Interview faite par mail par Dark Virgin

Sire Cédric est depuis quelques années l’un des auteurs Français de romans et nouvelles  fantastique les plus innovants. L’univers de ses histoires est un mélange de poésie et de romantisme mêlé de noirceur. Chacun de ses livres est plébiscité par les critiques ("Angemort" a été élu Prix Merlin 2007 notamment) et grandement accueilli par ses lecteurs. Quelques semaines avant la sortie de son nouveau roman, il a bien voulu répondre à mes questions pour nous parler de "Dreamworld", de son groupe de death metal Angelizer et nous glissent quelques mots sur le tant attendu "L’enfant des cimetières".

Peux-tu te présenter, pour les lecteurs de French Metal qui ne te connaîtraient pas encore ?

Je suis auteur de romans et de thrillers, comme "L’enfant des cimetières" ou bien "Dreamworld". Je suis également le vocaliste du groupe de death mélodique Angelizer.

"Dreamworld" est un livre que l’on pourrait qualifier de conte horrifique, est-ce comme ça que tu le définis ?
C’est vrai que "Dreamworld" regorge d’effusions de sang, et de tourments psychologiques, mais est-ce un livre horrifique pour autant ? Je ne le crois pas vraiment. Non, en fait, je ne le crois pas du tout. C’est juste un livre très poétique. Et exalté, et hystérique parfois, oui, largement inspiré par les auteurs romantiques. Que ce soit à travers un enfant capable de peindre les rêves sur des toiles, et qui a enchaîné des cauchemars dans une cave pour ne pas qu’ils s’en échappent, ou bien sur les ailes de l’ange du suicide, qui se plait à errer dans le monde, la thématique principale qu’on retrouve tout au long du livre, c’est toujours ça, le monde des rêves, sa proximité, sa fascination et son inhumanité. Il est donc normal que les cauchemars soient présents, comme cette mara qui cherche à dévorer des jumeaux dotés du don de double vue. D’ailleurs, c’est probablement ça, aussi, le thème principal : le regard. Tout vient du regard. De ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas. Et, au bout du compte, du fait d’entrevoir l’autre monde, par bribes, par vagues, si on ouvre des yeux assez innocents. C’est dans nos pupilles que la magie existe et brasille. Tant qu’elle y demeure, elle ne mourra jamais.

Pourquoi avoir choisi le monde des rêves ?
Cette notion m’obsède, je suppose. Elle a toujours été au cœur de mon travail en tout cas.

Ce livre est composé de plusieurs histoires. Certaines nouvelles étaient parues dans divers magazines et anthologies, ont-elles été modifiées pour ce livre ?
Juste la relecture habituelle pour traquer les dernières répétitions.

Penses-tu que, comme dans le livre, certaines personnes voient des choses, que ce soit le monde des rêves ou celui des défunts, ou cela reste-t-il pour toi dans le domaine du fantastique et du littéraire ?
C’est un peu comme se demander si le rêve est réel, la réponse n’est pas aussi évidente qu’on pourrait le croire. Mais qu’on soit bien d’accord, les romans demeurent des œuvres de fiction, des histoires inventées de toutes pièces pour permettre au lecteur de s’évader de la réalité. Ce que la littérature apporte de plus, c’est justement qu’elle est une métaphore de cette réalité, une manière de la percevoir et de l’idéaliser, pour mieux l’explorer, la comprendre peut-être, et au final se trouver soi-même.

La musique semble importante pour toi. Tu nous fais part de ta bande-son dans "Dreamworld". Comment choisis-tu la musique qui accompagne ces histoires ?
J’ai toujours écrit en musique. C’est une couleur, une sensation supplémentaire. Il me semble honnête d’indiquer les titres des morceaux qui m’ont accompagné, et d’une certaine manière qui ont apporté leur rythme à mon écriture. Même si ces morceaux ne sont pas directement liés aux histoires, du moins en apparence, ils en font partie d’une certaine manière.

La couverture est une photographie prise par le talentueux Andy Julia. Peux-tu nous en dire plus sur votre collaboration ? Il avait déjà illustré "Muses" notamment ?
Andy est un vieil ami. Il était même batteur dans mon tout premier groupe de metal, Mandragore, au milieu des années 90, ce qui ne nous rajeunit pas ! La couverture de mon recueil "Muses" était l’une de ses premières photographies. Désormais, nous avons l’un comme l’autre des vies plutôt mouvementées, et on ne se croise plus que rarement, mais nous somme restés très liés. Alors que je venais de signer le contrat pour "Dreamworld", il était justement passé prendre un verre chez moi, et au cours de la discussion ce soir-là, comme on en était venu à parler de ce livre, je lui avais tout naturellement demandé si cela pouvait l’intéresser de réaliser la couverture. Il avait aimé l’idée, et voilà. Une semaine et un shoot avec un jeune modèle italien plus tard, j’avais la couverture de mes rêves.




As-tu un message pour tes lecteurs à travers tes livres ?
Certainement pas. J’écris pour faire rêver, pour apporter un peu d’évasion, pourquoi pas de bonheur si j’ai de la chance, mais pas pour donner des leçons.

Qu'est-ce qui t’a donné envie d’écrire pour la première fois ?
La lecture du "Seigneur Des Anneaux", de Tolkien.

As-tu changé ton approche, ta façon de voir ou d’écrire tes livres, depuis "Déchirures" ?
Pas vraiment. Je me jette toujours dans l’écriture de la même manière, yeux grands ouverts, sans arrière-pensée. Chaque nouveau livre à écrire est une expérience entièrement neuve, où je vais pouvoir essayer des techniques narratives différentes. C’est ma façon de ne pas me répéter, et aussi d’avoir toujours de nouvelles sensations à explorer.

On sait que le sang et l’érotisme sont des thèmes récurrents dans tes histoires… Mais qu'est-ce qui t’inspire parfois tant de violence ? As-tu des influences particulières ?
Je crois que c’est juste ma façon de m’exprimer, et de peindre le monde tel que je le perçois, en me servant d’images qui me semblent avoir un supplément de sens, et une esthétique plus belle aussi. Du point de vue des influences, David Lynch et Clive Barker restent des modèles absolus pour moi.

Tu rencontres tes lecteurs lors de séances de signatures, est-ce important pour toi de rencontrer ton public ? Que te disent tes lecteurs le plus souvent ?
C’est indispensable pour moi. Je ne conçois pas l’art sans un contact et un échange avec les autres. Cela vient du fait que j’aime les rapports humains, bien entendu, mais il se trouve que les lecteurs ont toujours des questions et des réflexions étonnantes, j’apprends toujours beaucoup à leur contact. Il n’y a jamais deux réactions identiques. Cela dit, certains textes précis, comme "Muse" ou "Requiem", semblent avoir plus particulièrement marqué les imaginations.

Parlons un peu de ton groupe, Angelizer. Comment le groupe s’est-il formé ?
C’est tout simple, en fait. Je venais de rentrer du salon du livre, c’était donc en Mars 2007, et je prenais un verre avec deux amis Toulousains, Rémy et Storm. Rémy caressait l’envie de monter un groupe de metal mélodique, et il avait commencé à composer deux ou trois morceaux. Il nous a demandé si cela nous intéressait de les jouer ensemble. J’avais quant à moi un nom de groupe qui me trottait dans la tête depuis des années, Angelizer. Une semaine plus tard, on s’est retrouvé tous les trois en studio, avec une boite à rythmes, pour faire tourner ces premières compositions. À la fin de cette première répétition, on ne s’est même pas posé la question, on peut dire que le groupe était officiellement créé. Le reste du line-up s’est constitué au fil des rencontres, durant les mois qui ont suivi. Angelizer est avant tout un groupe de potes.

Vous avez tourné avec plusieurs groupes, comment se passent les concerts ?
On a eu la chance de donner une dizaine de concerts en 2008, en première partie de groupes comme Misanthrope, Destinity ou encore Cadaveria. Chaque concert a été très différent, on pouvait jouer un soir dans des conditions exemplaires, et le soir suivant dans le plus grand flou artistique. Une fois à Paris par exemple, nous étions censés monter sur scène à 23 heures, et on n’a finalement commencé qu’à 2 heures du matin ! Quoi qu’il en soit, je pense parler pour le groupe tout entier en disant qu’on n’a jamais eu la moindre mauvaise expérience. On a toujours été très bien reçu par les organisateurs comme par le public, et on s’est toujours bien amusés, quelles que soient les circonstances. À titre personnel, j’adore les concerts. C’est là que la musique prend son sens et qu’on peut vraiment la faire partager.

Les critiques de "Poison Dreams" semblent plutôt bonnes, quelle est la prochaine étape pour le groupe ?
Un premier album semble la suite logique, non ? (rires)

Quels sont les groupes que tu écoutes en ce moment ?
Dernièrement, j’écoute en boucle Doro et Satyricon. Et on vient de me faire découvrir le tout dernier Portishead : "Third". Une putain de claque monumentale.

Le titre de ton prochain livre est connu depuis quelques semaines, "L’enfant des cimetières". Tu en dis que c’est une nouvelle expérience pour toi. Peux-tu nous en dire plus ? En quoi est ce différent ?
Je dirai que "L’enfant des cimetières" est mon roman le plus ambitieux à ce jour. Il m’a demandé beaucoup plus de travail que mes livres précédents, et j’ai beaucoup appris en l’écrivant, au niveau de l’écriture comme du point de vue humain. Je voulais que l’intrigue flirte avec le thriller, ce qui a nécessité des recherches en termes de réalisme ou de procédures policières par exemple, et au-delà de l’aspect technique cela m’a permis de faire des rencontres riches en enseignements personnels. Enfin, j’ai changé d’éditeur, étant désormais publié au Pré aux clercs.

La sortie de ce nouveau roman approche à grands pas, comment te sens-tu avant sa parution ? Plutôt impatient ou anxieux ?
Comme à chaque fois, je suis excité comme un gosse. C’est quelque chose sorti de ma tête qui va se retrouver matérialisé et mis en piles dans toutes les libraires. C’est assez magique quand on y pense.

Pour terminer, as-tu un message pour les lecteurs de French Metal ?
Je les salue tous et toutes très amicalement ! Et je les invite à venir boire un verre avec moi lors du salon du livre de Paris, le mois prochain, pour fêter ensemble la sortie de "L’enfant des cimetières" ! Je serai le Samedi 14 Mars sur le stand du Pré aux clercs !


Site Officiel : www.sire-cedric.com