Interview faite par Pascal Beaumont à Paris.

L’automne arrive doucement mais surement et annonce normalement la fin des festivals qui ont fleuri tout l’été en Europe pour le bonheur de tout métalleux qui se respecte. Heureusement, pour terminer la saison en beauté il vous reste l’Interceptor Fest qui aura lieu les 5, 6 et 7 Octobre à Bordeaux. Une grande messe spécialisée dans le metal extrême dont la première édition se déroulera sur trois sites : la RockSchool Barbey, le Void et la place Dormoy à Bordeaux. De quoi vous faire exploser les cages à miel pendant trois jours histoire d’être fin prêts pour affronter sereinement l’hiver. Une initiative qu’il faut saluer tant l’affiche est alléchante et promet de nous offrir des moments intenses : Swans, les mythiques Angel Witch, Tsjuder, Looking For An Answer, Ravencult, Gadget, Dead Congregation ou encore Evil Invaders pour n’en citer que quelques uns. Une manifestation qu’il faut saluer faite par des passionnés dans une ambiance familiale bien loin des festivals business qui règnent en maîtres tout l’été ! Un évènement à ne pas louper si le death, le grindcore ou le black sont un sacerdoce pour vous ! C’est avec Matt, un des programmateurs de l’Interceptor Fest, que votre serviteur a pu s’entretenir afin d’en savoir un peu plus sur cet évènement qui risque de faire frémir la ville de Bordeaux et sa douceur de vivre. Un entretien sympathique avec un Bordelais très enthousiaste face à cette première édition qui promet d’être une gigantesque fête de l’extrême où la bière va couler à flot, tout un programme. Magnéto Matt c’est à toi !

Bonjour Matt. Comment est née cette idée de créer un festival de musique extrême à Bordeaux ?

Matt (programmateur) : C’est une idée qui nous titillait depuis un bon moment. Mais à chaque fois tous les facteurs n’étaient pas réunis pour qu’on puisse organiser un évènement de cette ampleur. Après certains membres de l’équipe ont déjà participé à d’autres festivals. Certains ont bossé sur les lumières, d’autres la technique ou ont été roadies ou barmen. Pour nous c’est notre quotidien, on travaille tous à temps plein dans des salles de concerts. On est donc habitués à ce genre d’aventure. On est tous de Bordeaux, c’est une ville où il y a beaucoup de concerts. Il y a de très bonnes formations issues de Bordeaux de ses alentours et de la région du Sud-Ouest. Notre volonté c’était de faire ça dans notre ville à Bordeaux. C’est un projet nouveau que l’on n’avait pas encore mené, on s’est dit que c’était le bon moment. C’est une nouvelle aventure.

Le festival aura lieu dans trois endroits différents : à la RockSchool Barbey, au Void et sur la place Dormoy ?
Les concerts sur la place Dormoy sont à mettre entre guillemets car il faut tenir compte de la météo, la sécurité… Si à cet endroit cela ne peut pas se faire pour une raison x ou y, dans ce cas ces concerts auront lieu au Void. Mais on essaye de penser à tout et prévoir pour ne pas faire des changements de dernière minute. La majorité des combos joueront au Void et au RockSchool Barbey qui est la salle pour laquelle je travaille. On se fait plaisir en fait.

Toute l’année tu es à la RockSchool Barbey ?
Oui c’est une des salles de concerts de Bordeaux. Je la connais depuis longtemps car lorsque j’étais plus jeune j’allais voir des concerts de punk. Maintenant je suis responsable du bar et j’aide aussi à d’autres choses à côté. En fait je m’occupe de tout ce qui est metal au sens large du terme.

C’est une salle qui donne des concerts tous les soirs ?
Non parce c’est aussi une grosse structure donc ce n’est pas possible d’organiser des shows en permanence. Il y a aussi une école de musique, des salles de répétitions, des groupes qui viennent en résidence. Il y a aussi des collègues qui travaille dans le hip-hop et qui ont des activités socio-culturelles. C’est un gros complexe où il y a de nombreuses activités. Mais à la base c’est une salle de concerts.

Pourquoi avoir privilégié des formations de metal extrême ?
Tout simplement parce c’est la musique qu’on apprécie. Dans l’équipe du festival, au moins ceux qui font la programmation, c’est-à-dire François et moi, on apprécie ce style de groupes, on les écoute ou on les a déjà fait jouer par le passé à Bordeaux. Cela nous faisait vraiment plaisir de les faire venir dans notre région. Mais à la RockSchool, j’ai plein de collègues qui ne sont pas du tout dans ce délire-là, ils sont plus éclectiques. Mais l’idée de faire bosser deux salles complètement différentes sur un même projet leur plaisait. On a essayé de créer des équipes de binôme ou trinôme dans les deux salles et ça a amené une émulsion intéressante. Ce n’est pas révolutionnaire comme idée, ça vient de notre côté hippy qui fait envie de travailler tous ensemble.

Vous travaillez dans une ambiance familiale ?
Oui, on voulait quelque chose à taille humaine avec des combos que l’on est habitué à voir dans de gros festivals. Là on va avoir un évènement convivial, un peu old school.

Est-ce que l’objectif c’est d’attirer un public extrême ou bien plus large ?
Oui, je pense que pour les gens qui vont venir de l’extérieur ce seront avant tout des passionné de musique extrême. Pour le Bordelais, ça devrait être différent. J’ai plein de potes qui vont passer nous voir. Ça fait longtemps que l’on bosse sur Bordeaux, on connaît beaucoup de monde. On a plein d’amis qui vont venir boire des coups et profiter de l’ambiance qui sera à mon avis assez top. On s’est aussi basé là-dessus. Quand tu regardes l’affiche, si tu n’as jamais écouté, tu peux te demander ce que c’est donc tu ne vas pas venir si tu habites loin. Mais on a aussi des groupes qui sont un peu plus soft.

Comme Swans par exemple ?
Oui, ça vient d’un ami, Manu, qui fait la programmation de la salle avec qui je bosse. Il est super cool et c’est le genre de programmation qui l’intéresse. On a une ambiance familiale dans les deux salles. C’est quelque chose qui se ressent dans l’organisation et qui se ressentira lors du festival.

L’objectif est-il d’organiser un festival chaque année à Bordeaux ?
Cela fait huit ou dix mois que l’on travaille sur ce projet. On s’est dit que pour la première année on allait partir sur un truc et essuyer les plâtres. Après le festival il faudra certainement corriger certaines erreurs. On aime bien ce que l’on fait et on veut faire encore mieux dans les prochaines années. C’est vrai que l’on a la volonté de faire plusieurs éditions. On est rentrés dans un processus. L’avantage que nous avons c’est que l’on possède deux salles de concerts qui travaillent toute l’année à part l’été. Ce festival nous a rajouté du travail car deux jours après on enchaîne sur Alcest et Anathema qui vont tous deux jouer à la RockSchool. Ensuite il y a des formations de stoner qui vont jouer, on n'arrête pas de toute l’année. Donc en fait l’Interceptor c’est un peu comme un gros concert pour nous.

Est-ce que ce festival a demandé plus d’investissement ?
Oui, parce qu’on attend un public qui va venir d’un peu partout en France et en Europe. Il va devoir se loger à Bordeaux et il faut faire attention à l’accueil des gens. On travaille un peu plus en amont. On ne s’occupe pas uniquement du concert et de l’ouverture des portes à 20h30.

Penses-tu que cette affiche va attirer un public européen ?
On l’espère. Lorsque nous avons établi cette programmation, l’objectif c’était aussi de faire venir des gens d’ailleurs. On veut qu’ils puissent aussi découvrir la région et profité de la douceur bordelaise.

Est-ce que le choix des combos figurant sur cette première affiche a été compliqué ?
Oui et non. La programmation d’un festival n’est jamais simple. On travaillait encore sur l’affiche il y a quelques semaines. Il y a toujours des imprévus, des refus qui te déçoivent. Après, il y a ceux qui te demandent et que tu ne peux pas faire jouer. A un moment ou l’autre il faut trancher. Il y a beaucoup de formations de Bordeaux qui souhaitaient jouer. Mais c’était un choix de notre part. Ce n’est pas parce que l’on n’aime pas les groupes bordelais, on les connaît tous. Je pense qu’il y en aura plus lors de la prochaine édition. Ces sont des amis avec qui on boit des coups dans les bars ou que l’on a fait jouer il y a quatre ou cinq mois, on les voit régulièrement. L’idée c’était d’apporter quelque chose de nouveau au public bordelais. On s’est intéressé aux gens qui avaient envie de voir tel ou tel groupe et qui ne peuvent pas parce que souvent c’est très onéreux de les faire venir pour une date. Ou bien lorsqu’il y a une tournée elle ne passe pas par le Sud.

Est-ce qu’il vous a fallu convaincre certaines formations ?
Oui, pour certaines il a fallu être convaincant. Mais en fait pour chaque combo cela a été une expérience différente. Les premiers que l’on a contactés ont accepté immédiatement alors que l’on n’avait ni le nom du festival, ni la date. La musique extrême c’est un terme générique, il y en a qui ont dit oui tout de suite. Pour d’autres, il a fallu leur expliquer et se présenter en leur envoyant des photos de la salle. On a dû leur présenter le projet, ce qui est normal. Tout s’est très bien passé pour tous ceux qui ont accepté de venir et de jouer le jeu.

st-ce que certaines formations ont des exigences plus importantes que d’autres ?
Oui, c’est une certitude. Généralement pour l’organisateur c’est un peu chiant et en même temps on est habitués a être confronté à cela. Il faut aussi comprendre qu’un groupe qui passe six mois sur les routes ou qui est en pleine tournée, tu ne peux pas te permettre de lui donner à manger du taboulé et un camembert (rires). Il va te demander pas mal de choses, après tu n’es pas obligé de répondre oui à toutes ses requêtes, tu peux négocier. Il y en a certains qui ne veulent pas lâcher l’affaire, dans ce cas-là on ne conclut pas le deal car il y a impossibilité d’entente. On peut ne pas avoir la même optique. Pour tous ceux qui ont accepté de jouer, tout s’est fait naturellement. Les Swans, ça fait plus de 20 ans qu’ils tournent, tu ne peux pas ne pas bien les recevoir. C’est aussi une question de respect. C’est un peu comme lorsque tu invites des gens chez toi, tu ne vas pas les faire dormir par terre avec le chien dans le garage (rires). Mais c’est vrai que ça se fait des fois ! (rires)



L'Interceptor, c’est la voiture de Mad Max, vous êtes fans de la trilogie ?
Oui, on n’est pas des fans car cela implique de perdre un peu de soi et être un peu ouf complètement dégroové ! On n’est pas des geeks de Mad Max. Mais moi lorsque j’étais jeune et que je regardais ce film, cela me faisait rêver. Cet univers était passionnant. C’est quelque chose dans lequel j’ai toujours évolué dans mes démarches artistiques et culturelles. Ça m’a parlé. Pour moi cette voiture, l’Interceptor, c’est le personnage principal de ce film. Les mecs ont plus d’essence et ils continuent à vouloir rouler avec des voitures. C’est con et complètement chaotique à la fois. Ce qui est assez chouette, c’est ce côté aller droit dans le mur et de survie. C’est le désespoir total qui te pousse à devenir complètement irrationnel. C’est assez fantasmagorique comme délire, un peu malsain mais vachement humain. De nos jours, tu as l’impression que la réalité a rattrapé la fiction. Je pense que c’est de l’ordre du possible ou du moins du plausible.

Est-ce que le choix de l’affiche de présentation du festival a été difficile ?
Oui, tu t’engueules avec tes potes (rires). On n’était pas tous d’accord sur le choix. Mais au bout d’un moment il faut prendre une décision. Celui qui a dessiné l’affiche a fait du très bon travail (Ndr : On y voit un fan de metal de dos avec une veste patchée au nom des combos jouant lors du festival). C’est très difficile de contenter des personnes qui ont des égos très marqués, des envies et des goûts différents. Il faut se faciliter la tâche, et le résultat c’est la veste patchée qui est de plus universelle.

Il y a des groupes que tu apprécies nettement sur cette affiche ?
Ce sont des groupes qui me tiennent à cœur, moins musicalement que pour leur longévité et qui sont tous issus de la scène punk hardcore comme Gadget ou Looking For An Answer. Ce sont des formations qui ont débuté un peu en même temps que moi à l’époque où je jouais avec mon ancien combo. Aujourd’hui nous on a arrêté, je les aimais beaucoup et eux continuent à faire de la musique avec énormément d’énergie. Je trouvais cela cool. Après il y a d’autres formations que j’ai découvert grâce à François avec qui je travaille. J’ai eu de très bonnes surprises, François et moi on doit avoir une bonne dizaine d’années de différence, du coup on s’enrichit mutuellement d’un point de vue culturel et musical. C’est intéressant et intergénérationnel dans ce style de musique. C’est un peu ce que représente le festival.

Quels sont les types de relations que vous entretenez avec les groupes ?
Certaines formations qui vont venir jouer sont des copains. Lorsque je pars en tournée je les croise ou je joue avec eux. Ils peuvent aussi te faire jouer dans leur ville et là tu finis à cinq heures du matin complètement bourré, ça crée des liens (rires). Il y en a d’autres où tu es clairement dans une relation Kleenex mais les échanges sont super cordiaux. On n’est jamais tombés sur des divas. Ils ont des exigences, ce que l’on comprend tout à fait. C’est leur droit qu’ils font respecter. Mais on n’a pas eu de caprices, peut-être que ce sera différent lors des autres éditions. Mais il faut régler les choses et en même temps on est habitués aux caprices. Je vais travailler avec un collègue qui est aussi un pote et qui est très fort pour gérer les caprices. C’est son métier (rires). Un combo peut faire un caprice et ils vont passer pour des mecs super flippés ou un peu barrés. Il faut comprendre que le musicien stresse et que toi ton but c’est que lorsqu’il monte sur scène, il soit bien et à l’aise pour balancer un super show. On n’est pas là pour l’envoyer chier. Il faut souvent faire la part des choses, il faut être un peu compréhensif. Si on me demande 2,5 Kg de Smarties je dis au groupe "Vous jouez et après je vous donne 1 kg de Smarties" (rires). C’est souvent un peu terre-à-terre.

Je suppose que tu subis une énorme dose de stress lors de ce genre d’évènement.
Certains nous font confiance depuis le départ et participent à toutes les propositions que nous faisons. Mais c’est un petit noyau que nous aimerions étendre plus. Pas vraiment de différence dans la proposition artistique… juste une proposition plus resserée en termes de dates.

Pour finir, as-tu des coups de coeur sur cette édition que tu voudrais nous faire partager ?
Oui, et ce n’est pas mon fort de rester calme en fait (rires). Pour le moment, c’est un peu comme la phobie de l’avion. Lorsque je suis dans l’avion, ça va mais avant d’embarquer c’est horrible. Lorsque je monte sur scène et que je joue c’est pareil. Avant de donner un show, je déteste. Là, je ne suis pas loin de ce sentiment et en même temps il me tarde que cela arrive.

Qu’est-ce qui est le plus stressant lors d’un festival ?
C’est un peu tout. Le plus dur en fait c’est lorsque tout foire un peu. Lorsque tu n’arrives pas à régler les problèmes. Il y en a toujours. Tu as toujours des trucs de dernière minute qu’il faut gérer. Mon stress c’est de ne pas arriver à trouver une solution. Il peut y avoir des soucis avec le public, les groupes, la technique. Toutes les équipes qui bossent sur chaque poste sont motivées et attendent ça avec impatience. Que ce soit l’administratif, les techniciens ou la sécu', on est tous dans cet état d’esprit. On veut voir comment cela va se passer, ça sera la teuf ou le gros planton. Mais de toute façon on fera la fête. On a tous envie de voir ces groupes sur scène.

Tu fais attention à ne pas abuser côté fête ?
Oui Je serai présent et je compte bien prendre aussi du plaisir. Je ne vais pas débrancher mon téléphone mais je ne prendrai pas de talkie-walkie. Il ne faudra pas me chercher. Chacun sait ce qu’il à faire et assure sa part de travail.

Tu es aussi musicien ?
Oui, musicien c’est vite dit parce que je ne comprends pas grand-chose à la musique. Ce sont mes potes qui m’aident. J’ai joué au sein d’un combo pendant plus de dix ans. Là je travaille sur un autre projet avec des amis qui s’apparenterait plus à du black un peu old school avec des touches crusty rock. J’essaie d’être au taquet à chaque fois.

Si tu disposais d’un budget plus important, quelles seraient les formations que t’aimerais avoir à l’affiche ? 
Oui bien sûr, il y des groupes que l’on aimerait faire venir. Mais te citer des noms c’est un peu difficile. Il y a des combos qu’on aimerait avoir et qui vienne de loin. Pour l’instant ce n’est pas possible car ça coûte nettement plus cher. Je travaille avec des bookers, on discute déjà pour essayer de faire venir d’autres formations et pourquoi pas monter une petite économie autour de ça ou organiser une petite tournée autour de la date du festival. Je suis assez à l’écoute des gens qui sont autour de moi. Lorsque je débauche, souvent après je vais au Void boire des coups et là au comptoir on discute. On parle de musique, de business, d’un peu de tout. Si on a plus de budget on essaiera de faire des coups de poker.

As-tu des modèles en termes de festival ? 
J’ai participé à l’organisation d’un festival vers 2002/2004 à Copenhague. L’organisation était 200% bénévole. Tous les gens touchaient le même cachet. Il n’y avait pas de côté business commercial, ce n’était pas la question. Et en même temps tu avais une rigueur d’organisation super professionnelle. C’est quelque chose que j’ai adoré faire et j’en garde un excellent souvenir. Si je devais avoir un modèle d’organisation, ce serait un peu ça. Après en tant que musicien, j’ai joué dans pas mal de festivals qui étaient mortels. Ce sont plus des souvenirs d’ambiances que d’organisation.

Que penses-tu de la situation des combos en France où les musiciens sont à la fois amateurs et ont une attitude professionnelle dans leur démarche ?
Souvent tu as des groupes qui veulent être professionnels uniquement pour l’argent alors que dans leur attitude ils ne le sont pas vraiment. Tu as les deux cas en fait. C’est un peu la question à poser : comment rémunérer un combo qui n’est pas professionnel et en même temps pas totalement amateur et qui ne joue pas une fois tous les six mois ? Il y a un vide qui est difficile à remplir pour un organisateur pro, il s’arrache un peu les cheveux pour rentrer dans les cases. En tant que groupe ce n’est pas simple, tu n’as pas de liberté.

Les formations françaises financent généralement leurs albums de A à Z et se donnent les moyens d’enregistrer dans de bon studio avec d’excellents producteurs, qu’est-ce qui les motivent selon toi ?
Je pense que c’est la passion. Après tu as aussi un manque d’infrastructures et un coût de la vie artistique qui est élevé. Tu as une différence entre l’ambition, l’envie de réussir et celle de bien faire. Il y a des groupes qui vont payer des attachés de presse, des studios et en même temps ils font de la merde, il n’y a pas de passion. C’est dommage en même temps il y en a d’autres pour qui ça marche. C’est une situation un peu dure et sauvage. C’est toujours très difficile de se positionner dans ce genre de débat. Après tu peux avoir une attitude de gros bourrin : soit c’est blanc, soit c’est noir mais ça ne fait pas avancer le truc. Il y a peut-être toute une structure et un microcosme qui est à remettre en cause. Mais cela ne concerne pas uniquement les combos, les labels ou les salles. Si chacun n’y met pas un peu du sien c’est clair que cela ne va pas marcher.

Le point positif c’est que les groupes français existent et sortent des albums !
Oui c’est bien et ils commencent à s’exporter. Je connais de nombreux groupes français et le problème c’est qu’il y en a plein qui veulent que cela leur coute zéro dès le départ. C’est une mentalité assez dingue. Pour moi tu prends un van, tu mets tes potes dedans, tu contactes d’autres personnes et tu peux jouer dans de nombreux lieux. Au début j’allais jouer directement en Allemagne.

Tu préfères les grandes salles ou les clubs ?
Je préfère jouer dans des squats (rires). C’est mon délire, après je ne jette pas la pierre à ceux qui ne sont pas dans le même trip. Si sur une tournée tu peux faire des dates dans des squats, des salles, des bars c’est quand même cool. Mais c’est vrai que jouer dans de bonnes conditions au niveau du concert ou de la tournée c’est bien aussi. Il y a aussi des endroits de taré où tu joues sur des plateaux de palettes avec un feu derrière, c’est quand même génial.

Pour conclure, qu’as-tu envie de rajouter qui te paraît important ?
C’est notre premier festival et tout le monde se donne à fond. On n’est pas sur un petit nuage mais on est confiant sur le fait que l’ambiance va être chouette. C’est vraiment ce côté convivial et familial qui est important à mes yeux. Les groupes qui vont jouer sont très bons et tout va se faire dans une ambiance salle de concert. C’est un peu old school années 80.

Vous avez prévu beaucoup de bières ? (rires)
Oui et aussi pas mal de vin. Mais surtout de la bière ! Je suis responsable de bar à la base ! (rires)

Merci Matt.
C’est moi qui te remercie, tu peux passer à Bordeaux pour le festival. Merci, tchao.


Le site officiel : www.interceptorfest.com