Interview faite par mail par Matthieu
Peux-tu vous présenter le groupe et toi ? Comment décrirais-tu la musique d’Embryo à un
nouveau venu dans le monde du metal ?
Roberto Pasolini (chant) :
Salut Matthieu, premièrement merci pour ce que tu as dit dans la chronique et
merci de laisser au groupe la chance de se faire connaître par tous vos lecteurs (et lectrices).
EMBRYO est un groupe de death metal de la ville de Cremona au Nord de l’Italie, on a commencé
en 2000 et on vient de sortir notre quatrième album "A Step Beyond Divinity" avec Art Gates
Records. Depuis 18 ans qu’on joue, je pourrais te raconter des tas de choses sur le groupe, mais
je veux simplement souligner le fait qu’on est toujours aussi contents de jouer et d’écrire de la
musique, si vous voulez un peu plus de détails concernant les principales étapes du groupe, je
vous conseille d’aller voir le site officiel. On est principalement un groupe de
death metal qui s’inspire de plusieurs facettes du death, du old school en passant par le death
mélodique jusqu’au son le plus récent. Avoir un clavier nous aide à créer un son assez particulier,
mais pour répondre à ta question, on aime penser qu’on est “simplement” un groupe de death
metal.
Comment un changement de line-up affecte t-il la créativité du groupe ? Vous avez dû faire
face au départ de votre bassiste récemment, comment avez-vous fait pour en trouver un nouveau
?
En 18 ans on a dû faire face à pas mal de changements de line-up (du line-up original il
ne reste que Roberto et Eugenio), donc d’une certaine façon, on a appris à y faire face sans trop
impacter le groupe. Ce que je veux dire, c’est qu’au fil des années on a un peu “standardisé” le
processus de création musicale, et ça nous aide à minimiser l’impact d’un changement de line-up au
niveau de la section rythmique, qui est là où interviennent le plus de changements. Trouver Danilo
(notre nouveau bassiste) a été plutôt facile parce qu’on le connaissait déjà personnellement et on
connaissait sa manière de jouer donc ça a juste pris une petite discussion avant de l’accueillir au
sein du groupe.
Comment fonctionne le processus de création musicale au sein d’Embryo ? Est-ce que c’est
simple de créer de nouveaux titres avec un nouveau membre ?
Comme je te le disais, on a un processus à suivre pour faire un nouveau titre : Eugenio
apporte des riffs ou un prototype de chanson, et après que l’on soit tous sûrs de sa structure il
envoie la démo au batteur qui apporte ses propres parties et renvoie le tout au reste du groupe.
Quand on est satisfaits du résultat, tout va au bassiste (cette fois on a sauté cette étape) et le
claviériste met en oeuvre sa “magie” pour donner un nouveau jour (ou une obscurité nouvelle) à la
chanson entière. Quand la partie musicale est terminée, je l’apporte à la maison pour créer le
chant et les paroles. En suivant ce processus, quand un nouveau membre rejoint le groupe, il sait
déjà quoi faire et d’habitude Eugenio a une idée de comment doit être le titre rythmiquement, alors
le boulot est assez simple pour un nouveau venu.
Quand vous êtes sur scène, est ce que vous êtes différents des personnes que vous êtes dans
votre vie habituelle ? Un peu comme un personnage.
Non, on n’incarne pas de personnage, ce que tu vois nous représente. Bien sûr, sur
scène il y a des caractéristiques de notre personnalité qui sont accentuées et qui deviennent
dominantes, mais on ne joue pas plus que ça, on joue simplement de la musique et on amène
notre passion avec nous sur scène.
Votre nouvel album, "A Step Beyond Divinity", est sorti l’an passé, comment vous sentez-vous
par rapport à sa sortie ? Est-ce que c’était différent d’une autre sortie ?
On en est extrêmement fiers et satisfaits (et les premières chroniques et retours que l’on
a confirment notre sentiment) et on a hâte de voir ce que nos fans en pensent. C’est différent
parce que cet album est différent : il représente un nouveau début pour nous alors on est vraiment
excités de voir comment les gens réagissent à notre nouvelle sortie.
Est-ce que ça a été facile d’entrer en contact avec Seth de Septicflesh pour la pochette de
l’album ? Comment c’est de travailler avec lui ? Vous lui avez demandé quelque chose de
particulier ?
On a été eu de la chance parce qu’on a eu l’opportunité de le contacter grâce à notre
ancien manager et ça nous a aidé à avoir son attention. C’est quelqu’un de vraiment gentil et
talentueux (et occupé hahaha !), donc ça a été assez simple : on lui a expliqué quel était le
“concept” de notre nouvel album, et on a juste eu à attendre ses premières esquisses. Il a fait un
boulot extraordinaire, et on a juste eu à discuter de quelques petits détails, mais son travail était
absolument incroyable et ce que tu veux voir dans "A Step Beyond Divinity" est parfait pour
souligner le concept musical et textuel que nous avons créé.
Il y a beaucoup plus de riffs techniques sur cet album que sur les autres, pensez-vous avoir
progressé ?
Absolument ! Pendant toutes ces années, Eugenio a étudié pour devenir professeur de
guitare et ça l’a aidé à obtenir une grande diversité compétences techniques pour exprimer ses
idées dans la musique. L’arrivée d’Enea dans le groupe nous a boostés également et ça nous a fait
nous surpasser.
La basse a une place très importante dans le son de l’album, mais il y a également beaucoup
de parties ambiantes et atmosphériques, est-ce que c’était facile de mélanger tout ça ?
C’est principalement grâce à l’excellent travail que Simone Mularoni a fait sur la
console de mix (et avec la basse également !) et les notes ont été écrites par Eugenio, un super
travail d’équipe.
Peux-tu nous en dire plus à propos du matériel du groupe ?
Voici tout notre matériel :
- Danilo utilise une tête et une enceinte Peavey Tour 450, une basse Fender Precision et
une pédale Microtubes B7K de chez Darkglass.
- Eugenio est endorsé par Peavey et utilises un ampli 6505+ et un cab Peavey, il est
également endorsé par les guitares Jackson (il y en a trop pour tout dire haha !). Il utilise un
overdrive Maxon 808, un MXR Phase 90, un delay Vapor Trayl, un equalizer Boss Graphic
et une pédale MXR Noise Clamp.
- Le kit d’Enea est un Drum Craft 8 premium Siberian birch fait d’un Kick 22x18, un Tom
10x8 et 12x9, un Floor Tom 14x12 et 16x14, un Snare Drumcraft 8 14x5 et a Mapex
BlackPanther (Cris Adler signature) 12x5,5. Il est endorsé par les cymbales par Amedia et
utilise : Hi Hat Dervish 14" et Ahmet Legend 14", Ride: Galata 20" et Hitites 22", Crash
Euphrates 19", Classic 19" et Classic 17", Splash Dervish 6" et Dervish 8", China Dervish
20", Fx Concept 17" et Vigor rock 16".
- Simone utilises un Korg Trinity LE, des samples et son esprit (hahaha !).
Il y a un titre instrumental sur l’album. Ce n’est pas le premier (il y en a un sur le premier
album), mais pourquoi avoir choisi de créer un titre sans paroles ?
Cette fois nous souhaitions (et avions besoin) de quelque chose pour présenter Léonard
(De Vinci), quelque chose qui pourrait nous rappeler une musique de la Renaissance mais en
“mode Embryo” et Simone a fait un super boulot en créant un titre doux et dérangeant qui le
connecte musicalement parlant avec le titre qui suit.
D’où vous vient l’inspiration ? A la fois pour la musique et les paroles.
Comme je l’ai dit précédemment, c’est un album très différent parce que pour la
première fois nous avions décidé de créer une sorte d’album concept à travers Léonard De Vinci
alors nous avons commencé à prendre des parties de sa vie et Eugenio a construit les parties
musicales autour de ces événements en suivant son inspiration et son ressenti.Il a donné une
tonalité totalement différente à l’album : presque tous les titres sont composés en mode dorien
(une tonalité purement jazz) et un choix assez étrange pour un album de death metal. Pour les
paroles j’ai pris les événements et j’ai creusé le personnage, dans son esprit et son ressenti au lieu
de parler de l’artiste et du génie. Je voulais me concentrer sur sa fragilité, sur ses doutes et les
conséquences que son enfance atypique ont eu sur sa nature et les décisions qu’il a pris en tant
qu’adulte.
Qu’est ce qui est le plus important pour toi, un riff épique et atmosphérique ou une partie
rythmique lourde ?
Elles ont la même importance pour nous : notre musique est basée sur des rythmiques
carrées, mais nous ne pouvons concevoir de créer une chanson sans les atmosphères créées par
les claviers. Nous avons des titres qui sont beaucoup plus focalisées sur les rythmiques, mais tu
ne peux en apprécier pleinement la plupart quand les claviers enveloppent les moments les plus
épiques ou dramatiques, et c’est la même chose pour les titres un peu plus “calmes” ou
l’atmosphère semble être proéminente, la rythmique aide à leur donner du relief.
Quels sont tes meilleurs et pires souvenirs de scène qui te viennent à l’esprit ?
Il y en a tellement !!! Le meilleur est probablement la première fois où nous avons joué
sur une grande scène de festival aux Masters Of Rock en République Tchèque : voir les gens
faire un wall of death sans même qu’on ait besoin de leur demander est quelque chose que je ne
peux expliquer, c’était absolument génial. Le pire… Je ne sais pas vraiment, à chaque fois qu’on
joue devant des gens qui s’en foutent et qui ne nous laissent même pas une chance.
Pourquoi as-tu choisi de jouer du metal en tant que professionnel ?
Parce que j’adore ça !! La passion est la base d’EMBRYO, si on est toujours là après 18
ans c’est simplement parce qu’on aime jouer et faire de la musique, on aime ce qu’on fait.
Quel est le premier album de metal que tu aies eu ? Que tu l’aies acheté ou qu’on te l’ait
offert.
Il faut revenir aux années 90… Le premier était probablement "Rust In Peace" de
Megadeth… Et c’est toujours l’un de mes préférés ! Après toutes ces années et après l’avoir
écouté tant de fois, j’aime toujours le mettre dans mon lecteur !
Quelle est la preuve de dévouement la plus folle que des fans t’ont témoigné ?
Je ne suis probablement pas la meilleure personne à qui demander ça : pendant le
concert on voit à peine mon visage derrière mes cheveux, donc après le concert, quasiment
personne ne me reconnaît. Eugenio est chauve, il ne peut pas se cacher et tout le monde le
reconnaît ! Hahaha ! Trève de plaisanterie je ne me souviens pas de quelque chose de vraiment
fou, mais on joue toujours alors qui sait ce que l’avenir nous réserve.
Imagine que tu sois tour manager et bien sûr musicien, tu peux choisir trois groupes avec qui
tourner. Qui est-ce que tu choisirais ?
C’est une question vraiment difficile… Je peux te donner trois noms “faciles” : Metallica,
Slayer et Megadeth, je pense que tous les musiciens qui jouent du metal rêvent de tourner avec.
Si je devais choisir des groupes moins gros, ce serait sympa de tourner avec Meshuggah, Devin
Townsend (peut-être un retour de Strapping Young Lad haha !) et Behemoth, mais il y a
beaucoup de groupes géniaux avec qui on voudrait tourner, on va voir ce qu’on peut faire.
Je te laisse les derniers mots, merci encore de ton temps !
Merci encore à toi de nous laisser la chance de nous exprimer. On veut simplement
vous dire de continuer à supporter la scène underground et pour ceux qui ne le font pas, donnez
une chance à notre nouvel album. On se voit sur la route !
Le site officiel :
www.embryo-online.com
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