous n'avons pas travaillé dans cette idée là en réalité, mais quand on s'attarde sur les chansons et notamment les paroles on se rend compte qu'il y a un fil conducteur, une idée principale dans un sens.

Quel univers est mis en exergue dans cet album  ? Il semble plus sombre que les précédents.
Marcus : Oui, l'univers de cet album est assez apocalyptique, très sombre. Beaucoup plus sombre que ce qu'on a pu faire avant. Mais nous avons toujours ces quelques sonorités que je qualifierais de "pop" et auxquelles nous avons ajouté ce côté plus sombre. Je trouve le contraste assez saisissant.

Si tu devais résumer l'album en un mot ou deux, quel(s) serai(en)t-il(s) ?
Marcus : Je dirais "réalité apocalyptique" ! Les paroles composées par Mikael (Sehlin, le chanteur du groupe, nldr) tournent autour de ce sujet, elles parlent de choses apocalyptiques. Ce n'est d'ailleurs pas vraiment quelque chose à laquelle nous sommes habitués. C'est assez intéressant pour le groupe d'avoir une approche différente, nous ne sommes d'ordinaires pas associés à l'univers apocalyptique et sombre de cet album. La fin de l'album est cependant plus ouverte, il y a une progression, une évolution. En revanche, il n'y a pas de message politique derrière tout ça. Pour résumer en une phrase et pour essayer de donner un aperçu plus clair, je pense qu'on peut voir les choses de la façon suivante pour le thème de cet album : le monde est proche de l'apocalypse et nous sommes les "Raven Kings" qui offrent le salut.

C'est votre quatrième album désormais, est-ce que les gens tentent, encore maintenant, de vous comparer à In Flames ?
Marcus : Pour moi, cet album n'a rien d'In Flames bien évidemment. Bon peut-être que sur les précédents albums, quelques chansons on pouvait y trouver des similitudes. Mais cette fois c'est totalement différent. Mais oui, les gens continuent de nous comparer à eux quand même, je ne sais pas vraiment pourquoi (rires) à part le lien, ou l'effet "Niclas" (Engelin, fondateur du groupe et guitariste de In Flames, ndlr). La seule comparaison à faire c'est que nous sommes un groupe de metal et eux aussi, donc forcément, il y a des moments, ça se recoupe, mais bon... (rires)



Avec le recul, comment vois-tu les précédents albums désormais ?
Marcus : C'était une autre époque, c'était vraiment différent. Mikael a vraiment "coloré" par sa personnalité le nouvel album et les chansons de manière générale. Nous avons également une meilleure idée de ce que nous voulons faire désormais. A l'époque nous nous devions d'observer certaines restrictions, aujourd'hui c'est moins le cas. Je ne dirais pas non plus qu'on peut faire tout ce qu'on veut hein ! (rires) Mais on est quand même plus libre qu'auparavant ce qui est très appréciable bien évidemment et je pense que ça se ressent vraiment sur cet album comparé aux précédents. Bon, j'aime toujours les albums précédents, ça ne change rien ! Mais pour moi, c'est juste... Plus positif maintenant qu'avant.

Donc tu te sens plus satisfait avec ce nouvel album que tu ne l'étais avec les précédents si j'ai bien compris ?
Marcus : Oui, c'est ça ! Tout le contexte autour a fait que pour les précédents albums cela a impacté notre façon de travailler ensemble, de nous comporter ensemble et tout cela. Maintenant tout est plus naturel je dirais.

Nous avons la chance en France de pouvoir croiser beaucoup de groupes suédois (H.E.A.T., Evergrey, At The Gates, Crucified Barbara, pour ne citer que des noms interviewés, ndlr). Et il y a sujet qui revient souvent dans nos conversations. Je te le donne en mille : que peux-tu nous dire sur le Roi de Suède ? Beaucoup de légendes plus ou moins loufoques courent à son sujet... (rires)
Marcus : (rires) Hum..... Je dirais que c'est un sacré personnage en vérité (rires) ! Mikael vit à Stockholm donc il en sait sûrement plus que moi à son sujet ! (rires) Je ne l'ai jamais rencontré personnellement je dois avouer. En revanche, ceux qui l'ont déjà rencontré disent que c'est un personnage haut en couleurs, très drôle mais... Comment dire... Il a l'air assez... Stupide, en fait. (rires) Mais j'adorerais le rencontrer ! Qu'est-ce qu'on t'a dit à son sujet ?

Qu'on l'avait aperçu dans un club de strip-tease à Las Vegas et qu'il aimait le metal ! Mais je ne sais pas si tout cela est vrai, on a aussi entendu le contraire à propos de ma dernière affirmation... Donc je ne sais pas ! (rires) Le truc étrange, c'est que tout le monde nous en parle et a des histoires à son sujet, mais personne ne l'a jamais vu, donc je me demande si c'est pas un genre de fantôme... (rires)
Marcus : (rires) Oh whoa ! Je ne savais pas tout ça ! Ah mais peut-être qu'il est un fantôme en effet !
Mikael (qui a entendu la conversation, y va de sa personne également, ndlr) : C'est une licorne.
Marcus : (rires) D'une certaine façon sûrement.... (rires) Il est de ces personnages qui sont super bizarres, clairement ! (rires)

La Suède est un pays qui revient souvent dans la bouche de mes compatriotes français lorsque l'on établit un classement des meilleurs lieux où l'ont fait du "metal". Aurais-tu un début d'explication à ce phénomène qui rassasierait notre soif française d'exotisme musical ?
Marcus : Je ne sais pas trop, j'imagine que c'est quelque chose qui peut... Juste arriver. Tout ce que je constater c'est que nous nous exportons assez bien en Europe ! Mais je ne sais pas pourquoi ça marche mieux avec les groupes suédois...
Mikael : Parce qu'on est cool ! (rires)
Marcus : Haha ! Peut-être que la clé réside dans le fait qu'ici, on apprend très jeune à jouer d'un instrument, je ne sais pas comment c'est ailleurs, mais en Suède c'est vraiment quelque chose de conséquent. Ca expliquerait aussi pourquoi certains sont aussi bons, en ayant appris à jouer aussi jeunes.



Penses-tu qu'on peut dire qu'il y a une "Swedish Wave" comme il y a eu la "New Wave Of British Heavy Metal" auparavant ?
Marcus : Oh, pourquoi pas ! C'est intéressant comme idée en tout cas ! Par exemple, on peut affirmer qu'on a une scène death metal assez présente ici. La vraie phrase pour nous si on devait en faire une, ça donnerait ça : "The Swedish Wave Of... New Metal" ! Je crois avoir déjà entendu une expression comme ça quelque part...

Hum, je n'espère pas, parce que c'est MON idée. (rires)
Marcus : Il faut que tu mettes un copyright ! (rires)

Je vais le faire ! (rires) Bref, nous arrivons désormais en bout de course alors que peut-on vous souhaiter à l'avenir ?
Marcus : Eh bien, étant donné que nous n'avons pas beaucoup tourné pour les albums précédents, je crois que faire un peu de tournée ne nous ferait pas de mal... Maintenant que nous avons des meilleures conditions et Mikael avec nous ! Donc on peut nous souhaiter premièrement de faire une tournée évidemment, et ensuite de faire un autre album, même si cela équivaut à se projeter très en avant.

Puisque tu parles de tournée, une autre question me vient à l'esprit : avec qui aimerais-tu tourner si tu le pouvais ?
Marcus : Oh, nous nous sommes toujours dit que si nous pouvions choisir, Rammstein serait génial. Et c'est vrai que c'est un super groupe, mais maintenant, avec le recul, on aimerait aussi jouer avec un autre groupe suédois qui s'appelle Deathstars. (Il se tourne vers Mikael) Tu aurais des suggestions ?
Mikael : Je vous ai entendu parler de At The Gates, et j'aimerais bien tourner avec eux si je pouvais moi ! Ou sinon... In Flames ? (rires)
Marcus : Je pense que c'est ce que beaucoup de gens attendent en fait. J'aimerais beaucoup dire Iron Maiden personnellement, mais je sais que c'est irréalisable et qu'ils sont bien trop inatteignables pour que ce soit possible ! J'espère que Judas Priest est plus envisageable... Je ne sais pas pourquoi, mais ça a l'air ! (rires)

Sur ces bonnes paroles, souhaitez-vous ajouter quelque chose ?
Mikael : Moi j'essaye de ne pas trop intervenir, je ne suis pas sensé interrompre votre interview, je suis juste sensé être assis à côté et écouter ! (rires) Mais je peux peut-être juste dire merci aux gens qui nous soutiennent par exemple...
Marcus : Par exemple ! Et tenez-vous au courant assez régulièrement, parce que nous voulons vraiment revenir en France aussi vite que possible. Et nous le ferons assurément. C'était génial à chaque fois que nous avons joué ici, donc on a hâte de revenir !


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