Interview faite par mail par Kévin

Salut les Draft, vous êtes aujourd'hui des incontournables du mouvement "hardcore - screamo" national, pouvez vous quand même présenter un peu le groupe pour les lecteurs de French Metal qui ne vous connaissent pas encore ?
Michael (chant) : Salut Kévin. Pour faire court, DRAFT existe depuis 1999. Quelques démos passées et un premier album "Slowmotion Suicide" sorti en 2006, le groupe s’est forgé au travers plus d’une centaine de dates au travers l’Europe de l’Ouest. Je suis arrivé au poste de chanteur fin 2008 pour remplacer Jean-Marc. Nous sommes ensuite rentrés en studio en Mai 2009 pour enregistrer "Harmonic Distortion". Le mixage et le mastering bouclé, nous avons fait appel à Mikro pour qu’il vienne soutenir le son par une deuxième guitare. Finalement DRAFT est devenu un quintette à part entière.

Quatre années se sont écoulées depuis "Slow Motion Suicide" et on peut dire qu'il s'est passé pas mal de choses à commencer par les changements de line-up avec toi qui es arrivé au chant et Mikro (ex-Scold For Wandering) à la gratte. Comment se sont passés ces rencontres et votre intégration au sein du groupe ?
Pour ma part, on a pris Yann (basse) au sein de Venosa. Dans la foulée, il m’a parlé d’un poste vacant au sein de DRAFT. J’ai passé quelques essais et cela s’est avéré concluant. Quant à Mikro, on le connaissait du rapport qu’entretenait Venosa avec Scold For Wandering. Le choix s’est naturellement tourné vers lui étant donné qu’on savait déjà ce qu’il valait.

On sait depuis longtemps que Draft signifie "esquisse", "ébauche", pourtant votre musique paraît très aboutie, comment le justifiez vous ?
Disons que de cette notion d’esquisse, nous ne gardons que l’aspect cathartique et sublimatoire. La première partie de notre processus de composition est de faire ressortir l’énergie la plus acerbe et vindicatif possible. Il y a tellement de groupes "gratuitement" violents que cela en devient banal et sans âme. On aime les musiques où tu peux ressentir tout le malaise ou la rage que le groupe peut te livrer. C’est également la première base de la communication avec l’auditeur. Ensuite c’est de la prise de tête, de la réflexion, des arrangements, des coups de gueule. Il s’agit de trouver l’équilibre adéquate entre musique "travaillée" et esquisse viscérale.

Dès le premier album, Draft est devenu une réelle référence dans le style, ce second opus était donc très attendu, aviez-vous une pression particulière ou avez-vous fait cet enregistrement comme n'importe quel autre ?
Nous avions une certaine pression bien entendu. Un changement de chanteur pour commencer n’est pas toujours très bien perçu. Surtout au bout de 10 piges. Ensuite nous ne voulions pas livrer un second "SlowMotion Suicide", je m’y refusais de toute façon. Le parti pris était de se détacher de cette étiquette screamo qui parfois nous gratte un peu trop. On a donc primé l’énergie propre au rock’n’roll afin d’agrémenter nos mélodies et sortir de ce carcan emo dont les groupes ont tant de mal à se sortir. J’adore ce registre musical mais je le pratique déjà dans Venosa. On voulait faire quelque chose d’un peu différent.

Avec le recul de l'enregistrement, y a t-il des choses que vous auriez voulu faire autrement ?
Il est peut-être encore trop tôt pour avoir des regrets. On en reparlera lorsque nous aurons composé le troisième album !



Comment se passe le processus créatif au sein du groupe ?
La section rythmique a une place primordiale au sein de DRAFT. C’est donc Yann qui a ramené la plupart des riffs. Ca bossait le basse batterie en premier plan. Les guitares noise interviennent pour donner la couleur aux morceaux et le chant apporte la touche finale. Ensuite Matthieu (guitare) réfléchit beaucoup aux structures des morceaux et Bozzo (batterie) aime se prendre la tête. En fait il n’aime pas grand-chose héhé. Je me suis battu également pour laisser une certaine place au chant lead, histoire de développer des lignes un tant soit peu élaborées.

On peut dire que l'artwork est une franche réussite et il colle parfaitement au nom du groupe, peux-tu nous en dire un peu plus ?
"C’est Greg de Visual Injuries qui s’en est occupé. Ce mec assure vraiment. Il connaît le groupe depuis le début et s’est toujours occupé des artworks. Une petite note d’intention pas plus grande qu’un post-it et il nous renvoyait sa proposition qui a été approuvé dès sa deuxième version. Allez jeter un œil à son site www.visualinjuries.com. Il fait pas mal d’expos pour ceux que ça intéressent.

Il est prévu que "Harmonic Distortion" sorte aussi en version vinyle, pourquoi ce choix ?
Le marché du CD se casse la gueule et le vinyle n’a jamais vraiment disparu. Demande à n’importe quel mec tenant une distro, il te dira qu’il vend toujours plus de vinyles que de skeuds. L’objet est plus attrayant, plus élaboré et intemporel. Quitte à avoir de l’original autant acheter ces rondelles de cire au charme atypique et au grain inégalable, non ?

On sait depuis peu que vous allez jouer au Hellfest 2010, qu'est-ce que cela représente pour vous ?
Tout le monde nous parle de ça en ce moment. Nous étions en mini-tour et ce tremplin n’était qu’une date au milieu de deux autres. On est resté nous même sans trop y croire, au vu des groupes dont le potentiel metal correspondait au registre musical du Hellfest… On a été assez étonné de gagner et au final, très content. Mine de rien c’est une belle opportunité. Jouer sur une grande scène telle que le metal corner c’est assez gratifiant. "On a gagné" est devenu la private joke de l’année 2010 du groupe.

Comment envisagez vous l'avenir du groupe ?
Deux ans de tournées intensives et un processus de composition en parallèle. L’enregistrement du troisième album en 2012 ce serait pas mal et pas ingérable.

Le groupe en un mot ?
Draft ?

Merci beaucoup pour cette interview. Je te laisse le mot de la fin...
Merci beaucoup pour cette interview et de votre intérêt. On se voit au Hellfest.


Le site officiel : www.myspace.com/draftcore